La problématique était la suivante : le numérique dérange le monde scolaire et universitaire depuis bientôt trente années. Au fur et à mesure de cette confrontation, on commence à entrevoir des pistes d’évolution qui peuvent être explorées. C’est d’abord sur les nouveaux modes d’apprendre (approche cognitive) et ensuite sur les formes, les temps et les espaces de l’apprendre que l’on peut agir. De l’élève qui apprend à l’organisation apprenante : quel avenir de l’apprendre dans un monde numérique ?
Bruno Devauchelle redéfinit cette problématique dans la vidéo ci-contre et nous résume les principaux points de son exposé.
L’espace, un lieu d’apprentissage à redécouvrir
« Est ce que ce que l’on voit aujourd’hui par les bâtiments et l’organisation fonctionnelle de l’Ecole, est encore adapté au monde d’aujourd’hui où l’usage du numérique est désormais immodéré, que ce soit par les jeunes ou les adultes, dans la vie privée ou dans la vie professionnelle ».
L’enseignement peut-il être enfermé entre quatre murs, des murs qui ont été inventés au XIXème siècle ?
Aujourd’hui, la problématique ne réside plus dans les matériels ou dans les équipements mais bien dans la forme des lieux et dans la forme pédagogique.
Il y a un certain nombre de lieux qu’il faudrait détruire, souligne Bruno Devauchelle.
Car ils ont été construits au départ autour d’un seul objet : la salle de classe.
Il nuance son propos car il n’est pas question de détruire les établissements mais dans un premier temps, peut-être d’engager une réflexion sur le mobilier qui est investi pour les salles de classe, car « dans certains établissements, rien que le mobilier contraint la pédagogie ».
« Les enseignants qui veulent utiliser des tablettes en classe, par exemples, modifient inévitablement les espaces d’enseignement », ajoute t-il.
Le temps scolaire : initial mais pas final
« Pendant très longtemps, on a conçu l’enseignement comme étant un temps dans lequel on acquiert une sorte de capital et que ce capital, on va le rentabiliser tout au long de la vie ».
L’expérience antérieure au numérique a montré que cette théorie était un peu vaine…
Depuis le milieu du XXème siècle, un phénomène nouveau est apparu : c’est l’accélération des travaux scientifiques, des travaux techniques et leur diffusion.
« Malheureusement, la conception du temps d’enseignement comme étant un temps limité, en particulier par le passage dans le monde scolaire, n’est plus viable. Il faut donc envisager un temps beaucoup plus long », explique Bruno Devauchelle.
Penser le temps scolaire comme étant un temps initial et final, c’est se tromper.
Bruno Devauchelle préconiserait donc deux choses : garder des ouvertures pour la suite et préparer les élèves à cette « suite ».
Or, pour l’instant, le mode d’évaluation n’est pas fait pour cela.