Espaces Numériques de Travail

Usages pédagogiques dans un ENT : illusion ou réalité ?

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En Lorraine, nous travaillons depuis le lancement de l’appel à projet de 2003 sur les ENT. Au début, ce n’était qu’un concept. Aujourd’hui de PRISME Lorraine à PLACE nous en avons fait une réalité. L’ensemble des lycées, LP et CFA lorrains et 75% des collèges ont à disposition de l’ensemble des membres de leur communauté éducative des comptes dans l’ENT PLACE. La généralisation sera terminée en septembre 2013 avec le même ENT de la 6ème au lycée sur l’ensemble du territoire de l’académie.

La question de la place des usages pédagogiques a été posée très tôt, lors d’une visite d’inspecteurs généraux dans une de nos cités scolaires vosgiennes en 2005. Il est maintenant très clair que l’ENT, en fournissant des services de communication et d’échanges entre les élèves et leurs professeurs, permet des relations pédagogiques continues. L’ENT fait sauter deux verrous : l’espace de la salle de cours et le temps de l’heure de cours. Il y a donc bien un avant et un après dans l’apparition de l’ENT et donc de l’internet.

Cela ne signifie pas que les enseignants vont devoir travailler 24h/24 mais qu’en revanche, ils vont devoir intégrer cette dimension dans leur temps de travail. Si une certaine appréhension est naturelle au début, on constate que la maîtrise de ces outils arrive assez vite. Chaque enseignant va peu à peu prendre en compte un temps pour répondre aux messages des élèves, un temps pour remplir ses cahiers de textes et un autre pour utiliser les groupes de travail.

L’augmentation du temps de prise en main des services numériques, souvent incontournable, peut être limitée si les outils utilisés sont suffisamment conviviaux. En effet, cette charge de travail est rapidement compensée par un gain de temps sur des activités répétitives, par des possibilités de mise en mémoire, par plus de souplesse de fonctionnement, par une facilité de communication inégalée et par une qualité professionnelle accessible des documents utilisables.

L’intégration des usages d’un ENT aboutit inéluctablement à des évolutions de pratiques pédagogiques des enseignants à court ou moyen terme.

L’illusion des usages est portée le plus souvent par les services de vie scolaire qui, avec les notes et les absences, sont une source visible d’usages en nombre, pour les enseignants, les élèves et les parents. Bien évidemment ce ne sont pas ces usages qui vont changer les pratiques pédagogiques. Une première réalité qui nous entraîne vers le domaine pédagogique est le développement des usages des cahiers de textes des classes et des groupes. Si au départ le cahier de textes reste un document administratif qui retrace les activités pédagogiques de la classe, sa traduction numérique lui donne une autre dimension, celle d’échanges multiples entre enseignants et élèves et c’est donc en cela qu’il touche à la pédagogie.

La réalité des usages peut être concrétisée par les propos que nous a tenu une élèves de sixième il y a quelques mois : «Pouvez-vous demander à mes professeurs de se mettre d’accord : en mathématiques, ils nous envoient des documents dans le cahier de textes, alors qu’en SVT ils nous les envoient dans le groupe de travail de la classe et qu’en lettres, ils le font par la messagerie»? Cela illustre d’une part, que chaque enseignant doit trouver les outils qui lui conviennent le mieux et que d’autre part, la diversité des usages sera la règle dans tout ENT.

L’évolution des pratiques viendra de la multiplication des micro-usages au fil du temps. On voit déjà aujourd’hui différents exemples d’usages permettant à des enseignants de préparer un cours soit en envoyant un document ou un lien à lire, soit en lançant un forum sur le sujet qui va provoquer des réactions qui seront utilisées pendant le cours. Ce sont aussi des usages pendant le cours : aller chercher un document en début de séance et en rendre un à la fin, ou encore, accéder aux ressources et manuels numériques de l’établissement. C’est aussi tout un ensemble d’exemples autour du travail à la maison ou de la remédiation qui sera réalisée en dehors de l’heure de cours. La réalité des usages, c’est aussi l’élève qui ose envoyer un message à son enseignant pour demander une précision sur le cours suivi.

Enfin, il ne faut pas négliger les usages entre enseignants qui, devenant plus faciles, vont permettre une mise en commun plus forte de leurs documents ou préparations de cours. Cela aussi va influencer les pratiques pédagogiques.

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