L’utilisation des technologies de l’information en pédagogie est fortement valorisée. La littérature scientifique, la presse spécialisée et les médias citent régulièrement le caractère novateur de la démarche qui pourrait même « prolonger le temps de l’école par le numérique, favoriser l’égalité des chances et la réussite scolaire » (Fourgous, 2010 : 216).
Ces dispositifs sont en concurrence et de plus en plus nombreux. Dans un tel contexte, les supports socio-numériques comme Facebook apparaissent comme porteurs d’atouts car la plupart des apprenants les emploient déjà. Ce sont d’ailleurs eux qui les ont introduits dans les établissements.
Les pédagogues ont naturellement cherché à s’en emparer pour bénéficier de la motivation qu’ils drainent.
Mais il semblerait que leur « scolarisation soit vécue comme une atteinte (…) à l’espace-temps privatif des apprenants » (Cerisier, Popuri, 2011).
L’éducation ferait donc irruption dans le milieu des sites de réseautage social auquel elle emprunte notamment les modalités de gestion de groupe et les ancrages collaboratifs.
C’est sous cet angle que l’interview aborde les motivations de choix d’objets communicants, le plus souvent effectués en faveur des outils privés et non des ENT. Elle évoque la gestion d’un DU à Carcassonne où les apprenants sont placés par leur référent pédagogique en situation d’utiliser le site social comme un dispositif sociopédagogique. Ces apprenants, après avoir recherché une autre plateforme sont revenus… à Facebook, même si cela ne les satisfait pas.
Alors que l’ENT est soit ignoré, soit jugé peu pratique et insuffisant, Facebook apparaît comme une opportunité difficile à contourner, faute de mieux.
Son « organisation » de type blog où les contenus plus anciens sont recouverts par les nouveaux ne correspond pas à une approche de gestion de projet et finit par faire perdre du temps. Malgré cela, Facebook peut favoriser la collaboration à condition d’apprendre à l’utiliser. Ainsi, l’appropriation par la pédagogie de cet outil participe-t-elle au renouvellement des dispositifs pédagogiques auquel appelle Romainville (2000).
Référence : Gobert T. (2014), Le métissage des outils communicants, un complément pour les ENT ? Dispositifs, jeux, enjeux, hors jeu, Toulon : TICEMED 9, 15 au 16 avril 2014.
A propos de l’auteur :
Thierry Gobert est maître de conférences de l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD) au Centre de Recehrche sur les Sociétés et les Environnements Méditerranéens (CRESEM) et associé à l’Institut des Recherches en Sciences de l’Information et de la Communication (IRSIC) d’Aix-Marseille Université. Il dirige le Diplôme d’Unviersité (DU) Photojournalisme, Communication et Images Aériennes en partenariat avec Visa pour l’Image et préside le comité directeur Languedoc Roussillon de la fédération française d’ULM.
Après une première carrière dans le privé à concevoir des produits culturels et à participer au déploiement d’Internet en France, Thierry Gobert intègre l’enseignement et la recherche. D’abord intéressé par les relations homme machine et l’analyse des interfaces, il s’est tourné vers les pratiques et usages qui leur sont liés sur des terrains variés en aéronautique, éducation et praxis sociales.
E-mail : tgobert@univ-perp.fr
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DU Photojournalisme : www.photocom.eu