AJ : Quels sont les apports d’un tel outil pour l’apprentissage d’une langue étrangère ?
XS : Concrètement, il s’agit de fournir aux élèves un document audio ou vidéo avec une activité à réaliser afin de prolonger hors de la classe le temps d’exposition à la langue. L’élève peut ainsi développer ses propres stratégies de décodage et d’acquisition du sens de la « chaine parlée« .
«En plus de la richesse des supports authentiques dans les différentes variétés d’une langue étrangère qui représente une plus-value», la baladodiffusion prolonge donc le cours de l’enseignant et aide l’élève à s’impliquer personnellement dans son travail. «C’est aussi un apprentissage de l’autonomie que nous développons chez les élèves».
Et pour les élèves qui manquent d’assurance, le fait de pouvoir écouter leur enregistrement et recommencer autant de fois qu’ils le souhaitent, leur fait oublier leur timidité, ils sont plus motivés et les résultats s’en ressentent. «Pour ce qui est de la motivation des élèves, la richesse, l’actualité et l’authenticité des supports audio et vidéo disponibles est un facteur indéniable. De plus, l’exploitation de ces supports à travers des activités vivantes proches des situations de la vie réelle présente un intérêt supplémentaire. Cette plus grande adhésion aux activités se traduit très souvent par de meilleurs résultats».
Utiliser la baladodiffusion pour les élèves s’avère être incontestablement positif. Mais qu’en est-il de l’enseignant ? Est ce plus compliqué pour lui ?
«Hormis un temps de formation initial pour l’enseignant, je dirais que le temps de préparation des séances n’est pas plus long, c’est simplement une préparation différente de ce que l’on pouvait faire par le passé. De plus, des stages sont mis en place au Plan Académique de Formation et les interlocuteurs académiques et formateurs peuvent aussi répondre à des demandes ponctuelles des établissements ou de groupements d’établissements. Pour ce qui est de la formation initiale des enseignants (Université et IUFM), le volet TICE fait partie intégrante du cursus».
Combien de temps faut-il alors envisager pour bien maîtriser cet outil ?
«Cela dépend de chacun et des possibilités et solutions offertes par les établissements. Quand les bonnes conditions sont réunies, c’est en général assez rapide car il y a un effet addictif une fois qu’on a découvert cette façon de travailler. Je dirais qu’avec une bonne formation, un projet de baladodiffusion peut se mettre en place en quelques semaines. Je conseillerais de s’y mettre progressivement et si possible en équipe».
En termes de ressources, Xavier Soltysiak nous confie que «l’assouplissement progressif du cadre légal, les accords sectoriels, ainsi que l’existence sur le marché de produits RIP (Reconnus d’Intérêt Pédagogique) offrent à l’enseignant un large choix de ressources».
D’un point de vue financier, car il en est toujours question lorsqu’il s’agit d’équiper un établissement avec des TICE, Xavier Soltysiak nous rassure «dans la plupart des cas, la mise en place de la baladodiffusion n’entraine pas un surcoût notable pour l’établissement ; parfois même aucun, selon les équipements présents». «Le matériel informatique « standard » (ordinateur et enceintes) constitue une base. Il est judicieux de prévoir quelques baladeurs numériques avec fonction enregistreur pour les quelques élèves qui n’auraient aucun équipement chez eux. Ce matériel peut être prêté à la journée; ainsi il ne quitte pas l’établissement. Si l’établissement dispose d’une salle informatique ou d’un réseau c’est tout de suite beaucoup plus simple. Ensuite, il est vrai que disposer d’un ENT (Environnement Numérique de Travail) est le nec plus ultra car il permet à l’enseignant d’échanger des documents et travaux en ligne avec ses élèves».
Pour un établissement déjà équipé en ordinateurs, les frais engagés concernent donc l’acquisition de quelques baladeurs pour pallier à la fracture numérique (élèves sans équipement à la maison), des enceintes pour une amplification de qualité et un éventuel abonnement à un site de ressources en ligne.
«Il est à noter que tout ceci reste abordable et qu’il est judicieux de travailler sur un projet interlangues afin de partager les frais (le matériel utilisé étant le même), ainsi que les bonnes idées» !