ACTION PUBLIQUE

Le collège numérique est-il fin prêt ?

Collèges connectés, Collèges préfigurateurs, quelle leçon peut on en tirer pour demain ?

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Max Aubernon chargé de mission « collèges connectés » à la DNE, , Jamel El Ayachi Principaldu collège du Mas d’Azil et collège préfigurateur, Monique Groc cheffe du Service Support et relations Utilisateurs et Informatique des établissements Scolaires Conseil Départemental Haute-Garonne et Frédéric Jourdan enseignant au collège Jean Jaurès d’Albi ont répondu aux questions de Jean-Pierre Quignaux(1).

La mise en place du dispositif dédié aux collèges préfigurateurs s’est essentiellement inspirée de l’expérience des collèges connectés, encore appelés CoCons.
Aujourd’hui, la DNE vise à se mettre au service du terrain en encourageant les actions transversales pour monter en compétence de projet en projet.

Il s’agit de donner la parole aux utilisateurs finaux.

Lors de cette session, l’ensemble des intervenants a passé au crible les bonnes pratiques et les problèmes rencontrés par les collèges connectés et préfigurateurs, tant au niveau des responsabilités qui incombent aux collectivités que des dispositifs mis en place.

Un dispositif dont se réjouit Jamel El Ayachi, principal d’un collège préfigurateur et qui, depuis le début de cette opération, connaît des conditions on ne peut plus clémente grâce à l’accompagnement tant de l’état que des constructeurs.

A contrario, Frédéric Jourdan, du Collège Connecté Jean Jaurès d’Albi, a connu les nombreux désagréments des premières expérimentations des collèges connectés ; des situations difficiles qui ont été relevées grâce aux échanges avec les autres collèges connectés.

Parmi les retours d’expérience passées au cribles : la question liée au débit internet qui, au vu des pratiques observées dans les collèges connectées, conditionne les usages, mais comme le précise Max Aubernon, l’ingéniosité des enseignants à s’adapter aux faibles débits est sans limite pour inventer et développer les usages.

Concernant la maintenance, selon son expression,  » c’est comme le ménage, la meilleure est celle qui ne se voit pas. » Elle doit être transparente pour donner confiance aux enseignants et leur donner l’envie de développer toujours plus les usages.

La maintenance relève aujourd’hui, rappelons le, depuis la loi sur la refondation de l’Ecole, des budgets et de la responsabilités des collectivités territoriales, sans compensation financière. Concrètement, elle s’organise autour des équipes du département, avec le soutien et les transferts de compétences des équipes qui dépendent du rectorat.

Pourtant vu et vécu de l’intérieur, Mme Groc souligne que si la maintenance doit apparaître transparente, elle n’en reste pas moins une organisation complexe a mettre en oeuvre, dont le budget pour la Haute-Garonne, avec les infrastructures inhérentes, a été multiplié par 3,5.

Parmi les autres sujets débattus, le câblage électrique, la casse et vol, le rechargement des tablettes au domicile par les élèves, qui fait partie à présent comme le précise Frédéric Jourdan, d’une mesure de discipline.

En question également, la durée de vie des tablettes et le renouvellement de matériel, dont on ne dispose d’aucun recul à ce jour ainsi que les ressources, la formation des enseignants et la gouvernance des projets.

Concernant la formation, si auparavant un pôle d’appui répondait juste aux demandes des enseignants, une pratique commence à s’instaurer : un formateur est aujourd’hui présent une fois par semaine en jour décalé dans les établissements, afin de permettre à tous les enseignants d’en bénéficier selon leurs agendas.

Quant à la gouvernance, une convention est systématiquement signée entre l’Education Nationale et le conseil départemental et, en local, un travail régulier est effectué dans chaque établissement, avec un gestionnaire réseau et un correspondant maintenance.

Faire « tâche d’huile et susciter l’envie« 

L’objectif de l’ensemble des projets lancé par la DNE est de créer avec ces dispositifs, selon les mots de Max Aubernon, « un fer de lance afin de susciter l’envie et créer un dynamisme auprès des autres collèges et collectivités »

Les collèges connectés et préfigurateurs jouent donc le rôle d’incubateurs d’une nouvelle façon de faire.

Pour faire « tâche d’huile » en échangeant les pratiques, plusieurs dispositifs d’évaluation ont été mis en  place :

Une première a été organisée par la Caisse des Dépôts et Consignation sur les 23ers collèges connectés pour les matériels et se poursuivra sur ces établissements.

Concernant l’observation des pratiques, une évaluation globale est mise en oeuvre grâce à des analyses et études universitaires, avec des enseignants qui mènent des missions de recherches-actions sur un long terme en fonction des conditions de chaque projet.

Pour exemple, Frédéric Jourdan souligne les 2 expérimentations choisies par le département du Tarn et les services de l’Education Nationale : en effet, dans son collège, une classe a été équipée de tablettes, qui restent au collège et dans un autre collège, tous les élèves ont été équipés et remportent les tablettes chez eux.

Ensuite au niveau local, chaque collectivité et chaque établissement doit définir ses critères d’évaluation et envisager ses champs d’évolution à venir.

Certes comme le souligne, Jean Pierre Quignaux, un écart risque de se creuser entre les collèges pionniers (connectés, ou préfigurateurs) et les autres.

Mais avec les années, la multiplication des projets combleront cette différence nous assure Max Aubernon pour tendre vers une généralisation des usages à travers la mise en place de procédures. Il s’agit de se rapprocher d’une notion de label, qualifier en fonction de compétences fédératrices, que véhiculent également le Club des Partenaires (ADF, AMF, DNE, AMRF, etc. )

L’évolution sera également facilitée par un ajustement des référentiels ( CARMO) et des critères demandés dans les appels à projets successifs. Pour exemple, suite à un département qui a pu constater que son taux de casse de tablettes était passé de 20 à 2% grâce à l’équipement de certains types de coque, le dernier appel à projet a intégré cette donnée dans ses requêtes.

A ceci Monique Groc confirme que les services de la Haute-Garonne sont bien décidés à proposer aux élus un nouveau plan en 2016 qui tiendra compte des enseignements des collèges préfigurateurs, en abandonnant la multiplication des unités centrales et en s’orientant vers des équipements individuels.

Les retours d’experiences des collèges connectés et collèges préfigurateurs feront donc l’objet d’évolutions pour un deuxième vague d’appels à projets prévus en 2016.

A suivre…..

(1) Jean Pierre Quignaux est responsable de la Mission « Usages et Services numériques, Innovation et  Aménagement Numérique du Territoire » de l’Assemblée des Départements de France.

 

 

 

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