Ludovia a cherché à comprendre auprès des communes, déjà investies dans les TICE, la place et le rôle que pourra prendre le numérique dans les futurs activités périscolaires, et la politique éducative territoriale de la commune.
Levier de continuité éducative et logistique
Le ministère, dans son projet de loi sur la refondation de l’école, exprime une ambition de continuité éducative à travers différentes mesures : création d’un cycle Cm2-6éme, d’un service public numérique « pour prolonger l’offre des enseignements » et «rapprocher les familles de l’école », développement « des activités périscolaires, prolongeant le service public de l’éducation ».
Dans le guide publié sur les nouveaux rythmes scolaires publié par le ministère le 5 février dernier, le numérique y est également encouragé comme l’une des activités possibles, qu’i s’agisse d’activités dites « d’épanouissement » ou « d’activités pédagogiques complémentaires »
Si le projet de loi suggère la mise en place pour les enseignants d’ « une plateforme d’échange et de mutualisation » ou la mise en place d’une plateforme de ressource collaborative, soit un espace numérique d’échange, ne peut-on pas imaginer que ce type d’outil constitue un véritable trait d’union entre les projets d’école et programmes pédagogiques des enseignants et le projet éducatif de la ville ?
D’autre part « penser le temps de l’enfant tout au long de la journée suppose inévitablement, pour Janine Bouvat, directrice de l’Education de la ville de La Ciotat,que nous partagions les lieux et les équipements entre les équipes scolaires et périscolaires, donc également les infrastructures et matériels numériques ».
Anne Sophie Benoit, présidente de l’ANDEV, voit également dans « le numérique, un levier de continuité éducative entre le scolaire et le périscolaire, qui peut favoriser le flux des contenus et de la coordination administrative ».
C’est ce que l’on observe en particulier dans les villes, qui dans le cadre de leurs politiques éducatives territoriales, définissant le cadre de la continuité éducative entre le scolaire et le périscolaire, ont privilégié la mutualisation des outils, la formation des animateurs, et la mise en œuvre d’un partenariat suivi entre l’Education Nationale et la ville.
A Issy les Moulineaux par exemple, l’usage d’un espace numérique collaboratif partagé entre l’équipe enseignante et périscolaire a été expérimenté dans une école entre février et juin 2012, pour être étendu à plusieurs écoles depuis septembre 2012.
Cet espace numérique d’échange intègre les partenaires associatifs naturels de la ville, qui œuvrent dans le cadre des animations périscolaires : développement d’un serious game, atelier d’écriture, animation numérique suite à la visite d’un musée avec la classe grâce à l’usage d’une mallette de ballado-diffusion, etc.
A Angers, on mutualise également les équipements numériques entre le scolaire et le périscolaire. A l’école élémentaire Isoret en particulier, où a été maintenu le rythmes des 4 jours ½, l’un des projets d’école était de suivre un coureur du Vendée Globe. Ce projet permettait, entre autres dans le cadre des objectifs pédagogiques, de faire travailler en groupe les enfants sur l’expression écrite et parlée : concevoir en équipe un message et savoir l’exprimer. En parallèle, afin d’animer ce projet, les enfants ont participé sur le temps périscolaire à la fabrication d’un bateau, conçu au départ avec les outils numériques de l’école.
Dans une autre école de la ville, certaines applications sur tablettes vont permettre, pendant les activités périscolaires, la création d’une pièce de théâtre.
« Ces exemples illustrent bien, selon Luc Belot, député de la 1ère circonscription du Maine-et-Loire, le trait d’union établit entre les activités scolaires et périscolaires et cristallise l’homogénéité et la cohérence du projet éducatif territorial ».
Mais « chaque école devra monter son propre projet progressivement, et l’adapter, précise t-il, selon le contexte aux parcours pédagogiques, définis avec la ville dans le cadre de son projet éducatif territorial ».
Des choix financiers nécessaires
Mais créer des ponts organisationnels entre les équipes enseignantes et périscolaires engendrent auprès de nombreux directeurs éducation des villes des interrogations sur les conditions de mutualisation des outils et de sécurisation et de maintenance de ces matériels, sans oublier la formation des animateurs, et, donc par voie de conséquence des investissements et des coûts de fonctionnement supplémentaires.
« Nos animateurs n’ont pas la compétence pour manier les usages numériques, et nous craignons que des incidents techniques survenus lors de séances périscolaires entravent les usages des matériels dédiés aux enseignants », avance la responsable des affaires scolaires d’une ville des Yvelines.
« L’organisation à mettre en place pour faire face aux nouveaux rythmes scolaires sera très coûteuse et investir dans des équipements informatiques et dans la formation des animateurs n’est pas notre priorité », affirme le directeur éducation et jeunesse d’une autre ville des Bouches du Rhône.
Pourtant peu argentées, certaines communes comme La Ciotat estiment néanmoins que les outils numériques sont justement une réponse réaliste aux questions que pose le réaménagement des temps de vie scolaire et périscolaire.
« Bien pensé, une architecture et un équipement numérique dans une école peuvent être une réponse aux problématiques rencontrées avec l’aménagement des nouveaux rythmes scolaires tant au niveau des objectifs éducatifs de la ville, que dans la gestion administrative des personnels. D’autant que des solutions à moindre coût existent », souligne Janine Bouvat.
« L’usage d’un espace numérique collaboratif de travail ou d’échange, poursuit-elle, permet une meilleure gestion et coordination des plannings et des contraintes logistiques. D’autre part les restrictions budgétaires entrainent des choix financiers et le numérique est à terme un outil permettant d’optimiser ses investissements ».
Même discours du côté des grandes villes : « Aménager des activités périscolaires aura un coût indéniable, et le numérique en est un. Mais il présente de tels avantages, qu’il devient aujourd’hui incontournable de l’intégrer dans les plans éducatifs territoriaux », confirme Luc Belot.
MF. Bodiguian,
AMO-TICE
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