« Dans ma salle, il n’y a plus de tables ; nous nous plaçons en « U « . Les élèves sont debout pour faire de la musique, s’enregistrer ou se filmer. Il est derrière nous le temps où on enseignait la musique en frontal ».
C’est la quatrième année qu’Hervé applique cette méthode de travail avec ses élèves comme le fait d’ailleurs l’ensemble du groupe de travail mis en place sur l’Environnement Numérique de Travail PLACE, qui lui sert de support à tous ses cours.
« Actuellement je travaille sur un projet musical qui rassemble cinq établissements ; nous avons donc créé un groupe de travail inter-établissements sur l’ENT et nous mettons à disposition des enseignants et des élèves, les morceaux en mp3 de ce que nous allons chanter au cours du spectacle ».
Cet accès rapide aux partitions et aux enregistrements partageables entre tous évite de se déplacer, « soit un gain de temps et d’argent inestimable par rapport à la confection du projet ».
Un projet pédagogique réalisable grâce à l’ENT
Ce projet pédagogique inter-établissements existe déjà depuis quatre années et il fonctionne merveilleusement bien ; à chaque fin d’année scolaire, les choristes concernés, au nombre de 180 cette année, réaliseront un concert auprès de 500 spectateurs : parents bien entendu, chefs d’établissement, (amis, élus, professeurs, inspecteurs, personnels de vie scolaire) ; une vraie reconnaissance du travail fourni tout au long de l’année.
Si ce projet a pu voir le jour, c’est grâce à la facilité des échanges et les nombreuses opportunités d’apprentissage rendues possible par les fonctionnalités de l’ENT.
« Le groupe de travail permet à chaque établissement d’aller puiser dans l’ENT pour récupérer partitions, paroles, ainsi que toutes les informations sur les dates et lieux des répétitions ».
Il permet également un travail individualisé avec les élèves, « on peut piocher dans telle ou telle classe pour donner à chaque élève des objectifs précis avec sa partition, ses paroles etc », ajoute Hervé.
En tant que coordinateur du projet, Hervé peut aussi échanger très rapidement avec les autres enseignants du groupe mais aussi avec chaque chef d’établissement : « avec l’ENT, la communication est facilitée via la messagerie pour parler budget, organisation du concert… »
Au quotidien, ça marche comment l’ENT en classe d’éducation musicale ?
Prenons l’exemple d’un cours où l’objectif est l’apprentissage d’un chant.
Sur l’ENT, Hervé met à disposition des élèves l’accompagnement, qui, précise t-il « peut être de deux sortes, avec la voix ou sans la voix ».
L’élève aura donc la possibilité de s’entraîner de plusieurs manières. C’est donc un travail beaucoup plus précis que l’enseignant peut entreprendre sur ce type d’activité et le gros avantage, « c’est que l’élève peut s’entraîner 24h sur 24 et 7 jours sur 7, avec les bandes orchestres qui sont déposées sur l’ENT ».
On peut isoler les voix et les instruments à sa guise, ce qui permet à l’élève de s’habituer à tous les sons.
« Et comme je peux isoler les voix, je peux mettre les basses et les ténors ensemble et je peux réaliser un autre accompagnement avec un instrument ; quand ils arrivent sur scène le jour J, les élèves ont pris des habitudes d’écoute qu’ils n’auraient pas acquises sans l’accès à ce type de ressources », ajoute t-il.
Une progression des élèves incontestable
Le « plus », d’après lui, c’est bien la création.
Sur une heure de cours, l’enseignant peut se rendre sur la page du groupe de travail pour écouter les productions de chaque élève et il peut même comparer avec des élèves d’un autre établissement.
Il crée aussi des vidéos ; Hervé donne l’exemple de l’apprentissage des gestes d’un chef d’orchestre qu’il souhaite faire acquérir aux élèves. Dans ce cas, il demande à un élève de le filmer en pleine action, enregistre ensuite la vidéo sur l’ENT qui servira à l’ensemble du groupe de travail soit les 180 choristes.
Enfin, cela désinhibe beaucoup le jeune qui n’ose pas chanter. « Là, il peut s’entraîner tout seul chez lui dans sa chambre ; il y a encore du travail à faire de ce côté-là mais on progresse beaucoup plus vite ». Ce constat, Hervé ne l’aurait pas fait il y a quatre ans.
D’après lui, il est important que l’enseignement de la musique ne se résume pas à une heure de cours par semaine où professeur et élèves se retrouvent dans la même salle mais bien à un entraînement régulier de l’élève via le groupe de travail en ligne sur l’ENT.
Contrôle et évaluation du travail des élèves
Une fois qu’il a envoyé toutes les ressources aux élèves avec les objectifs à atteindre, Hervé s’assure que chacun d’eux les a bien ouvertes et a travaillé dessus via la réalisation d’un quizz de questions.
Une fois complété, l’élève renvoie directement le quizz sur la messagerie ENT de l’enseignant.
Co-création entre enseignants
La formation d’un groupe de travail sur l’ENT permet aussi une création de cours en commun avec les autres enseignants de musique des établissements impliqués dans le projet.
« Mon collègue enregistre des voix, il me les dépose sur l’ENT ; de mon côté je les « remixe » et à tout moment on peut agir facilement et rapidement sur une création commune grâce à l’ENT », explique Hervé.
Vous rêvez de faire comme Hervé ?
Hervé n’a pas l’impression de faire quelque chose « d’unique en son genre ».
Bien sûr, l’indispensable ingrédient à la recette est d’avoir un ENT dans son établissement – une pratique presque courante en collège et en lycée sur le territoire national, si l’on s’en réfère aux dernières statistiques de la Caisse des Dépôts et Consignations, à ce sujet voir l’article http://www.ludovia.com/2013/12/deploiement-des-ent-larrivee-en-force-de-parents-convaincus/, « 1 élève du secondaire sur 3 a accès à un ENT » – et que l’ENT permette ce genre de pratique (ici, nous avons l’exemple de PLACE qui a été développé par ITOP éducation).
Au niveau matériel, Hervé n’a rien d’extraordinaire dans sa classe qui lui permette d’enseigner de cette façon, comme il le résume « j’ai un ordinateur et un logiciel de musique qui me permettent de faire mes enregistrements ; mais je crois que tout enseignant de musique au jour d’aujourd’hui a ce type d’outils dans sa classe ».
Hervé se plaît à enseigner de cette façon et ça se sent : « après 35 ans de métier, j’avoue que de pouvoir utiliser des outils comme la vidéo ou l’enregistrement sonore, c’est un vrai soulagement, un gain de temps et d’énergie ».
Pour son futur quatrième concert prévu en mai 2014, il est confiant car cette méthode de travail a déjà fait ses preuves.
Avant l’ENT, le travail collaboratif était possible, « on s’envoyait les mp3 par messagerie classique… mais la lenteur de la messagerie ne rendait pas nos échanges très opérationnels ; et surtout les élèves n’avaient pas accès aux ressources ! ».
Il nous explique de quelle manière il se hasardait à transmettre les mp3 aux élèves sur leur messagerie personnelle aux adresses plus ou moins « fantasques », ce qui lui prenait un temps infini.
« Avec l’ENT, on a un accès rapide à toutes les personnes de la communauté », résume t-il.
Et justement, quand on lui demande de résumer son usage de l’ENT dans sa discipline, voici ce qu’il nous répond :
« l’ENT permet un vrai travail d’équipe, beaucoup de temps de gagné et donc plus de production et de meilleurs apprentissages pour mes élèves et enfin un potentiel de stockage largement appréciable » et il ajoute : « et tout cela avec un seul mot de passe » !
Pour Hervé, il faut dépasser l’image plutôt négative du cours de musique d’il y a quelques années où les élèves apprenaient à jouer de la flûte.
Aujourd’hui, il faut leur donner envie d’apprendre et pour cet enseignant, le numérique est la clé de leur motivation.
« Les jeunes s’identifient à ce qu’ils voient à la télévision ou sur Youtube ».
Il donne l’exemple de l’émission « Nouvelle star » : « A nous de déceler les qualités et les défauts de l’émission pour faire progresser nos élèves », conclut-il.