Des tablettes prises d’assaut
L’expérimentation a été lancée à la rentrée 2011 par le rectorat qui a fourni quatre tablettes numériques iPads, à l’école maternelle de Flornoy. Tous les enseignants les utilisent et le matériel «tourne» entre les classes. De la petite section où l’on travaille sur des imagiers ou sur les instruments de musique à la grande section où l’on construit un abécédaire, ces nouveaux outils font l’objet d’une utilisation «intensive».
Un outil de liaison entre les niveaux
Dans la classe de Carole Lopez, les enfants produisent un abécédaire, ce qui les prépare au passage vers le CP. «C’est un outil créé par les enfants qui pourra être ensuite utilisé au cours élémentaire». En effet, dans cette école, il y a un TNI dans chaque classe du primaire ce qui permet à l’enseignante de CP, par exemple, d’assurer une continuité avec la maternelle en projetant le travail de Carole.
Un travail en véritable autonomie
Un groupe de six enfants s’est regroupé en binôme autour de Carole pour 20 minutes d’atelier sur les tablettes. Avec le logiciel «Bookcreator», tout est vraiment intuitif, souligne Carole. «Les élèves trouvent tout de suite les icônes correspondant au son, à l’image… ».
«L’intérêt de la tablette numérique pour produire un abécédaire par rapport à l’outil papier est la possibilité pour les élèves d’intervenir sur la prise de photo, la prise de son et l’écriture, c’est un « tout en un« ».
Chaque élève choisit une lettre en début de séance ; grâce à un code couleur, il repère facilement les lettres qu’il a déjà travaillées. Ensuite, il peut s’amuser à écrire en utilisant le mode tactile.
Des enfants très appliqués à réussir leur « mission »
L’élève cherche ensuite un mot commençant par sa lettre et va s’enregistrer en énonçant le mot sur sa tablette, de manière à permettre l’association du son à l’écrit. «L’intérêt est que les enfants peuvent recommencer autant de fois qu’ils le souhaitent», ajoute Carole. Lors des enregistrements, tous les enfants font «statue», comme le présente la maîtresse, et sont très attentifs au camarade qui est en train de prononcer son mot sur «la machine».
Pour les images, les enfants ont la possibilité d’aller dans une banque d’images mais peuvent aussi prendre eux-mêmes la photo de leur lettre. Ce jour-là, ils ont choisi de créer la forme de leur lettre à l’aide de petits objets. Une fois la photo prise, ils s’amusent à l’agrandir et à la déplacer sur la tablette, toujours grâce au mode tactile.
«Avec la tablette, c’est vraiment l’enfant qui travaille et qui crée son abécédaire», nous fait remarquer Carole, allusion au travail qu’elle pouvait faire auparavant avec des ordinateurs où les enfants étaient plus spectateurs qu’acteurs.
La tablette vue comme une «banque de données» du travail collectif
Carole aimerait bien n’avoir des tablettes que pour sa classe car, en plus du travail au quotidien, elle voit ce matériel comme un outil collectif de la classe ; à tout moment, les élèves peuvent aller dessus pour revenir sur ce qu’ils ont accompli ou pour consulter les travaux de leurs camarades. Comme le matériel est partagé entre plusieurs enseignants, elle n’y a pas accès à tout moment, seulement sur les périodes réservées.
«L’idéal serait d’en avoir au moins une par classe, pour pouvoir l’utiliser comme l’outil de référence qui fait le lien avec le passage en élémentaire».
Par contre, elle ne voit pas l’intérêt d’une tablette par élève à son niveau. Le travail en binôme développe la coopération et les interactions entre élèves. «Rester seul sur sa tablette isole l’élève. A deux, cela permet de partager avec l’autre».
«Nous visons une grande autonomie par cet outil», ajoute Carole.
Et quand on évoque avec elle le sujet de la formation des enseignants face à ce nouvel outil, elle confie qu’elle trouve intéressant le fait de ne pas être trop formée, «car cela crée de la collaboration entre enseignants»
et elle conclut «l’informatique nous enfermait chacun devant notre écran alors que la tablette est un outil d’ouverture, de discussion, et d’échange. Cet outil permet vraiment la mutualisation des pratiques d’enseignants».