Face à la propagation du numérique dans l’enseignement, les méthodes d’apprentissages sont soumises à une rude évolution. L’enseignant doit s’adapter en fonction de la génération actuelle mais aussi des mœurs.
Les élèves et étudiants actuels utilisent fréquemment le numérique non pas dans un but formateur mais plutôt récréatif. Ils utilisent régulièrement les réseaux sociaux pour communiquer entre eux et sont demandeurs d’interactivité. Ils ont besoin de contrôler le contenu, de se l’approprier.
Face à ces nouvelles habitudes de l’individu, l’enseignant doit donc s’adapter, faire en sorte de motiver sa classe avec du contenu numérique, tout en continuant son cours. Les enseignants sont amenés à utiliser des manuels scolaires numériques, des tableaux blancs interactifs, à varier le contenu de leurs cours en apportant des suppléments vidéos, des animations graphiques ou encore des images interactives.
Entre les pro-numérique et les réfractaires, les usages et les retours concernant les TIC dans l’apprentissage sont encore contrastés. Certains sont convaincus de l’augmentation de la motivation et de l’apprentissage, d’autres mettent en avant le fait que l’on accentue le zapping tout en diminuant les capacités de travail et de concentration.
Les tenants du numérique utilisent ce nouveau contenu pour motiver l’élève et lui apporter des informations supplémentaires. De nombreuses études soulignent l’impact positif des TIC sur la motivation et l’engagement des apprenants facilitant ainsi l’apprentissage (Schnotz & Lowe, 2008 ; Becker, 2000). Utiliser du contenu numérique augmente la motivation de l’élève à apprendre et rend le cours plus intéressant et évocateur (Goldstone & Son, 2005 ; Heim, 2000). Aussi, les élèves peuvent progresser à leur rythme et commettre des erreurs sans se sentir coupable (Giardina, 1992).
Pour motiver les élèves, les enseignants utilisent de plus en plus du contenu interactif. L’interactivité possède de nombreux avantages au niveau de la motivation et de l’apprentissage. L’apprentissage serait favorisé dans la mesure où le contenu numérique s’adapte aux différences individuelles de l’élève, en respectant son rythme de perception, de compréhension et d’assimilation (Bloom, 1986).
Cette nouvelle génération a besoin d’interactivité pour fonctionner et apprendre. Le fait de maîtriser les illustrations interactives ou encore la vidéo, de pouvoir gérer le temps (faire marche arrière, ajouter les éléments au moment souhaité, revenir à un passage qu’il n’a pas compris…) favorise ainsi la motivation et l’apprentissage.
Cependant, il est important de connaître les différents types d’interactivités (fonctionnelle, intentionnelle), de comprendre les différents modes d’interactivités (réactif, proactif, mutuel et interpersonnel), qu’à chaque mode correspond un savoir (savoir, savoir-faire, savoir-être et savoir-devenir) et un niveau d’interaction. Savoir différencier ces différentes interactivités permettrait de bien choisir son document numérique et de pouvoir bénéficier de meilleurs résultats de la part des élèves.
Les enseignants peuvent compléter leurs cours avec du contenu numérique (vidéo, animation, audio…), un dispositif numérique (livre interactif, serious games, tablette tactile interactive…), une application numérique (Système d’Information Géographique, salle virtuelle des marchés pour la banque…), mais aussi avec un outil numérique interactif (oscilloscope, voltmètre…). Une enquête de terrain auprès des enseignants-chercheurs de l’Université de Limoges permettra de découvrir les technologies numériques utilisées lors des cours. Les nouveautés permettant d’enrichir le monde de l’enseignement seront aussi présentées.
La question est alors de savoir s’il faut former les enseignants au numérique, ou leur proposer régulièrement des ateliers pour les tenir informer des nouveautés. Plusieurs propositions sont envisageables comme ajouter une unité d’enseignement aux technologies numériques dans le cadre du master enseignement (autre que le C2i et C2i2e).
Réunir les enseignants du secondaire et de l’Université permettrait d’échanger sur les technologies numériques utilisées mais aussi de favoriser de nouveaux apprentissages. Aussi, il semble nécessaire de proposer aux enseignants des ateliers sur l’apprentissage multimédia (qui diffère de l’apprentissage classique) pour comprendre comme l’élève apprend avec les ressources numériques, comment éviter les surcharges cognitives et comment utiliser les ressources numériques.
Note de positionnement scientifique
Section scientifique de rattachement : 71ème section. Sciences de l’Information et de la Communication
Méthode appliquée : Pour découvrir les technologies numériques utilisées par les enseignants-chercheurs de l’Université de Limoges, deux méthodes seront appliquées :
q Une enquête quantitative pour recenser et découvrir les contenus numériques, les dispositifs, applications et outils numériques qui sont utilisés dans les cours. Tout enseignant de l’Université pourra ainsi répondre à cette enquête qui sera disponible en ligne.
q Après analyse des résultats et sélection des outils, applications et/ou dispositifs numériques utilisés à l’Université, un entretien aura lieu avec les enseignants. L’entretien permettra de voir et de comprendre comment sont utilisées ces technologies numériques mais aussi de découvrir les nouveautés permettant d’enrichir le monde de l’enseignement.
Terrain d’expérimentation
Le terrain d’expérimentation sera les enseignants de l’Université de Limoges. Les composantes de l’Université de Limoges basées également dans d’autres villes du Limousin (Brive, Tulle, Egletons, Meymac, Ahun, La Souterraine, Guéret et Neuvic d’Ussel) participeront également à l’enquête et aux entretiens.
Bibliographie
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Giardina M ., L’interactivité, le multimédia et l’apprentissage. L’Harmattan. 1999, 242p.
Lebrun M. & Vigano R., – « Des multimédias pour l’éducation : de l’interactivité fonctionnelle à l’interactivité relationnelle » in Les cahiers de la recherche en éducation, Université de Sherbrooke (Canada), vol 2, no3, Sherbrooke, 1996b.
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Paquelin D., L’appropriation des dispositifs numériques de formation : du prescrit aux usages.
SWELLER, John. 1994. Cognitive load theory, learning difficulty and instructional design. Learning and Instruction, 4, 295-312.
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Plus d’infos sur le programme du colloque scientifique LUDOVIA 2013 ici