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  • Comment diagnostiquer les besoins de votre  future école numérique ? 2ème partie.

    Comment diagnostiquer les besoins de votre future école numérique ? 2ème partie.

    Par Marie-France Bodiguian Cabinet AMO-TICE

    A présent, après avoir analysé les freins et les attentes des enseignants, et avoir « exploré » parallèlement les possibilités des outils numériques qu’offre le marché , vous voici devant plusieurs scénarii d’équipements et besoins de matériel : maintien des salles informatiques ? ordinateurs en fond de classe ? usages de classe mobile ? TNI ? Scénarii hybride ?  etc.

    Mais derrière chacune de ces hypothèses se cachent des conditions de mise en œuvre, d’infrastructures réseaux, d’accès et de débit internet, de sauvegarde des données, de continuité de service que vous devrez passer en revue afin de permettre aux enseignants de développer leurs usages et leur éviter d’être confrontés à des dysfonctionnements.

    Donc comment procéder, sans en perdre son latin ?

    Tout d’abord en fonction de chacune de vos hypothèses d’équipement,  dressez les contraintes techniques indispensables à leur bon fonctionnement, effectuez un état de l’art de vos écoles, et étudiez comment faire évoluer ces infrastructures vers les besoins envisagés pour vos futurs équipements, en vous posant les bonnes questions.

    La liste ci-dessous n’est pas exhaustive.

    1/ Votre école dispose-t-elle d’un débit internet suffisant ?

    Amotice_070514Aujourd’hui d’expérience, les usages numériques transversaux que recommande la loi sur la refondation de l’Ecole nécessite un flux internet à minima d’environ 6 à 8 méga par école. Car comme vous le savez, le débit doit être partagé par le nombre d’ordinateurs ou de tablettes connectés, sur ce que l’on appelle la bande passante.

    Si celle-ci reste insuffisante, la connexion sera ralentie considérablement, les usages seront limités, et les enseignants n’utiliseront plus les matériels à plein.

    Pour connaître votre débit montant et descendant, vous pouvez faire sur les ordinateurs de l’école, un speedtest sur (www.speedtest.net).

    En vue de faire évoluer cette situation, identifiez dans chaque établissement les prises sources d’internet (RJ 45) puis étudiez parallèlement de quel type d’abonnement vous disposez.

    Sur un plan de la ville, observez la distance qui sépare l’école du centre télécom de répartition des lignes (appelé le DSLAM) : plus vous êtes éloigné du centre, plus le débit risque d’être faible (attention également aux reliefs accidentés).

    Si le débit constaté est trop faible, plusieurs solutions s’offrent à vous :

    vous pouvez soit faire évoluer votre abonnement auprès de votre opérateur, soit vous intégrer à un projet de fibre optique prévu sur votre territoire. Dans ce cas, pourquoi ne pas envisager, si vous ne pouvez faire venir la fibre optique sur chacune de vos écoles pour des raisons de coûts, une solution de fibre noire, beaucoup moins coûteuse ; le principe étant de ne relier qu’un établissement en fibre classique et d’interconnecter les autres en fibre noire.

    Autres solutions :
    prévoyez des usages avec terminaux mobiles connectés en 3G, ou dans les cas extrêmes, si vous n’avez pas de moyens d’augmenter le débit, demandez à l’Education Nationale de proposer  aux enseignants le partage de ressources déjà téléchargées (cette question fera l’objet d’un autre article).

    Nouveauté à explorer : Le Li-Fi, le wifi par la lumière.

    Le principe est de transporter des données (fichier texte, photos, vidéos) en utilisant la lumière projetée par des ampoules LED. Cette technologie est au stade d’expérimentation et devrait être proposé en 2015. A suivre…

    2/ Disposez-vous d’une armoire de brassage, et le cas échéant, avez-vous encore de la place pour déployer d’autres branchements ?

     

    3/ Votre infrastructure électrique est-elle aux normes ?

    Si vous envisagez de donner aux enseignants l’accès à internet dans leur classe et que vous ne pouvez câbler l’ensemble de votre école pour des raisons de coûts, pensez au CPL industriel (Courant Porteur en Ligne) : une autre solution moins coûteuse et tout aussi efficace, selon les configurations des écoles.

    Pour cela, avant de consulter un fournisseur spécialisé, vérifiez l’état des circuits électriques de vos écoles, identifiez  les tableaux électriques en réalisant quelques photos, et vérifiez le fonctionnement de vos prises.

    4/ Comment vos classes sont-elles électriquement équipées?

    Si vous envisagez l’installation d’un TNI ou d’une classe mobile, vous devrez prévoir l’accès à plusieurs prises en un même endroit, car il va sans dire que vous ne pourrez laisser les enseignants utiliser des multiprises, interdits dans les établissements pour des raisons évidentes de sécurité. D’autre part, veillez à la compatibilité de l’ampérage entre celui prévu par les « classes mobiles » et celui distribué dans vos établissements. Sinon gare aux courts-circuits !

    Vous devez donc pour cela, vous procurer un plan de chaque école et situer sur chacun d’eux : le nombres prises électriques dont dispose chaque classe et surtout leur positionnement. Selon les besoins, il vous faudra donc faire intervenir votre service technique pour la pose de prises de courant supplémentaires, ou leurs remises aux normes.

    5/ De combien d’ordinateurs disposent à ce jour les enseignants en salle informatique ou dans les classes ? Et combien sont réellement en fonctionnement ?

    Par « ordinateur » ou « terminal« , on entend bien sûr les matériels sous la responsabilité de maintenance de la ville, et non ceux ramenés par les enseignants eux-même ou donnés par des parents ou des entreprises.

    6/ Quelle est la configuration de vos salles informatiques ?

    Si vous envisagez de conserver les ateliers, étudiez comment faciliter pour les enseignants la gestion du deuxième demi-groupe d’élèves qui ne sera pas sur les ordinateurs. Ce problème est souvent rencontré par les enseignants qui ne peuvent se faire aider d’un autre intervenant tel que le prévoit le dispositif « plus de maître que de classe » par exemple, dans la loi sur la refondation de l’école.

    Peut-être pourrez-vous envisager par exemple de déplacer la bibliothèque de l’école à côté de la salle informatique, et/ou d’équiper les enseignants d’autres petits matériels numériques, qui permettront d’occuper les élèves de ce ½ groupe, en toute autonomie, selon l’âge des élèves et de leur niveau naturellement.

    Cette question sera à détailler avec votre animateur TICE, qui orientera efficacement les enseignants sur des parcours pédagogiques dédiés aux outils numériques choisis selon les projets des enseignants.

    7/ Vos classes sont-elles équipées de tableau type Véléda ?

    Si vous envisagez d’installer des Vidéo-Projecteurs Interactifs, il vous faut étudier le nombre et l’état de vos tableaux blanc type Véléda, sur lesquels pourront être installés les vidéos projecteurs interactifs. Plusieurs paramètres sont à noter à cet effet pour adapter les solutions proposées : taille, présence d’une estrade, hauteur sous plafond, etc.

    8/ Où seront entreposés en toute sécurité les matériels mobiles ?

    Plusieurs solutions s’offrent à vous, selon les matériels choisis et les configurations de vos établissements : soit vous disposez de locaux que vous pourrez sécuriser, soit vous pouvez opter
    . pour l’installation d’armoires fortes,
    . soit vous pouvez également sceller au mur des attaches amovibles avec cadenas que certaines classes mobiles prévoient.

    9/ Comment sont équipées les salles des maîtres ?

    N’oubliez pas la salle des maîtres. Même si vous prévoyiez d’équiper chaque classe d’ordinateurs maîtres, les enseignants ont également besoin d’une connexion internet et de matériels informatiques en salle des maîtres, pour préparer leurs cours, partager et mutualiser des contenus, etc.

    10/ Quelle solution de sauvegarde des contenus, proposerez-vous aux enseignants ?

    Amotice2_070514Pour permettre aux enseignants de sauvegarder et de mutualiser leurs cours, prévoyez un espace de stockage sécurisé avec une configuration de droit d’accès.

    Pour cela, vous pouvez prévoir une simple infrastructure réseau ou bien une infrastructure virtualisée (dit « en client léger ») et reliée soit à un serveur central lié à la mairie, soit au serveur de chacune des écoles.

    D’autre part, comme vous le savez, les enseignants préparent souvent leurs cours chez eux sur leurs ordinateurs personnels. Ils rapatrient généralement leurs données à l’école via une clé Usb, ou en imprimant et photocopiant leurs documents : ce qui alourdit les frais de fonctionnement de l’école.

    Offrez-leur de meilleures conditions de travail, ils vous en seront reconnaissants et s’impliqueront davantage dans l’appropriation des outils numériques lors de la préparation de leurs cours. Des plateformes spécialisées (des espaces numériques de travail dédiés à l’enseignement ou des espaces de travail virtualisés via un serveur spécifique et adaptsé aux contraintes pédagogiques) sont à cet effet disponibles sur le marché et permettront aux enseignants de télécharger leurs contenus directement de chez eux, dans leurs espaces virtualisés et sécurisés et surtout d’animer leurs cours différemment.

    A vous de jouer ! Vous avez à présent les principales cartes en main pour étudier et faire évoluer les infrastructures de vos écoles puis construire l’architecture de votre future école numérique.

    Et vous, quels scénarii et infrastructures envisagez-vous aujourd’hui pour vos écoles ?

    Relire la première partie ici

  • 7  règles à respecter pour construire votre Ecole Numérique avec l’Education Nationale

    7 règles à respecter pour construire votre Ecole Numérique avec l’Education Nationale

    Par Marie-France Bodiguian Cabinet AMO-TICE

    Amotice_240314Collectivités vous le savez, aux côtés des problématiques techniques, la formation pédagogique initiale et continue des enseignants est l’une des pierres angulaires de la réussite de votre projet d’Ecole Numérique.

    Selon le schéma habituel, la formation des enseignants reste le domaine de compétence de l’Education Nationale tandis que votre responsabilité est engagée dès lors qu’il s’agit de maintenance et de continuité de service. Jusque-là rien de nouveau.

    Mais votre rôle s’arrête-t-il vraiment là ?

    Au-delà d’être le « financeur » des équipements et infrastructures, d’être le garant de la continuité de service, vous êtes bien sûr le maître d’œuvre, en charge de la gouvernance. C’est donc à vous de motiver les acteurs impliqués, de mener et gérer les compétences de chacun, d’initier et d’encadrer les partenariats, dont celui, incontournable, avec l’Education Nationale.

    Délicat d’analyser l’autopsie de projets enterrés, malheureusement trop nombreux, d’usages initiés avec enthousiasme puis abandonnés faute de suivi. En revanche, l’analyse des succès et l’expérience de nos missions, réussies, nous fournissent des enseignements pertinents.

    Je vous livre donc ici les 7 règles à respecter pour bâtir les fondements d’un partenariat privilégié et pérenne avec L’Education Nationale,

    1/ Impliquez dès que possible dans votre projet l’Inspecteur d’Education Nationale, l’animateur TICE, le conseiller pédagogique de votre circonscription ainsi que les directeurs et enseignants de vos écoles. Pour cela :

    • Invitez-les à chacun de vos comités de pilotage, car le succès d’un tel projet, on ne le dira jamais assez, repose sur la conjugaison des compétences de chacun, orchestré par un chef de projet.
    • Consultez les enseignants, avec l’accord de votre IEN,  afin de comprendre leurs attentes et leur freins face au numérique, puis dans un second temps, de leur présenter les différents scénarii d’équipements et infrastructures que vous envisagez. Leur avis pourra vous permettre de finaliser ensuite votre projet.

    2/ Consultez les enseignants : Tout en respectant leur expertise pédagogique, cherchez à comprendre :

    – leurs motivations, au départ de votre projet,  car il est bien normal que, même si le numérique est inscrit dans la loi sur la refondation de l’école, leur degré d’implication ne sera pas simultanément le même pour tous. Connaître ainsi l’approche des enseignants dans votre commune vous permettra de mesurer et d’orienter vos investissements dans le cadre d’un plan pluriannuel, que vous ferez évoluer au fil du temps selon des critères de suivi à définir.

    – leurs problèmes organisationnels au sein de l’école et de leur classe afin de leur proposer des solutions, auxquelles les usages du numériques peuvent répondre. Attention, partez bien des problèmes et des besoins d’usages pour trouver les solutions d’équipements et d’infrastructures et non le contraire, qui s’est souvent avéré contre-productif.

    3/ Effectuez une veille régulière sur les différentes actions menées par le ministère de l’Education Nationale  en matière de numérique afin de comprendre les problématiques et contraintes des services déconcentrés (IEN, animateurs tice, conseillers pédagogiques) et des enseignants de vos écoles. Cela permettra d’instaurer rapidement un climat de confiance et un dialogue transparent.

    Des pistes parmi d’autres : le nouveau réseau CANOPE,  la prise en main par les enseignants de la plateforme de formation à distance M@gistère, qui intégrera dans les mois à venir des parcours sur les usages du numérique, etc.

    4/ Valorisez auprès des enseignants  les moins intéressés, les bénéfices du numérique en matière de conditions de travail. Car les outils numériques peuvent considérablement faciliter leur vie quotidienne grâce par exemple au stockage centralisé des contenus pédagogiques et à leur mutualisation au sein de l’école. Ils  facilitent également la gestion de la classe, en captivant l’attention et améliorant la concentration des élèves, etc.  Les récents succès des expériences de pédagogie inversée grâce aux usages du numérique en sont des exemples les plus probants.

    5/ Etudiez avec votre IEN de circonscription, de quelle manière, comme l’avait annoncé M. Peillon, en juin 2013 lors de sa conférence « pour faire rentrer l’école dans l’ère du numérique », le ou les conseillers pédagogiques en charge de vos écoles, pourront intervenir comme relais de l’animateur TICE, aux côtés des enseignants et de la ville. Car comme vous le savez certainement, et comme l’avait alors confirmé le ministre, les animateurs Tice sont responsables de grandes ou très denses circonscriptions.

    De ce fait le nombre considérable d’écoles, dont ils ont la charge leur rend difficile un suivi fréquent et rapproché des enseignants en matière d’usage numérique.

    Pour cela, le conseiller pédagogique devra alors bien sûr être formé. Ce dont vous devrez tenir compte dans votre calendrier de mise en œuvre.

    6/ Signez une convention avec l’Education Nationale où les rôles de chacun, services de la ville et Education Nationale, ainsi que les directeurs des écoles seront clairement exprimés. Convenez ensemble de suivre les usages chaque trimestre ou chaque semestre, selon des critères de suivi préalablement définis.

    7/ Accompagnez le changement en valorisant dans votre commune, les enseignants dès les premiers usages du numérique dans les classes, afin de motiver leur implication sur le long terme. Une stratégie de communication bien menée à cet effet permettra également  d’encourager le développement des usages sur l’ensemble des écoles, en particulier auprès des autres enseignants, qui ne se seraient pas encore lancés dans l’aventure.

    Voilà à vous de jouer, vous avez à présent toutes les cartes en main pour bâtir les fondements de votre partenariat avec l’Education Nationale.

    Et vous, comment avez-vous construit votre partenariat avec l’Education Nationale ?