Par Marie-France Bodiguian Cabinet AMO-TICE
Collectivités vous le savez, aux côtés des problématiques techniques, la formation pédagogique initiale et continue des enseignants est l’une des pierres angulaires de la réussite de votre projet d’Ecole Numérique.
Selon le schéma habituel, la formation des enseignants reste le domaine de compétence de l’Education Nationale tandis que votre responsabilité est engagée dès lors qu’il s’agit de maintenance et de continuité de service. Jusque-là rien de nouveau.
Mais votre rôle s’arrête-t-il vraiment là ?
Au-delà d’être le « financeur » des équipements et infrastructures, d’être le garant de la continuité de service, vous êtes bien sûr le maître d’œuvre, en charge de la gouvernance. C’est donc à vous de motiver les acteurs impliqués, de mener et gérer les compétences de chacun, d’initier et d’encadrer les partenariats, dont celui, incontournable, avec l’Education Nationale.
Délicat d’analyser l’autopsie de projets enterrés, malheureusement trop nombreux, d’usages initiés avec enthousiasme puis abandonnés faute de suivi. En revanche, l’analyse des succès et l’expérience de nos missions, réussies, nous fournissent des enseignements pertinents.
Je vous livre donc ici les 7 règles à respecter pour bâtir les fondements d’un partenariat privilégié et pérenne avec L’Education Nationale,
1/ Impliquez dès que possible dans votre projet l’Inspecteur d’Education Nationale, l’animateur TICE, le conseiller pédagogique de votre circonscription ainsi que les directeurs et enseignants de vos écoles. Pour cela :
- Invitez-les à chacun de vos comités de pilotage, car le succès d’un tel projet, on ne le dira jamais assez, repose sur la conjugaison des compétences de chacun, orchestré par un chef de projet.
- Consultez les enseignants, avec l’accord de votre IEN, afin de comprendre leurs attentes et leur freins face au numérique, puis dans un second temps, de leur présenter les différents scénarii d’équipements et infrastructures que vous envisagez. Leur avis pourra vous permettre de finaliser ensuite votre projet.
2/ Consultez les enseignants : Tout en respectant leur expertise pédagogique, cherchez à comprendre :
– leurs motivations, au départ de votre projet, car il est bien normal que, même si le numérique est inscrit dans la loi sur la refondation de l’école, leur degré d’implication ne sera pas simultanément le même pour tous. Connaître ainsi l’approche des enseignants dans votre commune vous permettra de mesurer et d’orienter vos investissements dans le cadre d’un plan pluriannuel, que vous ferez évoluer au fil du temps selon des critères de suivi à définir.
– leurs problèmes organisationnels au sein de l’école et de leur classe afin de leur proposer des solutions, auxquelles les usages du numériques peuvent répondre. Attention, partez bien des problèmes et des besoins d’usages pour trouver les solutions d’équipements et d’infrastructures et non le contraire, qui s’est souvent avéré contre-productif.
3/ Effectuez une veille régulière sur les différentes actions menées par le ministère de l’Education Nationale en matière de numérique afin de comprendre les problématiques et contraintes des services déconcentrés (IEN, animateurs tice, conseillers pédagogiques) et des enseignants de vos écoles. Cela permettra d’instaurer rapidement un climat de confiance et un dialogue transparent.
Des pistes parmi d’autres : le nouveau réseau CANOPE, la prise en main par les enseignants de la plateforme de formation à distance M@gistère, qui intégrera dans les mois à venir des parcours sur les usages du numérique, etc.
4/ Valorisez auprès des enseignants les moins intéressés, les bénéfices du numérique en matière de conditions de travail. Car les outils numériques peuvent considérablement faciliter leur vie quotidienne grâce par exemple au stockage centralisé des contenus pédagogiques et à leur mutualisation au sein de l’école. Ils facilitent également la gestion de la classe, en captivant l’attention et améliorant la concentration des élèves, etc. Les récents succès des expériences de pédagogie inversée grâce aux usages du numérique en sont des exemples les plus probants.
5/ Etudiez avec votre IEN de circonscription, de quelle manière, comme l’avait annoncé M. Peillon, en juin 2013 lors de sa conférence « pour faire rentrer l’école dans l’ère du numérique », le ou les conseillers pédagogiques en charge de vos écoles, pourront intervenir comme relais de l’animateur TICE, aux côtés des enseignants et de la ville. Car comme vous le savez certainement, et comme l’avait alors confirmé le ministre, les animateurs Tice sont responsables de grandes ou très denses circonscriptions.
De ce fait le nombre considérable d’écoles, dont ils ont la charge leur rend difficile un suivi fréquent et rapproché des enseignants en matière d’usage numérique.
Pour cela, le conseiller pédagogique devra alors bien sûr être formé. Ce dont vous devrez tenir compte dans votre calendrier de mise en œuvre.
6/ Signez une convention avec l’Education Nationale où les rôles de chacun, services de la ville et Education Nationale, ainsi que les directeurs des écoles seront clairement exprimés. Convenez ensemble de suivre les usages chaque trimestre ou chaque semestre, selon des critères de suivi préalablement définis.
7/ Accompagnez le changement en valorisant dans votre commune, les enseignants dès les premiers usages du numérique dans les classes, afin de motiver leur implication sur le long terme. Une stratégie de communication bien menée à cet effet permettra également d’encourager le développement des usages sur l’ensemble des écoles, en particulier auprès des autres enseignants, qui ne se seraient pas encore lancés dans l’aventure.
Voilà à vous de jouer, vous avez à présent toutes les cartes en main pour bâtir les fondements de votre partenariat avec l’Education Nationale.
Et vous, comment avez-vous construit votre partenariat avec l’Education Nationale ?