Comment gérer les vols, la sécurité, la dureté des matériels ? Quels niveaux de responsabilité donner à l’élève ?
Faut-il créer des campus numériques au sein de l’établissement, comment gérer le WI-FI et les précautions d’usage ?
Faut-il câbler les tablettes, autoriser les élèves à se connecter ? Les réseaux sont-ils adaptés ? Les constructeurs ont-ils des réponses ?
Autant de thémes débattus sur le BarCamp « mobilité et ouverture » lors de l’Université d’été de Ludovia.
En voici une synthèse, rédigée par François Guité et Laurence Juin
Pour lancer la réflexion et le sujet de l’adaptation des mobiles dans un établissement scolaire, Pascal Bringer, intégrateur de solutions multimédias et concepteur de logiciels pédagogiques chez Maskott, présente un projet pilote avec des tablettes Samsung dans une école primaire du Puy en Velay (Haute Loire).
L’objectif est de tester la pertinence des tablettes sur 2 classes, et de voir comment une équipe de développeurs peuvent collaborer à la conception de solutions didactiques en fonction de besoins exprimés par les enseignants.
Entre autres, quels usages différents permet le portable, et peut-il amener à des formes de mobilité non envisagées au départ?
D’entrée de jeu, les tablettes devaient circuler dans tout l’établissement. Les concepteurs étaient conscients, au départ, du temps nécessaire à la découverte du matériel par les enseignants ignorants de l’outil et de ses possibilités.
On a constaté, très vite, que les premiers pas des enseignants portaient sur des usages de base, comme la navigation internet. On en est venu, progressivement, à distribuer puis à utiliser les tablettes comme des livres, mais avec quelques fonctions intégrées aux logiciels et qui dépassent ce que permet l’imprimé. Éventuellement, les enseignants se sont mis en quête d’outils libres et gratuits, compatibles avec l’appareil, et qui permettent d’en élargir l’usage en classe.
Parmi les apprentissages expérimentés avec les tablettes, notons le travail en langues et en classe préparatoire (CP). Au-delà de l’usage en classe, on a poussé l’expérimentation jusqu’à une activité d’exploitation des fonctions de géolocalisation des tablettes.
La présentation de Pascal Bringer a été accompagnée d’une vidéo du projet dans laquelle on voit les enseignants et les élèves interagir avec les tablettes, mais principalement les enseignants dans les séquences choisies pour la présentation.
Par contre, on constate que les enfants, face à leur tablette, attendent et suivent les consignes de l’enseignant, comme si la tablette avait remplacé le manuel.
Les questions d’après présentation
La présentation terminée, l’animatrice du barcamp a enchaîné avec quelques questions :
1. Comment a-t-on adapté l’usage de la mobilité au sein de l’établissement?
Les tablettes ne facilitent pas l’interaction avec le serveur ou la documentation propre à l’établissement. Il faut comprendre, toutefois, qu’il s’agit d’un outil en développement. Il y a également des questions de sécurité, une préoccupation avec laquelle l’on réussit tant bien que mal est de relier les tablettes au serveur de l’établissement en passant par un proxy.
Il existe par ailleurs collaboration entre l’équipe de production et les besoins de la communauté, notamment en exploitant la géolocalisation.
2. Comment s’opère la collaboration entre les développeurs d’applications et les enseignants ou la communauté?
Dans le cas présent, on est en pleine expérimentation, avec l’appui d’Orange et de Samsung. Le but est de tester les processus de développement d’applications à plus large échelle.
On constate, par ailleurs, que les élèves utilisent de moins en moins les tablettes à la maison, dès lors que les équipements informatiques à domicile sont de plus en plus performants.
Propositions de thèmes pour le barcamp
Thème: la sécurité, l’informatique ambiant.
L’intervenant restitue le problème de la diversité et la multiplicité des supports accessibles. Comment créer une conjecture favorable et adaptée avec le système éducatif français qui tend à l’uniformisation des usages ?
IL cite une personne qui annonce que “la sécurité c’est pour les riches”. Elle suppose que dans des pays en voie de développement, on focalise peut-être plus sur les usages que sur l’outil proprement dit. La sécurité serait une moindre inquiétude. Snobisme des pays développés qui n’auraient plus que cette question pour tergiverser? Un groupe suivant dénoncera ces affirmations.
L’intervenant restitue que tous ces nouveaux outils divers et multiples impose une adaptation de l’enseignant: il doit créer des scénari pédagogiques adaptés et liant.
IL restitue que le système éducatif doit dépasser le débat sur l’objet informatique. Les outils peuvent optimiser et amplifier les actions.
La mobilité impose à la pédagogie un cumul de fonctions adaptatives importantes.
La question de la mobilité individuelle est posée: l’accès à l’outil informatique est encore, parfois, un frein et ne doit pas être facteur e-exclusion.
La question de la cohérence des équipements école/ domicile est-elle aussi posée
Thème: L’utilisation des mobiles personnels
L’intervenant restitue que le Smartphone devient cartable de l’élève: objet personnel à vocation collective. Il faut donc évacuer le thème. IL faut penser en termes d’équipement personnel. Au même titre qu’on demande à l’élève l’achat d’une calculatrice pour un usage scolaire, pourquoi ne pas demander l’achat d’un Smartphone? On pourrait imaginer une aide au financement d’un tel équipement.
La question de la sécurisation du réseau par les opérateurs avec de telles pratiques est posée: une vraie redéfinition des usages est donc à imaginer.
Thème : les conséquences sur le monde de l’édition
Le porte-parole du groupe souligne le problème de l’ergonomie des usages. Les mobiles ont effectivement des caractéristiques de forme qui nous obligent à adapter le contenu des applications à la manipulation des outils.
Il y a, par ailleurs, toute la complexité reliée à la diversité des systèmes d’exploitation et qui s’avère un casse-tête tant pour les développeurs que les gestionnaires.
Il y a aussi de nouvelles difficultés quant à la distribution des contenus au regard de la compatibilité avec les divers appareils.
Enfin, on se demande comment on financera l’utilisation à grande échelle de toute cette technologie.
Thème : les échanges de données
L’intervenant pour le groupe rappelle qu’il n’est pas encore aussi facile de saisir des données sur les mobiles que sur un ordinateur de bureau ou un portable.
Ainsi, les mobiles ne remplacent pas tout à fait le micro-ordinateur.
Thème : pédagogie et mobilité
Certains participants manifestent un intérêt pour les scénari d’utilisation des mobiles à des fins pédagogiques, notamment comment les nouvelles fonctions et les caractéristiques propres aux mobiles peuvent modifier les scénarios d’apprentissage.
D’autres participants ont souligné l’attrait des mobiles pour la formation continue, dont la formation professionnelle des enseignants. Il se trouve que cet aspect du mobile learning est déjà perçue par les organismes qui étudient le développement numérique comme l’une des voies de développement les plus prometteuses pour l’utilisation des mobiles.
Certains s’inquiètent de la diversité des supports numériques. Comment, en effet, composer avec la diversité des appareils et des systèmes d’exploitation dans une perspective de généralisation des pratiques et des apprentissages?
Enfin, il y a toute la question de l’évolution des pratiques pédagogiques en fonction des possibilités d’action (des affordances, pour employer le concept développé par Gibson) que permettent les nouveaux outils. Ces outils, rappelons-le, portent en eux des possibilités d’action tant sur le plan de la créativité que de l’enseignement et de l’apprentissage.
Sans doute y a-t-il lieu de moins se préoccuper de l’unifomité des objets d’apprentissage, et davantage des actions (comparer, analyser, synthétiser, etc.) qui restent universels. Dans cette perspective, il s’agit de voir comment les outils peuvent amplifier l’action.