Une forêt de mains s’agite dans la classe de CM de Benoît Deparpe. Décidément, la leçon sur les nombres décimaux rencontre un franc-succès. Tous les élèves veulent aller au tableau. Pour qui se souvient de ses années d’école primaire, l’enthousiasme affiché est vraiment saisissant. Benoît a même du mal à choisir le prochain élève.
La classe est en train de «ranger» des centièmes : une douzaine de nombres à un, deux ou trois chiffres après la virgule attendent leurs sorts. «Alors, qui vient classer 3,65 sur notre axe ?», demande Benoit à la cantonade.
C’est au tour de Julie de placer le nombre sur l’échelle construite en commun par les élèves. Son professeur a tracé un axe sur le Tableau Numérique Interactif (TNI) de la classe et jeté en désordre les chiffres à organiser. Julie pointe du doigt le nombre en question et le glisse jusqu’à la graduation qu’elle juge bonne.
L’étiquette du nombre «3,65» suit comme par magie le mouvement de son doigt sur la surface éclairée par le vidéoprojecteur. Mais l’élève s’arrête un cran trop loin. «Qu’est-ce que vous en pensez ?», intervient Benoît. Les petits camarades de Julie réagissent au quart de tour : les yeux pétillent, les mains se lèvent, certaines paraissent vouloir toucher le plafond d’impatience ; quelques élèves ont même du mal à attendre que la parole leur soit donnée. Une discussion s’engage sur les graduations.
Laura semble avoir trouvé une solution. «Tu peux expliquer comment tu fais ?», demande Benoit. La controverse a eu du bon : certains enfants avaient du mal à percevoir la différence entre dixièmes et centièmes. Les explications de Laura remettent les idées de ses petits camarades en place.
Une classe tactile et interactive
«Nos élèves sont tous motivés pour aller au tableau», confirme Maryse Chrétien, la directrice de l’Ecole de Biesles. «Même ceux qui ont un peu de mal en classe n’hésitent pas ; il n’y a plus le stress du tableau vert».
Benoît Deparpe renchérit : «Pour nous enseignants, il n’y a plus la crainte du manque d’espace. Avant il fallait préparer son tableau pour la journée, le matin, une demi-heure avant la classe. Tout cela pour demander à un enfant de venir au tableau une fois. Difficile d’en faire venir trois ou quatre sur le même exercice : il n’y avait pas assez d’espace, ni d’ailleurs de temps pour la discussion autour de la résolution d’un problème.
Avec le tableau numérique interactif, nous n’avons plus ces limites : inutile d’effacer ce qu’on est en train de faire ; on peut ajouter autant de pages que nécessaire.
En français par exemple, pour souligner le sujet et le verbe dans un texte, il suffit de le «cloner» autant de fois que l’on veut pour que chaque élève vienne proposer sa réponse ;
le logiciel SMART Notebook facilite ce type d’interaction avec la classe. Surtout, il favorise la discussion et permet de proposer plusieurs approches de compréhension. Au tableau vert, il n’est pas facile de recommencer un exercice avec plusieurs élèves ; on perd du temps. On manque également de place pour faire de grands schémas. Il faut tout effacer pour revenir sur des notions mal comprises. En revanche, l’utilisation du TBI nous permet de faire facilement tout cela».
Les élèves de CM et de CE qui utilisent des tableaux numériques interactifs SMART Board depuis l’année dernière confirment les propos de leurs professeurs. «Le TBI est plus facile à utiliser que le tableau
vert», répondent en choeur les élèves.
«On peut y ajouter des images, faire des traits droits en géométrie ; c’est plus difficile sur le vieux tableau : on fait des zigzags, on ne peut pas faire apparaître des images pour mieux comprendre. Et c’est plus rapide avec le tableau blanc interactif. On fait plus de choses. C’est plus précis, plus rapide, on voit ce que fait le maître… peut-être parce qu’il y a plus de technologie dans le tableau blanc que dans le tableau vert», glisse malicieusement une fillette.
En classe de maternelle, les plus jeunes élèves utilisent le centre d’apprentissage interactif SMART Table.
«Avec le tableau numérique interactif, il est possible de répondre à une question d’élève immédiatement sans reporter à la semaine suivante. On ne diffère pas un apprentissage : cela peut passer par la recherche de termes, d’images ou de vidéos. Et pour nos élèves, les apports sont fondamentaux : ils voient, entendent et peuvent toucher ce dont on parle. Nous essayons d’activer ainsi tous leurs sens».
Ingrid Lemonnier, enseignante, Ecole de Biesles
Des élèves qui en font plus, et qui comprennent mieux ? «Vous travaillez plus, alors ?», demande Benoît Deparpe en aparté à sa classe. «Oui, parce qu’on travaille mieux», répond Lou, 8 ans.
Une Petite Section aux doigts dégourdis
Même son de cloche dans le bâtiment d’à côté : la maternelle. Ingrid Lemonnier, la maîtresse de petite section, s’est emparée elle aussi des outils SMART pour l’éducation. «Le matin, mes élèves arrivent et font immédiatement l’appel sur le tableau numérique interactif. Cela nous permet de voir qui est là et qui n’est pas là. On complexifie cette activité en utilisant différentes graphies, différentes polices et tailles de caractères. Cela permet aux enfants de reconnaître leurs prénoms en variant les types d’écritures.
On leur demande aussi de retrouver les prénoms des autres enfants. Sur le TNI, les étiquettes se bougent et se changent comme on veut, ce qui facilite ce type d’activité».
Les enseignants de Biesles ont mis six mois à maîtriser leur nouvel outil de travail.
«Maintenant, ce sont des idées originales pour nos activités que nous recherchons.
La présentation, les situations d’échange, de collaboration avec les enfants. Nous n’avons pas peur des idées les plus folles. Nous venons de réaliser un travail sur l’Afrique. Le TNI nous a permis d’afficher des images à mesure que nous évoquions les animaux et les plantes, des choses que les enfants ne connaissaient pas. Les élèves ont développé un lexique bien plus riche que ceux que nous avons travaillé par le passé. Sans cet outil, nous devrions utiliser les ressources traditionnelles, qui sont longues et lourdes à mettre en oeuvre. Il faut penser à tout à l’avance.
Avec le TNI, il est possible de répondre à une question d’élève immédiatement sans reporter à la semaine suivante. On ne diffère pas un apprentissage : cela peut passer par la recherche de termes, d’images ou de vidéos. Et pour les enfants les apports sont fondamentaux : ils voient, entendent et peuvent toucher ce dont on parle. Nous essayons d’activer ainsi tous leurs sens», insiste Ingrid Lemonnier.
Les effets se font sentir sur tous les élèves, même ceux qui connaissent des difficultés spécifiques. Depuis que l’école est équipée de tableaux numériques interactifs et d’une SMART Table, le premier centre d’apprentissage interactif, une table tactile sur laquelle tous les élèves de l’école (maternelle et élémentaire) collaborent, la petite Camille a osé se lancer, malgré ses retards de langage. Les autres élèves aident et soutiennent les progrès de la petite fille.
«Ces outils font disparaître l’effet tableau ou l’effet classe, qui inhibe les enfants et empêche certains d’entre eux de progresser», souligne Maryse Chrétien.
«Les technologies tactiles modifient le statut de l’erreur. On a le droit de se tromper, on peut effacer et repartir de zéro : il ne reste pas de traces de craie oubliées par le tampon ou de zone de papier déchirée par une gommette.
Le TNI et la SMART Table permettent «d’oublier» les erreurs précédentes pour se concentrer sur ce qu’on réussit».
Les enseignants de Biesles ne tarissent pas d’éloge. Ils mesurent l’augmentation des activités réalisées et perçoivent la transformation induite sur l’implication des élèves.
«Certains effets sont surprenants : ils écrivent plus et plus vite, connaissent une palette beaucoup plus étendue de vocabulaire descriptif, savent lire et analyser des images», s’étonne Benoit Deparpe.
Quant aux parents et aux élus, ils sont conquis. Ingrid, Maryse et Benoît alimentent régulièrement le blog de l’école. Malgré quelques réticences initiales, tous ont mesuré les effets bénéfiques induits. Biesles est devenue une référence et conseille même certains élus pour la réussite des projets d’équipement numérique des écoles des villes et des villages alentours.