Le droit à l’image…
Pour nous aider à appréhender le cadre légal, je renvoie les acteurs éducatifs à ceci : article Eduscol.
La première chose qui interroge est le dispositif de diffusion. Internet a développé une forme de méfiance systématique sur l’image. Je n’essaierai pas d’en expliquer les causes, mai pour moi il y a deux grandes raisons : la méconnaissance et l’argent. Bref !
Il demeure toutefois nécessaire de se poser la question de l’intérêt de tout faire passer par internet aujourd’hui, sachant que si l’image est utilisée, c’est dans un but pédagogique et que la connaissance immédiate du résultat, sa finalisation et son interprétation demeurent des aspects plus conséquents de l’intérêt qu’il y a à introduire l’image dans sa pédagogie.
C’est sur ce point que je souhaite vous informer. Un bilan actuel qui met en avant de nouvelles stratégies que les tablettes ont permis d’insérer de manière plus aisée dans les séquences d’apprentissages, et que les développeurs ont rendu plu intuitives, intéressantes et pérennes.
Un développement bien avisé au regard de ce qu’est une tablette aujourd’hui : outil multi-fonctions permettant de se connecter à internet, mais équipé d’une caméra faisant fonction d’appareil photographique, de caméscope et de dictaphone.
La projection de contenus
. présentation de cours
. affichage de résultats
La projection d’actions
Il existe avec la vidéo, plusieurs types de contenus. Ceux qui s’exploitent dans l’immédiat ou avec un différé très court, et le contenu enregistré dont l’exploitation est tirée d’une analyse plus longue ou d’une représentation de modèle :
. vidéo expérimentale de modèle (enregistrement)
. vidéo de restitution à postériori (enregistrement)
. vidéo de restitution immédiate (différé/immédiat)
Après avoir vanté le mérite du picoprojecteur dans la restitution de contenus, petite expérimentation sur la restitution immédiate de l’action avec l’enregistrement et l’analyse d’une séquence filmée à l’instant.
Pour support, l’activité badminton en classe de 3ème… Et pour thèmes :
– le placement des appuis et l’orientation du corps
– l’engagement du jeu et la connaissance de la règle au service
– la stratégie dans le jeu en fonction du placement adverse
Pourquoi toutes ces précisions ?
De manière courante, on aborde ces thèmes pour faire évoluer le niveau de jeu des élèves en considérant qu’un schéma (lorsque c’est possible), une démonstration (à allure réduite, par placement ou en jeu réel) peut suffire à faire comprendre ce que l’on recherche. Dans le cas de cette séance, le jeu est lancé, les rotations organisées à partir de l’application ATP Network (PDAgogie.com ), module en réseau qui permet la saisie et le choix d’adversaire, ainsi que l’affichage du classement et de son évolution en des points multiples.
Pour la vidéo, j’utilise une tablette 7″. Cette tablette permet la transmission d’images via le NumCast distribué par Easytis, et qui est auto-alimenté par le pico-projecteur. La prise de vue sur la tablette est d’excellente qualité, l’analyse rapide des vidéos et leur renommage est effectué avec l’application Coach’s Eye (version payante avec les options). D’autres applications existent, certaines gratuites. J’ai choisi celle-ci pour la fluidité et la rapidité des modules d’analyse autant que pour sa capacité à proposer des outils variés et intéressants. Cette rapidité d’analyse est un atout pédagogique, car le retraitement logiciel ne doit pas empiéter sur le temps de travail et certaines applications montrent leurs limites dans ce domaine.
Une fois les vidéos sélectionnées, chacune étant très courtes, tout cela après un temps d’analyse des comportements et une prise de vue rapide, on s’accorde un temps pour visionner et comprendre.
C’est un temps de retour immédiat, dont la valeur sur le terrain est de mettre en évidence des actions venant de se réaliser et pouvant servir de référence ou être améliorées. Pour certains élèves, cela s’avère être de la valorisation, pour d’autres un temps de prise de conscience. Les images sont introduites comme des éléments supports servant à envisager des solutions dans l’attitude et les choix.
J’ai, jusqu’alors, très peu utilisé la vidéo en cours. Les dispositifs proposés s’avéraient encombrants, fastidieux et chronophages. Pour des séquences courtes, un intérêt probable, mais avec des mises en oeuvre trop conséquentes. Avec les nouvelles dispositions matérielles étudiées dans mes séances, j’en arrive à réviser ma position et constater de ce fait les effets positifs d’un numérique adapté.
Un aspect fondamental à cette démonstration est celui de l’image et de l’élève dans sa représentation de l’utilisation de l’image. le fait de me voir filmer, et de me voir sélectionner les instants essentiels (ainsi que de constater la suppression de ceux sans réel intérêt), estompe considérablement l’appréhension développée autour des notions de droit à l’image, d’exploitation tardive de ces images et des moyens de leur restitution.
Un second passage non négligeable dans la pratique : l’utilisation de vidéos en streaming…
Le principe est intéressant et se développera certainement. La tablette prend une vidéo qu’elle affiche en fonction d’un délai… L’action se passe, elle est filmée et restituée sans manipulation dans un délai choisi par l’utilisateur. Aucune vidéo n’est enregistrée. Certaines applications comme Bam Video Delay sur iOS permettent de reproduire la prise de vue jusqu’à 4 fois dans des délais paramétrables.
Pour la profession EPS, cette démarche est évidente. Elle permet aux élèves, en ciblant des points précis d’observation, d’avoir une analyse immédiate de leur corps en mouvement sans avoir à manipuler de manière active un outil. Et pour appuyer sur notre philosophie initiale, rappeler que les vidéos n’étant pas enregistrées, elles ne suscitent pas d’interrogation sur leur conservation et leur utilisation future.
Et en terme de progression des élèves ?
De manière ponctuelle, cette stratégie s’avèrera payante. Les premiers résultats, immédiats, sont liés à l’effort de respect de la règle. Ces images jouent le rôle de révélateur de l’oeil de l’enseignant !
Si mes élèves se posent la question de savoir ce que je regarde et ce que je vois, le fait d’avoir en quelques minutes, observé, filmé et projeté leurs attitudes et comportements produit un effet qui me surprend encore moi-même. J’ai mis un peu de temps à analyser et comprendre, et j’en conclus que ces images sont, pour eux, des révélateurs de nos compétences et de notre savoir ; et de ce fait se transmettent comme un contenu pris ailleurs, dans un autre contexte que nous savons exploiter. Les capacités des logiciels à annoter, séquencer et sérier sont un atout de taille dans cette représentation.
Dans le cas du streaming, volume de pratique et visionnage vont souvent de pair. Je pratique et je me vois. Je regarde tout d’abord sans vraiment savoir, prêtant attention à mon image plus qu’à mon action. Mais la fonction étant bien ce qu’elle est, la répétition de ces aménagements permet d’orienter le regard vers la pratique critique et associée aux impératives consignes liées aux apprentissages.
Nous en sommes arrivés à une troisième étape tout aussi importante aujourd’hui : la verbalisation.
Ces applications permettent de reproduire des vidéos sur lesquelles sont ajoutées commentaires et manipulations. Tout naturellement, de nouvelles stratégies se mettent en place débouchant sur la concrétisation de pratiques interdisciplinaires. On parle beaucoup aujourd’hui de e-learning et d’auto-formation. On associe tout cela à l’utilisation du web pour transmettre les contenus.
Sur notre terrain à nous, éducatif et sportif, mais avant tout éducatif, connexion et échanges de données sont des aspects encore loin de l’utopie de la perfection. Au travers des équipements tablettes, les ressources que nous utilisons et développons, intègrent de manière cohérente les contraintes des environnements pédagogiques et font bien plus que promettre quelque chose de meilleur, elles le formalisent. C’est toute la cohérence qu’il y a à promouvoir la valeur de l’enseignant-développeur !
De ce fait l’échange de contenu et l’analyse se font sur le terrain et se retrouve au sein du device concerné tout en étant exploitable à postériori sur ce même outil ou par transmission en ligne dans un espace dédié comme un ENT.
Ici, à nouveau, la sécurisation de l’espace réduit considérablement la crainte de la diffusion de son image et ramène le débat à la notion d’apprentissage, de construction et de progression. Un des objectifs assigné à cette usage est la maîtrise de l’expression et l’appropriation d’un vocabulaire en relation avec la pratique. Je vais travailler de manière très précise sur ce domaine, associé à David Perissinotto (Développeur comme moi chez PDAgogie.com) et Mikael Sofianos (membre du GEPEPS de Versailles, comme nous) ayant déjà largement dégrossi le concept et obtenu d’excellents résultats dans un environnement scolaire certes plus « simple », mais offrant une inspiration parfaite à celui qui est le mien, « moins simple ».
Un dernier point sur l’image ; un aspect qui sera certainement développé au sein du réseau CANOPE, plus particulièrement à Evry, les applications renvoient les images « taguées » vers un espace sécurisé, accessible uniquement aux élèves concernés, permettant d’encadrer des sorties pédagogiques, des actions ponctuelles, l’association sportive et des séquences pédagogiques de tous ordres, dans toutes les disciplines.
Il s’agit du projet PHOTO Live.
Une expérimentation en acrosport nous a conduit à utiliser ce concept très intuitif et automatique (redimensionnement, réorientation automatique, attribution à l’élève et identification des rubriques et dates) pour transmettre les images des réalisations de figures acrobatiques réalisées en cours, à des fins de préparation et affinement des enchaînements pour les séances à venir.
Cette démarche a permis de mieux appréhender l’autoscopie et a rationalisé le travail toujours trop court en leçon. Pour le professeur, c’est la possibilité de laisser travailler les élèves à la réalisation des images et à leurs identifications tout en les récupérant très facilement (synchronisation rapide à partir du serveur, les images sont allégées automatiquement par l’application).
Cette démarche rassure également, car les images ne sont accessibles à aucun moteur de recherche du fait de leur résidence dans un espace sécurisé, hébergé sur le territoire national et ayant comme unique vocation de participer à l’éducation et la formation des élèves.
Ces images peuvent être rendues attractives par la possibilité de travailler dessus avec des outils d’annotation (Skitch) offrant une grande souplesse d’utilisation (vous aurez remarqué le floutage de certains visages, et la pose de repères visant à sensibiliser les élèves sur les points à améliorer pour arriver au meilleur résultat).
Il y a de nouvelles perspectives qui s’offrent à nous dans le domaine de l’image et la réalisation de ressources. Nous expérimentons l’image active et la réalité augmentée pour évaluer le potentiel de ces outils. Ce sont les plus-values qui nous intéressent et la possibilité de mettre en avant l’utilité des outils et ressources dans l’amélioration de la pratique tout en développant chez l’élève, une culture numérique visant à lui permettre de s’approprier les outils, les ressources et les espaces de diffusion et lui permettre de également de progresser dans sa pratique physique.
En conclusion
Mon idée initiale était de rassurer sur l’utilisation de l’image, et pour ne pas sombrer dans le discours théorique, j’ai souhaité vous faire part des avancées en éducation physique et sportive « et au-delà » afin de rendre pratique et visuel l’ensemble des dispositifs en oeuvre. Il faut bien avoir conscience que ces usages se développent sur l’ensemble du territoire, et depuis bien longtemps.
Fabrice Bruchon, dans l’académie de Creteil a largement contribué à l’introduction de l’image, travaux repris à ce jour par ses remplaçants. L’académie d’Amiens a utilisé des dispositifs plus lourds mais tout aussi intéressants avec Bernard Dancoisne . Nous retrouvons des expérimentations dans l’Académie de Reims. Il apparait à ce jour que les nouveaux outils ont permis de se servir de ces entrées pour expérimenter des dispositifs. Sur ce point tout particulièrement, nous avons pu travailler à quelques-uns et vous faire un bilan de ce que nous ont inspiré ces expérimentations et comment nous les avons introduites au quotidien dans notre pédagogie, en réponse à des besoins, et en allégeant les dispositifs qui n’épargnent toutefois pas l’impérative nécessité d’investir dans le matériel … et la ressource.
Nombreux sont les enseignants qui investissent le domaine du numérique en entrant par l’image. Je n’avais jusqu’à présent qu’effleuré le sujet j’espère vous avoir éclairé dessus à présent. Je vous invite à venir consulter de temps en temps cette page https://www.facebook.com/iMarsAttack, pour des scénarios « en temps réel » en rapport avec cet exposé. Des scénarios dont les dispositifs allégés pourront éclairer les conceptions et proposer des idées.
En savoir plus :
sur les dispositifs d’images : Réseau CANOPE, avec la mise en place d’un dispositif complet extérieur rassemblant image et ENT, en course de relais. et également l’article sur « Identifier les points forts d’une séance : ce que les élèves retiennent ! ».
http://www.cddp91.ac-versailles.fr/spip.php?article1170
Liens utiles :
Coach’s eye : https://www.coachseye.com
Ubersense : http://www.ubersense.com
O’see : http://www.osee-app.com
QuikCoach : http://quikcoach.com
PHOTO Live : http://www.pro-eps.fr/site/applications/photo-live
Kinovea : http://www.kinovea.org
Skitch : disponible en liens séparés pour tous les systèmes
Video en streaming :
BaM Video Delay (iOS) : https://itunes.apple.com/fr/app/bam-delay-mirror/id517673842?mt=8
Video Coach Evaluation (équivalent sur Androïd) : https://play.google.com/store/apps/details?id=com.appyhand.videocoach