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Application unique, utilisations multiples. Numérique et initiatives pédagogiques

Le support numérique, je le disais encore lors d’un séminaire « numérique et EPS » organisé par l’académie de Clermont-Ferrand, apporte un atout majeur dans le domaine de l’analyse de situation, un atout majeur par la vitesse de traitement des données. Cette fonctionnalité, au même titre que beaucoup d’autres demeure toutefois la seule tâche qu’il faut lui attribuer.

Toute essentielle soit-elle, elle n’en demeure pas moins inutile sans la compétence du pédagogue qui utilise l’outil.

On ne le dira jamais assez, l’intégration du numérique n’est pas une forme de pédagogie, mais bien un outil d’accompagnement de la pédagogie.

Dans cet article, Je m’appuierai sur deux concepts défendus dans cette chronique : « simple et efficace » et « les enseignants force de proposition de développement du numérique« .

Deux concepts qui s’imposent comme une réalité de plus en plus conséquente au travers de la multiplicité des annonces, des projets et des promesses, afin de ne pas se tromper sur les objectifs que l’on cherche à atteindre et rendre l’action de terrain efficace.

L’école est entrée dans l’ère du numérique, elle doit à présent y progresser…

 

Martial1_160615Simple et efficace. Parce qu’il demeure impératif de faire évoluer la pratique pédagogique des professeurs envers les élèves. Nos élèves sont de plus en plus performants car ils peuvent être mieux informés, mieux aidés, mieux conseillés au travers de sollicitations diverses et de médias nombreux.

De fait, combien de fois avons-nous constaté et dénoncé la complexité des accès aux ressources et aux services ? Combien de fois avons-nous pu exploiter correctement les résultats de nos recherches ? Sommes-nous enfin véritablement satisfaits de l’outil dont nous avions imaginé les qualités ?

« Appropriations et détournements dans le numérique éducatif ». La thématique choisie par l’édition 2015 de l’Université d’été de Ludovia (#12) participe à cette démonstration.
Sans anticiper de ce qui y sera débattu, l’idée de ressources aux contours insuffisants, nécessitant une forte implication d’assimilation et de transformation par l’enseignant émerge de nombreuses réflexions sur le terrain.

Initialement, nos formations numériques disciplinaires intégraient de manière forte l’outil pour en déterminer la force au sein des séquences pédagogiques. Très rapidement, cette approche, basée sur la découverte d’applications « magiques » a nécessité une forte volonté de transformation basée sur des modèles scientifiques reconnus (R.Puentedura, www.ecolebranchee.com/2013/09/09/le-modele-samr-une-reference-pour-lintegration-reellement-pedagogique-des-tic-en-classe/) pour aboutir à une réflexion conséquente sur les usages, et également la mise en avant de la nécessaire intégration des règles métiers encore très absentes des propositions de ressources actuelles.

Point d’orgues en EPS de cette approche fonctionnelle, les classeurs des tableurs avec, comme star incontestée en la matière Excel(c), application à tout faire.

Martial2_160615Beaucoup définissent encore aujourd’hui la feuille de calcul comme une application, ce qui crée une ambiguïté considérable. La sensation de maîtrise complète des calculs et l’extraordinaire capacité d’échange et de partage, malheureusement contrainte à des logiques permanentes de compatibilité des versions et des systèmes, a permis à chacun de « mettre les mains dans le moteur« . Acte essentiel et nécessaire tant la création s’imprègne des sensibilités locales, véritables vecteurs des sensibilités pédagogiques.

La question du transfert des compétences, de délivrance du savoir et de l’évaluation concertée avec les élèves se pose alors. Si une certaine insatisfaction naît de ce constat, il est impératif de s’accorder sur l’efficacité des ressources en termes d’usage par les élèves. Car c’est à l’enseignant qu’une majorité des ressources se sont imposées comme incontournables à l’acte pédagogique alors que, pour intégrer le domaine de l’efficacité,

il s’agit bien de les proposer aux élèves et de leur permettre de les utiliser dans le cours et au-delà.

L’arrivée encore récente des smartphones et tablettes s’impose alors comme une vraie révolution.

 

A l’époque des PDA, il y a plus de 10 ans, puis à celle des PocketPC, nous avions envisagé cette mise à disposition (eps.ac-versailles.fr), contrainte toutefois par la distribution d’un matériel devenant vite obsolète au regard des annonces des formidables progrès technologiques.

Il n’en demeure pas moins que sur le terrain, cela fonctionnait et même très bien.

Aujourd’hui, matériel innovant, mais préoccupations similaires. A l’image des jeux d’arcade, la plus grande évolution réside dans la technologie qui a elle-même engendré l’originalité. Mais la démarche demeure similaire : on casse, on tue, on court vite, on roule vite… de plus en plus vite, et avec de plus en plus de réalisme. Et on partage, on joue à plusieurs.

EPS Compteur, un complément important. Ou comment faire que la pression sur une touche moins et une touche plus transforme fondamentalement l’action des élèves ?

Martial3_160615Aussi peu complexe que cela puisse paraître, et dans l’esprit de ce qui a été dit précédemment, voilà un premier exemple « simple » de cette transformation opérée par la technologie.

Suivant le modèle SAMR de R.Puentedura, voilà l’exemple type de l’amélioration de l’outil. D’abord la « substitution » d’une fiche d’observation à 2 colonnes qui permet de comptabiliser les actions identifiées comme positives (ou simplement des actions valorisées) et celles négatives (ou plus simplement non-pondérées). Ensuite, « l’augmentation » du potentiel par un traitement immédiat de l’information saisie sous la forme d’un calcul rapide permettant d’afficher un pourcentage de réussite, ainsi qu’une fréquence de répétition.

Et avant cela, une somme indéfinie de consignes données par l’enseignant, mettant en relation la répétition de l’action la valorisation des réussites.

Pour l’élève, un repère immédiat. Un support facile d’accès (smartphone, tablette sur différents systèmes d’exploitation, une application gratuite). Dans cet environnement, c’est l’immédiateté qui est privilégiée.

Alors que certains produits demandent une multitude d’actions avant de pouvoir commencer à être utilisés et, par essence rendent complexe l’analyse immédiate des résultats, ce type d’application se base sur le besoin immédiat d’information, la mise en œuvre rapide, et l’analyse d’un expert transmettant sa réflexion pour permettre à  son utilisateur de produire sa propre analyse, de manière construite et progressive.

Prenons un ou deux exemples concrets d’utilisation sur le terrain :

gymnastique en 6ème : la roulade avant. Après avoir reçu toutes les consignes nécessaires et quelles actions privilégier dans l’observation (pose des mains, conservation de la position, et maintien dynamique) les élèves passent au travail en atelier. Eviter les « M’sieur c’est bon ? » par des indicateurs de réussite sous forme chiffrée et leur donner les moyens de se voir progresser eux-mêmes. Insister sur la répétition et leur permettre de s’auto(co)-évaluer. en aucun cas, ce travail ne remplace pas celui de l’enseignant, mais au contraire va créer les conditions d’un dialogue entre le professeur et le(s) élève(s).

boxe française en 3ème : valoriser l’alternance des moyens techniques de touche. Dans des conditions similaires, proposer des consignes sur les techniques en poing, les enchaînements d’action, l’utilisation des pieds,… et reprendre les résultats à la fin de chaque assaut libre ou à thème.

sport collectif, handball : amener le ballon en zone de tir. La consigne n’est plus forcément individuelle, mais s’applique à un groupe. On n’insiste plus sur le tir, le but, mais sur les conditions qui permettent de tirer, et de marquer.

Les exemples sont infinis. Ils dépendent des conditions initiales identifiées et en toute cohérence, dans une logique de suivi, informent en temps réel des améliorations permettant elles-mêmes de franchir des étapes, soit en autonomie, soit guidé par l’enseignant.

La posture de ce dernier s’en trouve transformée, soit par une plus grande liberté de mouvement au milieu d’acteurs autonomes, soit par le renforcement de ses arguments avec des données de terrain immédiates.

Ne pouvant en rester à ce niveau de complexité, l’application MultiCompteur (androïd : https://play.google.com/store/apps/details?id=com.pdagogie.multicompteur / iOS : https://appsto.re/fr/PzK95.i  ) est venue en complément de ce premier travail.

Martial5_160615Sur ce dernier concept d’observation à plusieurs modes d’entrée, il s’agit de répondre à cet impératif besoin de précision porté par les professionnels sur le terrain. En effet, présentée en formation sous l’ensemble de ses facettes, EPS Compteur est apparue comme insuffisante pour un travail de fond, mais également au regard du niveau des élèves auxquels étaient confiées les observations. Un des exemples les plus frappant a été le sport collectif où l’application généraliste PTB a engagé un premier travail de forme sur les statistiques de jeu prises dans l’action.

Petit rappel de rigueur, cette application mettant en relation les possessions, tirs et buts marqués a été élaborée directement sur le terrain au contact d’élèves qui ont largement contribué à en définir la forme. Ce qui renforce cette impérative nécessité de bien comprendre les publics utilisateurs, leurs objectifs et leurs attentes.

Il n’est pas très difficile de faire plaisir à une communauté d’experts. C’est un peu plus compliqué dans le domaine des apprentissages avec des individus que l’on doit former et pour cela convaincre.

PTB est devenu un très bon outil de démonstration de ce que le numérique peut proposer comme conceptions dans les stratégies pour améliorer les progrès dans les apprentissages. Alors que les attentes initiales souhaitent la simplification du travail de manière globale, l’approche ouverte de l’application tend à prouver toute la mesure des nouveaux éléments pouvant être intégrés. Ils rendent la tâche non pas plus complexe, mais bien, plus intéressante.

L’idée principale étant de permettre aux enseignants de s’appuyer sur le retour de données immédiates pour renforcer un discours d’analyse d’évènements repérés dans l’action. De fait, il est impératif de permettre aux élèves d’entrer de manière franche et efficace dans les rôles sociaux que sont ceux de juges, d’observateurs et leur permettre de faire ces nécessaires relations entre actions, résultats des actions et propositions chiffrées.

Martial4_160615Très concrètement, prenons le cas d’une classe de cinquième dans l’activité handball. Si j’analyse le rôle des joueurs non porteurs de balle (partenaires attaquants) au regard de celui qui a la balle en main je peux observer en tant que « spécialiste » les différentes actions qui conduiront l’équipe à tirer, ou non, et m’appuyer sur un relevé statistique pour renforcer ma démonstration tout en me servant de ce relevé dans le temps pour mettre en évidence que les résultats s’améliorent.

Mais je ne pourrai en aucun cas utiliser les résultats sans un traitement sur les buts de la situation pédagogique proposée et les objectifs assignés à chacun des élèves. L’exemple le plus marquant à mes yeux est cette conduite assez typique chez les élèves cités en exemple où le porteur de balle avance en dribblant, ses partenaires le suivent ou sont un peu devant lui, et quand il s’arrête, tout le monde s’arrête et la balle circule sur des distances courtes entre les joueurs.

C’est un peu réducteur et évoluera très vite, mais le résultat est intéressant, car l’action se situe très souvent au milieu du terrain et la balle est également très souvent perdue, soit par maladresse, soit par intervention de l’équipe adverse.
L’application indiquera que la balle a été perdue, et mettra surtout en avant que cette possession n’a pas abouti à un tir.

Pour l’enseignant, cette action renferme une richesse d’informations considérables sur le placement, les déplacements et les choix des joueurs. Ces informations permettront de mettre en place les situations pédagogiques où les tâches, en complexification ou simplification, permettront de mieux faire comprendre l’intérêt des déplacements sans ballon pour pouvoir assurer la continuité du jeu.

L’objectif étant, à la prochaine mise en situation, de mettre en évidence les progrès effectués sur ce point.

Il existe de nombreux types d’applications permettant de travailler numériquement autour des contenus d’enseignements choisis par l’enseignant. Dans une logique d’efficacité, on recherche très souvent celles qui apportent de manière claire une réponse aux spécificités que l’on s’impose.

Sur le terrain, cela se traduit par des investissements massifs dans des « produits« qui seront vite jugés inadaptés du fait des ajustements que l’on doit s’imposer par rapport aux différents niveaux de pratique.

Dans les demandes de formations, on privilégie encore trop souvent ce mode d’entrée par l’application, sans se poser suffisamment la question des buts recherchés et des objectifs à atteindre.

Au travers de cet article, je tenais à montrer que le « service » offert par les applications numériques est prédominant si l’on insiste sur les plus-values apportées par le numérique dans le domaine du traitement des données et de l’information. Ce service est efficient au travers de l’acte pédagogique de l’enseignant, déléguant sa tâche d’utilisateur et formant petit à petit ses élèves aux actions d’analyse et de compréhension.

Ce changement véritable de paradigme renforce les apprentissages par la multiplication d’instants pédagogiques provoqués par la variété des propositions de l’enseignant qui s’appuie sur des « outils simples et efficaces ».

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