Mireille Betrancourt, Université de Genève : «Nous sommes aujourd’hui en matière de numérique, confronté à une approche de l’usage des technologies en classe sous plusieurs angles».
Une première approche qui est d’apprendre à utiliser les technologies. Cette approche s’attache à développer les compétences bureautiques, l’éducation aux media, les compétences informationnelles, les modes de construction du savoir. «Le défi de l’école est en effet aujourd’hui de permettre aux élèves d’être capable de juger de la pertinence d’une ressource ou d’un savoir. Nous sommes notamment dans le domaine des vidéos sur une problématique d’infobesité ; il faut que les élèves sachent valider une information».
La deuxième approche est de mener des projets technologiques, cette approche envisage de doter les élèves des compétences de programmation, d’ingénierie et de CAO …Elle est plus spécifique.
La dernière approche est d’apprendre avec les technologies, de permettre d’acquérir du savoir avec les technologies numériques. Cette dernière approche qui paraît la plus simple à mettre en œuvre, est paradoxalement la moins mise en œuvre en salle de classe. La question est de comprendre pourquoi il est parfois difficile d’intégrer cette dernière approche dans un cours.
Le propos est de trouver les conditions d’une intégration réussie de ces technologies dans l’apprentissage. On note que l’informatique a constitué une rupture dans l’organisation de l’établissement ; elle fut principalement due aux matériels qui n’étaient pas adaptés au contexte de l’école (exemple de salle informatique où on ne voit pas les élèves derrières leurs écrans).
Les nouveaux équipements de type notebook ou tablettes apportent un apport certains dans ces premiers inconvénients de l’informatique en classe car ils permettent de retrouver une organisation plus proche de ce que l’école connaît au vu de l’organisation d’une salle de classe.
Deuxième aspect dans cette adaptation du numérique à l’école ; le numérique ce n’est pas que l’utilisation de ressources mais aussi la capacité de production en classe. Troisième point ou de freins est de penser à l’orchestration dans le cours pour que les enseignants retrouvent leur place en utilisant ces ressources.
François Villemonteix de l’Université de Cergy Pontoise présente quelques travaux de recherche sur les pratiques de production de ressources des enseignants. (Tentative de synthèse de sa présentation par nos soins)
L’enseignant agit en salle de classe pas uniquement avec un savoir ou une compétence, il met en œuvre via la technologie éducative une production de ressources qu’elle soit numérique ou non. Ces ressources restent la plupart du temps «locales» car ils ne sont pas sûr de la viabilité de cette ressource, ils ont peur du regard de l’institution sur leur production de ressources. La question est de savoir comment l’enseignant gère la vie de sa ressource, sa vie, sa distribution…
La conception relève en général du bricolage (prendre des petits bouts et en faire une nouvelle ressource). Les constats effectués prouvent, même s’ils ne s’agissait que de travaux de recherche sur des expérimentations, que la mise en œuvre du numérique prend du temps à l’enseignant, que la contrainte technique et un frein, qu’il y a un besoin de routine pour intégrer une facilité dans son processus de production de ressources numériques.
Reste ensuite la réflexion sur les pistes de normalisation et de diffusion de ces ressources via des réseaux d’enseignant ou de prescription par d’autres réseaux à imaginer et mettre en œuvre.
Béatrice Drot-Delange Université Blaise Pascal : Education à l’information et informatique.
Les moteurs de recherche peuvent être considérés comme des médias informatisés, ils sont les principaux moyens utilisés pour accéder à l’information sur Internet. Il est important de comprendre le dimension technique et informatique pour mieux appréhender les résultats qu’ils proposent et leur fiabilité.
Les étudiants utilisent peu de concepts pour décrire le fonctionnement des moteurs de recherche, ce qui compte, c’est le résultat … pas la compréhension. Or les moteurs opèrent des traitements «transparents» … qui déterminent les résultats affichés. Dans le cadre d’une recherche sur une population d’étudiants en information et communication en 1ère année de licence, on cherche à expérimenter et se documenter pour se prononcer sur les fonctionnalités des moteurs : Sensibilité à l’ordre des mots et sur les suggestions de recherche.
Résultats : le moteur «accorde une grande importance» à l’ordre des mots, un tiers considère qu’il n’y a pas de sensibilité
La documentation est peu employée, pas nécessairement perçue comme nécessaire, privilégie l’investigation et difficile à utiliser.
Jacques Ginestié IUFM Université de Provence : «Les processus d’enseignement d’apprentissage amènent à repenser les rapports au savoir dans le contexte de la formation à distance».
L’enseignement existe car la structure d’Etat a décidé que l’enseignant était celui qui avait cette fonction de transmette le savoir ; comme le savoir est un moyen d’agir sur son environnement, il y a un enjeu de pouvoir. L’élève par l’école a pour objectif de s’élever dans la société ; dans ce contexte l’enseignant est un organisateur de la connaissance et des apprentissages, il met en place et accompagne chaque élève.
Aujourd’hui on doit légitimiser la position de l’enseignant car elle s’est affaiblit et son rapport au savoir a changé, aujourd’hui par rapport à la multiplicité des ressources numériques, sa position doit évoluer : aujourd’hui il y a notamment une peur de perte d’identité disciplinaire ; perte de son rôle, remise en cause de sa position dans la classe et dans la société. Il doit donc être formé dans ce nouveau contexte numérique.
Corolaire et conclusions : l’intégration de l’usage des tice dans les pratiques des enseignants pose le problème de leur formation, mais surtout de manière plus complexe de l’intégration, des tic dans les pratiques des formateurs de ces nouveaux enseignants !!!