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Apprendre avec le numérique, mythes et réalités

[callout]« On est plus motivé quand on apprend avec le numérique », « Le numérique favorise l’autonomie des apprenants »,
« Les élèves savent utiliser efficacement le numérique car c’est de leur génération »,…[/callout]

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Autant d’affirmations que l’on entend régulièrement. Mais s’appuient-elles sur des résultats d’études sérieuses ?

Les  auteurs Franck Amadieu et André Tricot, spécialistes des usages éducatifs du numérique, ont voulu avec cet ouvrage de synthèse, apporter quelques réponses et permettre un débat trop souvent occulté sur les vertus du numérique à l’école.

Ainsi, ils passent au crible 11 mythes autour des TICE, qu’ils analysent en quatre temps :
• présentation du mythe : développement des attentes et des arguments généralement avancés justifiant ces attentes ;
• rapide bilan des travaux scientifiques examinant ce mythe ;
• présentation concrète de plusieurs études pertinentes illustrant la réalité des TICE en lien avec le mythe, pour aider à la compréhension des apports et des limites des TICE ;
• conclusion sur ce qu’il faut savoir pour la mise en œuvre dans la classe.

En fin d’ouvrage, les auteurs dressent un bilan général, plaidoyer pour une utilisation raisonnée du numérique en classe.

Note de la rédaction au sujet de l’ouvrage :

Les auteurs emploient à juste titre le terme de « mythes » pour désigner toutes les idées qui sont véhiculées autour du numérique comme facteur « aidant » aux apprentissages. Non pas qu’ils souhaitent à tout prix démontrer que les outils numériques ne sont pas positifs, mais plutôt mettre en lumière, en s’appuyant sur divers études et travaux de recherche  (d’ailleurs qu’ils définissent comme plus ou moins fiables pour certains), que l’équation parfaite « technologie = performance et motivation » n’est pas si simple à démontrer.

Ainsi, « alors que les serious games semblent avoir un effet très limité voire nul sur les motivations des apprenants, dans certaines situations, ils amélioreraient l’apprentissage » ou encore que « les supports mobiles et tactiles peuvent être perçus par les apprenants comme plus utiles et plus efficaces sans pour autant apporter de plus-value dans les apprentissages (paradoxe préférence/performance)« .

Comme dénominateur commun, les auteurs mettent en avant l’absolue nécessité du scénario pédagogique comme « élément central des apprentissages scolaires « .

L’idée de l’autonomie de l’élève, de l’apprenant, est aussi abordée dans ce livre. Et nous pourrions la résumer par : « les élèves sont-ils compétents pour être autonomes » ?
Comme l’apprenant n’est peut-être pas en mesure d’avoir la culture suffisante pour savoir se servir d’un outil numérique à des fins d’apprentissage, saura t-il s’organiser pour apprendre seul ? Les auteurs parlent d’autonomie comme une compétence « pré-requise » et non comme une compétence qui s’acquiert avec l’utilisation du numérique.

Du chapitre 4 au chapitre 7, il est question de « numérique qui permet un apprentissage plus actif », de « vidéos et informations dynamiques qui favorisent l’apprentissage » et de « numérique qui permet d’adapter les enseignements aux élèves« . En illustrant leur propos d’exemples concrets, les auteurs nous apportent les nuances qui vous aideront, peut-être, à comprendre pourquoi rien n’est systématique quand on parle de numérique.

Une note plus engageante concernant « ce numérique » ira en faveur des technologies adaptées aux particularités des élèves dans le domaine des handicaps et des troubles dont André Tricot et Franck Amadieu avouent constater des résultats très encourageants, sous réserve que les acteurs (enseignants et élèves) maîtrisent ces technologies.

Enfin, il est question, en fin d’ouvrage de lecture numérique. Tout comme il est expliqué dans les chapitres précédents que l’utilisateur du numérique a besoin de certaines compétences pour ne pas « sombrer » dans un usage passif, la lecture numérique peut tout à fait utiliser les compétences de lecture traditionnelle ;  la condition : que le lecteur sache faire le « tri » des informations qui lui sont utiles et donc avoir ce que les auteurs appellent les compétences ou « litteracies« .

Ces « digital natives » (autre mythe abordé) ont-ils cette « litteracy » ? André Tricot et Franck Amadieu s’appuient sur les travaux de Sue Bennett en 2008 qui affirme qu' »utiliser le concept de digital natives pour caractériser un effet de génération relève peut-être plus de la panique morale des intellectuels de la génération précédente, qui se se sentent dépassés, que d’autre chose« . En d’autres termes, même s’il  est vrai que les enfants qui ont grandi avec le numérique savent l’utiliser, « apprendre à l’école repose sur d’autres tâches spécifiques, peu influencées par la maîtrise des objets numériques ».

A la fin de l’ouvrage, les auteurs rappellent la différence notable entre apprentissage et enseignement ; une différence qu’il faut, d’après eux,  garder à l’esprit car c’est là que se justifie clairement la présence de l’Ecole et de ses enseignants, au cas où vous penseriez encore que le numérique puisse remplacer cette institution…

Nous citerons, pour terminer, le titre de la conclusion qui en dit long : « il ne suffit pas d’avoir toutes les ressources à portée de clic ».
Bonne lecture !

Plus d’infos :
vous procurer l’ouvrage : www.editions-retz.com

 

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