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Muséomix ou les imaginaires de la culture numérique appliqués au musée

imaginaire
Muséomix[1] est un évènement créé indépendamment de toute initiative institutionnelle sur l’initiative de personnes privées, d’une agence de communication muséale, du « centre d’innovation du Département du Rhône[2] » et d’une société porteuse du projet. Muséomix se définit comme suit :

« Museomix ?= 1 musée + 3 jours + 150 participants sur place (codeurs, bidouilleurs, médiateurs culturels, créateurs, conservateurs, designers, amateurs de culture…) et des participants en ligne réunis en 10 équipes + co-création = 10 prototypes de médiation culturelle et de nouvelles expériences dans un musée = un musée ouvert, vivant et en lien avec ses visiteurs-acteurs »[3]

Deux éditions ont déjà eu lieu, aux Arts Décoratifs de Paris (2011) et au musée gallo-romain de Fourvière à Lyon (2012) tandis que de nouvelles éditions sont en préparation pour 2013. La méthodologie proposée par les organisateurs allie une manière de faire caractéristique des fab labs [4](matériel nécessaire présent sur place, outils numériques, prototypage rapide, DIY) et des valeurs propres à l’imaginaire de la culture numérique (non hiérarchisation des participants, échanges libres, participation de tous, travail par « briques » c’est-à-dire par adjonction de compétences diverses bien identifiées).

À partir d’une observation participante lors de la première édition et des résultats d’une enquête auprès des participants pour la deuxième, nous montrerons dans un premier temps comment les imaginaires de la culture numérique tentent d’être appliqués au musée dans une perspective annoncée d’innovation et de renouvellement des institutions confrontées aux nouveaux usages (numériques ou non) des publics.

L’idée de faire participer les publics au musée est affirmée avec force avec le mouvement des nouvelles muséologies débuté dans les années 1970[5]  mais elle prend ici une autre forme, moins engagée politiquement et plus axée sur le faire et/ou sur l’expérience du visiteur.

Dans un deuxième temps, nous verrons comment les intentions et les attentes des participants sont en réalité plus tournées vers l’événement lui-même et le fait de vivre une expérience personnelle forte, centrée sur la rencontre avec les autres et la fabrication d’un dispositif. En cela, ils interrogent beaucoup plus les manières de penser le travail et les modalités d’une multidisciplinarité, source de l’élargissement des savoirs, qu’une innovation technique ou de médiation culturelle. De ce fait, le renouvellement muséal par les nouvelles technologies et les imaginaires de la culture numérique semble un horizon enthousiasmant pour les participants sans que des modalités très précises ne soient imaginées.

Méthodologie

–        Observation participante au sein d’une équipe lors des trois jours (10h par jour) pour l’édition n°1 de Muséomix aux Arts Décoratifs de Paris (11, 12 et 13 novembre 2011). Prise de note ethnographique. Angles d’approche : modalités de travail en équipe, prise de pouvoir au sein d’un groupe, place des technologies dans la réflexion, répartition des tâches, place du public dans la réflexion.

–        Enquête en ligne proposée la semaine suivant l’évènement auprès des participants de l’édition de 2012. Le questionnaire s’intéresse à la motivation des participants, à ce qu’ils ont le plus et le moins aimé et aux améliorations qu’ils proposeraient pour une prochaine édition. Des focus spécifiques se sont concentrés sur le processus participatif, les prototypes et la rencontre avec le public. Quelques questions biographiques ont également été posées (sexe, âge, lieu de résidence, rôle occupé lors de Muséomix). L’enquête a permis de réunir l’avis de 97 personnes sur les quelques 160 participants, soit plus de la moitié des participants.

–        Analyse des « lettres de motivation » des personnes voulant participer à Muséomix 2 (environ 160).

Bibliographie sélective

–        « Passionnés, fans et amateurs », Réseaux, n° 153, 2009/1.

–        CARDON Dominique, La démocratie Internet.  Promesses et limites, Seuil, 2010.

–        CHAUMIER Serge (dir.), Expoland. Ce que le parc fait au musée. Ambivalence des formes de l’exposition, , Ed. Complicités, 2011

–        EIDELMAN Jacqueline, ROUSTAN Mélanie, GOLDSTEIN Bernadette, La Place des publics. De l’usage des études et recherches par les musée, La Documentation française, 2008.

–        FLICHY Patrice, Le sacre de l’amateur. Sociologie des passions ordinaires à l’ère numérique, Seuil, 2010.

–        FLICHY Patrice, L’imaginaire d’Internet, La Découverte, 2001.

Publications :

–        COUILLARD Noémie, « Les concours photographiques ou les ambiguïtés de la participation des visiteurs. », In Serge CHAUMIER et al. (dir.), Visiteurs photographes au musée, La documentation Française, 2013, pp 239-250.

–        COUILLARD Noémie, NOUVELLON Maylis, « À la rencontre des adolescents en ligne ? L’enjeu du numérique pour la médiation culturelle », les cahiers de l’INJEP, 2013 (en cours).

–        SCHAFER Valérie, THIERRY Benjamin et COUILLARD Noémie, « Les musées, acteurs sur le Web », in La Lettre de l’OCIM, n°142, juillet-aout 2012, pp 5-14.



[1] http://www.museomix.com/

[2] http://www.erasme.org/#erasme

[3] « Présentation de Muséomix », dossier de subvention, documentation interne du Département de la politique des publics, ministère de la Culture et de la Communication.

[4] GERSHENFELD N., Fab: The Coming Revolution on Your Desktop-from Personal Computers to Personal Fabrication, New York : Basic Books, 2007.

[5] MEUNIER, A. et V. Soulier, « Préfiguration du concept de muséologie citoyenne », In J.-F. CARDIN, et al. (dir.), Histoire, musées et éducation à la citoyenneté, Québec : Éditions Multimondes, no 9, 2010, pp 309-330.

Plus d’infos sur le programme du colloque scientifique LUDOVIA 2013 ici

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