Étiquette : ANDRE TRICOT

  • Le numérique modifie t-il les processus d’apprentissage ?

    Le numérique modifie t-il les processus d’apprentissage ?

    André Tricot est intervenu sur le colloque écriTech’8 sur le sujet « Le numérique modifie t-il les processus d’apprentissage ? ». Il nous fait une courte synthèse de son intervention.

    Il tient un discours assez nuancé sur le numérique et son action sur les apprentissages. Par exemple, le numérique a des effets positifs sur la motivation ce qui, pour lui, ne signifie pas forcément des effets positifs sur l’apprentissage…

    « Un des problèmes essentiel du domaine du « numérique » : sous le nom numérique, il faudrait apprendre à catégoriser ».

    Retrouvez André Tricot et sa vision « des numériques », dans la vidéo ci-contre.

  • Les vidéos et informations dynamiques favoriseraient les apprentissages

    Les vidéos et informations dynamiques favoriseraient les apprentissages

    « La plus-value des technologies est de pouvoir proposer des informations dynamiques comme la vidéo ou les animations », explique Franck Amadieu.

    Les animations dynamiques peuvent-elles vraiment faire apprendre mieux ?

    Depuis une quinzaine d’années, de nombreux travaux sont menés sur l’impact de ces informations dynamiques sur les apprentissages et il s’avère que « les résultats ne sont pas très encourageants ».

    Les travaux portent sur la comparaison de compréhension d’un phénomène à l’aide d’images dynamiques ou statiques (Franck Amadieu prend l’exemple de la formation d’une tornade).
    « Et on s’aperçoit que, soit l’animation n’apporte pas de gain particulier et les élèves n’apprennent pas plus qu’à partir d’une image, voire parfois, ils apprennent moins bien », souligne t-il.

    L’important serait de comprendre comment les personnes peuvent apprendre avec ce type d’animations : « comment concevoir des animations qui soient relativement efficaces » ?

    Structuration des animations : un meilleur schéma à trouver pour coller aux ressources cognitives des individus.

     

    La difficulté de ces animations vient du fait qu’il faut traiter simultanément plusieurs informations, d’autant plus que « l’œil est attiré par tout ce qui est dynamique », précise Franck Amadieu. Il est donc nécessaire de savoir sélectionner l’information.
    Le rythme, l’aspect continu d’une information, sont autant de critères à prendre en compte pour ces animations.

    Ces informations dynamiques sont donc assez exigeantes cognitivement ; des travaux ont donc mis en lumière qu’il fallait certaines compétences chez les élèves voire « de bonnes habiletés spatiales » – pour reprendre l’expression de Franck Amadieu – pour pouvoir sélectionner les informations présentées.

    En créant des animations qui respectent certaines règles, on peut parvenir à des résultats. Pour exemples, on peut aider l’élève à sélectionner l’information qui lui sera utile, en signalant à l’aide d’indices visuels (de la couleur, des flèches…) et donc orienter son attention sur les éléments pertinents à un moment t de l’animation.

    « De ce fait, on réduit considérablement les exigences de prise de décision sur la sélection de l’information », ajoute Franck Amadieu.

    Et il conclut sur le fait que « les animations deviennent de plus en plus intéressantes car nous commençons à comprendre comment les individus traitent ces informations et également quelles caractéristiques nous devons leur donner pour qu’elles soient efficaces et faciles à traiter par les apprenants ».

    Plus d’infos sur les auteurs :
    André Tricot est enseignant-chercheur en psychologie ; il exerce à l’ESPE de Toulouse et également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.
    Franck Amadieu est enseignant-chercheur en psychologie cognitive, Maître de conférences et exerce également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.

     

  • Avec le numérique, ça va coûter moins cher !

    Avec le numérique, ça va coûter moins cher !

    Des économies financières avec le numérique : un mythe pour l’enseignement ?

    « Beaucoup de personnes ont argumenté depuis vingt ans, une économie des coûts de production, de diffusion, de reproduction liés au numérique pour l’enseignement et la formation professionnelle etc. En regardant de plus près, on a souvent une opinion beaucoup plus nuancée », explique André Tricot.

    Il est vrai que dans certains cas, André Tricot admet que l’utilisation du numérique peut s’avérer moins coûteuse qu’une situation dans le monde réel. Il donne l’exemple d’un simulateur de vol pour les pilotes d’avion ou encore l’utilisation de la chimie qui pourrait s’avérer dangereux en situation réelle et qui, dans le virtuel, prend tout son sens.

    Mais tout cela a fonctionné comme l’arbre qui cache la forêt.

    Pour exemples, dans le domaine des serious games, « produire un outil pédagogique de qualité, est extrêmement cher ».

    Le mythe de la gratuité : une vraie réalité dans l’enseignement

    « De plus en plus de ressources sont accessibles gratuitement où on ne paie pas de droits d’inscription », souligne André Tricot. Et il donne le cas typique des MOOCs ou de Wikipédia où l’accès à ces supports se fait sans frais.

    Pour André Tricot, « c’est de la fausse gratuité ». Il argumente son point de vue en prenant l’exemple des grandes universités américaines qui ont la stratégie marketing de rendre gratuit l’accès à certains cours pour attirer les étudiants et donc de diminuer les chances de survie d’universités plus petites.

    Le mythe de la gratuité s’illustre aussi par la caractéristique de ne pas payer celui qui fabrique les contenus.

    « Personnellement j’ai énormément de mal à imaginer un monde dans lequel les personnes qui fabriquent des contenus, feraient ça gratuitement car je me demande tout simplement de quoi vont vivre ces personnes », conclut André Tricot sur ce point.

    A suivre prochainement dans le dernier épisode : Franck Amadieu et « le mythe des animations et informations dynamiques qui favoriseraient les apprentissages« .

     

    Plus d’infos sur les auteurs :
    André Tricot est enseignant-chercheur en psychologie ; il exerce à l’ESPE de Toulouse et également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.
    Franck Amadieu est enseignant-chercheur en psychologie cognitive, Maître de conférences et exerce également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.

     

  • Apprendre avec le numérique, mythes et réalités

    Apprendre avec le numérique, mythes et réalités

    [callout]« On est plus motivé quand on apprend avec le numérique », « Le numérique favorise l’autonomie des apprenants »,
    « Les élèves savent utiliser efficacement le numérique car c’est de leur génération »,…[/callout]

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    Autant d’affirmations que l’on entend régulièrement. Mais s’appuient-elles sur des résultats d’études sérieuses ?

    Les  auteurs Franck Amadieu et André Tricot, spécialistes des usages éducatifs du numérique, ont voulu avec cet ouvrage de synthèse, apporter quelques réponses et permettre un débat trop souvent occulté sur les vertus du numérique à l’école.

    Ainsi, ils passent au crible 11 mythes autour des TICE, qu’ils analysent en quatre temps :
    • présentation du mythe : développement des attentes et des arguments généralement avancés justifiant ces attentes ;
    • rapide bilan des travaux scientifiques examinant ce mythe ;
    • présentation concrète de plusieurs études pertinentes illustrant la réalité des TICE en lien avec le mythe, pour aider à la compréhension des apports et des limites des TICE ;
    • conclusion sur ce qu’il faut savoir pour la mise en œuvre dans la classe.

    En fin d’ouvrage, les auteurs dressent un bilan général, plaidoyer pour une utilisation raisonnée du numérique en classe.

    Note de la rédaction au sujet de l’ouvrage :

    Les auteurs emploient à juste titre le terme de « mythes » pour désigner toutes les idées qui sont véhiculées autour du numérique comme facteur « aidant » aux apprentissages. Non pas qu’ils souhaitent à tout prix démontrer que les outils numériques ne sont pas positifs, mais plutôt mettre en lumière, en s’appuyant sur divers études et travaux de recherche  (d’ailleurs qu’ils définissent comme plus ou moins fiables pour certains), que l’équation parfaite « technologie = performance et motivation » n’est pas si simple à démontrer.

    Ainsi, « alors que les serious games semblent avoir un effet très limité voire nul sur les motivations des apprenants, dans certaines situations, ils amélioreraient l’apprentissage » ou encore que « les supports mobiles et tactiles peuvent être perçus par les apprenants comme plus utiles et plus efficaces sans pour autant apporter de plus-value dans les apprentissages (paradoxe préférence/performance)« .

    Comme dénominateur commun, les auteurs mettent en avant l’absolue nécessité du scénario pédagogique comme « élément central des apprentissages scolaires « .

    L’idée de l’autonomie de l’élève, de l’apprenant, est aussi abordée dans ce livre. Et nous pourrions la résumer par : « les élèves sont-ils compétents pour être autonomes » ?
    Comme l’apprenant n’est peut-être pas en mesure d’avoir la culture suffisante pour savoir se servir d’un outil numérique à des fins d’apprentissage, saura t-il s’organiser pour apprendre seul ? Les auteurs parlent d’autonomie comme une compétence « pré-requise » et non comme une compétence qui s’acquiert avec l’utilisation du numérique.

    Du chapitre 4 au chapitre 7, il est question de « numérique qui permet un apprentissage plus actif », de « vidéos et informations dynamiques qui favorisent l’apprentissage » et de « numérique qui permet d’adapter les enseignements aux élèves« . En illustrant leur propos d’exemples concrets, les auteurs nous apportent les nuances qui vous aideront, peut-être, à comprendre pourquoi rien n’est systématique quand on parle de numérique.

    Une note plus engageante concernant « ce numérique » ira en faveur des technologies adaptées aux particularités des élèves dans le domaine des handicaps et des troubles dont André Tricot et Franck Amadieu avouent constater des résultats très encourageants, sous réserve que les acteurs (enseignants et élèves) maîtrisent ces technologies.

    Enfin, il est question, en fin d’ouvrage de lecture numérique. Tout comme il est expliqué dans les chapitres précédents que l’utilisateur du numérique a besoin de certaines compétences pour ne pas « sombrer » dans un usage passif, la lecture numérique peut tout à fait utiliser les compétences de lecture traditionnelle ;  la condition : que le lecteur sache faire le « tri » des informations qui lui sont utiles et donc avoir ce que les auteurs appellent les compétences ou « litteracies« .

    Ces « digital natives » (autre mythe abordé) ont-ils cette « litteracy » ? André Tricot et Franck Amadieu s’appuient sur les travaux de Sue Bennett en 2008 qui affirme qu’ »utiliser le concept de digital natives pour caractériser un effet de génération relève peut-être plus de la panique morale des intellectuels de la génération précédente, qui se se sentent dépassés, que d’autre chose« . En d’autres termes, même s’il  est vrai que les enfants qui ont grandi avec le numérique savent l’utiliser, « apprendre à l’école repose sur d’autres tâches spécifiques, peu influencées par la maîtrise des objets numériques ».

    A la fin de l’ouvrage, les auteurs rappellent la différence notable entre apprentissage et enseignement ; une différence qu’il faut, d’après eux,  garder à l’esprit car c’est là que se justifie clairement la présence de l’Ecole et de ses enseignants, au cas où vous penseriez encore que le numérique puisse remplacer cette institution…

    Nous citerons, pour terminer, le titre de la conclusion qui en dit long : « il ne suffit pas d’avoir toutes les ressources à portée de clic ».
    Bonne lecture !

    Plus d’infos :
    vous procurer l’ouvrage : www.editions-retz.com

     

  • Le plaisir est-il un moteur des apprentissages ?

    Il nous présente sa vision sur le plaisir d’apprendre, en quatre épisodes, en passant par la définition générale d’apprendre, le travail de l’enseignant comparé à celui d’un concepteur de jeu sérieux, un questionnement sur la possibilité d’avoir du plaisir en apprenant et enfin le plaisir peut-il être un moteur pour les apprentissages.

    Quatre sujets en lien avec le thème de la prochaine Université d’été de Ludovia «Plaisir et éducation numérique», à laquelle André Tricot interviendra en table ronde.

    Pour conclure sur cette série sur le plaisir d’apprendre, André Tricot aborde un sujet qu’il juge beaucoup plus sensible à explorer du fait du peu de résultats de la recherche sur cette question «le plaisir peut-il être un moteur des apprentissages» ?

    Cette fois-ci, le plaisir se place non pas comme une caractéristique d’une situation d’apprentissage mais comme un déclencheur de celui-ci.

    Des éléments de réponse sont avant tout négatifs. En effet, prenons l’exemple d’une personne qui ne comprend pas quelque chose ou qui n’arrive pas à faire quelque chose. Cela nous apporte génère une énorme frustration. Et donc « je vais produire les efforts pour apprendre afin de diminuer ma quantité de frustration« .

    «Quand je comprends enfin ou que je parviens à faire quelque chose, j’éprouve un plaisir de soulagement».

    On peut aussi se dire que certains adultes ou certains enfants ont le plaisir de la découverte. «Là dessus, je ne suis pas persuadé qu’on ait vraiment des résultats qui rendent compte que la découverte est un plaisir».

    Les humains sont-ils vraiment à la recherche de découverte ? André Tricot nous donne l’exemple de l’apprentissage par découverte documentaire sur le web ou en bibliothèque dans lequel les résultats sont plutôt mitigés : «les résultats montrent que la plupart des humains lorsqu’ils découvrent un nouvel espace, plutôt que de l’explorer et chercher à le découvrir, vont plutôt essayer de se rassurer en allant voir ce qu’ils savent déjà».

    La plupart d’entre nous éprouve du plaisir à la découverte, mais nous sommes globalement tous plutôt à la recherche de confirmations de ce que nous savons, que de remises en cause.
    «Je n’ai pas l’impression que le processus d’apprentissage soit vraiment vecteur de plaisir, mais plus les situations au sein desquelles on apprend qui peuvent générer du plaisir».

    En conclusion, pour André Tricot, ce dernier sujet est vraiment un point opaque de la recherche sur les relations entre émotions et apprentissages, entre plaisir et apprentissages (au sens processus d’apprentissage et non situation d’apprentissage) et il espère que des travaux vont aboutir dans les années à venir pour pouvoir fournir une réponse plus complète.

    Plus d’infos sur André Tricot : lire son livre « Comment concevoir un enseignement ? »,superieur.deboeck.com

  • Peut-on avoir du plaisir à apprendre ?

    Il nous présente sa vision sur le plaisir d’apprendre, en quatre épisodes, en passant par la définition générale d’apprendre, le travail de l’enseignant comparé à celui d’un concepteur de jeu sérieux, un questionnement sur la possibilité d’avoir du plaisir en apprenant et enfin le plaisir peut-il être un moteur pour les apprentissages.

    Quatre sujets en lien avec le thème de la prochaine Université d’été de Ludovia «Plaisir et éducation numérique», à laquelle André Tricot interviendra en table ronde.

    André Tricot nous livre sa pensée dans ce troisième volet sur comment il est possible pour un apprenant de prendre du plaisir en situation d’apprentissage.

    Le plaisir d’apprendre doit être identique au plaisir induit par des apprentissages naturels. Il appuie sa réflexion sur celle de David Geary, professeur de psychologie à l’université de Columbia dans le Missouri qui a proposé  l’idée il y a trois ans, qui consiste à dire que les moteurs du plaisir de l’apprentissage en classe se trouvent du côté des moteurs des apprentissages naturels, des apprentissages adaptatifs.

    Ces moteurs sont détaillés par André Tricot, comme explorer son environnement (social, physique…), avoir des relations avec autrui, échanger au sein d’un groupe et à l’intersection des deux, le jeu.
    Pour David Geary, les petits humains apprennent énormément de choses au début de leur enfance en utilisant ces moteurs : explorer son environnement, avoir des relations sociales et jouer ; la plupart des jeux étant d’ailleurs une situation où les deux sont réunis : exploration et relations sociales.

    Finalement, dans chacun de ces moteurs, on peut trouver du plaisir : plaisir de la découverte de son environnement, prendre du plaisir à interagir en groupe… Les moteurs d’apprentissage naturels doivent fonctionner dans la classe.

    «Et peut-être que dans les relations sociales, il faudrait insister sur un des moteurs de l’apprentissage qui est l’apprentissage par imitation».

    A cette théorie, André Tricot apporte deux précisions : il pointe du doigt le fait que notre Ecole, sur les cinquante dernières années, a eu tendance à oublier l’apprentissage par imitation et «pour les apprentissages procéduraux (les apprentissages de gestes techniques par exemple), il serait sans doute judicieux de dire qu’imiter quelqu’un, ce n’est pas une sous-catégorie d’apprentissage. Il faut reconsidérer avec plus de sérieux les apprentissages par imitation».

    Et la deuxième précision est de dire, «attention, ces moteurs d’apprentissage ne sont que des moteurs». Cela signifie que ce ne sont pas des objectifs. En utilisant une situation d’interaction en groupe, le but n’est pas d’apprendre aux enfants à interagir, mais à l’utiliser comme support.

    A l’école, la plupart des apprentissages sociaux se réalisent dans la cour de récréation, «mais les situations d’interactions sociales peuvent être utilisées comme moyen de mettre en activité les élèves et de leur faire sentir à nouveau les plaisirs qu’il y a à apprendre dans les situations naturelles».

    Plus d’infos sur André Tricot : lire son livre « Comment concevoir un enseignement ? »,superieur.deboeck.com

  • Enseignants et concepteurs de serious games, même travail ?

    Il nous présente sa vision sur le plaisir d’apprendre, en quatre épisodes, en passant par la définition générale d’apprendre, le travail de l’enseignant comparé à celui d’un concepteur de jeu sérieux, un questionnement sur la possibilité d’avoir du plaisir en apprenant et enfin le plaisir peut-il être un moteur pour les apprentissages.

    Quatre sujets en lien avec le thème de la prochaine Université d’été de Ludovia «Plaisir et éducation numérique», à laquelle André Tricot interviendra en table ronde.

    Voici le deuxième épisode.
    Une fois qu’on a admis qu’apprendre à l’école, ce n’est pas comme apprendre en grandissant ; que c’est une activité qui nécessite des efforts et de l’investissement, on est capable d’identifier les contraintes et les objectifs qui pèsent sur ceux qui conçoivent les situations d’apprentissage.

    «Il me semble que de ce point de vue là, être enseignant ou être concepteur de serious games ou être concepteur d’environnement d’apprentissage, c’est exactement la même chose».

    Définir les objectifs d’apprentissage

    Le premier point important commun à ces métiers, c’est d’être au clair sur les objectifs d’apprentissage, soit définir et structurer les connaissances qui doivent être acquises. «Peut-on décrire de manière précise ce que les élèves sauront une fois qu’on aura fini d’apprendre» ?

    Une des difficultés de ce métier est qu’il n’est pas concevable de se contenter de faire quelque chose et de regarder après ce qu’il en sort. André Tricot donne l’exemple du serious game qui peut coûter des milliers d’euros ; le concepteur ne peut pas faire le jeu sans savoir si les apprenants vont apprendre quelque chose en l’utilisant.

    «Autrement dit, on rentre dans un cadre rationnel où on définit les buts en premier lieu et les moyens ensuite».

    Définir les tâches à accomplir pour atteindre les objectifs

    Il faut définir ce que les apprenants, les élèves, vont faire pour réussir leurs apprentissages ; cela peut être un exercice, comprendre un schéma, découvrir une situation… L’enseignant doit définir des tâches pour ses élèves qui leur permettent d’atteindre les objectifs d’apprentissage.

    Enfin, définir les moyens pour accomplir ces tâches

    Ensuite il sera nécessaire de définir les supports. Comment ces tâches vont-elles être mises en œuvre ? Va t-on utiliser un support audio-visuel, va t-on privilégier l’écrit ou l’oral … ?
    «Il faut concevoir une situation de mise en œuvre de ces tâches, une situation qui a du sens, qui est motivante, à la portée des apprenants et qui est perçue comme telle».

    Enfin, il reste à définir un dispositif de progression et de régulation. La progression, c’est choisir par quelle étape on commence et par laquelle on finit. Et la régulation, c’est vérifier que les élèves sont bien entrain d’apprendre ce que je veux qu’ils apprennent afin qu’ils réussissent l’apprentissage.
    On comprend donc qu’il ne faut pas attendre la fin de l’apprentissage pour commencer à réagir.

    La seule différence entre les concepteurs de serious games et les enseignants réside d’ailleurs dans cette dernière étape «concevoir un dispositif de régulation des apprentissages » ; c’est un jeu pour les concepteurs de serious games et les contraintes sont celles de l’informatique ; c’est une situation scolaire pour les enseignants et les contraintes sont celles de la salle de classe.

    Plus d’infos sur André Tricot : lire son livre « Comment concevoir un enseignement ? », superieur.deboeck.com

  • Qu’est-ce qu’apprendre, en général, à l’école ?

    Il nous présente sa vision sur le plaisir d’apprendre, en quatre épisodes, en passant par la définition générale d’apprendre, le travail de l’enseignant comparé à celui d’un concepteur de jeu sérieux, un questionnement sur la possibilité d’avoir du plaisir en apprenant et enfin le plaisir peut-il être un moteur pour les apprentissages.

    Quatre sujets en lien avec le thème de la prochaine Université d’été de Ludovia «Plaisir et éducation numérique», à laquelle André Tricot interviendra en table ronde.

    L’école, un apprentissage non adaptatif

    La réflexion d’André Tricot part d’une première question, c’est qu’avant d’apprendre à l’école, il faut comprendre ce qu’est apprendre en général, dans le contexte hors de l’école. Un enfant va s’adapter à son environnement, physique, social, linguistique.
    «Apprendre hors de l’école, c’est s’adapter à son environnement et à sa structure. C’est un processus implicite, inconscient et non coûteux».

    Un deuxième type d’apprentissage est celui que l’on fait dans notre situation professionnelle ou dans une situation de loisirs, où, dans les deux cas, on progresse en s’adaptant.
    «L’idée est que l’école, c’est tout le reste». L’école représente tous les apprentissages non adaptatifs. Pour lui, l’école existe car les apprentissages adaptatifs sont limités.

    «Ce que je crois important de montrer c’est que l’école existe parce que certains apprentissages ne fonctionnent pas de façon naturelle, adaptative. L’école existe parce que certains apprentissages sont jugés utiles par une société pour ses futurs adultes et objectivement inutiles (non fonctionnels) pour les enfants au moment où ils les apprennent. S’il en était autrement, l’école serait inutile et on économiserait 6% du PIB».

    «Le simple fait de grandir ne nous permet pas d’apprendre». Il donne l’exemple des sociétés où il n’y a pas d’école où les enfants apprennent énormément de choses mais qui concernent leur quotidien, essentiellement ce qu’ils vivent.

    Amener du plaisir et de la motivation dans une situation non adaptative

    Le travail des enseignants est donc de concevoir des situations d’apprentissage dans lesquelles le travail des enfants va être coûteux, va leur demander des efforts. Il faut donc produire de la motivation et amener à l’épanouissement de l’élève.

    Cette situation ne peut être réfléchie qu’à partir du moment où on a pris conscience que l’apprentissage à l’école est non adaptatif.

    André Tricot pose une question par rapport au plaisir d’apprendre, «peut-on s’épanouir en apprenant ou est ce que le plaisir n’est pas lié au fait d’apprendre mais seulement à la situation dans laquelle on apprend»?

    Plus d’infos sur André Tricot : lire son livre « Comment concevoir un enseignement ? »,superieur.deboeck.com