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  • Jeux pédagogiques multi-joueurs pour l’enseignement de l’économie

    Jeux pédagogiques multi-joueurs pour l’enseignement de l’économie

    Ludovia2013_economicgamesLes enseignements d’introduction à la microéconomie ou à l’économe industrielle sont souvent vécus par les étudiants de L1 comme trop abstraits, irréalistes ou trop techniques. Sans doute parce qu’il n’existe pas une théorie unifiée mais différentes théories qui se complètent.

    Pour ne pas rentrer trop vite dans des modèles techniques, on présente aux étudiants des modèles introductifs trop simples pour être vraiment réalistes, trop compliqués pour être rapides à expliquer et qui peuvent parfois sembler se contredire : face à ces modèles, le néophyte est alors souvent un peu perdu, en particulier par rapport aux différents ensembles d’hypothèses (jamais complètement réalistes) qui valident les conclusions de telle ou telle théorie.

    Pourtant ces modèles sont des outils puissants et ont de nombreuses applications pratiques quand on sait les utiliser et les relier entre eux.

    Les deux sites que nous avons conçus, economics-games.com et aireconsim.com, permettent de découvrir ces notions et théories par la mise en situation, à travers des jeux.

    Economics-games.com propose des jeux multi-joueurs online courts (15-30 min), à utiliser en amphi ou en classe afin d’illustrer les notions et les théories d’un cours « classique ». Le site est conçu de manière à être le plus rapide possible à utiliser : gratuit, sans inscription, sans paramétrage, sans installation.

    AirECONsim.com est aussi un jeu online multi-joueur, mais lui se déroule en continu sur une ou plusieurs demi-journées. Il permet de faire le tour des principales notions d’un cours d’économie industrielle, les étudiants les découvrant pour la première fois en jouant. Au cours du jeu, des débriefings théoriques réguliers permettent de relier l’expérience des joueurs aux outils et théories de l’analyse économique.

    Les étudiants sont tout de suite plus impliqués et intéressés quand on les met en situation. Ils observent les stratégies des concurrents ou des robots, cherchent à comprendre pourquoi certaines marchent mieux, font des essais et commettent des erreurs dans un contexte où les erreurs sont dédramatisées.

    Pendant les phases de débriefing, ils discutent et reformulent les notions comprises intuitivement en jouant, ce qui consolide leur apprentissage.

    Ils cherchent également à anticiper les changements de comportement des autres joueurs face à une modification de l’environnement du jeu (ce qui est peut-être le premier objectif pédagogique de l’économie industrielle). Les étudiants « sentent », par leur vécu, quels sont les mécanismes en action derrière les différentes théories, quelles forces d’adaptation font converger (ou pas) certains comportements vers des équilibres abstraits (par exemple les équilibres de Nash en théorie des jeux) à force de tâtonnements, ainsi que les facteurs qui soutiennent ou ébranlent les différentes théories (l’objectif de certains jeux étant précisément de faire varier ces facteurs).

    Plus d’infos : http://economics-games.com et http://aireconsim.com
     les détails sur le jeu principal sont ici

     

     

     

     

  • Renforcer l’attractivité de son territoire grâce au numérique dans les établissements

    Renforcer l’attractivité de son territoire grâce au numérique dans les établissements

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    Les différentes politiques de la ville ont, depuis des décennies, envisagé des stratégies pour attirer les populations sur les territoires grâce au développement économique, ou à l’emploi.

    Aujourd’hui, les infrastructures numériques sont devenues l’un des fers de lance de l’attractivité territoriale dont fait partie le numérique dans les écoles.

    Et si au-delà des murs et des équipements, les usages innovants avec les technologies numériques pouvaient avoir un impact sur l’attractivité des établissements et des territoires ?

    Pour en débattre, autour d’Eric Fourcaud, lors de cette dernière session du séminaire « Collectivités Territoriales » qui a eu lieu pendant Ludovia 2013 : Julien Llanas – DGESCO (Collèges connectés), Agathe Busch chef de projet e-Edu – Manche Numérique, Jean-Marie Drouet  principal du collège d’Ax-les-Thermes sur la motivation des équipes enseignantes, et Jean-Michel Martin – DSI Conseil général de Saône-et-Loire et du pôle d’attractivité économique Saône-et-Loire avec le consortium TED.

    Dés 2005, un rapport du ministère de la ville soulignait l’importance de l’innovation dans les écoles, dans la lutte contre la désertion des territoires au profit des mégapoles.

    Depuis, le numérique dans les écoles n’a eu de cesse d’évoluer et les programmes de se multiplier.
    On se souvient du programme PrimTice lancé par le ministère de l’Education Nationale en faveur du développement des tableaux numériques interactifs, de l’opération ENR, Ecole Numérique Rurale, et des deux rapports sur la réussite du  numérique à l’Ecole de Jean Michel Fourgous, pour ne citer qu’eux.

    « L’effet vitrine des collèges connectés »

    Aujourd’hui, tous les acteurs de l’Education sont concentrés sur cette nouvelle étape que constitue le projet de Vincent Peillon : faire entrer l’école dans l’ère du numérique, dont l’un des volets est dédié aux « Collèges connectés ».

    Pour Julien Llanas, en charge de ce projet à la DGESCO,

    « le numérique dans les établissements constitue un formidable accélérateur d’attractivité des territoires ».

    C’est la raison pour laquelle a été sélectionné dans chaque académie, dans les zones rurales ou en zone d’éducation prioritaire, un collège pilote , afin de créer « un effet vitrine, un rayonnement » auprès des autres collectivités alentour.

    Mais les critères de sélection de ces collèges pilotes, choisis pour leurs engagements préalables en faveur du numérique et soutenus dans cet élan depuis les années 2000, suscitent de vifs débats dans la salle :

    « Ne sommes-nous pas en train de créer une sur-fracture territoriale, en privilégiant des établissements déjà connectés, et de sur-capitaliser sur la technologie au lieu de se concentrer sur les besoins premiers d’usages numériques » arguent certains.

    Quoiqu’il en soit, le ministère s’investit fortement dans le cadre d’actions expérimentales, en faveur des « collèges connectés » afin de créer « un effet de longue traine et permettre aux différents territoires de prendre exemple sur ces actions ainsi initiées ».

    L’attractivité du numérique éducatif, une œuvre de co-construction territoriale

    Le rôle et le maintien des services publics en milieu rural prennent de ce fait toute leur ampleur pour permettre de créer des pôles d’attractivités économiques dans les territoires.

    En particulier, grâce à leurs capacités de réunir les compétences nécessaires autour de tels projets et de créer des consortiums efficaces.

    C’est exactement l’expérience qu’en ont fait les deux territoires, invités à cette session : la Manche et La Saône et Loire.

     

    Agathe Bush, chef de projet e-Edu de Manche Numérique, salue à cet effet l’efficacité du comité de travail créé autour de l’intercommunalité des villes de la Manche.

    « L’une des principales motivations a justement été de lutter contre la fermeture d’établissements et de créer des pôles d’éducation numérique attractifs pour les populations » précise Agathe Bush.

    Grâce à la multiplicité des partenariats avec les établissements, les enseignants, les gestionnaires de réseaux ou les CDDP, la Manche numérique a pu identifier les besoins et mutualiser les commandes au sein d’une centrale d’achats car « les bons choix d’équipements et d’infrastructures numériques restent essentiels pour optimiser l’attractivité des territoires par le numérique éducatif » précise t-elle.

    Même discours du côté du Conseil Général de Saône et Loire, représenté par Jean-Michel Martin, DSI au Conseil général, et au sein du consortium d’attractivité économique TED (tablette pour une éducation digitale), suivi par la DGESCO.

    Retenu dans le cadre d’un appel à projet national sur les investissements d’avenir, le projet TED représente un réel espoir pour le Conseil Général en matière d’attractivité territoriale.

    Les acteurs et les investissements qu’il a su mobiliser autour de ce projet en sont une manifestation probante.

    Entre le département, le CRDP, et la Caisse des Dépôts de Consignation, ce n’est pas moins de 3 114 000 euros, que les services publics ont déployé pour ce projet, sur les 6 500 000 euros engagés au total avec les entreprises privés françaises Unowhy, Sejer, et Logosapience, dont les fonds sont, pour certains, issus également de financements publics.

    Un investissement conséquent, qui en fait sourciller plus d’un au sein de l’assistance.

    Mais Jean-Michel Martin tient à préciser qu’en matière d’attractivité économique, seuls des projets ambitieux, « chauvins » et bien pensés permettront une co-construction territoriale et une communication efficiente.

    En effet, TED, qui repose sur le travail d’entreprises françaises, n’est pas un simple projet d’équipement en tablettes. Il s’agit d’une solution évolutive conçue pour des usages pédagogiques, adaptés aux besoins et aux contraintes des enseignants : une expérimentation sur un long terme et de grande envergure, soutenu par un consortium d’experts pluridisciplinaires dédié aux équipements, contenus, formations, suivis, évaluations, etc.

    Au-delà de l’ambition d’attractivité économique, un tel projet permet par ailleurs, selon Jean Marie Drouet, principal au collège d’Ax les Thermes d’attirer et de retenir les enseignants dans les établissements.

    Les tablettes, les tableaux numériques interactifs, et la présence d’un bon débit internet constituent, selon lui, des éléments concourant à la motivation des enseignants, particulièrement difficiles à maintenir dans les régions éloignées des grandes mégapoles.

    Car, quand certaines régions n’enregistrent aujourd’hui qu’un très faible débit internet ou quasi nul , celles-ci pourront-elles réellement faire face au resserrement de la bande passante, avec l’arrivée imminente des manuels numériques et des Espaces Numériques de Travail, malgré les efforts des pouvoirs publics à installer le très haut débit, que l’on sait si coûteux en période de crise ?

     

    Quoiqu’il en soit le débat est posé : à la lumière de cette session, le numérique à l’Ecole prend ici une nouvelle dimension.
    Au-delà de l’impact social, que l’on lui attribue fréquemment, le numérique éducatif joue également un rôle dans notre écosystème, telle la promesse d’un territoire attractif et dynamique, qui se déjouerait des déserts ruraux et économiques.

    Article rédigé par Marie-France Bodiguian, Cabinet AMO-TICE

  • Conférence de synthèse Ludovia 2013 à EDUCATICE

    Conférence de synthèse Ludovia 2013 à EDUCATICE

    Synthèse des différentes sessions

    Cette conférence présentera les conclusions apportées par les différentes sessions de l’Université d’été  : Culture Numérique et éducation aux médias – Ressources, jeux et logiciels – Espaces Numériques de Travail – Mobilité et nomadisme.

     Synthèse du séminaire collectivités territoriales
    Elle proposera également une synthèse du Séminaire collectivités territoriales qui a évoqué les thèmes : Imaginer et construire des établissements à l’ère du numérique, Aménager et faire vivre des établissements à l’ère du numérique, gouvernance territoriale du numérique : s’adapter au changement et aux nouvelles compétences  et enfin renforcer l’attractivité de son territoire grâce au numérique dans  les établissements.
    Le thème de l’édition 2014 de Ludovia sera dévoilé en fin de conférence. 
    Intervenants pressentis (en cours de confirmation) :
    Hervé Borredon  – président de l’AFINEF
    Angélica Reyes-Martin  – Directrice Marketing Microsof Education France
    Laurent Brisset – ARF
    Pascale Luciani-Boyer – CNN
    Jean-Pierre Quignaux – ADF
    Alain Thillay – DGESCO
    Animation :
    Eric Fourcaud Chef de projet ludovia 2013 et Aurélie Julien Ludovia Magazine

    Rendez-vous le 21 novembre à 14h00 – EDUCATICE Paris Portes de Versailles

  • Gouvernance territoriale du numérique : s’adapter au changement et aux nouvelles compétences

    Gouvernance territoriale du numérique : s’adapter au changement et aux nouvelles compétences

    Comment s’adapter au changement et aux nouvelles compétences que définit la loi sur la refondation de l’école ? Quelle gouvernance territoriale peut-on espérer pour mener à bien les projets éducatifs numériques ?

    Pour en débattre, trois acteurs d’expérience en la matière : Dominique Provot, chargée de mission e-education à l’agence départementale Numérique 64, Charline Genet, chargée de mission au Développement numérique du Conseil Régional d’Auvergne et Philippe Molès, consultant et conseiller aux usages du numérique, Mission Ecoter.

    La loi sur la refondation redéfinissait en juillet dernier, les nouvelles compétences des départements et des régions en matière d’acquisition et de maintenance des matériels informatiques et des logiciels, leur laissant l’entière charge de cette mission.

     

    La collectivité : simple financeur ou réel partenaire de l’Education Nationale ?

    Comme le souligne Laurent Brisset, animateur de cette session, « quel rôle donne-t-on à la collectivité : celui d’un réel partenaire de l’Education Nationale ou celui de simple financeur ?»

    Laurent Brisset pose ainsi d’entrée de jeu le problème de la gouvernance partagée, indispensable à la réussite des projets d’éducation numérique.

    Mais comme en témoigne Dominique Provot du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques (64),

    «Seul un partenariat tripartite entre la collectivité, l’établissement et les services déconcentrés de l’Education Nationale permet d’atteindre une relative efficience dans le développement des usages du numérique dans les établissements ».

    Dominique Provot insiste sur l’importance donnée au qualitatif dans le projet d’e-éducation de l’Agence Numérique 64 :

    « Seules des formations conjointes entre l’Agence du Numérique et le CDDP ont permis aux enseignants de s’adapter et d’intégrer les usages fonctionnels et pédagogiques. Le développement des usages ne peut souffrir d’une déficience de l’un ou l’autre de ces deux aspects, intimement liés».

    Le développement du numérique nécessite donc un ajustement pas à pas des dispositifs, selon les besoins des classes et le rythme d’adaptation des enseignants.

    C’est la raison pour laquelle, l’Agence numérique 64 s’est concentrée dans un premier temps, sur un équipement de Tableau Numérique Interactif et de baladodiffusion, puis a mis en place des « contrats numériques entre les différents partenaires » pour le déploiement et les usages de vidéoprojecteur dans toutes les salles et de vidéoprojecteur interactif dans une salle sur deux.

    Le développement progressif des usages est également facilité par le partage d’expériences entre enseignants lors d’une journée annuelle de pratique du numérique de la maternelle aux ESPE (Ecole Supérieur du Professorat et de l’Education), où la motivation des uns entraîne celle des autres.

     

    Maintenance : le nerf de la guerre ?

    Mais la question de la gouvernance n’aurait été traitée dans son ensemble si le point névralgique de la maintenance dans les établissements à la charge exclusive des départements et des régions n’avait été abordé.

    Maintenance que les associations territoriales, rappelle Laurent Brisset, acceptent de gérer, « s’il s’agit uniquement d’un transfert de compétences, soit d’une compensation financière de l’Etat ».

    (voir à ce sujet l’article de Ludovia Magazine : « Les collectivités encore dans l’expectative ») : Ce qui a récemment fait l’objet d’une requête des associations ADF et ARF auprès des services du Ministère.

    Dans les Pyrénées Atlantiques, cinq agents ont été affectés à cette mission : ce qui, selon Dominique Provot, n’est peut être « pas en soi un exemple à suivre par les autres départements, s’ils souhaitent, en cette période de restriction budgétaire, solliciter un financement de l’Etat à cet effet ».

     

    Autre région, autre politique. En Auvergne, représentée par Charline Genet, la maintenance relève de la compétence des services académiques du rectorat : une des résultantes des divers partenariats public/privé/région/département, initiés par la région.

    Equipés à 100% en haut débit, les lycées d’Auvergne ont très vite bénéficié de la compétence numérique de la région, dont le mot d’ordre était d’avancer dans une démarche commune sur les infrastructures avec les différents acteurs impliqués.

    Charline Genet insiste à cet effet sur la «volonté de concertation et de coopération, unique condition de réussite d’un tel projet, dans une équité territoriale ».

    « Le numérique éducatif ne peut être cloisonné. Une stratégie globale est nécessaire et la mutualisation des compétences de chacun est essentielle pour optimiser les investissements».

    Pour illustrer son propos, Charline Genet, cite l’exemple de SCONEETA, un service destiné à offrir un accès équitable à l’enseignement numérique à tous les foyers auvergnats et à tous les personnels de la communauté éducative premier et deuxième degré.
    C’est dans cet esprit de co-construction, que les 4 départements et 6 agglomérations se sont lancés dans un projet de déploiement du très haut débit, avec pour objectif de couvrir tous les lycées d’ici 2017.

     

    Stratégie globale & mode projet : les maitres mots de la gouvernance

    On l’aura compris, mettre en place une gouvernance partagée, c’est avant tout travailler en mode projet et élaborer une stratégie globale de conduite du changement afin d’anticiper les futurs perspectives d’usages.

    L’exemple pris par Philippe Molès est à cet effet éloquent.

    Le rectorat de l’Académie de Dijon, pour lequel il est missionné, vient de constituer un groupement d’intérêt public, le GIP e-Bourgogne, financé pour partie par la Caisse des Dépôts et Consignations, pour mutualiser les compétences et définir son plan de stratégie numérique.

    Cette démarche novatrice a pour principe la mise en place d’une gouvernance interne dédiée au numérique, des actions de formation et la création d’un observatoire des usages numériques.

    Parmi les volets de cette stratégie, souhaitée par Mme la Rectrice, Sylvie Faucheux :

    • Un partenariat avec l’Ecole Supérieur de l’Education Nationale afin de former les cadre de ce futur plan ainsi qu’avec l’ESPE de Bourgogne
    • La formation des élèves pour repenser la pédagogie
    • Un partenariat avec les collectivités
    • Un travail adapté à chaque projet d’établissement.

    D’autre part, précise Philippe Molès, cette politique requerra un constant dialogue entre le rectorat, les collectivités territoriales ainsi que les services de l’Etat.

     

    Oui mais, quid de l’évaluation des usages ?

    Au-delà de la gouvernance, la question de l’évaluation des usages est posée par la salle.

    Permettre à la collectivité d’ajuster ses dispositifs vers des usages efficients et pérennes des enseignants et des élèves nécessite un suivi et une analyse régulière des usages.

    Quels seront les indicateurs de suivis des usages à mettre en place pour permettre à l’Education Nationale d’adapter au fil du temps les accompagnements pédagogiques qui leurs seront nécessaires ? Sur quels types de tableaux de bord, les collectivités pourront-elles travailler pour suivre les usages, ajuster les équipements et infrastructures, mais aussi légitimer leurs investissements ?

    Cette thématique faisait d’ailleurs l’objet l’an dernier de la session 2 du séminaire Collectivité Ludivia 2012. : «Mettre en place un Tableau de bord – analyser les usages des équipements »

    « Il est très difficile d’évaluer l’impact des outils numériques sur les résultats des élèves », souligne Philippe Molès, « mais on peut travailler sur quelques évaluations qualitatives, qui serviront de repère au fil du temps ».

    Ces indicateurs de suivis ne seraient bien sûr pas là pour sanctionner mais donner les bases d’un suivi afin de permettre aux collectivités d’adapter leurs stratégies et leurs moyens.

    Ce sujet engendre un véritable débat dans la salle et les propositions et les questions foisonnent :

    Comment définir les indicateurs de suivis pédagogiques qui mesureront le rôle des outils numériques et ainsi l’évolution des besoins ?

    A travers un ressenti de l’enseignant sur la motivation de ses élèves ou autour de quelques points du programme, pris comme repères annuels ?

    Et ensuite, comment croiser les résultats de cette évaluation avec ceux des audits techniques des infrastructures, afin de comprendre où le bât blesse et résoudre les éventuels problèmes ?

    Une véritable réflexion doit être engagée au cas par cas, au niveau local entre les différents partenaires : collectivités, établissements et services de l’Education Nationale.

     

    Les intervenants se réjouissent à ce titre de la création des Directeurs Académiques du Numérique (DAN), qui pourront consacrer plus de temps à la mise en place des partenariats avec les collectivités.

    Quoiqu’il en soit, la session s’achève sur un principe fondamental : qu’il s’agisse de formation des enseignants, de maintenance ou d’évaluation des usages, les restrictions budgétaires et les besoins de gouvernance partagés conduiront les collectivités à mutualiser leurs compétences à des niveaux inter-territoriaux.

    D’autre part, seule la volonté de travailler ensemble à l’écoute les uns des autres permettra des avancées sur le chemin de la gouvernance partagée.

    Article rédigé par Marie-France Bodiguian, Cabinet AMO-TICE

  • Environnement Numérique de Travail et d’apprentissage à distance, entre promesses pédagogiques et imaginaires technologiques

    Environnement Numérique de Travail et d’apprentissage à distance, entre promesses pédagogiques et imaginaires technologiques

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    Dorothée Danielewski
    , modératrice, fait l’introduction de cette table ronde en précisant que plutôt que des promesses, les intervenants parleront des espoirs portés par les ENT. Faute d’intervenant du supérieur, elle précise également qu’il n’y aura pas d’intervention sur les MOOC.

    Premier constat, les ENT ont 10 ans et 28 académies sur 30 ont des projets d’ENT.

    Première question : qu’est-ce qui a changé depuis les premiers projets, qu’est-ce qui distingue aujourd’hui un ENT ? Et en premier lieu au second degré.

    Roger Masson de la Région Rhône-Alpes intervient : la Région comprend 268 lycées publics dont 20 agricoles et potentiellement 500 000 utilisateurs. Le projet initial est le fruit d’une concertation entre différents acteurs. Le projet est centré sur la relation pédagogique profs/élèves. Une seule identification pour le prof ou pour l’élève, surtout pour le prof, précise-t-il !

    Evolution du projet initial : l’ENT évolue en fonction des besoins des utilisateurs, enseignants ou élèves. Parmi les points forts, Roger Masson cite les ressources numériques en accès légal et sa souplesse.

    Dorothée Danielewski : Qu’en est-il maintenant au premier degré ?
    Premier constat, le panorama des ENT du primaire est très morcelé, il n’y a pas de modèle pour le premier degré. Elle s’adresse à Benjamin Viaud, qui commercialise des ENT au primaire sur les caractéristiques et usages qu’il  a constaté ?

    Benjamin Viaud (Beneylu school/ATOS) : Dans un premier temps, on a cherché à adapter des ENT du 2e degré pour le 1er degré. Ce ne fut pas une bonne solution en raison d’une plus grande fragmentation des établissements, car localement c’est très éparpillé (une commune, une communauté de communes, 37 000 communes en France…). Les projets sont très dépendants des initiatives locales. Pour lui, il n’y a pas de généralisation possible en l’état actuel. L’égalité des territoires reste largement utopique, car l’implantation repose sur le volontariat des acteurs.

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    Les pratiques du 1er degré sont beaucoup plus axées sur la pédagogie qu’au 2e degré. Ceci est facilité par le fait qu’il y a un enseignant par classe. L’ENT s’insère dans les pratiques de manière plus naturelle (projets de classe, chasse au trésor, rallye web, correspondance de classe, échanges scolaires). Le gros du travail de conception d’ENT au primaire porte sur l’ergonomie (nombre, couleurs, libellé des boutons…).

    L’ENT primaire doit pouvoir s’adresser à des élèves non lecteurs, petits lecteurs et lecteurs sans “faire bébé” pour les plus grands… un défi !

    Dorothée Danielewski souligne la facilité d’usage et de prise en main dans le primaire. On oublie l’outil pour réaliser des activités. Que va-t-il se passer ces prochaines années ?

    Marie Deroide (DGESCO) : Démarche de consultation des acteurs par la DGESCO. Elle note la généralisation des ENT dans presque toutes les régions. 8 régions offrent un ENT à tous leurs lycées, 35 départements ont un ENT dans tous leurs collèges.

    Sur l’utilisation des ENT, on est capable, au niveau statistique, de dire que le cahier de texte perce à côté de la gestion des notes et de la gestion des absences. On observe également l’audience des parents qui, lorsqu’ils disposent d’un compte, sont bien présents.

    On n’a hélas que des données quantitatives, il manque des informations qualitatives sur les usages.

    Elle observe également une montée en puissance des utilisateurs et des usages. L’augmentation est régulière et constante, notamment les attentes des utilisateurs en termes d’outils et d’utilisations plus novatrices. Par ailleurs, il est important de fixer des objectifs à l’utilisation des ENT.

    Dorothée Danielewski : 10 ans et encore des envies. c’est très bien. Que met-on derrière les ENT en Wallonie ?

    Isabelle Marx intervient au titre de l’expérience de mise en place de l’ENT dans son établissement en Wallonie. La démarche a débuté par une information sur une solution technique. Les enseignants recherchaient plus de convivialité.

    Le projet présenté et adopté est très coloré, l’ENT est vu comme un « jouet« . La gestion de l’ENT est effectuée par le professeur qui dispose d’une grande liberté d’usage et d’appropriation. L’outil a été créé à la demande de l’équipe pédagogique. Il ne s’agit donc pas d’une démarche institutionnelle comme en France. Le travail en équipe permet une mutualisation des expériences par l’équipe pédagogique, une formation par les pairs et un accompagnement personnalisé.

    Une enseignante de l’établissement a des heures dégagées pour accompagner ses collègues. Le cahier de texte devient maintenant une demande de l’enseignant et non pas une prescription institutionnelle. L’ENT est aussi utilisé pour préparer les élèves de terminale au e-learning qu’ils rencontreront dans le supérieur.

    Dorothée Danielewski présente ensuite un invité surprise sur les question de l’apprentissage à distance : Jean-Michel Leclercq, du CNED.
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    Jean-Michel Leclercq : Où positionne-t-on le LMS ? Au CNED, il n’existe pas de lien en présentiel ; la présence physique de l’enseignant est moindre ou inexistante, les interactions sont plus faibles. L’absence de relation en présentiel de l’enseignant et de l’élève existait déjà avant l’arrivée du numérique. Il n’y a pas de vie d’établissement, les étudiants s’inscrivent à des formations.

    Actuellement, le CNED dispose de 303 LMS, un par formation. Les outils utilisés sont principalement Moodle et Blackboard, ils comportent généralement un système de forum, un annuaire et des cours traditionnels portés au format numérique. Pour J.-M. Clerc, la typologie de l’espace d’apprentissage est à réfléchir en fonction de la formation dispensée.

    Après cette dernière intervention, la parole est donnée à la salle. La première question portera sur l’interopérabilité des données. La deuxième question d’un parent d’élève qui évoque le risque d’enfermement de l’ENT. Une troisième question portera sur la place de la production de contenu des éditeurs dans les ENT.

    Concernant la première question, la structure administrative française est clairement un frein à l’inter-opérabilité des données. Se rajoute le fait que les ENT sont réalisés majoritairement par des entreprises privées et des solutions propriétaires. La solution passe par du code libre et l’utilisation d’ENT en open source. Il nous faut noter une obsession du cadre légal et de la protection juridique de la part des responsables… on perd de vue l’élève et ses besoins !

    L’ENT court le risque de devenir « la mare aux canards » des usages du numérique.

    À la question d’un parent d’élève, Benjamin Viaud répond que la clôture existe pour protéger les données des enfants, mais que les usages permettent les échanges et peuvent donc favoriser l’ouverture (exemple de la correspondance scolaire).

    Concernant les contenus des éditeurs dans les ENT, les mêmes problèmes d’opérabilité se posent comme l’obsession des questions de droits.

    Conclusion de Dorothée Danielewski : Les ENT suscitent encore énormément d’espoirs et d’attentes !

    La conclusion des rapporteurs et synthèse :

    La table-ronde a mis en évidence, d’un côté, la mise en place au secondaire d’ENT répondant d’abord à des besoins institutionnels et administratifs (gestion des notes, des absences, etc.) et, d’un autre côté, au primaire, la mise en place d’ENT répondant aux besoins pédagogiques des enseignants. Peut-on faire de l’ENT un mouton à 5 pattes qui serait LA solution unique à la gestion et la pédagogie de l’école, soit un objet total ? Nous en doutons… ne risque-t-il pas d’être plutôt un frein et un facteur d’enfermement ?

    Ne faudrait-il pas changer de tactique et inverser la tendance en partant des demandes des équipes enseignantes comme en Wallonie, pour une démarche plus porteuse favorisant l’adoption de l’environnement et les pratiques collaboratives ?

    Enfin, on peut à nouveau regretter l’absence d’usagers et de chercheurs à la table-ronde, qui auraient pu apporter des témoignages et des observations sur les usages effectifs des ENT.

     

  • Ressources numériques, et si nous imaginions accompagner les usages pédagogiques que les nouveaux services nous promettent ?

    Ressources numériques, et si nous imaginions accompagner les usages pédagogiques que les nouveaux services nous promettent ?

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    Cette table ronde fut d’une bonne qualité avec des prises de paroles riches, intéressantes, suscitant la réflexion et de nombreuses questions.
    On peut regretter le peu d’échanges entre les participants et avec la salle (malgré les nombreuses interactions possibles via Twitter).

    Des ressources pour quoi faire ?

    Alimenter les élèves ? Faire plaisir aux enseignants ?

    La seule enseignante présente sur la table ronde n’a pas fait montre d’un besoin pressant de ressources didactisées, elle a plutôt déploré l’enfermement dans les applications et a conclu qu’elle préférait les faire elle-même !

    L’accès aux ressources

    Les producteurs de ressources présents ont répété qu’ils connaissaient bien, eux, les besoins des enseignants : de la simplicité, une authentification professionnelle, des ressources triées, des droits d’auteurs strictement respectés… mais ils ont néanmoins pointé la question des liens à créer entre les enseignants et les ressources disponibles. Rien sur les réseaux sociaux ni sur la mutualisation, la question de l’interopérabilité des nombreuses plateformes centralisées a à peine été évoquée.

    Ludovia_T2bisOrganiser les ressources

    En partant du présupposé que de nombreux enseignants ne trouvent pas les ressources dont ils ont besoin, les intervenants ont à cœur de les trier, les indexer, les organiser, les granulariser, les éditorialiser pour éviter le « syndrome Marmiton ».

    Question des droits d’auteur et de l’exception pédagogique

    Dans les différentes interventions, la liberté pédagogique a été plusieurs fois mise en avant mais aussi et surtout le strict respect des droits d’auteurs. L’enseignante belge a osé affirmer tout haut que les droits tels qu’ils sont aujourd’hui sont impossibles à respecter, qu’il en va de l’intérêt des élèves ! De fait, pas un seul enseignant ne peut affirmer être totalement en règle tant le droit d’auteur et l’exception pédagogique sont complexes et contraignants. Question centrale pour laquelle on nous a recommandé de prendre patience mais qui pourtant empêche les enseignants de travailler sereinement en toute transparence. À quand une offre publique et libre de ressources ouvertes à tous les citoyens ?

    De nouvelles questions 

    Cette table ronde et les échanges sur Twitter ouvrent de nouvelles questions :

    – Quelle place pour Wikipédia ? Utilisation pour soi, en classe, contribution avec les élèves…

    – Valorisation des productions des enseignants et des élèves ? Quelles mutualisations ?

    – Comment les insérer ces ressources dans les apprentissages, avec quelles pédagogies à l’heure du numérique ?

     

     

  • Aménager et faire vivre des établissements à l’ère du numérique

    Aménager et faire vivre des établissements à l’ère du numérique

    Ludovia_Sem1bis
    Autour d’elle, deux intervenants : Pascal Bringer, Agrégé de SVT et co-fondateur de la société Maskott, et Jean-Paul Moiraud, professeur de gestion au Lycée La Martinière Diderot de Lyon qui, grâce à des retours d’expérience, nous ont projeté, le temps d’une session, dans les méandres d’une école connectée et décloisonnée…

    Permettre aux enfants de manipuler le tactile sur des parcours pédagogiques

    A travers la présentation du projet TACTILEO, réponse de la société Maskott à l’appel à projet du ministère en 2012, Pascal Bringer nous plonge dans un univers, que Jules Vernes aurait pu imaginer pour nous en son temps, pourtant aujourd’hui technologiquement accessible et concret.

    Grâce à l’infrarouge, les objets sont reconnus et deviennent interactifs et tactiles, toute projection devient possible sur tout support : la surface peut interagir avec le reste. Voir Tactileo en image

    Ludovia_sem1bis2La salle informatique n’est plus d’actualité. Le numérique est partout, dissociant nos repères traditionnels : la salle devient polyvalente et nous immerge dans un nouvel espace, optimisée et augmentée au fil des technologies.

    Dans des lieux connectés et décloisonnés, toute salle peut alors être adaptée aux besoins du moment. On se construit de façon hybride tant dans l’espace d’apprentissage dédié qu’en dehors ou dans ses déplacements.

    De l’apprentissage des connaissances à celui des compétences

    Autre expérimentation présentée par Jean-Paul Moiraud : la simulation virtuelle qui permet aux élèves ou étudiants de passer de l’apprentissage des connaissances a celui des compétences.

    Dans le cadre d’une simulation virtuelle, on a mis des étudiants en situation d’urgence, afin de leur permettre de s’entraîner et se projeter dans une réalité augmentée.

    Cette expérimentation a fait prendre conscience de  l’importance tant pour les élèves que pour les enseignants d’une mise en situation de compétences en prolongation des simples connaissances dont on se contentait avant, mais qui restent aujourd’hui insuffisantes.

    Pour Jean-Paul Moiraud , l’école de demain devra impérativement donner à l’élève, grâce à des outils de virtualisation, les moyens de passer de l’acquisition des connaissances à celle des compétences, grâce à un tuteur qui le guide, selon ses besoins.

    A partir de ces deux retours d’expérience, et dans une société connectée en permanence, JPM pose le problème des normes juridiques du travail de l’enseignant liés aux unités de temps et de l’espace.

    L’enseignant peut travailler et préparer ses cours mais aussi se former à distance à l’école comme chez lui :

    le temps architecturale et le temps pédagogique n’évoluent plus de la même façon. Une zone grise juridique apparaît.

     

    La perruque inversée, métaphore du temps de travail numérique des enseignants

    « Le numérique fait voler en éclat les murs de la classe en abolissant les contours traditionnels de l’espace éducatif. De très nombreux enseignants lancent des expérimentations dans leurs classes, par conviction personnelle du potentiel pédagogique des fonctionnalités des outils numériques ou dans le cadre d’expérimentations institutionnelles. La réflexion pédagogique avance mais … les champs connexes (L’analyse institutionnelle, les conditions de travail, la réglementation …) sont les grands absents ».

    Même si l’enfant peut être élève à l’école comme à la maison, car dans notre société le temps de l’enfant est normé, celui de l’enseignant devient élastique.

    Pour illustrer son propos JP cite l’exemple de la « perruque inversée comme  métaphore du temps de la structure du temps de travail des enseignants ». Il présente sa théorie dans son blog ici

    Le travail en perruque est un usage développé dans les ateliers des entreprises industrielles. Le salarié utilisait le temps de travail rémunéré (donc normalement consacré à l’employeur) pour se consacrer à des pratiques personnelles. Michel De Certeau parle de subversion du temps.

    À l’heure du numérique on inverse le principe (c’est en tout cas la position que je défends), les salariés occupent une partie de leur temps libre au service de leur employeur (ce temps va en s’accroissant). On passe de pratiques de subversion à des pratiques de « soumission« . Les philosophes parlent de servitude volontaire.

    Concrètement comment devra-t-on juridiquement inscrire le temps de l’espace numérique ?

    D’autant que le statut de l’espace privé de l’enseignant se posera des la rentrée avec les 9h de formation a distance, que l’enseignant pourra effectuer à l’école comme chez lui.

    Question abordée dans le monde de l’entreprise avec le télétravail mais qui n’a pas encore été abordée pour le travail des enseignants.

     

    Article rédigé par Marie-France Bodiguian, Cabinet AMO-TICE

  • La classe est-elle plus mobile avec le numérique ?

    La classe est-elle plus mobile avec le numérique ?

     

    Ludovia_T4Introduction par Corinne Martignoni
    Qu’est-ce qui est vraiment mobile ? est-ce que cela met en cause le concept de classe ou cela l’enrichit-il ? quel bilan des expérimentations ?


    Marie-Noëlle Martinez, chercheur de l’Académie de Toulouse
    (expérimentation tablettes au collège d’Albi, classe de 6ème)
    Elle suit une expérimentation de tablettes dans un collège à Albi. Elle note la volonté de faire entrer l’école dans l’ère numérique. Cependant, nous disposons de très peu de retour sur les expérimentations de tablettes qui ont débuté en 2010. Dans l’AC Toulouse, 2 expérimentations. Une troisième a été mise en place de telle sorte que chaque système d’exploitation soit testé (Apple, Android, Microsoft).
    Méthodologie employée : un questionnaire initial a été distribué aux élèves, enseignants et parents pour recueillir les représentations, puis un questionnaire final (bilan). A cela s’ajoute l’observation en classe et l’évaluation des résultats scolaires.

    Perception de l’utilité des tablettes ; 89 à 100% des élèves, enseignants et parents pensent que l’usage des tablettes a une influence positive sur les apprentissages. Peu de différence après 5 mois d’utilisation, néanmoins ce sont les enseignants qui sont les plus sceptiques (89%) au départ et les plus convaincus après 5 mois (100%).

    L’outil est perçu comme un outil facile d’utilisation et donc utile dans le travail.

    Au début, les problèmes techniques sont un frein. Après 3 mois, on note une adaptabilité des enseignants et des élèves. De plus, les enseignants disposent de solutions de rechange en cas de problème technique (préparation de matériel de secours au format papier par exemple).

    Les plus-value sont difficilement mesurables. Néanmoins, 100% des parents souhaitent la poursuite de l’expérience. La motivation est très forte de la part des parents, des enseignants et des élèves.

    Il y a une corrélation entre l’utilité et l’affect: si l’élève aime l’outil, il en verra l’utilité et inversement.

    L’élève est sous influence de l’enseignant: comment influencer l’enseignant dans ses pratiques?  Par la formation ? Il n’a pas été noté de corrélation des parents sur les élèves: si le parent n’aime pas la tablette, l’élève l’aime quand même.

     

    André Delacharlerie de la Délégation de Wallonie intervient à son tour.
    On passe en Wallonie et leur utilisation de la tablette dans une éducation par et au numérique. Compte-rendu en 1ère primaire (CP) par une enseignante qui utilise 12 tablettes android et un projecteur.

    Apprentissage, différenciation et remédiation sont les axes d’utilisation des tablettes. L’avantage spécifique de la tablette, c’est sa mobilité : travail individuel avec ou par pair, puis travail par groupe en emportant à chaque fois sa tablette. Possibilité de l’utiliser en rue comme en classe. Les élèves peuvent expliquer les choses devant la caméra et ainsi, structurer leur pensée.

    La tablette a changé sa manière d’enseigner. Certaines choses ne seraient pas possibles au moyen de papier/crayon. Tablette et mobilité sont des concepts qui se chevauchent.

    Le rendement de travail est meilleur : l’enseignante constate 3 fois plus de travail en classe. L’outil est vite maîtrisé : la tablette est un couteau suisse.

    La tablette est un outil intéressant, mais pas le seul. D’autre part, beaucoup trop de logiciels partent de ce que savent faire les développeurs, mais pas des besoins des enseignants. Les enseignants ont besoin de logiciels ouverts (souples), simples et ergonomiques. L’utilisation du « Cloud » est aussi une demande importante en terme de portabilité (école/domicile/maison).

    20 tablettes, ce sont 20 cerveaux qui fonctionnent. Combien de cerveaux sont mobilisés avec un TNI ?

    Acquisition des apprentissages : il est important de  promouvoir la collaboration entre enseignants. L’enseignant ne doit pas inventer et développer seul les ressources.

    Pour lui, les nouvelles technos fonctionnent si on s’investit beaucoup.

    Intervention de Jean-Loup Burtin, Directeur de la société FORMATICE pour BIC Education,
    «On ne peut pas faire fi de son passé» Quelques jalons de réflexion :

    Quelques interrogations : la tablette pour parler de mobilité et nomadisme ? problématique des ressources ? Pas d’écosystème créé . Quels sont les usages pédagogiques des TICE ? Derrière les disciplines il y a bien de la didactique, quel est l’apport du numérique ?
    Le contexte de l’école et des élèves a changé: comment la pédagogie évolue ?

    Comment les élèves apprennent ? Le numérique outil discriminant selon l’accès au numérique.

    Les Lieux et temps d’apprentissage et d’éducation sont modifiés par le numérique. Il faut prendre en compte ces changements.

    JL Burtin évoque le problème de l’évaluation des usages de l’ENR qui n’a pas été fait.
    On a pas encore défini ce qu’est le numérique éducatif et son apport à l’enseignement.

    On est passé d’un empilement d’ordinateurs  à un empilement de tablettes.

    Le matériel devrait nous servir à réfléchir sur la finalité de leur utilisation en classe.

    Se pose ensuite la question des ressources à mettre à disposition. Dans la mesure où les lieux et les temps d’apprentissage sont modifiés par le numérique, l’organisation spatiale de la classe serait à repenser ainsi que les modalités d’apprentissage avec le numérique.

    Avantages :

    • travail scolaire bonifié : gain de temps et meilleur répartition du travail. On note aussi un accès accru à l’information actuelle (à jour)
    • les facteurs psycho-sociaux de la réussite scolaire : si la motivation est une tarte à la crème sans y ajouter l’intérêt de l’apprentissage. L’attention est néanmoins améliorée
    • Interactions entre les acteurs (profs, parent, élève)
    • Equité et ouverture sur le monde

    L’école est plus sur la mobiquité (un usage sédentaire d’outils mobiles) que sur la mobilité.

     

    2ème temps de la table ronde  Retour d’expérimentation tablettes tactiles

    Michèle Monteils, chef projet tablettes à la DGESCO
    La tablette s’inscrit dans le prolongement des expériences faites avec les ordinateurs portables. Des témoignages d’usages à retrouver sur Eduscol : usages très variés selon les académies. Les expérimentations de tablettes ont lieu plus massivement dans les collèges.

    15000 tablettes sont actuellement en expérimentation en France dans 119 écoles, 174 collèges et 42 lycées.

    Avoir une tablette sous la main représente un changement notable dans la présence du numérique en classe, car elle est vraiment sous la main et devient un outil parmi d’autres sur la table de l’élève.
    Dans de nombreuses disciplines, elle a un impact positif dans les apprentissages, mais toutes les disciplines ne sont pas égales en cette matière. La possibilité de faire des photos ou des vidéos est notamment mise en avant, notamment dans le contexte d’une sortie de classe.
    Une réserve est émise par Michèle Monteils sur l’utilisation et la plus-value de la tablette en mathématiques.

    L’aspect couteau suisse de la tablette est à nouveau mis en avant. Par contre, Michèle Monteils observe peu d’innovations des pratiques via la tablette. [Remarque perso : mais les expérimentations n’ont que 3 ans… stade normal de l’introduction d’un nouvel outil, on sait que l’enseignant adapte d’abord l’outil à ses pratiques habituelles avant de, peut-être, modifier ses pratiques]

    Quelles perspectives?
    Pour Michèle Monteils, la tablette mobile va l’emporter à l’école sur la tablette personnelle. Volonté de contraindre à l’activité des élèves au travers de dispositifs techniques permettant à l’enseignant de garder la maîtrise de l’accès aux applications et la connexion à internet. L’avenir est-il à la tablette hybride permettant d’être à la fois ordinateur et tablette ou à des tablettes dédiées (et donc fermées) – dans ce dernier cas pour le primaire.

    Elle dresse quelques constats sur des retours d’expériences :

    • rapidité de mise en œuvre  / autonomie / légèreté / simplicité d’utilisation / mobilité
    • Peu de mobilité hors de la classe : frilosité à sortir de la classe.
    • Modification des usages des tice en classe : outil parmi d’autres sur la table. Bonne séance quand l’enseignant suscite le désir de savoir, d’apprendre.
    • Impact positif sur les apprentissages de nombreuses disciplines : plus-value pour les langues / mobilité en cours d’EPS, modification des stratégies d’apprentissages quand il y a sortie / réserve sur l’usage en maths.
    • Alternance travail individuel/ collectif : tablette et tableau se complètent
    • Apparente simplicité : à nuancer
    • Contraintes techniques : nécessitent des compétences que ne maîtrisent pas tous les enseignants
    • Évolution rapide, offre qui se diversifie

     

    Jean-Paul Moiraud intervient à son tour
    Mobilité des corps ou des espaces? Inconstance et instabilité forment la définition première de la mobilité.

    La mobilité est souvent donnée comme égale à tablette. Or, il n’en est rien. Les ENT sont aussi un moyen d’être mobiles et sans tablette. Par ailleurs, la mobilité à l’école n’a pas attendu le numérique. Jean-Paul Moiraud rappelle que, dans les années 60, la mobilité des objets existait déjà en classe : ainsi en était-il des émissions de radio scolaire qui apportaient l’éducation musicale dans la classe. (cf entretiens de Jean Valérien). «On réinvente  ce qui existe déjà».

    Mobilité des espaces: Exemple des « maternages par skype » des nounous  philippines qui sont mamans à distance. Les espaces virtuels permettent la mobilité…
    La mobiquité  : on peut être mobile sans bouger…

    Ludovia_T4bis

  • 10 ans après le lancement des ENT où en est-on ?

    10 ans après le lancement des ENT où en est-on ?

    Ludovia_ENT2
    Voici donc ce qui nous en a été restitué, sachant que le travail n’est pas encore terminé et qu’un document public sera proposé prochainement.

    Le détail du travail sur les différents thèmes est consultable en ligne ici.

    Dans une ambiance de “satisfaction généralisée” qui a paru bien artificielle par moments, voici quelques points saillants qui ont été abordés :

    L’ENT et les réseaux sociaux

    Cela pose beaucoup de questions non résolues mais c’est la première fois que la problématique était abordée dans ce cadre : Faut-il intégrer les réseaux sociaux à l’ENT ? En créer un privé ? Intervenir sur les réseaux publics pour apprendre aux élèves à gérer leur identité numérique ? Comment imbriquer les espaces ? À aucun moment n’est évoqué le fait que l’ENT puisse être considéré déjà en lui-même comme étant un réseau social !

    Des préoccupations juridiques

    Elles ont été nombreuses autour des droits à respecter, des données et des responsabilités des différents acteurs, 10 ans après le lancement des ENT ces questions ne semblent pas réglées, à moins qu’elles ne reflètent plus de peurs que de problèmes non résolus. Il est également possible que ces questions ne soient pas correctement posées et que par conséquence il soit impossible d’y répondre.

    Entre cadrage et de souplesse

    La nécessité de la cohérence est omniprésente dans les propos mais semble difficile à trouver ; l’ENT est tour à tour présenté comme protecteur, ouvrant sur l’extérieur, divers mais devant converger vers un ou des modèles nationaux et permettant de travailler sur tous les cycles… Généraliser et unifier ou diversifier, la question n’est pas tranchée ! Pourtant le nouveau cycle à cheval sur le primaire et le collège pose la question de la continuité des ENT voire d’un ENT commun pour pouvoir travailler en inter-degré.Ludovia_ENT

    La mutualisation et la collaboration

    Elles sont au coeur des souhaits exprimés, mais les favoriser via les ENT n’est pas chose aisée… Plus généralement, nous manquons de retours et d’analyses sur les usagers, ce qu’ils font sur les ENT, ce dont ils ont besoin et envie.

     

     

    Une définition de l’ENT

    Elle a été construite pendant la consultation :

    “l’ENT est un projet de portail sécurisé (pour garantir le droit à l’erreur de l’élève) donnant accès à des services numériques collaboratifs et pédagogiques, choisis et organisés par et pour la communauté éducative d’un territoire et de ses établissements”

    Une carte mentale a été réalisée pendant la restitution. Elle reste modifiable et améliorable par ceux qui le souhaitent sur  http://www.mindmeister.com/321589632

    Réaction de Bruno Devauchelle  :

    • Quelle généralisation des ENT ? le concept reste à définir ou tout du moins à préciser.
    • Un fait, les ENT sont là et correspondent à des besoins, des craintes et des attentes
    • Nécessité d’harmoniser, impossible de mettre en place les ENT dans le bricolage et l’anarchie, il faut que ça marche pour que ce soit acceptable et accepté !
    • A-t-on les moyens techniques et intellectuels de relever le défi de la complexification ? On ne peut pas concurrencer Google et pourtant il le faudrait ! Il faut aussi l’admettre quand ça ne marche pas…
    • Les mots « pédagogique » et « éducatif » sont à clarifier, ils sont fourre-tout et on oublie le didactique !
    • Mobilité versus nomadisme, interopérabilité…
    • Notion de cadre, volonté de rationalisation mais comment éviter que le cadre ne devienne une contrainte ? Le fantasme des profs persiste sur le contrôle par le Ministère via un ENT national ou sur le contrôle par les parents.

    Axes de réflexions proposés par Bruno Devauchelle (@brunodev sur Twitter) :

    – Il y a un affrontement entre fait scolaire et fait social qui ne sont plus au diapason depuis 10 à 15 ans, le numérique et les réseaux sociaux en sont un élément : par exemple que fait-on de l’interdiction des smartphones dans les collèges si l’ENT est accessible dessus ?

    – Il y a une fausse confrontation entre LMS et ENT :  le LMS est un outil intéressant et c’est une des briques pédagogiques d’un ENT. Il est nécessaire d’arrêter les querelles car il y a une grande expérience dans les LMS et des évolutions positives (comme Spiral Connect avec les universités de Lyon1 et Louvain la Neuve, par exemple)

    – Il est nécessaire d’éclaircir les concepts “pédagogique” versus “éducatifcar il reste trop de confusion entre les deux notions. L’école a d’abord une action pédagogique, puis par effet de système une mission éducative mais il manque l’éducation hors de l’école. Par exemple qu’est ce que la vie scolaire ? Tout ce qui est n’est pas scolaire ! Mais les cloisonnements structurants disparaissent. On ne sait plus où sont les frontières.

    Le lien avec les parents est encore chargé de fantasmes. Oui ceux-ci sont content de savoir ce qui se passe dans l’établissement mais ils ne souhaitent pas fouiller ou interférer (sauf peut être une toute petite minorité qui peut amener à des réactions disproportionnées).

    – De quoi parle-t-on quand on utilise les termes culture numérique ? Enseigner au et par le numérique, savoir où se situe le numérique dans mes activités ?

    Distinguer pédagogie et didactique : clarifier ce que l’on appelle pédagogie, et l’ingénierie didactique

    Quelle place des ressources ? On n’entend pas parler des documentalistes et de la place du CDI, lieu d’où l’on accède au monde extérieur. Quels sont le rôles de ceux ci et comment les ressources sont-elles intégrées et utilisées par les enseignants et les élèves ?

    Collaboratif : Avant de parler de collaboration il faut parler de communauté éducative, faire corps avec les élèves ce qui implique d’autres organisations et visions que celles en cours actuellement.

    Problèmes juridiques : étonnant qu’il faille 10 ans pour aborder les questions juridiques. Ce retard est sans doute lié à un imaginaire du juridique ? Faut il s’asseoir dessus ?

    L’interopérabilité va se jouer avec la mobilité et le nomadisme, elle est liée avec l’articulation vie réelle / vie scolaire. Fermer ou ouvrir, il va falloir faire des choix éducatifs radicaux. Il est indispensable de préciser ce concept également : interopérabilité entre les solutions ? intégration d’autres services et ressources mutualisées issues de prestataires publics ou privés, récupération par les enseignants et les élèves de leur informations et documents lors de changement d’établissement, …

    L’harmonisation est à rechercher sinon ce seront des opérateurs externes non coordonnés qui obligeront l’école à s’adapter à leur solution (NDLR : l’ombre de Google plane encore à ce moment de l’exposé).

    – Qui sont les vrais usagers des ENT ? Les données sur les retours d’usages sont nettement insuffisantes. Il faut interroger les élèves, les profs, les parents et l’institution, tenir compte de leurs besoins, préparer un livret d’accueil (pas un mode d’emploi) et rendre les ENT plus affordants (évident à utiliser et répondant à des besoins partagés par le plus grand nombre).

    Pour conclure, face à l’imaginaire sur le développement des ENT notamment lié à une sous information des problèmes techniques ou fonctionnels rencontrés, les institutions doivent avoir le souci d’expliquer aux gens et de mieux communiquer.

    NDLR : un document papier assez volumineux a été remis pendant la session mais celui ci ne semble pas disponible en ligne dans l’attente d’une publication validée et définitive sur le site du Ministère.