Étiquette : Franck Amadieu

  • Numérique éducatif adaptatif

    Numérique éducatif adaptatif

    Franck Amadieu, enseignant chercheur au Laboratoire Cognition, Langues, Langages, Ergonomie du CNRS est intervenu sur la table ronde « dans quelle mesure le numérique permet-il de personnaliser les apprentissages ? » sur le salon Educatec-Educatice en novembre dernier. Dans cette interview, il développe l’idée de numérique éducatif adaptatif.

    « Dans le numérique adaptatif, nous parlons de systèmes qui analyseraient les comportements de l’élève, à évaluer par rapport à son niveau et son besoin pour l’apprentissage ; Le système pourrait proposer des activités d’apprentissage, des conseils, des contenus, des orientations qui feraient que l’apprenant serait dans un système plus adapté à son besoin et donc il apprendrait mieux (…) ».

    Dans cette introduction du sujet, Franck Amadieu parle en fait des « tuteurs intelligents » ; aujourd’hui, la question est de savoir si ces tuteurs et si le numérique en général est adapté aux besoins différents des apprenants.

    Il dresse le constat que déjà, avec les ressources numériques « on a cru qu’en diversifiant les formats de présentation, les accès à l’information, on allait améliorer les apprentissages et aider les élèves à faire plus de connexions« .

    En fait, on crée de l’exigence que la plupart des élèves n’arrivent pas à gérer.

    En effet, dans ce contexte de profusion d’informations et de sources multiples, l’élève ne sait quoi choisir et quoi sélectionner. Pour Frank Amadieu, « trop d’informations nuit à l’apprentissage« .

    Se référant à la théorie de Mayer, qui dit que d’utiliser juste du verbal accompagné d’une information picturale, comme une image ou un schéma, « c’est déjà très bien et suffisant et cela demande des compétences pour pouvoir intégrer les deux« , Franck Amadieu rappelle l’absolue nécessité de mettre en place un « guidage ».

    Ce guidage peut prendre différentes formes comme par exemple, pointer les informations importantes au moment T de son apprentissage, proposer des stratégies pour attaquer de manière plus efficace les contenus (…).
    « Si on le laisse trop libre, on se rend compte qu’il y a énormément de variabilité entre les apprenants ».

    La première conclusion de Franck Amadieu est de concevoir des ressources numériques qui réduisent cette disparité entre les apprenants et qui permet de les guides, de les accompagner vers un meilleure apprentissage.

    Franck Amadieu poursuit en évoquant le rôle de l’enseignant, en tant que guide dans ce foisonnement mais aussi dans son rôle social auprès des élèves, « que n’aura jamais le tuteur intelligent« .

     

    Déjà réalisé avec Franck Amadieu : « Les vidéos et informations dynamiques favoriseraient les apprentissages« 

     

  • Journée-débat : Le numérique permet-il de mieux apprendre ?

    Journée-débat : Le numérique permet-il de mieux apprendre ?

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    Partie prenante de la consultation nationale sur le numérique –contribuez.cnnumérique.fr, le lycée Padailhan d’Auch est un établissement pilote pour les TICE (Techniques de l’Information et de la Communication pour l’Education). Il est notamment amené à utiliser des supports numériques innovants : tableaux blancs interactifs, tables numériques etc.

    C’est dans ce contexte, que le lycée a pris contact avec l’Université Toulouse – Jean Jaurès / UT2J pour organiser une journée de réflexion autour du numérique.

    Dans un premier temps, dans la matinée, les élèves « pilotes » pourront échanger avec Franck Amadieu, maître de conférences en psychologie cognitive et ergonomie à l’Université Toulouse – Jean Jaurès et chercheur au CLLE. Orchestrée par Didier Blanqui, professeur de physique au lycée Pardailhan d’Auch, cette première rencontre sera l’occasion pour la classe, de faire le point sur son utilisation des TICE.

    A 13h30, un deuxième temps d’échange sera ouvert aux professeurs, délégués parents et élèves. Intitulée « Le numérique permet-il de mieux apprendre ? », cette conférence débat sera animée par Franck Amadieu. Toutes les participations sont les bienvenues.

    L’objectif ? Mettre à bas certaines idées reçues et permettre à chacun de poser des questions sur la place du néérique au quotidien. Ce deuxième temps d’échange sera ouvert à la presse.

    Vous pouvez poser vos questions et suivre les débats sur Twitter avec #ConfNumParda. Les élèves de la classe de seconde 203 assureront le live tweet.

    Plus d’infos :
    Contacts :
    – Elodie Herrero, assistante de communication – Centre de Promotion de la Recherche Scientifique Université Toulouse – Jean Jaurès 05 61 50 24 38 / 06 48 24 10 37 – elodie.herrero@univ-tlse.fr

  • Les vidéos et informations dynamiques favoriseraient les apprentissages

    Les vidéos et informations dynamiques favoriseraient les apprentissages

    « La plus-value des technologies est de pouvoir proposer des informations dynamiques comme la vidéo ou les animations », explique Franck Amadieu.

    Les animations dynamiques peuvent-elles vraiment faire apprendre mieux ?

    Depuis une quinzaine d’années, de nombreux travaux sont menés sur l’impact de ces informations dynamiques sur les apprentissages et il s’avère que « les résultats ne sont pas très encourageants ».

    Les travaux portent sur la comparaison de compréhension d’un phénomène à l’aide d’images dynamiques ou statiques (Franck Amadieu prend l’exemple de la formation d’une tornade).
    « Et on s’aperçoit que, soit l’animation n’apporte pas de gain particulier et les élèves n’apprennent pas plus qu’à partir d’une image, voire parfois, ils apprennent moins bien », souligne t-il.

    L’important serait de comprendre comment les personnes peuvent apprendre avec ce type d’animations : « comment concevoir des animations qui soient relativement efficaces » ?

    Structuration des animations : un meilleur schéma à trouver pour coller aux ressources cognitives des individus.

     

    La difficulté de ces animations vient du fait qu’il faut traiter simultanément plusieurs informations, d’autant plus que « l’œil est attiré par tout ce qui est dynamique », précise Franck Amadieu. Il est donc nécessaire de savoir sélectionner l’information.
    Le rythme, l’aspect continu d’une information, sont autant de critères à prendre en compte pour ces animations.

    Ces informations dynamiques sont donc assez exigeantes cognitivement ; des travaux ont donc mis en lumière qu’il fallait certaines compétences chez les élèves voire « de bonnes habiletés spatiales » – pour reprendre l’expression de Franck Amadieu – pour pouvoir sélectionner les informations présentées.

    En créant des animations qui respectent certaines règles, on peut parvenir à des résultats. Pour exemples, on peut aider l’élève à sélectionner l’information qui lui sera utile, en signalant à l’aide d’indices visuels (de la couleur, des flèches…) et donc orienter son attention sur les éléments pertinents à un moment t de l’animation.

    « De ce fait, on réduit considérablement les exigences de prise de décision sur la sélection de l’information », ajoute Franck Amadieu.

    Et il conclut sur le fait que « les animations deviennent de plus en plus intéressantes car nous commençons à comprendre comment les individus traitent ces informations et également quelles caractéristiques nous devons leur donner pour qu’elles soient efficaces et faciles à traiter par les apprenants ».

    Plus d’infos sur les auteurs :
    André Tricot est enseignant-chercheur en psychologie ; il exerce à l’ESPE de Toulouse et également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.
    Franck Amadieu est enseignant-chercheur en psychologie cognitive, Maître de conférences et exerce également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.

     

  • Avec le numérique, ça va coûter moins cher !

    Avec le numérique, ça va coûter moins cher !

    Des économies financières avec le numérique : un mythe pour l’enseignement ?

    « Beaucoup de personnes ont argumenté depuis vingt ans, une économie des coûts de production, de diffusion, de reproduction liés au numérique pour l’enseignement et la formation professionnelle etc. En regardant de plus près, on a souvent une opinion beaucoup plus nuancée », explique André Tricot.

    Il est vrai que dans certains cas, André Tricot admet que l’utilisation du numérique peut s’avérer moins coûteuse qu’une situation dans le monde réel. Il donne l’exemple d’un simulateur de vol pour les pilotes d’avion ou encore l’utilisation de la chimie qui pourrait s’avérer dangereux en situation réelle et qui, dans le virtuel, prend tout son sens.

    Mais tout cela a fonctionné comme l’arbre qui cache la forêt.

    Pour exemples, dans le domaine des serious games, « produire un outil pédagogique de qualité, est extrêmement cher ».

    Le mythe de la gratuité : une vraie réalité dans l’enseignement

    « De plus en plus de ressources sont accessibles gratuitement où on ne paie pas de droits d’inscription », souligne André Tricot. Et il donne le cas typique des MOOCs ou de Wikipédia où l’accès à ces supports se fait sans frais.

    Pour André Tricot, « c’est de la fausse gratuité ». Il argumente son point de vue en prenant l’exemple des grandes universités américaines qui ont la stratégie marketing de rendre gratuit l’accès à certains cours pour attirer les étudiants et donc de diminuer les chances de survie d’universités plus petites.

    Le mythe de la gratuité s’illustre aussi par la caractéristique de ne pas payer celui qui fabrique les contenus.

    « Personnellement j’ai énormément de mal à imaginer un monde dans lequel les personnes qui fabriquent des contenus, feraient ça gratuitement car je me demande tout simplement de quoi vont vivre ces personnes », conclut André Tricot sur ce point.

    A suivre prochainement dans le dernier épisode : Franck Amadieu et « le mythe des animations et informations dynamiques qui favoriseraient les apprentissages« .

     

    Plus d’infos sur les auteurs :
    André Tricot est enseignant-chercheur en psychologie ; il exerce à l’ESPE de Toulouse et également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.
    Franck Amadieu est enseignant-chercheur en psychologie cognitive, Maître de conférences et exerce également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.

     

  • Apprendre avec le numérique, mythes et réalités

    Apprendre avec le numérique, mythes et réalités

    [callout]« On est plus motivé quand on apprend avec le numérique », « Le numérique favorise l’autonomie des apprenants »,
    « Les élèves savent utiliser efficacement le numérique car c’est de leur génération »,…[/callout]

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    Autant d’affirmations que l’on entend régulièrement. Mais s’appuient-elles sur des résultats d’études sérieuses ?

    Les  auteurs Franck Amadieu et André Tricot, spécialistes des usages éducatifs du numérique, ont voulu avec cet ouvrage de synthèse, apporter quelques réponses et permettre un débat trop souvent occulté sur les vertus du numérique à l’école.

    Ainsi, ils passent au crible 11 mythes autour des TICE, qu’ils analysent en quatre temps :
    • présentation du mythe : développement des attentes et des arguments généralement avancés justifiant ces attentes ;
    • rapide bilan des travaux scientifiques examinant ce mythe ;
    • présentation concrète de plusieurs études pertinentes illustrant la réalité des TICE en lien avec le mythe, pour aider à la compréhension des apports et des limites des TICE ;
    • conclusion sur ce qu’il faut savoir pour la mise en œuvre dans la classe.

    En fin d’ouvrage, les auteurs dressent un bilan général, plaidoyer pour une utilisation raisonnée du numérique en classe.

    Note de la rédaction au sujet de l’ouvrage :

    Les auteurs emploient à juste titre le terme de « mythes » pour désigner toutes les idées qui sont véhiculées autour du numérique comme facteur « aidant » aux apprentissages. Non pas qu’ils souhaitent à tout prix démontrer que les outils numériques ne sont pas positifs, mais plutôt mettre en lumière, en s’appuyant sur divers études et travaux de recherche  (d’ailleurs qu’ils définissent comme plus ou moins fiables pour certains), que l’équation parfaite « technologie = performance et motivation » n’est pas si simple à démontrer.

    Ainsi, « alors que les serious games semblent avoir un effet très limité voire nul sur les motivations des apprenants, dans certaines situations, ils amélioreraient l’apprentissage » ou encore que « les supports mobiles et tactiles peuvent être perçus par les apprenants comme plus utiles et plus efficaces sans pour autant apporter de plus-value dans les apprentissages (paradoxe préférence/performance)« .

    Comme dénominateur commun, les auteurs mettent en avant l’absolue nécessité du scénario pédagogique comme « élément central des apprentissages scolaires « .

    L’idée de l’autonomie de l’élève, de l’apprenant, est aussi abordée dans ce livre. Et nous pourrions la résumer par : « les élèves sont-ils compétents pour être autonomes » ?
    Comme l’apprenant n’est peut-être pas en mesure d’avoir la culture suffisante pour savoir se servir d’un outil numérique à des fins d’apprentissage, saura t-il s’organiser pour apprendre seul ? Les auteurs parlent d’autonomie comme une compétence « pré-requise » et non comme une compétence qui s’acquiert avec l’utilisation du numérique.

    Du chapitre 4 au chapitre 7, il est question de « numérique qui permet un apprentissage plus actif », de « vidéos et informations dynamiques qui favorisent l’apprentissage » et de « numérique qui permet d’adapter les enseignements aux élèves« . En illustrant leur propos d’exemples concrets, les auteurs nous apportent les nuances qui vous aideront, peut-être, à comprendre pourquoi rien n’est systématique quand on parle de numérique.

    Une note plus engageante concernant « ce numérique » ira en faveur des technologies adaptées aux particularités des élèves dans le domaine des handicaps et des troubles dont André Tricot et Franck Amadieu avouent constater des résultats très encourageants, sous réserve que les acteurs (enseignants et élèves) maîtrisent ces technologies.

    Enfin, il est question, en fin d’ouvrage de lecture numérique. Tout comme il est expliqué dans les chapitres précédents que l’utilisateur du numérique a besoin de certaines compétences pour ne pas « sombrer » dans un usage passif, la lecture numérique peut tout à fait utiliser les compétences de lecture traditionnelle ;  la condition : que le lecteur sache faire le « tri » des informations qui lui sont utiles et donc avoir ce que les auteurs appellent les compétences ou « litteracies« .

    Ces « digital natives » (autre mythe abordé) ont-ils cette « litteracy » ? André Tricot et Franck Amadieu s’appuient sur les travaux de Sue Bennett en 2008 qui affirme qu’ »utiliser le concept de digital natives pour caractériser un effet de génération relève peut-être plus de la panique morale des intellectuels de la génération précédente, qui se se sentent dépassés, que d’autre chose« . En d’autres termes, même s’il  est vrai que les enfants qui ont grandi avec le numérique savent l’utiliser, « apprendre à l’école repose sur d’autres tâches spécifiques, peu influencées par la maîtrise des objets numériques ».

    A la fin de l’ouvrage, les auteurs rappellent la différence notable entre apprentissage et enseignement ; une différence qu’il faut, d’après eux,  garder à l’esprit car c’est là que se justifie clairement la présence de l’Ecole et de ses enseignants, au cas où vous penseriez encore que le numérique puisse remplacer cette institution…

    Nous citerons, pour terminer, le titre de la conclusion qui en dit long : « il ne suffit pas d’avoir toutes les ressources à portée de clic ».
    Bonne lecture !

    Plus d’infos :
    vous procurer l’ouvrage : www.editions-retz.com