Étiquette : Ludovia 2015

  • Appropriation de compétences en codage et en programmation et pédagogie pour un usage actif et citoyen du numérique

    Appropriation de compétences en codage et en programmation et pédagogie pour un usage actif et citoyen du numérique

    [info]Rappel de la problématique :
    À l’ère de la multiplication des services, ressources numériques et langages pour les produire, comment L’École peut-elle transmettre aux citoyens de demain, les éléments nécessaires pour appréhender et comprendre ce nouvel environnement ?
    C’est tout l’enjeu de l’Éducation aux médias et à l’information (EMI): former des « cybercitoyens » responsables, et capables de faire preuve de discernement à l’égard des usages numériques. Au centre de cette ambition, un enjeu pédagogique crucial : rendre les élèves capables de faire preuve du recul et de la responsabilité nécessaires à la mise en pratique intelligente des compétences informatiques et informationnelles qu’ils seront amenés à mobiliser dans leur vie future. Pour répondre à ce défi, les professionnels de l’éducation déploient inventivité et créativité afin de « détourner » ces outils de leur seule dimension technique et d’inscrire leurs usages dans la formation d’un esprit critique.
    Les expérimentations mises en place à ce jour sont-elles concluantes ? Ces initiatives de « détournement » permettent-elles l’acquisition d’une culture numérique citoyenne ?[/info]

    Florence Quinche HEP Vaud, Elsa Vallélian, professeur documentaliste et Expert Direction du numérique pour l’éducation, ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, Bruno Vergnes enseignant en lettres correspondant CLEMI64 et Salim Zein enseignant AC Montpellier projet Arcadémie ont échangé autour de ces questions. Armande le Pellec-Muller, Recteur de l’académie de Montpellier a introduit le débat par une allocution ; un débat animé par Etienne Durup, Direction du numérique pour l’éducation ministère de l’éducation nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche

    Synthèse par Jean-Marie Gilliot

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    Les compétences numériques intègrent à la fois la compréhension, la maitrise active de comment sont construits les outils, de leurs usages et des modes de communication portés par ces usages.

    Le questionnement de cette table ronde interroge dans quelle mesure l’intégration de ces différentes dimensions permet-elle de former les citoyens de notre société du numérique.

    Dans son introduction, Mme le recteur de Montpellier, Armande Le Pellec-Muller, a mis l’accent sur l’urgence de cette éducation à cette société du numérique. Cette question change le rapport au savoir et de l’apprentissage. C’est une occasion de repenser la pédagogie pour développer des citoyens responsables, acteurs. Apprendre à apprendre devient indispensable, et Mme le recteur ressent bien que cela se fait dans une démarche projet pour les élèves.

    Il est indispensable de former les jeunes, qui, s’ils ont un usage du numérique, développent un rapport au savoir très variable suivant leurs cadres sociaux. Cette formation doit donc être explicite pour comprendre, maîtriser et apprendre à utiliser le numérique, jusqu’à l’adapter dans de nouveaux cadres de travail.

    Elle pose la question de quelle pédagogie est nécessaire pour former une jeunesse active, productrice de contenu, et rappelle que les textes officiels (plan numérique, réforme du collège) intègrent ces enjeux, que la construction et la dimension de la Direction du Numérique de l’Education interministérielle montrent bien l’importance de ces enjeux. Ils se déclinent également dans le projet académique pour piloter l’implication des acteurs locaux.

    Les dimensions des langages intégrant l’algorithmique et la programmation, pour penser les outils numériques d’une part et les outils pour apprendre et communiquer (outils de recherche, de production, d’échange et de collaboration) d’autre part, y sont présentes.

    Elles s’appuient sur des compétences incidentes maîtrisées par les enseignants comme être critique par rapport aux informations, trier, hiérarchiser, et créer de l’information, mais aussi de l’identité et la sécurité numérique, la question des différentes sphères de communication, les règles sociales dans un usage pertinent de ces outils. Cela implique également de maitriser la prise de parole et de l’écrit.

    Les compétences à développer sont des compétences actives, d’apprendre à apprendre comme la construction d’avis à plusieurs, le traitement, la hiérarchisation, le réagencement des connaissances pour un usage du savoir dans la complexité, ce qui est très loin de la simple restitution. Le système éducatif doit donner ces clés pour que les formés puissent devenir des citoyens créatifs, éclairés, inventifs.

    Le numérique représente une chance pour les enseignants, du fait de la richesse de l’accès et de l’organisation aux savoirs. Cela doit évidemment s’appuyer sur une formation, au travers de séminaires pluridisciplinaires et professionnels.

    La table ronde s’est ensuite construite autour de 3 points :

    • Préciser le mot code qui est polysémique et s’entend ici comme représentation symbolique dans une acception sémiologique. On est donc au-delà de la programmation ;
    • En quoi l’appropriation et/ou le détournement de ces codes peut servir l’esprit critique et l’éducation aux médias ;
    • Et finalement est ce que codage et programmation sont suffisants pour la maitrise des compétences numériques.

    Sur la notion de code, Florence Quinche de l’HEP du canton de Vaud nous propose un exemple. Chez des tous petits, en utilisant des petits robots qui se programment par une séquence de déplacements, les élèves apprennent à utiliser et des signes en imaginant un parcours et en l’expliquant par leur propre choix de signes ce parcours à un autre groupe qui doit ensuite programmer le robot. La communication est ici multi-signes et intègre une activité cognitive supplémentaire en créant un nouveau langage de leur choix.

     Sur le sujet de l’appropriation des codes deux exemples sont présentés :

    • Le projet Arcademie par Salim Zein, professeur de lettres à Montpellier transpose la construction de jeux vidéo pour développer une pédagogie collaborative, et permet aux différentes disciplines de s’intégrer dans la conception de jeu vidéo : scénario pour le professeur de français, l’histoire-géographie pour le contexte, la traduction en plusieurs langues, des graphiques en arts plastiques, et de la musique.Un tel projet de jeu vidéo a ainsi été conduit entre 10 écoles à Montpellier, ville qui héberge de nombreuses entreprises de jeux vidéo. A l’arrivée, le jeu fonctionne et a été construit dans une approche collaborative qui mutualise les actions de nombreux enseignants.
    • Florence Quinche présente un projet dans le cadre d’un enseignement qui couple français, théâtre et programmation de robots en proposant un projet de création d’une pièce avec des robots. En transposant une histoire, en réalisant la mise en scène intégrant des objets qui bougent (en tant qu’acteurs ou de décor), les étudiants développent de multiples compétences y compris de programmation. Ce travail se prolonge par la création d’un film qui étend la variété de manipulation de signes (musique, reconstruction de plans…).

    Sur la question de la maitrise des codes et de la programmation, Elsa Vallélian, professeur documentaliste et Expert Direction du numérique pour l’éducation, nous propose un retour d’expérience avec une classe de 6ème réalisé dans le cadre d’un Projet d’Education aux Médias, dans lequel au travers de la production d’un blog scolaire les élèves sont amenés à se poser des questions de cadre légal, de droit à l’image (peut-on publier telle photo d’autres élèves), d’identité numérique (peut-on publier avec un pseudo), d’écriture à plusieurs (peut-on effacer un texte d’un autre).

    Bruno Vergnes, enseignant en lettres correspondant CLEMI64, en rappelant les enjeux de la maitrise des compétences numériques, pose la question de qui doit former les enseignants en indiquant qu’il n’est pas question de créer une discipline dédiée.

    La parole est ensuite donnée à la salle, qui pose plusieurs questions :

    • « dans tous les produits numériques, il y a un côté narratif, le storytelling, qu’en est-il dans la formation ? »

    Bruno Vergnes répond que, effectivement, même dans une image, il y a une dimension narrative, un but à décoder. La narration s’aborde au travers d’exemples qu’on décrypte, mais aussi par une démarche de production de média comme une publicité, une image.
    Salim Zein complète en insistant sur la construction d’une histoire dans les jeux vidéo. Dans Arcadémie tout a été fait maison, et ensemble. Florence Quinche ajoute que dans les jeux vidéo, la notion de choix permet d’ouvrir à l’hypertexte ;

    • « Dans tout ça on oublie la culture qu’ont les enfants et dans leur entourage (grands frères…), ils ne sont pas vierges de toute connaissance et c’est sans doute cela qui est le plus difficile ».

    Elsa Vallelian répond qu’ils ont une dextérité qui inquiète les enseignants, mais qu’ils ont un recul limité, et que c’est bien là-dessus que l’accent est mis ;

    • Mme le recteur pose une question plus globale. « L’activité est favorisée dans la démarche projet, et permet d’appréhender la complexité et de mobiliser ceux qui savent. Mais qu’est-ce qu’on attend comme apprentissage dans la complexité et quelle culture commune construit-on au travers de cette coopération d’experts ? »

    Salim Zein se voit comme faiseur et serait intéressé par un retour de l’Education Nationale sur ces questions.
    Florence Quinche pour sa part, aborde la réutilisation et l’entraide à distance rendues possibles au travers des communautés qui se créent, comme par exemple autour du langage Scratch, qui permet d’apprendre à travailler avec la communauté.
    Bruno Vergnes renchérit que ce sont des compétences sociale et éthiques qui sont mise en valeur, Vivre et travailler ensemble.

    • Une remarque de la salle : « il y a actuellement une appétence que l’on voit notamment au travers des coding goûters, il faut en profiter. »

    En conclusion, Etienne Durup souligne que cet enjeu concerne tous les niveaux de la maternelle à l’université et qu’il encourage bien le travail en interdisciplinarité.

    Illustration : CIRE, tous les desssins de CIRE de l’université d’été de #Ludovia12

  • Formation des enseignants : horizontale, collaborative et par essaimage

    Formation des enseignants : horizontale, collaborative et par essaimage

    Crédit photos : S.Hamon – Pole Communication de la DNE

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    Catherine Becchetti-Bizot, au micro de Ludomag sur la question du numérique dans la formation des enseignants ; une interview réalisée à la suite de la table ronde sur le sujet à laquelle Mme Becchetti-Bizot a participé lors de la 12ème édition de l’Université d’été de Ludovia.

     

     

     

     

     

    « Les industries éducatives, comme le dit Pierre Moeglin configurent nos manières de communiquer et de transmettre le savoir. Nous sommes donc obligés de repenser la formation dans un environnement, dans un écosystème numérique ».

    Avec le numérique, la formation des enseignants ne peut plus être la même.

    Une formation plus horizontale, collaborative et par essaimage.

    Dans un premier temps, la verticalité n’est plus de rigueur ; le modèle horizontal de co-construction va peu à peu s’imposer. Pour elle, les enseignants d’aujourd’hui n’attendent plus seulement qu’on leur délivre un savoir clefs en main et eux-mêmes doivent avoir à l’esprit qu’il est nécessaire d’intégrer les pratiques culturelles et sociales des élèves.

    Pour cela, il est indispensable que les enseignants échangent et partagent leurs pratiques et aillent vers un modèle collaboratif de formation.

    Cela n’exclut pas qu’il existe déjà des séquences toutes prêtes, comme par exemple des MOOC que les enseignants peuvent consulter et s’approprier.

    « Les parcours de formation dans M@gistère par exemple, sont déjà constitués mais il est possible de les enrichir en aval de la formation », explique-t-elle.

    A l’heure du numérique, « les formations doivent se faire par essaimage ».

    Essaimage au sens phénomène biologique signifie : former une nouvelle colonie-communauté…

    Aujourd’hui, les formations doivent se faire au plus près du lieu d’implantation des enseignants (dans leur établissement, sur le bassin d’éducation, sur le territoire). Néanmoins, ce qui est intéressant avec le numérique, c’est que cet « essaimage » peut se faire hors les murs d’un établissement.

    « Parfois, un enseignant est isolé dans son établissement scolaire mais communique avec tout un réseau à l’autre bout du monde, avec lequel ils ont constitué une communauté », explique-t-elle.

    La formation doit-elle s’intéresser à l’objet même du numérique ou aux outils ?

    En effet, pendant longtemps, la formation au numérique s’est résumée à savoir utiliser les machines et les différentes « nouvelles » technologies comme les TNI, par exemple.

    Dans la formation des enseignants, la priorité aux apprentissages fondamentaux n’est pas remise en cause (lire, écrire, compter, communiquer, etc.) ; mais Catherine Becchetti-Bizot pense qu’il y a de nouvelles compétences numériques à développer en amont de ces apprentissages, et elle insiste sur les nouvelles responsabilités qui incombent à l’école dans la transmission d’une culture numérique pour tous.

    « Nous devons apprendre aux élèves à réfléchir à ce qu’ils sont en train de faire lorsqu’ils utilisent le numérique, à ce qui se cache derrière les dispositifs d’information et de communications qu’ils utilisent quotidiennement ».

    Le numérique est une nouvelle écriture, un nouveau langage que les élèves doivent utiliser mais aussi comprendre dans son fonctionnement.

    Ainsi, les enseignants ont aussi besoin d’être formés à intégrer et à transmettre cette culture numérique.

    La question du manque de temps de formation est-elle toujours d’actualité alors que le numérique vient s’ajouter aux besoins de formation initiaux ?

    95% des enseignants sont équipés et beaucoup d’entre eux ont déjà des pratiques numériques pour préparer leur cours. Utiliser le numérique en classe avec leurs élèves reste pourtant encore marginal. C’est une formation intégrée qu’il faut concevoir. Non pas tant apprendre le numérique, mais enseigner avec le numérique (voir à ce sujet sur eduscol : http://eduscol.education.fr/pid26435/enseigner-avec-le-numerique.html).

    Il y a une très forte attente des enseignants à ce niveau ; c’est en tout cas ce qui est ressorti de la concertation nationale où 93% d’entre eux reconnaissent avoir besoin d’un accompagnement régulier et sur le long terme pour développer leurs pratiques numériques en classe.

    La demande n’est pas d’avoir une formation théorique mais bien de savoir comment introduire le numérique dans leurs pratiques pédagogiques au quotidien.

    « Ce dont ils ont le plus besoin, c’est de savoir comment raccrocher l’usage du numérique aux objectifs de leur enseignement disciplinaire ».

    La DNE a mis en place pour 2015-2016 un plan exceptionnel de formation ; 1000 formateurs sont déjà opérationnels dans les académies qui ont reçu des crédits exceptionnels pour former des formateurs. Le nombre de formateurs doit doubler en 2015.
    Sans oublier M@gistère, la plateforme de formation en ligne qui a formé plus de 250 000 enseignants du premier degré sur l’année scolaire 2014-2015 et qui va être déployée en 2016 sur le second degré.

     

     

  • Formation des enseignants au numérique : va t-on vers de l’appropriation ou du détournement ?

    Formation des enseignants au numérique : va t-on vers de l’appropriation ou du détournement ?

    [info]Rappel de la problématique : comment former les enseignants aux attentes nouvelles en matière d’usage systématique des TICE dans la classe ? Peut-on parler d’un détournement par rapport aux prescriptions et modalités ayant cours aujourd’hui dans la formation des enseignants ? Tel est le thème de cette table ronde, suivie d’un BarCamp sur le même sujet.[/info]

     Sylvie Joublot-Ferré – Haute Ecole Pédagogique du canton de Vaud, Catherine Becchetti-Bizot – directrice du numérique pour l’éducation ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, Hervé Luga- chargé du numérique à l’ESPE de Toulouse et Pierre-Yves Pellefigue – directeur de la DAFPEN à Toulouse (Délégation Académique à la Formation des Personnels de l’Education Nationale) ont échangé sur le sujet autour des animateurs Fabien Hobart et Régis Forgione.
    Synthèse par François Jourde et Lyonel Kaufmann

     

    Est-il possible aujourd’hui de concevoir la formation des enseignants comme autrefois ?

    Pour Catherine Becchetti-Bizot (voir aussi l’interview de Catherine Bizot sur ce sujet), c’est un sujet central pour la réussite de tout projet numérique, avec celui du contenu : “La formation des enseignants est une clé essentielle de réussite”. Mais il faut rappeler que les “industries éducatives” (Pierre Moeglin) ont toujours modelé et traduit les formes pédagogiques, et cela était déjà avec les ardoises…

    Ludovia_formationenseignants_070915Les TICE induisent aussi aujourd’hui de nouvelles pratiques.Les enseignants sont équipés numériquement à 98%, s’informent et échangent en ligne. Mais ils souhaitent aujourd’hui des formations conçues comme un accompagnement de proximité, au plus près de leurs activités, permettant une appropriation progressive et sur un temps long.

    Il faut aussi noter que le numérique permet une formation plus collective et collaborative, avec aussi une plus grande autonomie dans sa formation (“se former”).

    Pour sa part, Pierre-Yves Pellefigue estime que la pédagogie n’a pas besoin du numérique. Pour lui, c’est notre retard dans la réflexion pédagogique qui freine le développement du numérique. En ce sens, la formation doit mettre en œuvre des modalités de travail pour un public actif et elle ne doit pas être descendante, verticale.

    Quel lien entre les pratiques personnelles et leur traduction en milieu scolaire ?

    Sylvie Joublot-Ferré fait le constat que les enseignants utilisent inégalement le numérique en classe. Elle y voit un problème de génération. Elle note ainsi la peur d’une prise de risque des enseignants face aux élèves qui semblent “natifs” du numérique.

    En conséquence, il faut donner confiance aux enseignants par la formation, en leur permettant de décrypter les outils des élèves.

    Fondamentalement, il faut donc que les enseignants se sentent plus à l’aise avec les outils du numériques. Mais il faut aussi que les enseignants prennent conscience à quel point les élèves font la différence entre les usages prescrits (en classe) et les usages non formels (hors classes). Ces usages non formels sont à être exploités en classe avec recul.

    Comment va-t-on respecter l’intimité de l’élève qui n’a pas forcément envie de retrouver son enseignant sur Facebook ?

    Pour Sylvie Joublot-Ferré, on ne pourra pas faire l’économie des pratiques des élèves (smartphones…). En même temps, il faut laisser la liberté au terrain et aux différentes formes pédagogiques. Il faut partir du terrain pour construire la formation des enseignants, que ce soit au numérique ou non.

    Selon Hervé Luga, il y a pour nous tous un environnement nouveau dans les réseaux sociaux. Il croit en ce sens que l’apprentissage du respect mutuel des sphères va se développer par la diffusion des outils et des usages. Quant à l’apprentissage de l’informatique, il est essentiel pour les élèves de comprendre le “comment cela marche” à l’intérieur de nos ordinateurs.

    A la question de savoir si la collaboration peut s’apprendre, Hervé Luga pense pour sa part qu’il faut utiliser le numérique comme un média, autrement dit comme un lieu d’échange. Cela, d’ailleurs, se voit déjà bien dans les espaces de type fablab : ce sont des lieux qui permettent d’étendre le numérique dans le monde physique (objets connectés), et par la collaboration.

    Quelles seraient les caractéristiques d’une bonne formation ?

    Enseigner à l’heure du numérique, c’est, pour Catherine Becchetti-Bizot, enseigner en prenant en compte la culture des jeunes et c’est rebondir sur cette dynamique pour avancer dans les objectifs pédagogiques. Le numérique est une écriture, c’est l’écriture d’aujourd’hui.
    Il faut donc apprendre cette écriture-culture et l’utiliser. Il faut aussi aussi que chaque enseignant puisse atteindre les objectifs de sa discipline en utilisant les potentialités du numériques. Pour cela, l’enseignant doit d’abord scénariser son enseignement : cela est très exigeant et ne s’improvise pas. Il faut aussi ici des échanges de pratiques.

    C’est pourquoi les formations doivent être davantage co-construites selon les besoins des enseignants, de manière hybride (en présentiel et à distance).

    Il faut bien comprendre que l’on ne va pas imposer des modèles au enseignants. Il faut faire le pari de l’essaimage, avec des enseignants acteurs-producteurs.

    Formations-actions : l’enseignant créé de la ressource pour former, il échange les contenus de formation.

    Pour Pierre-Yves Pellefigue, notre monde est immergé dans le numérique et des enseignants s’intéressent de manière systémique au numérique. Cela permet de nouveaux dispositifs. Cependant, nous avons un grand retard à produire des choses qui soient pratiques pour les enseignants.

    Est-ce que les disciplines perdurent dans le plan de formation ou s’effaceront-elles ?

    Si le numérique, c’est une opportunité à développer des pratiques interdisciplinaires, il ne faut pas oublier, pour Catherine Becchetti-Bizot, que chaque discipline doit penser, en priorité sa propre responsabilité par rapport au numérique. Il ne faut pas obliger un enseignant à faire du numérique, mais le sensibiliser à toutes les possibilités de faire avec.

    Néanmoins, pour Sylvie Joublot-Ferré. le problème des politiques publiques est qu’elles n’ont jamais tranché la question de savoir si le numérique est un outil ou un objet d’enseignement.

    Catherine Becchetti-Bizot répond que les deux sont nécessaires. Par définition, la pédagogie est un détournement, dans l’objectif de la transmission. Prenant l’exemple du C2i, Hervé Luga rétorque que ce dernier n’est pas abouti et que c’est comme si on obtenait le permis de conduire en passant seulement le code ! Pierre-Yves Pellefigue marque alors son désaccord. Lui, est optimiste, car c’est une nécessité vitale de diffuser le numérique et le changement vient des profs eux-mêmes.

    Fabien Hobart intervient et parle du numérique comme une nouvelle littératie. Il cite une enseignante de mathématiques parlant d’une dialectique outil-objet.

    L’outil ce serait les solutions numériques et l’objet, la culture et les nouveaux langages.

    Pour Fabien Hobart, on sait très bien former à l’outil (cf Canopé), mais pour aller vers cette culture numérique, c’est plus compliqué.

    Dès lors, comment traduire cet objet de la culture du numérique en formation et dans la culture enseignante ?

    Hervé Luga estime qu’il faut de la facilité, vers laquelle les gens sont enclins à s’orienter spontanément. Le numérique doit avoir cette facilité.

    Catherine Becchetti-Bizot estime qu’un outil n’est pas efficace pédagogiquement par lui-même. Il faut apprendre à tirer parti des outils.

    Il faut former les enseignants à construire leur projet pédagogique dans un environnement numérique.

    Exemplairement, M@gistère est un outil de formation qui ne porte pas d’abord sur le numérique, mais induit une habitude et une formation au numérique. Il peut y avoir ici une prise de conscience collective.

    Progressivement, pour Sylvie Joublot-Ferré, c’est l’idée d’un prescrit obligatoire qui s’impose pour les enseignants avec le numérique. Pour sa part, Pierre-Yves Pellefigue souligne le caractère créatif qui peut-être au coeur du numérique en éducation. Il faut produire de la pensée pédagogique de ce temps. Les conditions semblent aujourd’hui réunies.

    En guise de synthèse de la table ronde, Fabien Hobart demande aux intervenants de citer les moments-clés (en trois mots balises par intervenant) de celle-ci.

    Pour Catherine Becchetti-Bizot, c’est horizontalité, collaboration, co-construction et essaimage.

    De son côté, Pierre-Yves Pellefigue cite pédagogie, liberté, responsabilité

    alors que Sylvie Joublot-Ferré indique aménagement de cette liberté et construction des savoirs par les enseignants.

    Il revient à Hervé Luga de donner les mots de la fin : évolution, révolution, auto-formation.

    Crédit illustrations : CIRE

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  • Pratiques d’enseignement et d’animation : le numérique peut-il aider à la co-éducation ?

    Pratiques d’enseignement et d’animation : le numérique peut-il aider à la co-éducation ?

    [info]Rappel de la Problématique :
    Le numérique est entré dans l’école, parfois par la fenêtre, et fait partie des pratiques pédagogiques de nombreux enseignants – mais nombreux sont ceux qui n’y ont pas recours. Par ailleurs, s’il est entré dans le quotidien de nombreux enfants et adolescents, par le biais des ordinateurs familiaux, des téléphones portables et des tablettes, il semble que les animateurs ont des difficultés à le prendre en compte dans les activités péri-scolaires et de loisirs. Peut-on comparer les usages numériques respectifs de l’école et de l’éducation populaire ? Le numérique peut-il aider à développer les pratiques de co-éducation ?
    Cette table ronde veut faire un premier état des lieux : numérique et co-éducation, quelles pratiques ? Quels échanges sont possibles entre animateurs  et enseignants autour du numérique à l’école, au collège, au lycée? Quelles pratiques favorisent la co-éducation, quelle place peut y prendre le numérique ?[/info]

    Le numérique, catalyseur de co-éducation ?

    Le numérique est entré dans l’école, et le numérique de travail (par opposition aux loisirs) entre par le biais des devoirs dans le domicile familial. Par ailleurs, les jeunes ont des pratiques numériques, qui sont parfois mal prises en compte par l’école et par le péri-scolaire. Pourtant monde de l’éducation, monde de la famille et monde de l’animation ont des choses à se dire. Le numérique permet-il de faire travailler ces mondes ensemble ?

    Les invités de cette table-ronde sont soit des meneurs de projets de terrain, comme Jamel El Ayachi,, collège André Saint Paul du Mas d’Azil, et Salim Zein, game designer à l’initiative du projet Arcadémie, soit spécialistes de la médiation numérique, comme Nathalie Colombier. Cette dernière a dirigé l’équipe française de l’encyclopédie Encarta et créé Declickids, un site qui passe en revue les applications numériques pour la jeunesse. Stéphanie de Vanssay est à la croisée des deux mondes : professeure des écoles, ancienne éducatrice spécialisée et animatrice en centre de vacances, elle est aussi conseillère technique sur numérique et éducation au SE-UNSA, serial twitteuse et créatrice du TwittMOOC.

    Le modérateur invite les participants à donner leur point de vue sur la place du numérique dans la co-animation, à partir des projets menés.

    Le numérique comme support de projets communs

    Le numérique est d’abord un objet autour duquel peuvent être montés des projets communs entre l’école et le périscolaire. Salim Zein décrit le projet Arcadémie qui vise à faire fabriquer un jeu vidéo par des jeunes de 6 à 20 ans.
    Pendant le temps scolaire, il travaille la créativité en interdisciplinarité.
    Pendant les activités périscolaires, les jeunes testent des jeux vidéo pour étudier le gameplay.

    Le numérique pour créer du lien

    IMG_0276Jamel El Hayachi est obligé de pratiquer la co-éducation dans son collège du Mas d’Azil dont les élèves viennent de 32 communes réparties sur 4 cantons ariégeois.

    Un défaut sur l’un des trois pôles éducatifs (scolaire / périscolaire / famille) entraîne l’échec scolaire. Il tente donc d’utiliser des dispositifs numériques pour mettre en relation les différents acteurs.

    Il a testé plusieurs solutions : l’ENT, les réseaux sociaux avec par exemple une chaîne Youtube par lesquels il valorise le travail des élèves et enseignants.

     

    Il a aussi tenté de consulter les familles sur un sujet spécifique (l’assouplissement du règlement intérieur pour les élèves de 3ème), il a fait un mur collaboratif en ligne (Padlet) et a invité les parents, les élèves et les professeurs à s’y exprimer, mais cela n’a pas fonctionné.
    Il n’abandonne pas l’idée pour autant qui sera relancée après une réunion qui lèvera, il l’espère, les réticences des uns et des autres à intervenir via un outil numérique collaboratif.

    Le numérique pour se connaître et échanger

    Stéphanie de Vanssay évoque la faible présence des animateurs et éducateurs sur les réseaux sociaux. C’est une frustration car les questions de fond sont les mêmes entre les différents professionnels de l’éducation, avec des approches différentes qui peuvent s’enrichir les unes des autres.

    En effet les enseignants sont des pédagogues avec aussi un rôle éducatif et les animateurs sont des éducateurs devant néanmoins savoir faire usage de pédagogie.

    Par ailleurs, les réseaux sociaux sont un vecteur de connaissance réciproque ; on râle moins quand on connaît la réalité du travail de l’autre ! D’où l’intérêt de fréquenter les mêmes réseaux sociaux, comme Twitter par exemple.

    Pour l’instant, ce sont surtout les parents qui, par leur présence, enrichissent les échanges. Pas tous les parents évidemment, ce sont souvent les militants des associations qui animent ces discussions. Les parents d’élèves du collège du Mas d’Azil sont très différents, souvent en rupture avec la société, méfiants de l’institution et parfois peu utilisateurs des outils numériques.

    Pour ceux-là, le dialogue doit se faire autrement, et il faut d’abord mettre en place des valeurs communes et faire un travail sur les valeurs de la république. Il passe par le CESC (comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté) et par un travail sur la mémoire pour parvenir à ses fins. Le conseil des parents est un autre outil.

    Former tous les acteurs au numérique

    Néanmoins Jamel El Hayachi essaye, par différentes actions, de former les élèves et leurs parents à un internet citoyen et responsable.

    Il considère en effet que l’absence de compétence numérique est une autre forme d’illettrisme.

    Pour cela, il faut gagner la confiance des parents. En France, le système éducatif très hiérarchisé infantilise les élèves, mais aussi les enseignants et les parents, alors qu’ailleurs, en Finlande par exemple, tout le système repose sur la confiance.

    Cette formation au numérique et à ses usages devrait concerner aussi les jeunes adultes, animateurs et éducateurs. Lors d’une formation pour l’AFEV auprès de jeunes qui font de l’aide aux devoirs, Patrick Mpondo-Dicka a constaté que si les usages de l’internet de loisir sont maîtrisés, les usages professionnels en revanche sont encore balbutiants.

    En effet, pour un animateur, le distanciel et l’activité “sur écran” restent difficiles à envisager à cause d’une survalorisation de la relation en face à face. Il ne faut pas non plus oublier de former les cadres qui sont souvent des freins alors qu’ils pourraient être des incitateurs de démarches éducatives avec/au numérique.

    Le travail mené sur Déclickids, le site de Nathalie Colombier, est à décliner dans notre vision des outils du numériques. En effet, l’utilisateur, parent ou animateur ne peut se contenter d’un descriptif de type “dossier de presse” pour se faire une idée de la pertinence d’un logiciel ou d’une application. Il lui faut les tester, les explorer, les passer au filtre de la critique et évaluer leur potentiel après des adaptations ou détournements éventuels avant de les utiliser avec des jeunes. C’est ce que propose ce site qui recense et évalue les applications.

    Les outils numériques ne sont ni sacrés ni magiques, cela doit aussi pouvoir être transmis aux enfants et aux jeunes. L’éducation critique aux médias et au numérique est plus que jamais essentielle pour lutter contre les risques d’endoctrinement et doit passer par des usages accompagnés à l’école, à la maison et dans les moments de loisirs.

    Comment former ?

    Salim Zein prône l’apprentissage du fonctionnement et de la fabrication des outils pour franchir la barrière numérique. Pour acquérir des savoirs il propose de passer par la manipulation des outils, en apprenant à fabriquer des applications, par exemple.

    Cela permet également de mettre les élèves et les adultes en posture de créateur, ce qui leur donne les moyens de prendre un recul critique par rapport à ces outils et ces objets qui envahissent le quotidien. Cette démarche est essentielle pour donner lieu à une véritable appropriation.

    Quant à la formation aux usages d’internet, Nathalie Colombier regrette qu’elle soit souvent déléguée à des associations “spécialisées” qui vendent des ateliers au titre effrayant, comme “les dangers d’internet”, ou se résume à la mention “interdiction d’utiliser internet pour faire ce devoir de recherche”.

    Il vaut beaucoup mieux que l’école prenne ses responsabilités et anime un travail sur la formation aux usages d’internet. Patrick Mpondo-Dicka renchérit et propose de dédramatiser en passant par des exemples déjà intégrés dans les usages des adultes, comme Marmiton qui n’est rien d’autre qu’un réseau d’échanges sur une activité particulière, autrement dit un réseau social. Hélène Paumier, chargée de mission éducation et numérique aux CEMEA évoque des séjours non déconnectés pour adolescents durant lesquels sont organisés un accompagnement : des activités constructives et formatives utilisant les outils numériques (journal de bord etc…).

    Passer de la classique restriction drastique des écrans à une utilisation accompagnée permet de vivre autrement ces moments de loisirs tout en éduquant aux usages raisonnés et réflexifs autour de la publication, l’identité numérique, le droit à l’image…

    S’affranchir du numérique ?

    Le lien social gagne parfois à s’affranchir du numérique. Salim Zein témoigne d’expériences où le contact direct est plus efficace pour faire communiquer les acteurs. Par ailleurs les PEDT (Projets Educatif de Territoire) qui dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires se généralisent et se formalisent davantage, sont des outils vraiment porteurs.

    Réunir tous les éducateurs d’un territoire pour fixer des priorités, coordonner des actions, repérer des indicateurs pertinents pour une évaluation sérieuse des résultats obtenus, devrait permettre dans les années à venir des avancées intéressantes. S’écouter, s’organiser, se comprendre et se faire confiance entre éducateurs est essentiel et le numérique, sans être incontournable pour cela, peut fournir des outils et des espaces facilitants.

    Un IEN chargé des PEDT en Ariège confirme qu’il y avait de l’existant avec un schéma départemental et des politiques éducatives concerté mais que la formalisation, le passage à l’écriture des projets, leur évaluation et leur suivi restent difficile. Le contexte actuel, qui contraint à présenter un PEDT pour obtenir des fonds de soutien de l’Etat, devrait permettre d’avancer sur ces points.

    Et maintenant ?

    Le dossier co-éducation et numérique, à peine entrouvert, mériterait d’être creusé, questionné, illustré par des exemples d’activités et de projets non nécessairement menés sur le temps scolaire. Gageons que les prochaines sessions de Ludovia permettront de continuer la réflexion qui s’engage.

    Lien vers le Storify de la table ronde : https://storify.com/2vanssay/table-ronde-co-education-et-numerique

  • Pédagogie en tous lieux, équipements mobiles

    Pédagogie en tous lieux, équipements mobiles

    [info]Rappel de la Problématique :
    Pendant longtemps, la problématique de la mobilité a consisté à s’interroger sur les types de matériels et les services accessibles : notebook, matériels hybrides, accessibilité du matériel à l’ENT, authentification des utilisateurs en classe, connexion aux réseaux des établissements, utilisation du WIFI, etc.
    Aujourd’hui, la question qui se pose avec la mobilité est celle des apprentissages et de l’accès à l’information partout, en tout temps et avec n’importe quel équipement. Dans ce cadre, le programme des collèges préfigurateurs s’engage dans cette logique avec la mise à disposition dés la 5ème, d’équipements individuels mobiles, permettant aux élèves à la fois d’apprendre en classe, mais également en dehors de la classe.
    Dans ce contexte, quid de l’accès aux ressources et aux services (aux ENT), quid de l’organisation spatiale des salles de classe et de l’établissement pour pouvoir travailler par groupes de besoin. Comment s’engager dans une pédagogie différenciée ? Quelle posture pour les enseignants ? Quels travaux proposer aux élèves en classe et en dehors de l’école ? Comment assurer la formation à la citoyenneté numérique ? Comment adapter ou choisir un écosystème numérique en fonction des besoins des équipes pédagogiques et éducatives ?[/info]

    Elodie Maurel, enseignante en lettres à Mirepoix dans l’académie de Toulouse, Marie Soulié enseignante en lettres à Orthez dans l’académie de Bordeaux, Martial Pinkowski enseignant en EPS à Evry dans l’académie de Versailles, David Arderiu enseignant en techno à Albi dans l’académie Toulouse et Max Aubernon chef de projet collèges connectés au ministère de l’éducation nationale, Direction du numérique pour l’éducation nous ont proposé leurs expériences sur le sujet autour de l’animateur et enseignant Jean-Marie Gilliot.

    Synthèse en vidéo avec Jean-Marie Gilliot interviewé par Christophe Batier

    Les intervenants de la table ronde ont expliqué leurs usages au quotidien en démontrant en quoi le numérique est intégré dans leur pratique et en quoi il favorise une forme de mobilité.

    Elodie Maurel, enseignante en collège a présenté son expérience avec ses élèves dans le cadre d’une visite au musée.

    Ses intentions pédagogiques très scénarisées nous ont montré en quoi il était possible d’apprendre en dehors de l’espace physique de l’établissement.

    Par cette expérience, l’enseignante souhaitait s’affranchir des cadres habituels de la visite du musée (visite en troupeau, élève absent par l’esprit de la visite, discours descendant de l’enseignant commentant une oeuvre …). Son scénario est basé sur l’utilisation du smartphone (fonction photographique) pour modifier le regard de l’élève sur une œuvre, sur le musée.

    Martial Pinkowski fait partie d’un groupe d’expérimentation. La mobilité induite par défaut en EPS dans la mesure ou le travail s’exerce dans des lieux diversifiés. Pour Martial, le stade de l’expérimentation est dépassé, il convient désormais de gérer l’autonomie des élèves, de pratiquer le métier en développant la transversalité disciplinaire.
    L’objet central est le développement des compétences chez les élèves. « Si l’élève est autonome alors on peut gérer la différenciation », « il faut que les élèves puissent se saisir des ressources »

    Les usages enseignants

    Ils développent un ensemble d’usages liés à la mobilité (dans et hors la classe) conformes à leurs intentions pédagogiques. On peut citer la réalisation d’audio guide, la modification de la situation de la classe, la visite de musée, les usages des Tice dans la pratique sportive . La tablette numérique est très présente dans ces usages, parce que l’outil s’y prête et parce que les politiques d’équipements (collèges connectés, collèges préfigurateurs) ont largement porté sur l’équipement en tablettes.

    David Arderiu dit que « le nomadisme est vécu au jour le jour dans son collège préfigurateur ».

    La mobilité engagée dans les usages des établissements pose un ensemble d’interrogations :

    • Le suivi et l’observation des projets à fin d’analyse pour une future généralisation

    Des projets divers sont initiés au niveau du ministère, ils portent sur des grands volumes car ils sont développés sur l’ensemble du territoire. Les projets suivis le sont sur la base d’appels à projets. Les budgets qui sont engagés sont partagés entre le financement des équipements et la formation des personnels.

    Le ministère a bien compris que les effets de leviers sont sur le couple équipements et facteur humain.

    Ces projets sont suivis par un ensemble de partenaires comme l’Université, la DANE, les collectivités locales, le Numerilab de la DNE.

    • La possibilité de suivre les effets et conséquences des usages

    Jean-Marie Gilliot pose la question suivante : « Les projets sont-ils publiés et consultables ? » La réponse est non car les profils sont différents.

    • Le passage de l’expérimentation à la généralisation

    Le stade de l’expérimentation n’est pas encore dépassé par tous, il convient d’imaginer comment faire pour convaincre la grande masse des enseignants à s’engager dans des usages mobiles ?

    • Le sourcing, la veille sur les usages

    Cet ensemble d’expérimentations est un mine de renseignements sur le champ des possibles. Comment faire pour capitaliser ce travail d’expérimentation et en retirer des conclusions utiles ?

    Les réponses sont multiples. Il existe un réseau de correspondants qui regarde ce qui se passe dans les classes, cherche à détecter les tendances, analyse ce qui se passe.

    La recherche s’est engagée dans l’observation des usages de terrain ; les DANE sont chargées de cette veille.

    • La formation des enseignants

    L’introduction des pédagogies qui instrumentent les logiques su nomadisme, sont à la fois le fruit des politiques impulsées sur le terrain par les différents acteurs mais c’est aussi une question de formation des nouveaux enseignants. Un représentant de l’anaé pose la question de la formation dans les Espé ? Le débat engagé a montré la sensibilité de la question :

    Les jeunes enseignants doivent apprendre leur métier, ce qui est difficile. La mise en place d’une couche numérique complexifie les processus d’enseignements. Les jeunes enseignants ne souhaitent pas prendre le risque du numérique pour ne pas être destabilisés (machine qui dysfonctionne, élèves plus habiles que l’enseignant etc). Un participant lance l’idée qu’il y aurait des jeunes enseignants « réacs », réfractaires à la technologie.

    L’introduction du numérique et de la mobilité engage les enseignants à être en capacité de justifier leur enseignement.

    Un point a évoqué le champ des possibles de la formation par les pairs. Dans les collèges préfigurateurs, les enseignants plus avancés dans les usages, aident les enseignants désireux de s’engager dans une pédagogie plus instrumentée.

    • Les besoins des élèves

    Nos élèves sont, par essence, dans une configuration mobile ; ils passent d’un lieu à un autre (changement de salle de classe, passage du domicile à l’établissement, temps de transports …). Les équipements mobiles sont en phase avec un mode de vie.

    Les équipements mobiles sont aussi conformes à l’existence d’un savoir qui est présent dans les espaces virtualisés (ENT, banques de données, livres numériques …)

    Plein d’apprentissages se font en dehors de l’école.

    • Partager les matériels

    L’idée émerge qu’il serait possible de mutualiser les équipements des établissements notamment lorsque ceux-ci sont utilisés sur des temps réduits dans une année scolaire.

    • Domicile / école

    Le nomadisme, c’est donner les moyens aux élèves d’emmener le matériel à la maison. Les méthodes pédagogiques comme la classe inversée consistent à demander aux élèves de consulter des ressources avant le cours. Le nomadisme pose donc la question de l’écosystème technologique des domiciles des élèves. Quelles connexions ? Quelle capacité à l’organiser correctement …

    Dans un collège préfigurateur, il est prévu de recourir à une société prestataire de service qui peut aller au domicile des parents pour intervenir en cas de problème technique avéré…

  • Maskott a lancé le 2ème hackathon Tactileo Cloud à l’occasion de #Ludovia12

    Maskott a lancé le 2ème hackathon Tactileo Cloud à l’occasion de #Ludovia12

    Ludovia_maskottHackatonLudovia_020915Tactileo Cloud, véritable cloud pédagogique, est une plateforme de création d’activités multimédias pour interfaces tactiles offrant une multitude de fonctionnalités adaptées à l’univers de l’éducation et du numérique (cloud, parcours individualisé, différents types d’exercices, multi-support, multi OS…).

    Le hackathon Tactileo Cloud est un événement lors duquel des équipes s’affrontent pour créer des contenus pédagogiques d’une façon originale, hors du cadre habituel, sur la plateforme Tactileo Cloud et sur une période limitée.

    Le dépôt des activités des participants était possible jusqu’au mercredi 26 aout 11h, l’après-midi étant dédiée à la délibération du jury composé de Christophe Rhein Canopé de Limoges, et Alain Michel Canopé de l’Aude, qui devaient sélectionner les 2 meilleures activités en se basant sur les critères suivants :

    – Richesse de l’activité : diversité des exercices, des paramétrages, utilisation des éléments multimédias (texte, image, son, vidéo)
    – Qualité de l’activité : orthographe, exactitude des données disciplinaires
    – Transférabilité : potentiel de cette activité à être réutilisable par d’autres
    – Pertinence pédagogique

    Les trois premières équipes gagnantes ont été récompensées :

    La première équipe était composée de deux enseignantes de région parisienne : Alexandra Labrousse et Isabelle Perritaz qui ont créé une activité sur « le son K ». Celles-ci ont pu gagner une tablette éducation HP et un an d’abonnement offert à la version Pro Tactileo Cloud établissement.

    . La deuxième gagnante était seule : Fernanda De Matos, formatrice, a gagné une tablette éducation HP et un an d’abonnement offert à la version Pro Tactileo Cloud établissement.

    . Le troisième gagnant était Michel Bousquet, enseignant, qui a lui aussi gagné un an d’abonnement offert à la version Pro Tactileo Cloud établissement.

    Maskott vous donne rendez-vous pour son troisième hackathon Tactileo Cloud, lors du salon Educatec Educatice, les 18, 19 et 20 novembre 2015. Tenez-vous prêt et commencez à utiliser d’ores et déjà la plateforme en vous inscrivant gratuitement sur www.tactileo.org/register, et n’oubliez pas de consulter le blog dédié à Tactileo Cloud et ses usages www.blog.tactileo.com.

  • Contenus et services numériques pour apprendre à l’Ecole : appropriations et détournements ?

    Contenus et services numériques pour apprendre à l’Ecole : appropriations et détournements ?

    [info]Rappel de la problématique :
    Il est rare que l’enseignant utilise  à 100% une ressource pédagogique telle que conçue initialement : que ce soit une ressource numérique pour l’École (RNE) spécifiquement conçue pour l’enseignement et les apprentissages, a fortiori s’il s’agit d’une ressource éditoriale d’opportunité, ou bien encore qu’il ait accès à la production professionnelle d’un pair qui expose des pistes d’utilisation pédagogiques ou partage des exercices.
    Il convient donc de s’interroger sur les conditions d’appropriation et/ou les raisons du détournement de la ressource numérique pédagogique, sur les objectifs assignés à ces ressources, sans oublier le contexte professionnel de leur utilisation et réutilisation.
    Le développement de ressources numériques pour l’École qui proposent des services associant aux contenus des outils d’analyse de traces pour faciliter le positionnement des élèves et une remédiation, ou encore une approche adaptative et ludique, une plus grande personnalisation des parcours, est-il la solution la mieux adaptée ? L’accès à des millions de pages web, donc à des ressources d’opportunité et à des services pour produire et partager leurs productions et des scénarios pédagogiques, suffisent-ils aux enseignants et aux élèves ? Quelles conditions pour concilier une pluralité d’approches et offrir un cadre qui facilite la production des enseignants et de leurs élèves et leur partage ?[/info]

    Alain Thillay Direction du numérique pour l’éducation, ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, Pascale Garreau Tralalere, Amélie Mariottat Enseignante dans l’académie de Bordeaux, Christian Fantoli et Denis Badan de la Haute Ecole Pédagogique du canton de Vaud (invité d’honneur de Ludovia#12) ont tenté de répondre à ces questions.

    Une synthèse rédigée par Sébastien Reinders et proposée en vidéo par Christophe Batier et Jennifer Elbaz pour Ludomag

    Dernière facette d’un ensemble composé du matériel, de la connexion et des plateformes, les ressources numériques se caractérisent par leurs aspects facilement « détournables ». Qu’elle soit destinée à l’enseignement et aux apprentissages ou qu’elle soit issue de la production professionnelle d’un enseignant, il est primordial d’évaluer les facteurs qui permettent l’appropriation et/ou le détournement de la ressource numérique pédagogique.

    En introduction il est opportun de rappeler que l’offre actuelle de ressources, qu’elles soient éditoriales ou produites par les enseignants, est existante et suffisamment étoffée pour répondre aux besoins des enseignants.

    Le portail Eduthèque disponible pour les enseignants du premier et du second degré propose une multitude de ressources numériques pédagogiques conçues avec les partenaires et donne la possibilité d’usages pédagogiques pluri ou transdisciplinaires.
    Au départ d’une simple adresse académique l’enseignant accède au travers du site portail, ou au travers d’une page dédiée sur le site du partenaire à des contenus Classés en thématiques.

    Le canton de Vaud pour sa part édite plusieurs outils dont la bdrp.ch. Christian Fantoli représentant la HEP du canton de Vaud annonce, au sujet de cette plateforme, que chacun des 8000 enseignants du canton dispose d’un accès personnel à l’outil. Classées par thématique, et certifiées, ces ressources sont largement téléchargeables et utilisables.

    Différence majeure entre l’offre française et suisse, la bdrp, à l’instar d’EDU’bases, permet aux enseignants de remonter et de partager leurs productions.

    Educanet2, une plateforme nationale d’échange de matériel ressources en collaboratif et existant depuis quelques temps, est aussi disponible avec forte volonté affichée de mutualisation des ressources.

    Droit et sécurité

    Le détournement des ressources numériques pédagogiques placent les enseignants devant deux difficultés. Tout d’abord l’aspect du droit directement lié à l’usage de ces ressources peut poser problème, mais aussi la qualité, l’opportunité même de la ressource ainsi modifiée de son contexte original fragilise sa validité.

    Pour Eduthèque et comme le mentionne les CGU du portail, ces ressources doivent être utilisées dans un cadre pédagogique, en classe, et/ou dans des documents diffusés au sein de l’ENT de l’établissement.

    En suisse, et pour le canton de Vaud, le contexte et la taille étant différent, un accès aux oeuvres non-libres de droit est acquis au bénéfice des enseignants et élèves au travers d’un accord financier général avec la société de droit d’auteur helvète.

    Christian Fantoli explique également qu’une démarche de professionnalisation a été mise en place avec les enseignants permettant une certaine sécurité juridique et de qualité.

    La recherche et la sélection des ressources

    Un besoin pédagogique comme moteur de choix est primordial, comme l’explique Amélie Mariottat, enseignante dans l’académie de Bordeaux, qui fait de son blog un portail des ressources créées dans sa pratique professionnelle.

    Alain Thillay renchérit sur le sujet en expliquant que même si certains enseignants sont en demande de ressources construites et utilisables directement, il est plus opportun de ne pas combler cette demande particulière, mais plutôt d’aider les enseignants à s’emparer des moyens leur permettant de construire leurs cours. Pour ce faire des outils « guidelines » sont plus opportuns et pourraient permette à chacun de passer à l’étape d’appropriation.

    Cette appropriation, peut aussi être le résultat d’un travail d’élèves. C’est d’ailleurs ce que réalise Amélie Mariottat dans sa pratique de classe inversée.

    Produire des ressources et répondre aux besoins pédagogiques

    Pascale Garreau de Tralalere introduit les spécificités de Tralalere, à savoir, la création de ressources principalement liées à la citoyenneté et aux grands enjeux (environnement, genre, notion d’accessibilité ). Ces ressources ne sont d’ailleurs pas spécifiquement dédiées à l’enseignement. Les méthodes de création de la société, sont centrées sur le feedback entre experts externes et utilisateurs réunis en comité et panel de validation.

    Validation ou qualification des ressources

    Une validation par l’éducation nationale au travers d’échanges est existant pour les ressources éditoriales. La volonté d’ouvrir les plateformes aux productions des enseignants amène un autre questionnement sur le cadre de la validation des productions personnelles.

    Cette qualification du contenu devrait au mieux être autant ciblée sur les aspects pédagogiques que sur ceux liés à la légalité. En effet, si une multitude de ressources existent, il reste des difficultés d’accès à celles qui sont adaptables dans la légalité.

    Plus d’infos :
    Ressources proposée lors de la conférence

    www.bdrp.ch / www.scolcast.ch / www.radiobus.fm / www.educanet2.ch / www.edutech.fr  2epc.eklablog.com / www.tralalere.com

  • Le développement des usages dans les ENT & espaces d’apprentissage n’est-il qu’une histoire d’appropriation ?

    Le développement des usages dans les ENT & espaces d’apprentissage n’est-il qu’une histoire d’appropriation ?

    [info]Rappel de la Problématique
    Diffusé largement dans toutes les académies, l’usage des ENT et/ou plateformes d’apprentissage de type Moodle ou MOOCs impose une appropriation forte des techniques de collaboration, de travail à distance, de travail en mode projet… en même temps que le renouvellement de la pédagogie.
    L’enjeu de réussite de la plupart des modèles actuels dépend du niveau d’appropriation de ces différentes techniques. Au sein de ces ensembles structurés, il existe parfois des contournements et des détournements d’objets et services numériques non conventionnels qui permettent d’accroître les usages qui gravitent autour de ces plateformes. Et d’autre part, que fait-on des détournements d’usages autour des plateformes ?
    Faut-il les encourager, les mettre en avant ? Que fait-on des détournements d’usages autour des plateformes privées ? Comment faire collaborer ces plateformes? Comment mettre ces détournements au service des usagers? Comment étendre la collaboration entre les usagers de différentes communautés éducatives ?[/info]

    Adeline Bossu enseignante en gestion et systèmes d’information, Caroline Jouneau-Sion enseignante en Histoire – géographie et étudiante en master architecture de l’information, Bernard Baumberger docteur en psychologie – HEP Vaud et Christian Mertz chef de projet ENT Direction du numérique pour l’éducation ministère de l’éducation nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche, accompagné par Bertrand Moquet, Vice-Président de l’Université de Perpignan en charge du numérique, ont tenté de répondre à ces questions…

    Les ENT font partie de l’environnement des établissements scolaires. Les acteurs de l’éducation exercent leurs métiers dans le cadre physique de l’école mais aussi dans le cadre virtualisé des ENT. Ils oscillent entre l’un et l’autre. Si le cadre physique est assez bien maîtrisé, le cadre dématérialisé l’est beaucoup moins et suscite encore de nombreuses questions, notamment celle de l’appropriation.

    Les solutions numériques ont envahi l’espace des enseignants et des apprenants. Des espaces de savoirs se sont constitués petit à petit, toujours au service de l’apprentissage mais selon des logiques différentes. Fort de ce constat, la communauté enseignante se pose la question suivante : quelle est la compatibilité entre les ENT institutionnels et les environnements personnels d’apprentissage créés par les enseignants (EPA) ?

    Pour Caroline Jouneau-Sion, les ENT viennent raser les usages personnels des enseignants. Ils doivent accepter de voir nier leurs pratiques antérieures pour se réapproprier de nouveaux usages. L’ENT est organisé et permet de stocker les informations.

    Pour Bernard Baumberger, la vision de la conception de l’ENT est assez large, il est pour la cohabitation entre les ENT personnels et les ENT institutionnels ; « Je suis pour le multi ENT , dit-il.

    En Suisse, il existe un ENT educa.ch [1] qui permet de créer des connexions entre les acteurs de monde de l’éducation Suisse. S’il est favorable aux solutions hybrides, il reconnaît cependant qu’il faut que les ENT officiels soient suffisamment utilisés pour justifier les investissements officiels.

    Christian Mertz présente la politique de la DNE pour le développement des ENT en France.

    En 2003, le rapport Proxima[2] est publié et pose les bases du développement des ENT. Ce rapport ancien posait déjà les bases de ce qui constitue l’essence même des ENT.

    Le SDET a été créé pour piloter la mise en place des ENT. Il pose un cadre pour la conception des ENT. Il est le lieu des réunions des acteurs de la communauté scolaire, il réunit en son sein 18 profils différents.

    En donnant un cadre d’orientation, il est bien évident que les pionniers ont été désorientés car ils ont vécu les directives comme l’imposition d’un cadre venu du haut (le bottom up). Les ENT sont conçus, certes, dans un cadre rigide qui éloigne des usages bricolés avec les solutions hétérogènes mais … le cadre mis en place protège les utilisateurs.

    Le cadre légal mis en place (les déclarations légales sont toutes faites) est un facteur de sécurité.

    À partir du moment où L’ENT est mis en place selon les recommandations, il permet une entrée unique qui donne accès à plusieurs fonctionnalités. C’est dans ce cadre que l’ENT doit devenir communicant.

    La mise en place d’un ENT est donc soumise à un cadre fixé par le SDET mais c’est la condition d’une bonne sécurisation et de la mise à disposition d’un environnement spécifique spécialisé pour les questions d’éducation. Il est peut être moins « souple », moins « ouvert » que l’EPA mais il est sécurisé et ouvert aux membres de la communauté éducative.

    Le PDG de la société itop[3] précise les termes du débat en disant que la conception passe par la consultation des acteurs mais à un moment donné, il faut nécessairement opérer des arbitrages.

    Le cadre réglementé ne signifie pas cadre verrouillé.

    Christian Mertz précise que les utilisateurs peuvent faire des remontées pour obtenir des évolutions de l’ENT. Cela est d’autant plus vrai que les enseignants demandent à être écoutés dans leurs pratiques. C’est une façon de répondre aux attentes des enseignants qui souhaitent avoir un lien entre l’ENT et leurs usages personnels.

    Le solutions mises à disposition de la communauté éducative doivent donc répondre à la contrainte de satisfaire les utilisateurs tout en s’inscrivant dans un cadre contraint qui satisfasse les impératifs légaux et budgétaires.

    La table ronde fait émerger plutôt des problèmes de communication entre la base et le sommet, plutôt que des réels problèmes de technologie.

    La question des temporalités semble être une dimension qu’il faut prendre en compte.

    Les enseignants veulent disposer de solutions fluides que l’on peut modifier rapidement, au gré des besoins exprimés, les collectivités locales, l’État doivent œuvrer pour un groupe large.

    Exemple tiré de la discussion, témoignage d’une enseignante utilisatrice : « Je crée des séquences et je me suis heurtée aux problèmes de configurations sur les terminaux. L’ENT est verrouillé et ne permet pas de choisir les formats. »

    La réponse : « Faire une demande d’évolution et la question sera répercutée à la collectivité via le rectorat »

    On constate bien ici les questions de temporalité, entre le besoin d’évolution rapide et la nécessaire remontée des informations au sein de la chaine administrative (forcément plus longue).

    On peut compléter ce constat par une autre intervention – Témoignage DANE Toulouse – ENT commun collège / lycée : « Nous recueillons les remontées des enseignants. Double contrainte : respecter les demandes des enseignants et respecter les enveloppes budgétaires. ». Là encore nous constatons ce besoin de recueil d’information auprès d’une communauté large.

    La question de l’interopérabilité – Rendre communicants

    La conception des ENT est à mettre en relation avec la construction de nos structures administratives. La France est structurée par un ensemble administratif fait de communes, de départements et de régions. À chacune de ces briques correspond (souvent) un ENT en raison des transferts de compétences. Il faut que les ENT puissent communiquer.

    Le public pose des questions sur ce besoin d’interopérabilité entre les ENT, et ce à plusieurs niveaux : « Il faudrait une passerelle entre les ENT ». Au sein des collectivités locales qui sont structurellement « étanches » entre elles, les enseignants sont mobiles. Ils peuvent demander leur mutation sur l’ensemble du territoire, ils peuvent avoir des services répartis sur plusieurs établissements et sur plusieurs niveaux (collèges, lycées).

    Les nouveaux modes de travail intègrent la coopération et la collaboration ce qui fait émerger de nouveaux besoins « Ne pas se replier sur l’établissement et favoriser la coopération inter-établissements ».

    L’interopérabilité est aussi celle des ENT avec les solutions privées comme «  Twitter, Facebook … » Comment peut-on opérer les connexions ?

    Caroline Jouneau-Sion estime que « nous sommes encore dans un système complexe qui ne favorise pas l’émergence de solutions « user friendly ; il y a une marge de progrès vers laquelle il faut aller ; Il faudrait aller vers l’autonomie du choix des outils. »

    L’identité numérique dans les ENT – Le détournement d’identité.

    Les ENT sont basés sur des annuaires. Les utilisateurs sont dotés d’une adresse mail officielle (ac-académie.fr) mais utilisent très souvent des adresses différentes notamment celles des FAI. Les élèves et étudiants détournent cette identité officielle au profit de solutions autres.

    Le débat est engagé sur ce point.

    Il en ressort que le mail institutionnel participe de la vie citoyenne des étudiants, il faut la conserver parce que apprendre à différencier l’adresse perso et l’adresse pro fait partie de l’éducation au numérique.

    L’identité, la perception détournée ( ?) des ENT.

    Les échanges de la table ronde ont fait émerger une vision (réelle, supposée, fantasmée ?) des ENT. Il serait fermé, clos, hermétique.

    Serge Pouts –Lajus est intervenu pour dire que : « Le ton est critique sur les ENT, une habitude à Ludovia. Des critiques recevables sur certains points mais … Une critique n’est pas recevable dire que l’ENT est fermé. Il est fermé par nature. »

    Il est peut être aussi possible que les utilisateurs soient dans une contradiction qui se situe entre une volonté de détournement et une attitude très ancrée de respect des objets de l’institution. C’est ce que fait remarquer le responsable d’Itop : « Peut être ne faut-il pas hésiter à détourner l’ENT ? Y a t-il une peur de détourner l’outil institutionnel ? »

     

    [1] Educa. Ch – www.educa.ch/fr

    [2] Rapport Proxima, Pour une appropriation de l’Internet à l’Ecole et dans les Familles – www.netgouvernance.org/NG2/Rapport

    [3] ITOP education – www.itopeducation.fr/

  • Différencier en classe avec l’aide du numérique : présentation du prototype Phonix

    Différencier en classe avec l’aide du numérique : présentation du prototype Phonix

    Ludovia_EducleverEduclever travaille depuis plusieurs années à la création d’outils et de dispositifs pour la classe, conçus pour aider l’enseignant à mieux prendre en compte la diversité des élèves et contribuer à ce que tous, sans exception, progressent.

    Ces projets se traduisent en particulier par une collaboration soutenue avec différents laboratoires de recherche travaillant dans des domaines tels que la didactique, la modélisation des connaissances et de l’apprentissage, les ontologies praxéologiques, etc. Concrètement, ces recherches ont mené Educlever à s’intéresser au secteur de “l’adaptive learning” dont l’objectif est de concevoir des environnements et des dispositifs capables de proposer des parcours d’apprentissage s’adaptant en temps réel.

    L’université d’été Ludovia sera l’occasion de présenter Phonix, un prototype expérimental issu du projet “Cartographie des savoirs”, projet retenu par l’Education Nationale dans le cadre de l’appel à projet e-éducation n°2.

    C’est un dispositif pour la classe qui permet à l’enseignant de créer pour ses élèves, ses groupes ou sa classe, des “missions” d’apprentissage et d’entraînement utilisant les technologies d’adaptive learning d’Educlever . Basé, comme la “cartographie des savoirs”, sur l’ontologie praxéologique mise au point par le consortium, il s’attaque pour commencer aux difficultés les plus fréquentes en orthographe au cycle 3 (comment écrire les mots ou les désinences qui se prononcent de la même façon mais procèdent de logiques grammaticales différentes).

    Il peut par exemple permettre à l’enseignant de créer des parcours différenciés (basés sur des groupes de besoin) ou personnalisés en fonction de ses intentions pédagogiques et des besoins des élèves, et de suivre les apprentissages sélectionnés tout au long de l’année, grâce à un tableau de bord visuel.

    Phonix est un prototype expérimental. L’objectif est de poursuivre le développement en prenant en compte les retours des enseignants “à l’usage”. Parce que les situations de classe diffèrent, il faut que le dispositif proposé soit capable de s’adapter aux besoins réels. Un pied dans le réel de la classe, un pied dans les labos : l’ambition est également de continuer à nourrir Phonix et nos autres projets de prototypes expérimentaux avec les apports de la recherche en didactique, avant d’élargir la proposition à d’autres disciplines et d’autres niveaux.

    Ergonomie, design des interfaces : l’appropriation d’un dispositif pour la classe dépend de la qualité de l’expérience que celui-ci permet, et pas seulement derrière l’écran. C’est aussi pour cela que la démarche engagée est une démarche de co-conception : l’amélioration continue guidée par les utilisateurs (enseignants, élèves) paraît dans ce contexte tout à fait incontournable.

    Enfin, la plateforme Phonix s’adresse plutôt aux enseignants, mais rien n’empêche de la détourner en permettant aux élèves de concevoir eux-mêmes leurs missions, pour eux-mêmes ou leurs pairs !

    A propos de l’auteur : Nathalie Colombier
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