Véronique, enseignante en maternelle à Mérignac, compte deux ordinateurs «clandestins» dans sa classe, fournis par des parents bienfaiteurs. Lorsque ses deux «clandestins» tombent en panne, elle compte sur un «papa bricoleur» pour lui venir en aide.
Pour l’éducation nationale, ils n’existent pas ; seuls les ordinateurs de la salle informatique sont comptabilisés ; notre enseignante avoue ne pas beaucoup les utiliser, mis à part pour des travaux particuliers comme par exemple projeter les diaporamas des sorties des enfants aux parents. Mais pour elle, le fait de déplacer les enfants dans une autre classe n’est pas approprié. Elle «rêve» d’un TBI. De son point de vue, les TICE doivent s’utiliser dans la même pièce où a lieu l’enseignement, afin de ne pas créer de coupure dans la pédagogie.
De son côté, Jean-Marie ne se plaint pas de l’équipement. Dans son école d’ingénieurs, tout est prévu ; cependant, il avoue se retrouver souvent confronté à un décalage entre l’usage de l’enseignant et le matériel mis en place.
La problématique des ressources est soulevée par Véronique. Par exemple, comment pouvoir utiliser youtube librement ? L’enseignante nous confie avoir des problèmes d’accès à certains sites internet à cause des systèmes de sécurité installés par la commune ; un parcours semé d’embuches pour accéder à des ressources «libres et gratuites» comme youtube, qui pourraient pourtant être utiles à Véronique.
Dans le supérieur, on a franchi le cap grâce aux universités numériques thématiques, qui permettent de rendre facilement accessibles des ressources, comme nous l’explique Jean-Marie. «En tant qu’Universitaire, on a vocation à mettre du contenu (…) ; la culture de la publication existe déjà, dans une certaine mesure (…)».
On parle de faire «la révolution numérique» à l’école : dans l’école de Véronique, cela se concrétise par l’équipement de toutes les classes élémentaires en TBI. Bientôt le TNI «rêvé» dans la classe de Véronique. Mais comme elle le souligne aussi, certains de ses collègues ne sont pas prêts à voir entrer dans leur classe ce nouvel instrument, ils sont «inquiets».
Enfin, en guise de conclusion, relevons une remarque de Jean-Marie sur l’équipement que prévoit la ville de Mérignac pour ses écoles : «toutes les classes de l’école vont être équipés de TBI mais à aucun moment on ne se pose la question de savoir si les enseignants en ont besoin (…). Dans la dimension des équipements numériques, on nie complètement la notion de liberté pédagogique».
Au delà des problèmes d’équipement, de maintenance et de ressources, constatons encore au travers de cette rencontre que l’accompagnement des enseignants, pourtant indispensable à la bonne réussite de tout projet TICE, n’est pas encore dans les priorités et c’est cela qui inquiète les enseignants…