Utilisateur de Twitter , le service de microblogging qui consiste à envoyer des messages de 140 caractères, je cherchais une solution pour initier les étudiants à ce mode de communication tout en dynamisant mon enseignement.
Le choix de l’employer dans le cadre de ce cours a été influencé également par la présence de deux-trois étudiants déjà fervents utilisateurs de l’outil avant le début des cours.
Twitter pouvait permettre la prise des notes, enrichis par les « écoutants» pendant l’exposé comme cela se pratique déjà pendant les conférences entre professionnels.
J’avais ajouté une contrainte à ceux qui animaient l’exposé, outre la diffusion de leur présentation dans un blog Internet2010 , ils devaient récupérer les Twitts diffusés et les inclure dans le blog.
Twitter en plus offre l’avantage de résoudre les problèmes évoqués pour les exposés. Si l’étudiant n’était pas à l’écoute de l’exposé, il ne pouvait pas Twitter et cela pouvait se voir ! Et surtout, il y avait de fortes chances que des personnes extérieures apportent leur avis sur les informations diffusées.
De plus, je suis depuis longtemps persuadé que, contrairement à une idée répandue, Twitter et les autres outils de médias sociaux et de Web Temps Réel dans un usage professionnel demande un apprentissage. L’occasion faisait également le larron. Il me semble en effet que c’est le rôle de l’éducation nationale à tous les niveaux de former les élèves et les étudiants aux outils qu’ils utiliseront journellement demain ! C’est un «crime» de ne pas le faire.
J’avais choisi d’utiliser pour commencer un client Twitter : HootSuite , qui permettait à tous les participants de « se cacher » sous le nom Internet2010 pour communiquer et aussi de repérer les messages qui sortaient de la salle de cours. Mais, le principal souci avec HootSuite est sa limite sur le nombre d’envois.
Après une courte présentation du micro blogging et de Twitter, pendant un trimestre, chaque semaine pendant les exposés, les étudiants ont employé le micro blogging comme système de prise de notes. À chaque séance de travail, un tag était défini en plus de celui qui marquait l’expérience (#internet2010). Chaque mardi ou presque selon @twirus_fr, #Internet2010 était dans le Top5 des tags populaires (http://fr.twirus.com/ ).
Au final, il était intéressant à faire le point côté enseignant, côté étudiant et pour le public de l’extérieur (chaque semaine, différentes personnes suivaient les exposés dès 8 h 30)
Des aspects inattendus de l’emploi de Twitter sont apparus au fil du temps ! Outre la continuation des débats en dehors du temps de cours dans certains cas, notamment avec les personnes de l’extérieur, parfois des étudiants de l’autre groupe suivaient ce qui se disait dans l’exposé. De même, les étudiants absents pour divers causes (dont les malades) suivaient très souvent le cours à distance au travers de Twitter ! La continuation de l’enseignement ou la continuité pédagogique en quelque sorte !
Autre effet surprenant, l’enseignant doit faire attention à ce qu’il dit ! En effet, les étudiants twittent assez facilement des messages du type «Delcroix dit», «ED :»… alors que c’était un propos provocateur pour les faire réagir. Il faut donc apprendre à employer le off.
Côté étudiants, après l’effet déstabilisant de la nouveauté le gros reproche de la prise de note des exposés dans Twitter est la difficulté de cumuler la prise de notes tout en écoutant et en suivant l’exposé (un soucis de concentration). Ils ont l’impression de ne pas suivre le cours et indiquent qu’il est plus difficile pour eux de saisir le texte au clavier que d’écrire avec un stylo !
La participation et les commentaires de personnes extérieures a été plébiscité (préparation à la vie professionnelle ?) appartiennent aux autres points mis en avant par plusieurs étudiants, ainsi que l’aspect ludique (ce qui explique le «initiation à Twitter sans le côté ennuyeux des cours classiques») et la possibilité d’ajouter des liens (approfondissement du cours).
Il est à noter que certains étudiants ont eu peur de ne pas être écouté pendant leur exposé ! Ce qui évidemment n’est pas le cas. Mais, au passage, mon ressenti d’enseignant : les étudiants avaient plus peur d’une manière globale de faire leur exposer que les années précédentes.
Globalement, selon les étudiants, l’expérience est à renouveler avec quelques aménagements. Le premier d’entre eux, un cours où l’on explique comment fonctionne Twitter, la prise en compte des autres (étudiants et extérieurs), etc. Bref, un vrai cours sur l’apprentissage de l’utilisation de Twitter.
La diffusion de l’exposé sur le net avant la présentation est réclamée par les étudiants et les personnes de l’extérieur. Du moins, les grandes idées ce qui selon eux, faciliterait la compréhension de l’exposé, la prise de note et le partage d’informations. Seul bémol que j’émets, lorsque les présentations étaient en ligne en début de présentation, les échanges étaient réduits dans Twitter !
Ensuite, les étudiants et les personnes de l’extérieur préconisent une répartition des rôles dans la prise de note avec la nomination d’une équipe de greffiers par exemple et une personne de l’exposé qui suit Twitter pour pouvoir réagir directement.
Comme vous l’avez compris, le public de l’extérieur du cours a répondu présent. Lui aussi réservait son lot de surprises comme les articles dans le blog de l’une des participantes (voir dans les liens en fin d’articles) suite aux exposés.
Globalement, ce public a apprécié le contenu riche et perceptible à travers les tweets, la réactivité aux quelques questions posées et qui ne sont jamais restées sans réponse. Il note que l’organisation s’est améliorée au fur et à mesure assez rapidement (idem pour le côté expérimental). Le site Internet2010 a également été goûté, avec les présentations utilisant différents supports.
Cependant, j’ai quelques regrets notamment sur l’absence du travail de réécriture entreprit pour supprimer les messages personnels, les informations redondantes… lors de l’insertions des messages de Twitter dans le blog Internet2010. J’aurais du insister sur ce point !
Il semble aussi que peu d’étudiants aient consulté les exposés une fois mis en ligne dans le blog ou relus les prises de notes dans Twitter ! Mais, auraient-ils relu davantage leurs propres notes ? C’est peut-être lié au mode d’évaluation, où seul l’exposé est soumis à note !
Vous l’avez certainement compris, je suis prêt à recommencer les exposés dans Twitter et ses 140 caractères (ce qui permet aux étudiants d’apprendre à synthétiser l’information), si les conditions s’y prêtent. En effet, je ne pense pas que l’on puisse utiliser Twitter à toutes les sauces et surtout utiliser Twitter pour faire du Twitter.
Ce ne sera plus une expérience puisque, entre temps, d’autres ont déjà employé Twitter pendant leurs cours comme David Cordina ou l’expérience dans un autre contexte de Laurence en lycée professionnel (http://frompennylane.blogspace.fr/ )
Et puis, utiliser Twitter et les outils du Web Temps Réel deviendront une évidence pour tous dans quelques années. Les étudiants de ce master resteront justes des précurseurs.
Quelques liens
Les réactions complètes des étudiants, du public…
Quelques articles d’Annie (public extérieur) :
* Ma réflexion sur l’exposé sur le microbloging dans Internet 2010
* Exposé sur Twitter concernant les flux RSS
* Les réseaux sociaux sur Internet2010 (http://afaucher2001.wordpress.com/2009/11/10/les-reseaux-sociaux-sur-internet2010/)
* XML sur Internet2010
Et du côté des étudiants :
* La présentation du projet version Geekette
* Le retour d’expérience de Maureens
La Voix du Nord est passée et livre une vidéo Twitter à la fac : une expérience à Lille III