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Des classes selon la philosophie éducative iClasse

Aujourd’hui il pleut des cordes. Je traverse la moitié de la ville, me tape une ligne entière de métro et deux autobus que j’attends au moins dix minutes chacun, à l‘aller. Et pourtant je suis d’excellente humeur. Mon coeur sourit, mes yeux brillent de joie, je suis détendue et heureuse.

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J’ai eu le bonheur, la bonne fortune de visiter les classes de François Bourdon et de Pierre Poulin à l’École Wilfrid Bastien de Saint-Léonard, un quartier de Montréal et ce fut un moment de sérénité malgré le brouhaha des activités des écoliers.

Dans cette classe où tous les écoliers sont affairés, un charmant jeune homme se présente à moi : « Bonjour, je suis le président de cette classe, qui êtes-vous me demande-t-il très poliment » Puis au tour du « ministre des communications » de m’approcher pour m’offrir de répondre à mes questions. Et le « directeur » de la cantine m’offre gentiment une bouteille d’eau. Je me sens bienvenue chez eux. Car je suis chez eux, ce local est le leur. Ils l’habitent et y vivent. Ils ne sont pas les petits robots bien disciplinés formés pour l’ère industrielle.

Ils sont des enfants de l’ère du numérique qui s’initient à naviguer, à s’approprier à leur avantage toute cette technologie avec laquelle ils vivent au quotidien.

NinonLouise_iclasse1_161215Bienvenue dans une iClasse.

L’école Wilfrid-Bastien est une école ordinaire, d’un quartier ordinaire de Montréal.
Les classes de François et de Pierre sont situées de part et d’autre d‘un couloir du deuxième étage, entourées de classes plus ou moins classiques. Mais je me doute qu’un peu de l’esprit iClasse traverse parfois les murs. . .

Ce à quoi travaillent François et Pierre depuis plus de dix ans, c’est repenser l’école, un jour à la fois, un trimestre à la fois, une année à la fois.

Tout a commencé lorsqu’on a confié à l’un puis plus tard à l’autre, une de ces classes intenables dont personne ne veut. De ces élèves qui se présentent à l’école avec autre chose en tête que d’étudier : former des groupes de copains (des gangs), jouer au petit caïd, être insolent, détruire les biens publics et s’amuser à enquiquiner cet adulte qu’ils jugent insignifiant et qui les ennuie avec ces langues inutilement tarabiscotées, ces alignements de chiffres sans aucun sens, tout un tas de savoirs inutiles.

Mais nos hommes étaient têtus, se souvenaient avoir été des écoliers que l’école ennuyait, avaient un esprit créatif et surtout faisaient face à un choix de vie : changer leur façon d’enseigner ou changer de profession, car la méthode traditionnelle où tous les écoliers doivent terminer ensembles la page 7 du cahier d’exercice avant la fin de la journée ne fonctionnait définitivement pas auprès des élèves dont ils avaient la charge.

NinonLouise_iclasse2_161215Pierre décide donc, dans le but de donner davantage de leadership aux élèves, d’initier un projet de radio scolaire, qui a d’ailleurs été présenté en Belgique, mais qui, à sa grande déception ne pouvait pas être entendu à l’intérieur même des écoles de la CSPI (Commission scolaire de la Pointe-de-l’île) et ailleurs au Québec faute de moyens technologiques adéquats dans les laboratoires d’informatique.

Les débuts de cette métamorphose pédagogique qu’est iClasse furent lents et pas toujours évidents. Pierre est partiellement libéré de sa tâche d’enseignement et s’inscrit au doctorat pour étudier plus profondément le domaine de l’éducation. François, alors designer multimédia, réoriente sa carrière et poursuit une formation universitaire en enseignement. Lors de son dernier stage on lui confie une classe indisciplinée dont il était le huitième enseignant de l’année. Il a alors appliqué ses connaissances technologiques pour réengager et motiver ces écoliers découragés. Pierre et François se rencontrent plus tard à l’école Wilfrid-Bastien dont la direction (M. Pierre BOIVIN, M. Marc-André CHABOT et maintenant Mme Isabelle MASSÉ) appuie sans relâche leurs initiatives les plus folles. Pierre et François forment désormais équipe, fondant leurs intérêts et spécialités.

iClasse casse le moule et favorise l’équité des chances bien plus que l’égalité.

L’initiation à la robotique, où les élèves apprennent un peu le langage mais dont l’accent est mis sur la logique derrière la programmation, est un exemple de ce principe. Certains élèves sont meilleurs pour l’ingénierie du robot, d’autres l’ingénierie de programmation. Celui qui programme se demande combien de tours doit faire la roue du robot pour parcourir une distance précise.
Celui qui construit le robot se demande quelle roue il doit choisir pour être le plus efficace. Les deux élèves travaillent les circonférences, distances, nombres de tours, etc. mais d’une façon différente selon leur perspective, leurs intérêts.

NinonLouise_iclasse3_161215L’élève qui a fabriqué le petit robot n’a pas moins travaillé, n’a pas moins appris que celui qui programme le code.

L’activité utilise les forces de chacun. On fonctionnera de cette façon pour de nombreuses activités, préférant voir l’élève utiliser ses forces plutôt que d’évaluer ses faiblesses.

N’est-ce pas ainsi que fonctionne la vraie vie ? Un bon gestionnaire n’utilise-t-il pas les forces particulières de chacun de ses employés ?

La technologie n’est que le moyen utilisé pour rejoindre les élèves sur leur terrain. On utilise ordinateurs, portables, tablettes, téléphones, enregistreurs et parfois ce sont les élèves eux-même qui proposent d’utiliser l’un ou l’autre des logiciels ou applications. Grâce aux technologies on sort du manuel scolaire, on s’évade hors des murs de l’école pour explorer le réel et se l’approprier. Par exemple, on fait la chasse photographique aux angles pour les étudier en mathématique. Il est surprenant de voir l’élève que cette étude ennuierait s’amuser à photographier des objets les plus biscornus.

Avec iClasse, les élèves participent activement à leur éducation. On les initie à la résolution de problèmes concrets où il acquièrent compétences et connaissances.

Et les problèmes de discipline sont quasiment inexistants, les élèves sont trop occupés à leurs études et travaux.

NinonLouise_iclasse4_161215iClasse ne veut plus que les élèves soient résignés à apprendre ce qu’ils ont à apprendre passivement et demeurent persuadés qu’ils ne peuvent pas réussir. Par exemple, de nombreux exercices de rappels d’information précèdent toujours les tests, ce qui accroît les chances de réussite. Les élèves de François et Pierre étudient le même programme que les autres écoliers québécois. Ils réussissent très bien les examens du ministère de l’Éducation et surtout, sont rarement absents de l’école !
Ils aiment aller en cette classe où leur présence importe, où leur esprit s’ouvre aux réalités contemporaines, où ils sont détendus et heureux.

Si l’école veut garder sa place, continuer à éveiller tous les écoliers aux merveilles de la connaissance, il faut repenser la pédagogie et l’usage du numérique est essentiel, selon Pierre et François car il faut tenir compte des réalités de 2015 et 2016. iClasse n’est pas une structure rigide, c’est une philosophie et un processus qui évolue avec les expériences de travail du participant et les technologies disponibles sur place.

source des photos du texte : iClasse

Pour en savoir plus :

http://iclasse.com/
https://www.youtube.com/watch?v=Af3LNjj7URc
https://www.youtube.com/watch?v=QrSo_18JTQw
https://www.facebook.com/iclasseworld

http://www.ppoulin.com/
http://www.fbourdon.com/

http://www.wilfridbastien.com/

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A suivre prochainement, l’épisode 2 : La formation iClasse pour les collègues enseignants

Très bonnes fêtes de fin d’année à tous les lecteurs de ludomag.com de la part de Ninon Louise !

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