Sur l’académie de Bordeaux, plusieurs solutions d’ENT ont commencé à se déployer, portées par des collectivités locales : dans les Landes, l’ALPI a généralisé une solution d’ENT pour l’ensemble des écoles du département ; le Lot-et-Garonne via son centre de gestion à rejoint l’initiative landaise afin de proposer une solution départementale. Bordeaux et 8 communes alentours se sont associés autour de l’ENT TicEduc et les villes de Bayonne et de Périgueux ont aussi mis en place leur projet.
Au vu de ces initiatives et afin de ne pas provoquer de fracture numérique au sein du territoire académique, « il a été décidé par le rectorat de porter une solution d’ENT pour le premier degré », décrit Stéphane Carasco, Chef de projet à la DSI du Rectorat de l’académie de Bordeaux.
A ce jour, la solution académique ALIENOR concerne le département de la Gironde, de la Dordogne et des Pyrénées-Atlantiques, exceptées les communes déjà engagées par ailleurs comme citées précédemment.
« Actuellement, nous avons donc la totalité de l’académie qui peut, potentiellement, être couverte par un ENT premier degré », poursuit Stéphane Carasco.
Matériellement, le Rectorat héberge l’ENT ; un hébergement qui, au fil du temps, sera pris en charge par les différentes collectivités ; le Rectorat a d’ailleurs sollicité toutes les communes concernées via les associations de maires, les centres de gestion etc.
Car, comme le souligne Stéphane Carasco : « utiliser un ENT n’a de sens que si l’école bénéficie d’équipements, informatiques et internet, d’où l’intérêt d’associer les municipalités via ces entités fédératrices ».
En cette fin d’année scolaire, environ 200 écoles ont accès à l’ENT ALIENOR. « A la rentrée prochaine, nous avons prévu de passer à 1000 écoles desservies », conclut Stéphane Carasco.
Ce projet d’envergure, inscrit dans un dossier FEDER (fonds européen de développement régional) , en est aux prémices mais est plutôt bien accueilli comme nous avons pu le constater à l’école de Ste Gemme ; en effet, les enseignantes, bien conscientes de l’investissement en temps que ce nouvel outil va exiger, savent aussi apprécier et pointer les avantages qu’il peut leur apporter.
L’ENT, un prétexte pour faire travailler les productions écrites aux élèves.
Tous les enfants de l’école maîtrisent globalement assez bien l’outil informatique ; du côté de la lecture et de la production d’écrits, les enseignantes ne dressent pas le même constat.
De ce fait, elles ont décidé de se servir de l’arrivée d’ALIENOR pour rendre ces deux activités plus attrayantes.
Pour exemple, Emeline Bury, qui est arrivée dans l’école à la rentrée 2013, se sert du blog de l’ENT pour déposer tous les « souvenirs » (photos, documents etc) des travaux de classe. Elle ajoute désormais un texte à chaque « souvenir » que les élèves doivent écrire eux-mêmes.
« Je m’en sers de prétexte pour que les élèves produisent quelque chose qui va être lu, publié et vu par les parents ; pour eux, c’est réel et c’est en cela un élément de motivation et donc de réussite », explique t-elle.
Pour Agnès Bezanilla, « l’outil informatique leur parle alors que le livre, non ». Elle essaie donc au travers du blog mais aussi du mini-site qu’elle a créé sur l’ENT, de produire des travaux de classe qui obligent les élèves à lire puis à écrire.
Aujourd’hui, ils doivent effectuer sur un atelier (car Agnès fonctionne beaucoup par groupes d’élèves pour sa classe multi-niveaux), une lecture en commun sur un livre papier, également disponible sur l’ENT en version PDF ; puis répondre à une série de questions, visibles sur l’ENT.
Un travail qu’Agnès juge « traditionnel » mais où l’ENT apporte une vraie plus-value comme elle nous l’explique :
« La différence, c’est que, comme les questions sont sur l’ENT ainsi que le livre en format PDF, les élèves pourront, s’ils le souhaitent, refaire l’exercice chez eux ».
L’ENT, un moyen de réviser ses travaux de classe, de s’entraîner à la maison.
Pour les élèves, il ne s’agit pas d’amener davantage de travail à la maison car, comme le précise Agnès, elle ne donne pas de devoirs mais uniquement des leçons à revoir.
« Par contre, ils peuvent prendre plaisir à refaire un travail et pour beaucoup, ils le font ».
Verdict des enseignantes ?
« C’est plutôt positif comme expérience ». Pour Emeline qui vient d’arriver dans l’école et qui n’est pas très au fait des pratiques numériques puisque, comme elle le souligne « j’habite dans les 0,1% du territoire français qui n’a pas du tout d’ADSL », l’outil ENT peut apporter une valeur ajoutée dans la classe.
Elle tâtonne pour le moment sur quelques usages simples mais malgré tout, elle a déjà identifié des pratiques qui pourraient l’aider dans sa pédagogie, comme l’exemple de la production d’écrits.
Bien qu’ayant conscience que les débuts promettent d’être chronophages, elle est partante pour s’engager dans l’aventure.
Et pour Agnès, la Directrice, même constat sur l’investissement en temps ; mais pour cette enseignante convaincue par l’absolue nécessité de l’utilisation du numérique en classe, l’ENT va lui apporter beaucoup, à elle mais aussi aux enfants et aux parents.
Et elle met dans la balance un argument de poids, l’apprentissage pour l’entrée en classe de 6ème :
« c’est très bien pour mes élèves de CM2 qui vont partir au collège, de se familiariser avec l’ENT car au collège, ils l’utilisent déjà ! Ils auront tant de nouvelles choses à découvrir et à connaître que le fait d’avoir déjà un « pied » dans l’ENT, leur fait gagner du temps et de la pratique ».
Autour de cet exemple, parmi les 200 écoles actuellement engagées dans l’aventure ALIENOR de l’académie de Bordeaux, nous restons sur une note positive et plutôt encourageante par rapport à de nouvelles pratiques. Affaire à suivre donc…