Catégorie : syndicalisme

  • Le permis internet en CM2, dérives dans l’Education Nationale

    Le permis internet en CM2, dérives dans l’Education Nationale

    Article rédigé par Anthony Lozac’h, Stéphanie de Vanssay dans L’école de demain

    Le permis, un “programme pédagogique”…

    Voici la présentation faite par le dossier de presse :

    ecolededemain_permisinternet_191213Le Permis Internet pour les enfants est un programme pédagogique de responsabilisation des enfants et des parents pour un usage d’Internet plus vigilant, sûr et responsable. Son principe : faire passer aux élèves de CM2 leur Permis Internet. En CM2, les enfants s’apprêtent à entrer au collège, les usages et les risques augmentent, c’est le bon moment pour les préparer.

    La Gendarmerie nationale et l’association AXA Prévention unissent leurs forces et leurs expertises en matière de protection et de prévention contre les risques sur Internet en initiant, ensemble, ce programme pédagogique à destination des 9 – 11 ans. Le Permis Internet pour les enfants est mis en place dans les classes par les enseignants pendant le temps scolaire. Déployé dans le cadre des actions de prévention conduites par la Gendarmerie nationale, ce programme clé en main, dont la mise en oeuvre fédère enseignants, familles et maires, est intégralement financé par AXA Prévention.

    Cette initiative conjointe de la gendarmerie nationale et d’Axa applique le principe de la prévention et de la formation face aux nouveaux dangers de l’Internet. Les parents d’élèves et les professeurs sont en effet souvent démunis et sont demandeurs de réponses et d’outils appropriés. L’idée d’un permis est sécurisante puisqu’elle vérifie la connaissance de règles de conduite pour autoriser la pratique, comme le permis de conduire.

    Le projet développe l’analogie avec la rue : “Il n’y a aucune raison de faire sur Internet, ce que l’on ne ferait pas dans la rue.”

    “Si avant de laisser circuler un enfant seul dans la rue, on lui apprend les règles de prudence indispensables (circulation routière, mauvaises rencontres, incivilités…), sur Internet, c’est la même chose. Avant de laisser un jeune utiliser Internet seul, il est indispensable de s’assurer qu’il a assimilé les règles élémentaires de vigilance, de civilité, et de responsabilité sur Internet.”

    Difficile de lutter contre cette idée en apparence bienveillante.

    …ou est-ce un programme publicitaire ?

    Pourtant, la fréquentation du site Internet officiel “Axa Prévention” ne laisse que peu de doutes sur l’autre nature de ces intentions bienveillantes. L’objectif n’est pas uniquement de faire de la prévention, mais bien de proposer in fine des produits commerciaux qui dépassent largement le seul cadre de la protection des enfants.

    Comment cela est-il possible dans l’Education nationale ? Le site nous fournit des explications sur le déploiement de cette opération :

    A partir de décembre 2013, les gendarmes des 38 Brigades de prévention de la délinquance juvénile (BPDJ) se déplacent dans les écoles pour lancer l’opération. Ces gendarmes, experts de la prévention en milieu scolaire, dispensent une sensibilisation en préambule de la formation. Ils remettent ensuite aux enseignants le kit pédagogique complet pour qu’ils prennent le relais de la formation.”

    – Primo : les BPDJ sont partenaires de l’éducation nationale dans le cadre d’un accord entre les ministères de l’Intérieur et de l’Education nationale
    – Deuxio : Axa possède une association loi 1901, “Axa Prévention”, depuis 1984, qui lui permet de développer un partenariat avec la gendarmerie nationale.
    – Tertio : Axa propose à la gendarmerie une action qu’elle financera entièrement, mais déployée par la gendarmerie. Cependant, un représentant d’Axa sera systématiquement présent à la remise du permis, en présence des parents.

    Au final, une entreprise privée intervient indirectement dans les écoles, “sur des heures de cours” (payées par l’Etat), en profitant d’un partenariat liant deux ministères… Ministère de l’éducation nationale qui a lui-même sa propre politique, et ses propres outils, pour développer chez les élèves, de la maternelle au lycée, un internet responsable, et lutter contre le cyber-harcèlement.

    Un permis qui n’a rien de pédagogique

    Mais cette action intervient directement sur du contenu “pédagogique”. On dépasse ici largement le simple cadre de la prévention. Jusque là, la gendarmerie et la police intervenaient essentiellement sur des actions de sécurité routière, ou de rappels à la loi. Avec Internet, c’est un nouveau volet de prévention qui s’ouvre actuellement, qu’occupaient par ailleurs des associations jusque là (comme Calysto par exemple).

    Néanmoins, dans le cas présent, cette intervention prend place sur un champ précis du curriculum scolaire, qui est formalisé par le B2i. Celui-ci doit être validé à son palier 2, dans le socle commun, en CM2.

    Face à la nouveauté et parfois à la violence des problèmes liés à Internet s’est développée largement une pédagogie par “la peur” qu’illustre ce permis. S’il est nécessaire d’informer et de former les élèves à ces questions des dangers présents sur internet, il faut également leur montrer les côtés positifs de la mutualisation et du travail par le web. Par exemple via les échanges entre twittclasses, où les élèves ne se connaissent pas, on retrouve l’idée des échanges de lettres avec validation des enseignants. Cela montre la nécessité d’un accompagnement dans les usages.

    Par ailleurs, le site faillit dans la rigueur nécessaire au développement des connaissances et des compétences par les élèves. La définition des “réseaux sociaux” par la vidéo sur le site d’Axa dit que “ce sont des sites qui permettent de rassembler tous ces amis”.

    La nécessité d’un apprentissage par les notions est importante, y compris dans le cadre d’une éducation aux risques. Un réseau social, ce n’est pas un site, c’est un ensemble de relations. Dans la vie quotidienne, les élèves appartiennent à plusieurs réseaux : la classe, le club de foot, la chorale…. Twitter et facebook sont des outils de réseautage social, ce ne sont que des plateformes numériques qui permettent de se créer un réseau numérique. La définition donnée par Axa est donc impropre et sous-entend déjà des usages déterminés.

    Il est nécessaire de travailler sur cette question centrale des usages, des traces et de l’identité numérique qui ne doit pas être seulement une collection de traces subies mais une réelle présence assumée et construite. Ne pas faire ce travail de réflexion autour des notions et des usages “positifs et assumés”, c’est risquer de faire passer nos élèves et l’école à côté du numérique. En bref, éduquer à l’internet et au numérique s’inscrit dans un temps pédagogique long, attaché à une vraie éducation à la culture informationnelle dès le primaire.

    Selon le site de la gendarmerie nationale, “Un permis Internet sera enfin remis à chaque élève afin de marquer son engagement solennel à être un internaute responsable. Le tout devant le Maire, les enseignants, les gendarmes et les parents.” Ce n’est pas éduquer, ni vérifier des compétences c’est “faire promettre”.

    Or, nous sommes là pour éduquer les élèves, les accompagner et soutenir leurs parents par pour leur apprendre des réponses attendues non-intégrées. On peut parfaitement connaître les consignes de sécurité sans avoir du tout compris l’importance qu’elles ont et donc sans avoir aucune intention de les respecter.

    C’est cela qui rend nécessaire cet “engagement” inapproprié qui rassurera parents et enseignants et en cas de problème, renverra l’enfant à sa propre responsabilité alors qu’il n’aura pas été efficacement accompagné par les adultes qui doivent le faire. Un moyen de dédouanement général à peu de frais sur le dos de nos élèves ?

    Ici le rôle des enseignants se limite à passer des dvd, tout est “clé en main”… Le dossier de presse présente ainsi le rôle de simple exécutant joué par le professeur :

    L’apprentissage avec l’enseignant : L’enseignant dispense la formation en 3 à 4 séances de 45 minutes environ chacune grâce au DVD fourni dans le kit et au code remis à chaque élève.”

    Enfin, ce permis n’est est pas un, sauf à considérer que les termes ou les certifications n’ont  pas de sens :

    . l’analogie avec l’apprentissage de la route ou de la rue n’est pas viable. Le permis autorise là où il sera en permanence nécessaire d’accompagner tout en apprenant à faire confiance.
    . Le permis ne certifie rien, contrairement à l’ASSR ou au vrai permis de conduire. c’est une sensibilisation aux risques d’Internet dans lesquels les parents sont associés.
    . Si on pousse l’analogie avec le permis de conduire, cela revient juste à apprendre le code (un code biaisé), et certainement pas à conduire. Pourtant, l’opération revendique l’idée de la conduite accompagnée : on ne voit pourtant cet accompagnement nulle part, sauf renvoyé par la charte à la responsabilité des familles.
    . Il s’interfère complètement avec le B2i et avec les actions déjà mises en place par l’Education nationale.
    Internet, ça s’apprend !

    Nous voudrions pour terminer adresser quelques recommandations pour former les élèves à un usage responsable d’Internet, qui répondraient directement d’une part aux objectifs du permis Internet, d’autre part aux dérives de ce type de dispositif :

    . Intégrer dans les projets d’école et projets d’établissements des actions de sensibilisation aux usages du numérique, par des réunions d’échanges et d’information, y compris sur les dangers liés à Internet. Ces actions réuniraient parents et personnels d’éducation, et prendront appui sur des projets pédagogiques.
    . Renouveler le B2i, dans le cadre de la refonte du socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Ses items déconnectés et son mode de validation négligent les objectifs de formation globale. L’usage du numérique doit être pleinement associé aux séquences pédagogiques dès le primaire. Il s’agira de développer des réelles compétences info-documentaires chez les élèves.
    . Dans le cadre de la liaison école-collège, qui a été renforcée par la loi d’orientation (cycle commun, conseil école-collège), développer une validation progressive des compétences des élèves, via notamment l’action de formation des professeurs documentalistes des collèges. Les conseils école-collège peuvent prioriser les actions de formation sur ces questions, qui concernent également compétences civiques et sociales, de même que l’autonomie (compétences 6 et 7 du socle commun).

    Sur “école de demain”, nous avons depuis longtemps plaidé pour un développement responsable et déterminé des usages d’Internet. Notre dossier éduquer au web 2.0. illustre les nombreuses actions et initiatives des professeurs, de l’école aux lycées.

    Pour conclure, ce permis est à notre sens en parfaite contradiction avec la volonté de faire entrer l’école dans l’ère du numérique.

    Les écoles vont-elles se contenter de ce permis pour éduquer au numérique ? C’est une mauvaise solution de facilité, qui aura des effets pervers. Les élèves n’y développent pas de compétences car l’action de formation se focalise sur la prévention des dangers. Ce genre de dispositif prend place sur les failles même de l’éducation nationale, dont une partie des missions est prise en charge par des prestataires extérieurs dont certains ont des intérêts privés.
    C’est un “programme pédagogique” qui a pour objectif d’être dispensé à tous les élèves de CM2, décidé en dehors de l’éducation nationale : le partenariat lie uniquement Axa et le ministère de l’Intérieur. C’est une atteinte sérieuse à l’autonomie et aux compétences de l’éducation nationale.

    Pour en savoir plus :
    http://pear.ly/cANMb
    Le site internet officiel : http://www.permisinternet.fr/

  • As tu fait tes devoirs numériques ?

    As tu fait tes devoirs numériques ?

    Une première version de cet article a été soumise à ceux qui nous avaient laissé leurs coordonnées, il est donc enrichi de leurs compléments, précisions, modifications…

    Qui a répondu ?
    Les réponses proviennent d’élèves et de parents d’élèves allant de la moyenne section à l’université avec une majorité de CM2 et de collégiens. Pour certains nous avons les réponses d’un parent et les réponses d’un ou plusieurs enfants. Le questionnaire ayant été diffusé via les réseaux sociaux, les répondants sont très probablement des usagers plutôt à l’aise sur Internet.

    Une utilisation massive confirmée
    86 % des répondants disent utiliser le numérique dans un but scolaire au moins une fois par semaine et pour 33 % tous les jours voire plusieurs fois par jour.
    Cet usage est parfois restreint par les parents, Adrien,  élève de CM2 n’hésite pas à profiter de l’occasion du remplissage du questionnaire pour se plaindre que sa mère ne le laisse pas assez y aller !

     

    Faire des recherches mais aussi échanger
    L’utilisation la plus importante est “faire des recherches” mais on a aussi beaucoup d’échanges ; autant avec les camarades qu’avec les enseignants ! À vérifier mais il est probable que cela concerne seulement certains enseignants qui échangent par ce biais. Aurélie, regrette par exemple que les enseignants du collège de sa fille ne donnent pas leur adresse mail pour communiquer notamment quand un problème d’accès à un exercice à faire se pose. Elle se demande s’ils ont peur de quelque chose, d’être “envahis” peut-être, mais trouve cela dommage.

    Concernant les recherches, Christian Ducass évoque l’utilisation pour sa fille en CM2 du dictionnaire sur tablette qu’il juge plus pratique pour rechercher des définitions.
    Pour les échanges un élève de seconde évoque ceux avec les correspondants en Angleterre qui permettent à la fois de travailler l’expression dans une langue étrangère mais aussi de découvrir une classe dans un autre pays.

    Se sentir moins seul
    S’assurer que l’on a compris ce qu’il faut faire, savoir où trouver ce dont on a besoin mais aussi travailler en groupe, s’entraîner et faire des révisions, le numérique semble aider à se sentir moins seul et démuni face au travail demandé.

    Pas indispensable ?
    Malgré l’usage massif reconnu par nos répondants, 41% d’entre eux pensent qu’ils pourraient se passer du numérique pour le travail scolaire ! C’est l’avis de 7 élèves sur les 15 qui ont répondu et de 5 parents sur 20. En même temps, comme la majorité du travail scolaire effectué en classe se fait quasiment sans recours au numérique, c’est logique de ne pas forcément le juger indispensable. Autre possibilité, ne pas avoir recours au numérique, peut aussi paraître parfois plus simple.

    Article complet sur http://ecolededemain.wordpress.com/2013/02/26/as-tu-fait-tes-devoirs-numeriques/

  • Loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République

    La Fédération Générale des PEP, dont le projet 2012-2017 est d’ « Agir pour une émancipation permettant l’accès de toutes et de tous l’accès aux droits communs », se félicite :

    – du contenu de la mission donnée à l’école : « outre la transmission des connaissances », « faire partager aux élèves les valeurs de la République, parmi lesquelles l’égale dignité de tous les êtres humains, l’égalité entre les hommes et des femmes, la solidarité et la Laïcité qui repose sur le respect des valeurs communes et la liberté de conscience » donc la formation « d’esprits libres et responsables » de façon à « amener les élèves à se forger un sens critique et à adopter un comportement réfléchi » ;

    – de l’évolution législative inscrivant ces objectifs dans le cadre d’un « projet éducatif territorial » associant également les administrations de l’Etat, les collectivités territoriales, les parents d’élèves et les associations ;

    – de la création des Écoles Supérieures du Professorat et de l’Éducation destinées à offrir une solide formation initiale et continue des enseignants, un appui à l’innovation pédagogique et un croisement entre métiers de l’éducation.

    Cependant, comme pierre centrale de la refondation de l’école de la République, la Fédération Générale des PEP estime que le projet de Loi devrait également inscrire de façon plus explicite le concept d’ «école inclusive», tel qu’il a été affirmé par le Président de la République dans son intervention du 9 octobre 2012. Le concept «d’école inclusive» affirme en effet que les finalités et les objectifs de l’école s’adressent à tous les élèves, y compris ceux qu’une situation de handicap ou de fragilité, de vulnérabilité culturelle, sociale, ou politique met en difficulté à l’école.

    C’est dans ce cadre que pourront véritablement se définir les besoins du système scolaire en termes d’accompagnement personnalisé, y compris humain, quand cela s’avère nécessaire. Il en va autant de la réalité effective « d’une école à la fois juste pour tous et exigeante pour chacun » que de « la promesse républicaine de la réussite éducative pour tous ».

    Avec les associations complémentaires de l’enseignement public, la Fédération Générale des PEP  s’engage à contribuer activement dès maintenant:

    – à la réalisation des projets éducatifs territoriaux insérant le nouveau temps éducatif complémentaire au temps scolaire dans le cadre d’une démarche éducative globale pour la jeunesse, avec des contenus éducatifs et culturels articulés de façon pertinente et harmonieuse aux contenus d’enseignement.

    – à la professionnalisation, dans le cadre des ESPE, des futurs enseignants.

    Elle adressera également, dans les prochains jours, un courrier à Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale et à Madame la Ministre déléguée à la Réussite Éducative pour leur confirmer son engagement, et leur préciser aussi le sens de son insistance pour que la notion d’école inclusive soit inscrite dans la Loi.

  • Les industriels du Numérique dans l’Education et la Formation créent leur association

    L’AFINEF a pour mission la valorisation, la promotion et le développement économique de la filière numérique de l’éducation et de la formation professionnelle continue en France et à l’international.

    Elle a également pour objectif de rassembler de façon large, de fédérer et de structurer l’ensemble des entreprises de la filière afin d’assurer l’interface de la profession avec les autres acteurs présents sur ces secteurs (Ministères, collectivités territoriales, partenaires sociaux, OPCA, associations et fédérations d’acteurs de l’enseignement, instances européennes, autres associations professionnelles et internationales…).

    Enfin, l’AFINEF ambitionne de développer une puissante industrie numérique éducative « à la française », au travers d’une démarche collective d’innovation technologique, économique, sociale et pédagogique.

    Rassemblant, sous l’égide du pôle de compétitivité CAP DIGITAL, PME, start-ups, grands groupes et associations, les 26 membres fondateurs, , témoignent de la diversité des acteurs du secteur : 4n Media Group, Alterway, Educaweb, eInstruction, Encyclopaedia Universalis, GEDEM, GIE lesite.tv, Ilobjects, Itop Education, Jeulin, Kosmos, KTM Advance, Logica qui fait maintenant partie de CGI, Microsoft, Milliweb, myBlee, PM Conseil, Promethean, Simple IT, SNE (Groupe Education), TELLMEMORE, Texas Instruments, Tralalère, Unowhy, Viforma, WebServices Pour l’Education.

    Plus d’information sur http://www.afinef.net

  • Sept exigences pour refonder l’Ecole

    Les organisations syndicales Fep-CFDT, SE-Unsa, Sgen-CFDT, SNPDEN-Unsa, Unsa-Education, la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves (FCPE) et les associations partenaires de l’Ecole AFEV, Les Cahiers Pédagogiques, Education et Devenir, Les Francas, FESPI, La Ligue de l’Enseignement, tiennent ensemble à réaffirmer les points auxquels elles sont particulièrement attachées :

    •     La loi d’orientation doit instituer une Ecole bienveillante envers les enfants, afin d’être véritablement plus juste et plus démocratique. Cela signifie que l’intérêt supérieur de l’enfant, de l’élève, sa capacité à entrer dans les apprentissages, doivent être véritablement au centre de tout processus pédagogique et de toute réflexion sur l’organisation du système éducatif.

    •    La loi d’orientation doit affirmer la continuité éducative école-collège, le socle commun et le travail en réseaux ouverts sur les territoires. Dans les propositions faites par le ministre, nous sommes favorables à la définition d’un cycle commun CM1-CM2-6ème qui devra se traduire en terme de contenus et implique la possibilité d’échanges de services entre les deux niveaux d’enseignement. Ce travail inter-degrés rend nécessaire un conseil pédagogique commun. Pour aller plus loin, l’expérimentation de réseaux du socle devra être encouragée. Nous apprécions la réaffirmation du socle commun qui structurera la scolarité école-collège. Les programmes devront être mis au service de l’acquisition par tous des compétences du socle et le DNB transformé en Brevet du Socle Commun.

    •    La loi d’orientation doit promouvoir des Projets Éducatifs Locaux pilotés par les territoires dans un cadre interministériel. Ces Projets Éducatifs Locaux, qui aujourd’hui mobilisent déjà les collectivités territoriales, les réseaux d’écoles, les associations complémentaires de l’Ecole et les organismes sociaux, permettront de renforcer la qualité du travail collectif de tous et donneront une cohérence à la prise en charge du temps éducatif global. Dans le cadre de la réforme des « rythmes », la loi devra éviter la « scolarisation » de tous les temps de la journée. Le retour à une semaine de 4,5 jours doit permettre de réduire la journée en classe entière à 5 heures maximum et d’offrir à chaque enfant un temps éducatif de qualité sans réduire le temps scolaire annuel des élèves.

    •    La loi d’orientation doit permettre de développer l’autonomie, la responsabilité et l’initiative dans les écoles et les EPLE par un fonctionnement rénové fondé sur la confiance aux équipes et la relance des lieux de travail collectif. La coordination pédagogique de niveaux, de projets, de réseaux doit être une mission reconnue et identifiée dans le temps de service des enseignants qui souhaitent s’y investir.

    •    La loi d’orientation doit affirmer le rôle de la recherche-action collaborative engagée avec des équipes sur le terrain : Il faut inscrire dans la loi la création d’un Conseil de l’Innovation, qui puisse aider à l’expérimentation dans les établissements et faciliter la mise en oeuvre de démarches d’accompagnement et de formation en établissement ou inter-établissements.

    •    La loi d’orientation doit inscrire dans ses objectifs la mise en œuvre d’une politique d’éducation prioritaire concentrée dans les territoires les plus marqués par les inégalités (politique de la Ville), conduite dans le cadre d’une politique territoriale, articulée autour des Projets Educatifs Locaux, des réseaux écoles-collège, centrés sur la cohérence et la continuité des actions pédagogiques et éducatives. Ces territoires doivent bénéficier de moyens spécifiques pour la préscolarisation et la coordination pédagogique, d’une formation continue inter-degrés des enseignants et d’une formation des acteurs de la co-éducation et du périscolaire et enfin d’un accompagnement des équipes.

    •    La loi d’orientation doit porter une attention particulière aux liens entre l’Ecole et les familles qui en sont les plus éloignées : aide à la fonction parentale, lien famille-école et rôle du tiers éducatif constituent le tryptique à mettre en oeuvre pour que les familles des quartiers populaires ne soient pas laissées pour compte dans la refondation.

  • Refondation de l’École : les directeurs une fois de plus sacrifiés ?

    Ainsi, même si 94% d’entre eux jugent leur métier intéressant, ils sont plus de 97% à le juger épuisant et stressant.

    Devant l’accumulation croissante des tâches, des missions, des enquêtes, des injonctions, ils n’en peuvent plus et cela d’autant que la majorité d’entre eux assure en même temps des missions d’enseignement. On atteint le seuil de l’insupportable dans l’indifférence des deux principaux acteurs publics que sont les municipalités et l’administration de l’Education nationale.

    En cette rentrée, la poursuite de la réduction des emplois d’aide administrative entamée sous l’ancienne majorité, en rajoute à la mauvaise qualité de vie au travail dont souffrent les directeurs. La coupe est pleine !

    Il faut en finir avec les rafistolages successifs et traiter le sujet sur deux aspects : les conditions d’exercice des directeurs et l’évolution de la structuration administrative de l’école primaire, aujourd’hui inadaptée.

    Au moment où le Président de la République et le ministre annoncent que la priorité de la Nation est donnée à l’école primaire, il serait paradoxal que ce dossier reste au fond d’un tiroir. Des bouleversements attendent l’école primaire : modification des rythmes, redynamisation de la scolarisation en maternelle, plus de maîtres que de classes, chantier du numérique… Comment peut-on imaginer que ces orientations se mettent en œuvre en ignorant le rôle du directeur, animateur de l’équipe pédagogique, pivot de l’équipe éducative, lien avec les parents et les collectivités et plus largement l’ensemble des partenaires de l’Ecole… ? Se priver de l’appui de personnels aussi concernés par les changements à venir serait un gâchis.

    Depuis trop longtemps les directeurs sont les oubliés du système alors qu’ils en sont l’un des rouages indispensables. Notre enquête montre qu’il y a urgence. De son côté, le rapport de la refondation pointe la nécessité d’avancer sur cette question. Mais ni François Hollande ni Vincent Peillon n’ont saisi cette occasion pour avancer.

    Faute de répondre à l’exaspération des directeurs, la priorité à l’école primaire pourrait vite se retrouver bancale. Il n’est plus temps de tergiverser ! Le SE-Unsa attend du ministre qu’il s’engage sur ce dossier et entame des négociations. Le SE-Unsa est déterminé, avec les directrices et directeurs, à faire enfin entendre et aboutir leurs justes revendications.

  • Contribution du GEDEM à la concertation « Refondons l’Ecole de la République »

    Les éditeurs du GEDEM se félicitent de la « grande ambition pour le numérique » affichée à cette occasion. Ils croient à la nécessité d’articuler ambition pédagogique et ambition économique et technologique. Ils rappellent les enjeux économiques du numérique à l’école et insistent sur la valeur ajoutée des PME françaises du secteur, ainsi que sur les conditions de développement d’un véritable secteur économique de l’E-éducation, gisement d’emplois et d’innovation.

    Comme le GEDEM l’a souvent soulevé, le matériel ne suffit pas. Les ressources et contenus qui l’accompagnent sont indispensables. Or, à l’heure actuelle, les investissements se font par étape ; d’abord le matériel et ensuite le reste. Le GEDEM propose de réfléchir à des investissements cohérents qui incluent le matériel, les ressources et l’articulation avec les ENT, structures incontournables dans les établissements scolaires.

    Il faut simplement repenser le modèle d’investissement qui est aujourd’hui monopolisé par les équipements (250 millions d’euros dépensés par les collecitivités) et les manuels scolaires papier (300 millions d’euros). Le strict marché des logiciels et manuels numériques éducatifs est estimé à 20 à 30 millions d’euros !

    Il pointe également le manque d’intérêt et d’encouragement pour le secteur économique des ressources numériques. Il rappelle un extrait du rapport Fourgous« favoriser l’investissement de ces entreprises dans la R&D, les encourager à développer des programmes sur les équipements et les ressources à créer pour l’éducation numérique, coordonner et valider la mise en place et l’élaboration de projets numériques industriels pourrait permettre de créer plus de 50 000 emplois« .

    Ils espèrent voir naître un véritable secteur industriel de la E-éducation.
    Pour eux, « l’Etat est le premier à avoir la réponse et les possibilités d’action dans ce domaine« .

    Retrouvez la contribution et les propositions du GEDEM ici

  • Refondation de l’École de la République : un changement de cap qui doit associer les personnels

    Ce document tourne résolument la page de l’idéologie méritocratique en faisant un état des lieux lucide des inégalités camouflées derrière la façade de « l’égalité des chances». Il propose « un nouveau modèle éducatif » en tirant enfin les conséquences de la massification.

    Pour le SE-Unsa, l’affirmation de l’unité du bloc de la scolarité obligatoire « école-collège », appuyée sur un socle commun rénové, constitue un élément majeur de cette refondation. La priorité donnée à cette « école fondamentale », assortie de moyens fléchés attribués à l’École primaire, de la revitalisation de la maternelle et d’une réorganisation du collège est l’affirmation d’un choix politique ambitieux et nécessaire.

    La loi de 2005 focalisée sur les individus tendait à transformer l’école en un «prestataire de services éducatifs » en gommant ainsi la dimension pédagogique. Le modèle ébauché s’attache, au contraire, à promouvoir des valeurs collectives et pose le principe essentiel que « la refondation sera pédagogique ou ne sera pas ».

    Si le renouveau pédagogique est indispensable pour mieux prendre en compte les difficultés d’apprentissage dans la classe, il n’est pas suffisant. Le Se-Unsa regrette vivement l’absence de propositions quant à l’avenir des aides spécialisées et de la psychologie scolaire, ainsi que des SEGPA.

    Pour construire le lycée de la réussite, le rapport ne va malheureusement pas au-delà de quelques propositions d’amélioration de la mise en œuvre des réformes récentes et ne trace pas de perspectives pour un véritable « lycée du futur ». La proposition d’une plus grande responsabilité des régions dans la carte des formations professionnelles et dans le service public d’orientation demande à être précisée.

    Quant à la formation initiale des enseignants, si le rapport réaffirme le recrutement au niveau master, la formation dans une école liée à l’université, la nécessité des pré-recrutements et le principe  d’une formation simultanée dès la licence, il reste sur des formulations prudentes parlant de formation « professionnalisante » plutôt que professionnelle, se gardant de prendre position sur la place du concours.

    Après ce temps indispensable de la réflexion, doit venir celui de l’action. Si l’économie générale du rapport montre une volonté de changer de cap, la mise en œuvre opérationnelle doit démarrer sans tarder.

    La tâche est immense. L’attente des personnels aussi. La réussite de cette refondation dépend très largement d’eux. Ils devront y être associés, leur expertise reconnue et valorisée. Il est donc temps de passer de l’habituelle injonction stérile à la construction fructueuse. Le SE-Unsa attend maintenant du ministre qu’il précise les orientations retenues et surtout qu’il élabore un agenda social établissant à la fois l’échéancier de la mise en œuvre et un calendrier de négociations.

  • Lancement du dossier « Eduquer au Web 2.0 »

    Lancement du dossier « Eduquer au Web 2.0 »

    blog SE-UNSA

    « Ne nous voilons pas la face, même si des enseignants de plus en plus nombreux s’emparent du Web2 au plus grand bénéfice de leurs élèves, ce n’est pas sans mal ni sans obstacle. S’il apparaît évident que pour préparer nos élèves au monde de demain nous ne pouvons faire l’impasse sur les nouvelles technologies et si officiellement l’institution nous y invite, les choses ne sont pas si simples ».

    Par méconnaissance, peur d’être dépassé par ces outils régulièrement diabolisés dans les médias, les cadres de l’Éducation Nationale mettent en place des filtrages qui empêchent enseignants et élèves d’accéder librement aux ressources du Net dans les établissements…

    De plus, c’est toute une culture professionnelle qui est à réviser : l’enseignant n’est plus le seul détenteur du Savoir, mais un outil parmi d’autres (essentiel certes) au service des apprentissages de ses élèves. Cette évolution suppose une remise en question des types d’exercices proposés à l’école et des modalités d’examen. Les outils du numérique devraient faciliter le travail et l’évaluation des élèves à travers des tâches complexes de haut niveau. Il est temps que l’Institution scolaire passe des déclarations d’intentions contenues dans ses multiples rapports sur le numérique à l’école à une vraie politique volontariste et incitative !

    Mais il ne s’agit pas pour autant d’attendre d’avoir des conditions idéales pour commencer à relever ce défi, car c’est en fréquentant le Web2 avec nos élèves, en situations d’apprentissage, que nous participons à leur éducation numérique.

    Vous trouverez donc dans ce dossier des témoignages concrets d’enseignants (d’une lycéenne aussi) qui illustrent ce qui peut être mis en œuvre en classe dès la maternelle.
    Vous trouverez aussi des références, des outils, des éléments de réflexion…

    Source : introduction au dossier « Eduquer au Web 2.0 », voir le blog ecolededemain