Edumedia, très présent sur le marché international (Canada, Suisse, Angleterre…), n’est pas encore très implanté sur le marché français ; mais ce n’est pas le seul éditeur de ressources numériques dans ce cas. Pourtant, d’après Charles Sol, la France a toutes les qualités requises pour se développer dans ce domaine.
L’organisation de l’école à la française : un atout pour les éditeurs de ressources
D’une part, le côté structurel des institutions françaises est tout à fait propice à accueillir de nouvelles expérimentations. Que ce soit pour les Länder en Allemagne ou les Etats aux Etats-Unis, la politique scolaire applicable peut être différente d’une entité à l’autre. «C’est un frein à la production de contenus», souligne Charles Sol.
Et il ajoute : en France, «c’est une chance d’avoir le même programme scolaire pour tout le pays, car les éditeurs peuvent espérer valider un modèle économique et pédagogique sur une population importante».
Nos voisins d’Outre Manche sont sur le même modèle très «étatisé», globalisé, «mais avec un avantage sur la France, c’est qu’ils ont su imposer leur modèle/curriculum en dehors de leurs frontières. Ainsi l’Inde, le Moyen Orient et bien d’autres pays s’alignent avec le GCSE britannique (General Certificate of Secondary Education)».
Il nous donne l’exemple suivant : pour un éditeur, développer une solution pour le New Jersey aux Etats-Unis n’est pas très intéressant car il n’est pas sûr de pouvoir vendre le même modèle à l’Etat d’à côté.
C’est donc un atout indéniable pour la France que de posséder ce «réservoir» de testeurs qui sont susceptibles d’utiliser le même contenu partout.
La «matière grise» française, un autre atout pour les ressources numériques
D’autre part, le savoir-faire français dans le milieu de l’édition est reconnu, «un savoir-faire didactique et pédagogique qui fait envie», rapporte Charles Sol. Ces compétences et ce savoir-faire proviennent en partie de la compétence des profs auteurs. Elles se transposent bien en mode numérique mais ne trouvent pas preneurs… «Il y a une richesse dans le domaine de la création de ressources et de l’édition multimédia. Mais malheureusement, cette richesse ne trouve pas son public».
Ce côté positif parvient-il à rayonner à l’extérieur ? Charles Sol nous avoue que le cap de la traduction est difficile à franchir pour certains… En effet, pour traduire, il faut investir et l’investissement n’est possible que si le marché national permet de gagner de l’argent. C’est un cercle vertueux que ne connaissent pas encore certains éditeurs français.
Priorité à l’apparence extérieure, peu de place pour le contenu
Dernier point sur lequel Charles Sol voit un réel frein au développement des ressources numériques dans nos écoles françaises, c’est le peu de budget qu’il reste pour le contenu.
Il prend l’exemple des Etats-Unis où, semble t-il, les ressources ne sont pas un problème d’argent. «Quand un enseignant veut acheter une ressource, il demande à l’établissement de l’acheter. Nous sommes sur un modèle de consommation», explique notre éditeur.
«En France, notre grand amour du libre se transforme en un rejet du privé, malgré la qualité et la complémentarité de nos ressources».
Problème d’argent mais pas seulement : pour acheter des ressources dans un établissement, la prise de décision est très complexe.
Une prochaine embellie avec le chèque ressource ?
Pour conclure sur une note positive, Charles Sol voit dans le programme «chèque ressource» du Ministère quelque chose d’encourageant pour l’avenir. L’enseignant va enfin pouvoir choisir lui-même dans un catalogue les ressources dont il a besoin.
Le point de vue de notre interlocuteur est simple : «La chaîne pour arriver jusqu’à l’enseignant était jusqu’à présent trop complexe. Avec le chèque ressource, l’enseignant pourra faire son marché grâce à un code fourni à l’établissement ; la chaîne va être simplifiée». Il ajoute : «j’espère juste que les enseignants vont s’impliquer dans cette démarche».
L’Angleterre a connu un plan similaire entre 2007 et 2008, le «eLearning credits» qui a permis à toutes les écoles, du primaire au secondaire, de se doter en ressources numériques ; une réussite aujourd’hui. Malgré la coupe brutale des crédits que connaît le pays, les TICE sont maintenant bien intégrés dans les écoles anglaises avec 70% des écoles équipées en matériel … et en ressources.
En tout cas, pour Charles Sol, le programme du chèque ressources est une initiative positive puisqu’il y voit une prise de conscience que l’école ne se fera pas sans les contenus.
La suite dans quelques mois…