Je suis forcement influencé par mon propre déploiement, mais les clefs semblent converger vers les quelques points stratégiques.
Une volonté face à un constat
Nous sommes d’accord que l’outil ne modifie pas la pédagogie, mais c’est l’outil qui vient seconder la pédagogie mise en place dans l’établissement.
Le premier point est donc la source même du changement : la nécessité de faire évoluer notre système éducatif pour le mettre plus à l’écoute de nos élèves, afin que ces derniers y trouvent plus naturellement leur place. Le rapport Pisa, comme d’autres, pointe la nécessité de faire évoluer notre façon d’enseigner.
Les élèves eux-mêmes, l’expriment souvent : « On veut résoudre des vrais problèmes et faire des vraies choses ».
Ce premier point serait donc le terrain favorable à une mise en place.
Une formation adéquate
Pas de changement sans éducation. Cela s’applique également aux enseignants.
La formation doit être d’abord technique pour rassurer ces derniers. Les conférenciers ont tous mentionné des temps de formations plus ou moins longs pour leurs enseignants, mais ces temps en amont sont nécessaires pour les mettre en confiance. De nombreux retours d’expériences montrent que les enseignants auront à gérer eux-mêmes les problèmes techniques en classe.
La formation doit être pédagogique puis didactique pour permettre aux enseignants de saisir les enjeux de ces technologies éducatives. L’objectif est de montrer que l’outil ne changera pas les problématiques rencontrées, s’ils ne sont pas accompagnés d’un changement de pratiques. Les formations techniques ne sont que la partie visible du changement à amorcer. Le paradigme enseignant est parfois bousculé par l’usage de l’iPad.
Reste, ce que nombre d’entre eux ont nommé, le défi de la gestion de classe.
La position physique de l’enseignant change par sa mobilité accrue par le biais du « sans fil ». L’écran ne faisant plus « écran » face à l’élève. L’enseignant est plus naturellement poussé à aller au contact direct de l’élève. Sa position « géographique » change donc, ce que j’avais précédemment nommé « le pouvoir de la craie », s’évanouit au profit d’une position plus centrée sur la médiation des savoirs qui circulent dans la classe.
Un accompagnement de chaque instant
Très peu de structure représentée à ce Sommet ont déployé seule leur dispositif. Toutes les équipes éducatives se sont appuyées sur des partenaires qui semblent ici très nombreux. Pour notre part, en France, nous avons quelques revendeurs agréés qui ont cette expertise technique du monde de l’éducation.
A l’inverse des situations déjà rencontrées dans nos régions, la question du WIFI semble peu proéminente et problématique. Aucune étude à l’heure d’aujourd’hui, ne peut montrer une action de ces ondes sur notre santé… Cependant, une infrastructure raisonnée et expliquée aux parents, comme aux enseignants, semble être un premier pas vers le dialogue sur ce sujet.
Enfin, les déploiements du coté technique ne sont pas ou très peu évoqués lors de ce sommet. Les partenaires choisis semblent remplir admirablement cette tâche.
Les parents
Rien de durable ne se produit sans le soutien des parents.
Nombreux établissements ont été poussés par les parents d’élèves, ou par l’image que dégage un établissement qui utilise ces technologies. Les parents sont l’intermédiaire privilégié pour faire vivre un virage dans un établissement. Il nous faut leur accord et leur soutien pour opérer également à la maison, l’éducation numérique abordée à l’école.
Enfin, ce n’est pas tant la technologie qui fait vitrine pour l’établissement, mais le fait que l’établissement ose innover et remettre en question ses pratiques pour faire avancer ses étudiants.
Pratiques créatives
Les pratiques créatives, sont sur le Sommet, selon moi, monnaie courante. C’est une véritable foire aux bonnes idées !
Une pratique créative met l’élève acteur d’une production. Il ne complète pas un document existant, ne réalise pas une recherche sur Internet ou à partir d’un livre numérique. L’élève crée une action originale, c’est à dire, qui lui est propre. L’élève produit donc cette action, organisée par l’enseignant et sous son contrôle. Cependant, chaque élève reconnait sa propre production. Ces méthodes apportent une réelle plus-value affective entre l’apprenant et l’apprentissage, gage d’une mémorisation plus efficace.
Par exemple, l’élève enregistre une video explicative de son action réalisée.
C’est essentiellement les pratiques créatives que les élèves semblent apprécier dans leurs travaux numériques.
Cependant, ne perdons pas de vue qu’une pratique créatrive n’est pas forcément innovante, dans le modèle SAMR, précédemment évoqué.
Pratiques innovantes
Une pratique innovante, quant à elle, met en oeuvre des actions que l’on ne pratiquait pas ou peu avant. Nombreux sont les exemples parmi les collègues qui mettent en place des « serious games » au sein de leurs cours. Contrairement à l’idée préconçue, il ne faut pas rechercher l’application qui va créer le serious games. C’est la pédagogie de l’enseignant qui dicte une règle de jeux, dans laquelle les élèves s’engagent.
Ces actions ont été observées en Francais, en Histoire-Géographie, en Maths.
Je prendrai cette dernière matière pour illustrer mes propos. La découverte de la géométrie dans l’espace par des exercices de pavage (en 6eme par exemple), mais via le jeu, bien connu de nos jeunes élèves: MineCraft (le lego des temps modernes). Un film sur iMovie, peut alors relater les découvertes faites par le biais de ce jeu par exemple.
Des élèves en décrochage scolaire semblent investis dans ce type d’exercices.
A l’inverse, les élèves très (trop?) scolaires semblent perdus par ces pratiques, car ne s’y retrouvent pas dans leurs propres systèmes d’apprentissage.
Nous demandons à nos élèves d’être originaux et créatifs dans leurs productions, mais le sommes nous nous-même? Sommes-nous seulement prêts à l’être? Ce n’est pas ici la technique ou les applications qui sont mises en avant mais l’originalité de la pratique enseignante.
Je ne pense pas que ce type de production soit à mettre en place systématiquement, mais quand cela s’y prête, cela contribue à préparer nos jeunes élèves à s’ouvrir à d’autres façons de travailler et d’évoluer. (indispensable pour la suite de leurs études)
Essayons avant d’émettre un jugement …
Pratiques participatives ou collaboratives
Ce dernier point dans cette série est peut-être le plus complexe à mettre en oeuvre techniquement. Les pratiques collaboratives en classe nécessitent en amont une réflexion technique. Sans aller très loin, les pratiques exposées sont souvent simplement basées sur des lieux de partages accessibles à tous : Dropbox, youtube… La technique ne semble jamais limitante dans ces pratiques: un seul mot d’ordre :
« Je travaille d’abord pour moi, j’enrichis les autres et ces derniers m’enrichissent ».
La plateforme ou la zone de dépôt de document est donc le point central de la classe. Sans aller forcement solliciter une connexion internet, l’iPad de l’enseignant peut être ce point central. Les élèves y puisent les ressources mises à disposition puis y déposent leurs réalisations.
Les clefs plus complexes à trouver
– Les éditeurs de manuels scolaires
Ces retours ne sont cependant pas idylliques. Les manuels scolaires ne semblent pas actuellement répondre aux attentes des enseignants. Tous semblent affirmer que l’édition n’a pas encore pris son envol vers le numérique.
Un éditeur canadien semble cependant décidé à prendre un virage vers le numérique. Les éditions « Grand Duc », présents sur le salon dans les lieux des exposants, propose des manuels scolaires de qualité qui allient à la fois du contenu et une interaction via des applications tierces ou du contenu enrichi. A quand de telles éditions en France ?
Les livres numérisés sont pour l’instant une réponse intéressante en terme de poids et de facilité pour jongler entre les manuels mais n’incitent pas à l’ouverture vers l’extérieur.
– Les problèmes techniques
Selon une étude de nos collègues Suisses sur le sujet, un enseignant qui utilise cette technologie avec de jeunes élèves sera confronté, dans les 3 premières minutes, à un problème technique, qui sera réglé en moins d’une minute.
C’est tout d’abord ces questions qui effraient les enseignants. Cela est compréhensible. Nous ne sommes pas techniciens et nous ne souhaitons pas l’être non-plus. Les enseignants qui semblent les plus rassurés par ces méthodes d’enseignement sont les professeurs qui ne sont pas technophiles. Les problèmes techniques trouvent des solutions toujours très rapidement ce qui est, par contre, très rassurant.
Il n’y a donc pas de recette miracle ou d’assurance réussite. Cependant, avec une réflexion menée avec des personnes habituées à ces pratiques, il est alors possible d’optimiser nos chances de réussite. Ces quelques clefs récoltées à travers les différentes conférences, j’espère, vous permettront de découvrir la pertinence de cet outil.
Je reste à présent ouvert à toutes questions qui puissent faire avancer nos projets communs.