“Dis moi ce que tu lis et je te dirai qui tu es…” ou comment l’inscription d’une classe sur un média social a permis d’aborder par la pratique la notion d’identité numérique.
Créé en 2007, le site communautaire Babelio propose de créer et gérer sa bibliothèque personnelle en ligne, de partager et organiser ses lectures. Babelio reprend les codes des réseaux sociaux : profil, avatar, notifications, recommandations, commentaires, etc… Les membres du réseau font des listes de livres (lus ou à lire) et partagent leurs critiques. Des infos ciblées en fonction des goûts et des recommandations de lectures apparaissent sur la page d’accueil des membres, un nuage de mots-clés permet de se balader de thème en thème et des quizz permettent de tester nos connaissances en littérature, sur des thèmes, des auteurs ou des ouvrages.
Les enseignants et en particuliers les enseignants documentalistes ont investi ce réseau riche et ludique ; il peut permettre de valoriser les ressources du CDI, de promouvoir et d’échanger autour de la lecture.
Lancé via Twitter en septembre 2012 par Magalie Bossuyt, enseignante documentaliste, le défi Babelio a réuni des enseignants documentalistes et des professeurs de français de Nice, Carcassonne, La Seyne-sur-Mer, Niort et Foix. Le défi a regroupé plusieurs classes de 3ème et de 2nde autour de lectures communes, mises en relation grâce au réseau Babelio. Avec les enseignants de lettres le travail s’est construit autour de l’incitation à la lecture et l’approche du genre de la critique littéraire et de l’argumentation. Pour les enseignants documentalistes, le défi a permis de travailler sur la construction de bibliothèques virtuelles de classe, de sensibiliser les élèves aux médias sociaux et d’aborder l’identité numérique et les traces. Il a été décidé de faire créer un compte Babelio par classe et donc de réfléchir aux conséquences collectives des traces numériques déposées sciemment.
Les élèves ont paramétré leur profil de lecteur, accepté des amis, posté des commentaires, créé des quizz et interagit avec leur communauté de lecteur. Chaque acte a été analysé et critiqué en classe. Ainsi la construction d’une identité numérique de la classe a été abordée de façon positive et argumentée. La notion de média social a quant à elle été abordée de façon pratique, par la manipulation.
L’imaginaire et les promesses du numérique dans cette expérience sont multiples : la mémoire du lecteur se construit par le numérique et les traces de lecture permettent une réflexion sur nos choix. Le rêve d’une bibliothèque universelle et partagée par des lecteurs connectés a émergé et cette expérience sera relancée et développée à la rentrée 2013.
Cette expérimentation a montré la possibilité d’aborder positivement un réseau social, et donc de passer d’une pratique personnelle adolescente à une pratique scolaire ; cela a été un facteur de compréhension et de discussion entre enseignants et élèves. Ce défi lecture d’un genre nouveau a mis en lumière la nécessité de connaître les codes de la communication et d’adopter des comportements responsables en tant qu’usager du numérique et des médias sociaux. Par ailleurs, la facilité de partage et d’interaction avec des classes éloignées géographiquement a permis de valoriser le travail de nos élèves et accru leur motivation.
Plus d’infos :
Présentation de Babelio par le café pédagogique : http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/documentation/Pages/2012/138_CDI_Babelio.aspx
Le défi Babelio : http://www.docpourdocs.fr/spip.php?article496
Voir le programme général de l’Université d’été LUDOVIA 2013 ici