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Concertation nationale pour le numérique éducatif : l’école, l’enseignant et l’écolier

Les points de vue et les informations qu’il me plaît de partager résultent d’une vie d’interrogations sur l’éducation et l’apprentissage, d’observations et de réflexions. Je n’ai pas fait de recherches élaborées. Il existe, j’en suis persuadée, quantité de références tout aussi valables que celles indiqués dans mes textes.

Mon domaine d’intérêt est la formation initiale des écoliers, cet âge qui suit la petite enfance et précède la puberté, c’est-à-dire les huit ans que forment l’élémentaire et les premières années du collège, particulièrement dans le domaine de la formation en science et technologie. Mes interventions traitent, sauf l’occasionnelle exception, de l’usage du numérique par les écoliers de ces niveaux scolaires.

Ces réflexions sont loin d’être une panacée, elles ne présentent que quelques aspects du sujet. Plusieurs éléments du numérique m’échappent. Mon vocabulaire numérique est rudimentaire, mes connaissances de l’offre en logiciels limitées, et j’ignore tout des éventuels effets de l’omniprésence des ondes sur la santé, entre autres limites.

Pour terminer cette introduction, je conseille à tous ceux qui se préoccupent de l’usage du numérique en milieu scolaire de consulter le blog de Michel Guillou : Culture numérique, Étonnants microcosme, et particulièrement le deuxième diaporama : « Des pratiques numériques des jeunes aux enjeux pour l’école d’aujourd’hui . . . et de demain » du billet Ma petite contribution à la concertation sur l’école numérique.

Plusieurs semblent vouloir nier la réalité et aimeraient voir disparaître ce numérique dérangeant.

Ouvrons grand les yeux. Marchons dans nos rues, utilisons nos transports en commun. Le numérique est là, partout autour de nous. L’école peut tourner la tête, fermer les yeux et rêver d’un autrefois qu’elle imagine mieux que nature. L’école peut aussi être réaliste et se demander comment gérer cette exigeante transition, le passage du passé, non pas au futur, mais du passé au présent.

L’école

 

J’ai hésité. Dois-je traiter de l’école au début ou à la fin de cette réflexion? Puis le choix m’est apparu évident, en pensant à Clair, au Centre d’apprentissage du Haut-Madawaska qui accueille les élèves de la maternelle à la 8e année. Cette petite école rurale, perdue en pleine campagne, reçoit chaque année une délégation internationale d’éducateurs. Clair au Nouveau Brunswick est un exemple « d’école autrement ».

Clair est un exemple que la techno-pédagogie, c’est au niveau de l’école que ça se passe.

Clair est devenu ce centre d’inspiration pédagogique grâce au dynamisme du directeur, à son esprit entrepreneurial, monsieur Roberto Gauvin.

L’innovation et l’implication dans l’usage du numérique est la responsabilité de chaque école. C’est à leur communauté que la direction d’école et les enseignants doivent faire connaître leurs besoins, leurs ambitions. Nous sommes loin de l’époque où l’école était le centre de la culture en milieu rural. Le savoir est partout.

Si en Afrique, il faut un village pour éduquer un enfant, dans nos sociétés complexes, il faut peut-être un village, un quartier pour créer une école.

On entend ici et là que « la collaboration » est l’une des compétences fondamentale à développer chez nos écoliers. L’imitation est un des fondements de l’apprentissage. La collaboration entre les enseignants d’une école pour l’usage du numérique est un formidable exemple de collaboration pour les écoliers.

Puis l’intervention de Mme le Recteur de Montpellier confirme que c’est le dynamisme local qui fera la révolution numérique…

L’enseignante de sciences au primaire que je suis propose l’analogie suivante :

Un plan d’eau ne gèle pas d’un bloc. Il y a solidification graduelle de l’eau, les cristaux de glace se regroupent et éventuellement tout le plan d’eau est gelé. Je crois que c’est ainsi que l’on doit concevoir l’appropriation du numérique par les écoles.

La direction formera avec les enseignants d’une école un groupe d’éducateurs enthousiastes. Deux ans plus tard, on parlera dans la région de cette école différente, exceptionnelle. Les parents des établissements voisins demandent qu’on offre les mêmes avantages à leurs enfants. Peu à peu, le numérique s’installe partout. C’est au niveau local que se fera le passage vers ce nouveau modèle éducatif.

L’enseignant

 

Qui se souvient du contenu de ses cours de 6ème ?
Mais tous gardons souvenir du maître borné qui n’a que réussi à nous faire détester la géographie ou la physique mais aussi du maître inspiré qui par sa sensibilité, son intelligence et son enthousiasme a touché notre esprit, éveillé notre intérêt.

L’éducateur inspirant pour l’un sera d’un mortel ennui pour l’autre. Plus que par son savoir, c’est par sa personnalité qu’un éducateur réussira à « éduquer » et il n’y a pas de recette miracle. Ce qui n’est pas mal en soi, car ça donne la chance à chacun d’entre nous d’être inspirant.

Éduquer demeure une relation humaine, malgré tout le e-learning.

Briser l’isolement

« Régis Forgione, qui a compris les vertus du partage, rêve d’« une salle des professeurs à l’échelle mondiale pour partager… coopérer , s’entraider ». Et bien, cher monsieur Forgione voici quelques sites qui répondent à votre rêve :

Les « TIC en éducation » un groupe Facebook d’échange et de partage des ressources pour enseignants branchés.

Tapez ChallengeU à partir du moteur de recherche Chrome de Google et vous n’avez qu’à vous inscrire pour devenir membre d’une communauté d’enseignants passionnés. C’est gratuit.

Ces vidéos présentent des tutoriels sur Youtube :
https://www.youtube.com/watch?v=eB9Vr2ymgT
https://www.youtube.com/watch?v=LD7HYwAN4AE

« Enfin, il faut rappeler qu’une bonne ressource est une ressource qui circule et qui, de cette manière, s’enrichit de sa mise en œuvre successive dans des situations d’apprentissage différentes. Ainsi, vouloir la stocker, comme le proposent certains sans doute parce qu’ils y trouvent du confort, est une erreur et vient en contradiction avec les valeurs du partage ou de la diffusion énoncées par ailleurs », culture numérique.

ChallengeU répond à ce désir de partage. Pourquoi réinventer la roue?

Parfois, un enseignant partage ses découvertes et d’autres, comme le site Edulogia.com de Sébastien Wart, tentent de mettre un peu d’ordre et offrir « des exemples inspirants pour aider à l’intégration des technologies en éducation ».

Les Logiciels de gestion de classe

Il existe plusieurs logiciels de gestion de classe où l’enseignant écrit les noms de ses élèves (et peut aussi y placer leurs photos), note leur présence en classe, les travaux qu’ils ont réalisés, leurs résultats, communique directement avec les parents par courriel, etc

Outre ceux proposés par monsieur Bouthiette ci-dessus, l’Apps i Doceo, un carnet de notes fonctionnel et payant pour iPad disponible par App Store m’a été fortement recommandée par une enseignante heureuse utilisatrice.

Google Classroom a ses heureux usagers inconditionnels…et plusieurs autres.

Entrer les informations sur l’une ou l’autre de ces applications demande beaucoup de temps au début, parfois plusieurs heures. Cependant cet investissement rapporte à long terme car quantités de tâches de gestion de classe s’en trouvent facilitées.

Lʼécolier : celui qui est au centre au processus éducatif.

 

Mettre carte sur table

Dès le début de lʼannée scolaire ou de lʼintroduction des outils numériques dans une classe, Pierre Gagnon, directeur de la formation chez ChallengeU et qui enseignait il y a quelques années une classe cinquième année du primaire très « branchée » insiste sur lʼimportance de mettre les élèves au fait de ce que lʼon attend dʼeux. Prendre le temps nécessaire et faire devant la classe une présentation magistrale, précise et détaillée du rôle et des responsabilités de lʼécolier.

Selon leur âge, car il est bon de reprendre ce discours à chaque année scolaire, présenter les lois applicables à lʼusage du numérique incluant le respect de la propriété intellectuelle, présenter les lignes directrices et les politiques de la classe et de lʼécole dans ce domaine. Proposer un contrat dʼengagement qui sera signé par le parent et par lʼélève.

Cinquante enseignants se sont confiés à Brigitte Léonard sur les avantages et difficultés liés à lʼusage des tablettes en classe, un compte-rendu à lire.

La recherche d’équilibre

Au-delà de la formation « au » et « par » le numérique, lʼéducation de base doit aussi contrebalancer le virtuel omniprésent dans le quotidien des écoliers.

Lʼenfant ne joue plus avec les copains, il discute sur Facebook, Twitter, Instagram, . .. Il ne construit plus des châteaux de carton dans les terrains vagues, il joue sur iPod au chevalier qui attaque des ennemis virtuels ou des cochonnets voleurs dʼoeufs. Il ne pêche plus à la ligne, il pêche le thon dans les eaux virtuelles de son iPad.

Lʼécole dʼaujourdʼhui doit donc favoriser lʼapprentissage concret, encourager lʼécolier à mettre « La main à la pâte ». Lʼétude des sciences et des technologies favorise particulièrement ce type dʼapprentissage qui stimule la réflexion de lʼécolier et éveille son esprit critique.

Lʼattachement à sa terre devrait être favorisée, les sorties éducatives dans le quartier pour apprendre que Réaumur, Anatole France ou Louis Aragon ne sont pas uniquement des stations de métro, lʼagriculture urbaine, la cuisine et la couture, le dessin et la calligraphie, la culture, lʼarchitecture et la flore locales sont autant dʼapprentissages à remettre en valeur. . .

Le pas en avant que force le numérique doit être égalisé par un pas en arrière, le « fait numérique » équilibré par le « fait main », lʼaccès à « tous les savoirs » par lʼinitiation aux démarches qui ont mené à ces savoirs : lʼévolution de la pensée scientifique, lʼévolution de la pensée littéraire, les grands explorateurs, les cultures primitives, . . .

Il est bon ton de rappeler aux écoliers leurs besoins essentiels : de lʼair, de lʼeau, de la nourriture, un lieu où se reposer, des vêtements pour se protéger des éléments et puis quelques « réelles » personnes agréables avec lesquelles on peut devenir ami.

 

Retrouvez Ninon Louise dans un nouvel épisode « L’éducation au numérique ».

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