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Dépasser les (seuls) geeks ! Construire une formation au numérique pour toutes et tous

Un barcamp très productif sur la formation au numérique, qui a posé les enjeux, les obstacles à la généralisation de cette formation, mais qui a aussi fait émerger des éléments de solution.

Dans une ambiance sonore assez surchargée, Florence Canet, docteure en science de l’éducation et membre de la DAFPEN de l’académie de Toulouse, Martial Gavaland, professeur de Physique-chimie de l’académie de Nantes, Stéphane Agniel de l’académie de Montpellier et Lyonel Kaufmann, professeur formateur à la Haute Ecole Pédagogique du canton de Vaud, ont animé un barcamp sur la formation.

Ce thème a mis du temps à arriver dans les programmes de Ludovia, mais elle y a pris sa place depuis 2015.

Lyonel propose de réfléchir autour de quelques axes : qui sont les acteurs de la formation au numérique ? Comment articuler la verticalité de la formation avec l’horizontalité induite par le numérique ? Comment articuler cette formation au numérique avec les dispositifs pédagogiques qui émergent à l’école, avec les modèles traditionnels de la formation ? Pour participer à ce barcamp, une bonne vingtaine de formateurs du primaire, du secondaire et du supérieur très motivés.

Le dispositif technique mis en place par Prométhéan avec l’aide de Christine a, pour une fois, participé au bon déroulement des échanges grâce à des boitiers de participation (un modèle qui n’est plus vendu, tant pis pour les affaires) qui permettaient à l’assistance de participer au remue-méninge, et à un tableau interactif sur lequel les mots-clefs étaient affichés puis classés.

Des participants concentrés sur les boîtiers de participation.

Quels sont les moteurs de la formation au numérique ?

Les mots choisis par les personnes présentes pour répondre à cette question étaient révélateurs : parmi les acteurs moteurs de la formation au numérique évoqués, on retrouve les pairs autour des notions de collaboration, de co-formation, de partage de compétences et de mutualisation. Mais on ne retrouve étrangement pas les acteurs « pilotes » : le chef d’établissement, l’état ont été « oubliés ». En fait, cela démontre une conception horizontale de cette formation.

Une participante évoque la question de l’intelligence collective dans laquelle se retrouvent des personnels différents. Elle propose de faire des formations non seulement interdisciplinaires, mais aussi intercatégorielles pour bousculer la verticalité, intégrer les différents types de personnels, les parents, les élèves etc… voire interdegré.

Quels sont les freins à la formation au numérique ?

Les questions matérielles sont un frein. Le manque de matériel, d’argent, de fiabilité technique, ainsi que le manque de maîtrise des technologies sont revenus dans les mots-clefs, alors qu’on constate que les enseignants boudent l’entrée technique des formations et lui préfèrent une entrée pédagogique. On pourrait pourtant imaginer que transmettre le numérique pourrait faciliter la transmission par le numérique…

Les enseignants ont une vision du numérique qui met de côté les contenus, oublie les savoirs, transforment l’école en lieu d’animation. Le numérique est ainsi pour certains enseignants le cheval de Troie qui pourrait transformer l’école et modifier la posture de l’enseignant dans laquelle ils se sont installés.

D’ailleurs le mot peur revient souvent. Peur pour son métier, peur de l’échec, peur du temps passé, peur de s’exposer… Le numérique induit en effet une prise de risque plus importante, notamment le risque didactique. Par ailleurs, le mot formation n’induit-il pas des modèles qui forment un cadre trop contraignant, lié au mot « formatage »? Il vaudrait mieux.

Comment lever les peurs ?

L’accompagnement est un mot qui est beaucoup apparu sur le tableau. Il doit répondre aux besoins, qu’il faut faire émerger et à partir desquels il faut construire la formation.
Le problème du temps est crucial : la journée de formation fait 6 ou 7 heures, durant lesquels le formateur est attentif à accompagner. Mais lorsque la journée est finie, les jours suivants, l’enseignant se retrouve seul face aux difficultés, notamment la difficulté de transférer les compétences acquises dans un environnement numérique différent.

L’échelle locale semble être une échelle pertinente pour former au numérique ces enseignants peu assurés et peu autonomes. Former les équipes de manière intercatégorielle dans les établissements permet de répondre à des besoins, de créer des communautés apprenantes dans lesquelles les plus aguerris et les plus dégourdis pourront accompagner les autres. Ainsi le formateur numérique n’aurait plus de raison d’être. Attention : cela signifie aussi qu’il faut accepter de laisser en friche les établissements qui ne font pas émerger de besoin…

Les éléments de solution pour lever les freins à la formation ont donc été nombreux et les participants de ce barcamp en sont sortis très satisfaits. L’un d’entre eux fait remarquer un grand absent des discussions : M@gistère, plateforme de formation hybride du ministère de l’éducation nationale, qui héberge pourtant de nombreux parcours dédiés à la formation numérique. Une absence qui devrait faire réfléchir…

Auteur de la synthèse : Caroline Jouneau-Sion, enseignante et blogueuse Ludovia#14.

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