Ce groupe a auditionné une cinquantaine de personnalités qualifiées et des représentants de diverses organisations et entreprises, fortement impliqués dans l’éducation et le numérique (Education nationale, collectivités territoriales, syndicats, associations, éditeurs, startups et industriels de l’e-éducation etc.) afin de recueillir leurs points de vue sur l’école d’aujourd’hui et de demain, la place que le numérique doit y occuper, et les entraves à sa diffusion. Ces auditions ont été complétées par un travail de lecture des rapports récents et de blogs d’enseignants ou d’associations.
Le rapport dont il est question ne porte ni sur les usages pédagogiques du numérique, ni sur la formation initiale des enseignants, mais sur le cadre à fournir pour permettre, d’une part, aux enseignants de faire le choix du numérique, et, d’autre part, aux entreprises de mettre à profit leur savoir-faire et leur potentiel d’innovation. Le terme générique « Ecole » désigne comme c’est l’usage l’enseignement primaire et secondaire. Le rapport vise en particulier l’école primaire et le collège.
Le rapport se présente sous différents aspects ; voici un bref résumé des points abordés dans ce dossier.
Le numérique au service des missions de l’école
Une compétence fondamentale dans une société numérique.
Du fait des nouvelles technologies, l’environnement social et professionnel a changé. Mais avec son organisation historiquement verticale, le système scolaire est peu préparé à ces changements. Il y a risque d’un profond décalage entre la société et l’école.
Un enjeu majeur pour l’égalité des chances
Même si tout le monde s’accorde à dire que les jeunes sont désormais coutumiers de l’usage de l’internet et des nouvelles technologies, savent-ils bien les utiliser ? Le numérique pourrait être un véritable outil d’intégration s’il est mis à profit par les institutions.
De nouvelles logiques à appréhender
Il ne suffit pas de numériser les ressources existantes mais d’en créer de nouvelles pour améliorer la pédagogie.
Favoriser une logique de demande dans les politiques de numérique à l’école
Trop souvent, les investissements numériques proviennent des institutions. En guise de recommandations, ce rapport préconise une concertation plus marquée avec les personnels enseignants qui veulent intégrer les TICE. Une meilleure prise en compte de la formation est aussi à pointer. Enfin, une reconnaissance des efforts et du temps qu’un enseignant consacre au numérique est à envisager.
Répondre aux problèmes de fiabilité des équipements, d’accompagnement et de ressources
Les trois points essentiels vus comme des freins au développement du numérique à l’école sont l’insuffisance de la maintenance et du support qui va représenter pour l’enseignant des pertes de temps et des perturbations dans sa classe.
Il est aussi question du manque de formation et d’accompagnement des enseignants et personnels pour qu’ils se sentent assistés dans leur engagement dans le numérique.
Enfin, le manque de ressources prêtes à l’emploi s’avère un réel handicap pour un enseignant s’il veut construire une séance de cours pédagogiquement cohérente.
Adapter la gouvernance, au service des écoles et des enseignants
Le partage des responsabilités entre Etat et collectivités locales s’avère un peu flou. Des conventions entre académies et collectivités sont encore trop rares. L’accompagnement des matériels est aussi important à gérer.
Mettre davantage à contribution le savoir-faire des enseignants et des entreprises
Le rapport préconise d’impliquer les utilisateurs finaux que sont les enseignants dans la conception des outils et ressources, afin de remporter leur adhésion et intégrer leur retour. L’installation de solutions lourdes, pilotées par le haut et risquant de figer les usages, est à éviter au profit de méthodes itératives et incrémentales.
De même, les entreprises qui bénéficient d’un savoir-faire pourraient être concertées.
Après les constats, les propositions : trois recommandations pour permettre le choix du numérique à l’école sont mises en avant.
La première recommandation serait de mutualiser à un niveau régional, sur la base du volontariat, les responsabilités et compétences techniques et pédagogiques relatives au numérique, des académies, des collectivités territoriales, et des Centres de Documentation Pédagogiques. Elle se fait en réponse au constat d’un éclatement des responsabilités incompatible avec des projets numériques cohérents.
Une deuxième recommandation porte sur l’existence d’un organe indépendant ayant une mission permanente d’animation, de réflexion et de conseil sur l’école numérique ; nue instance mixte à la fois composée de personnes qualifiées issues du milieu enseignant mais aussi du monde des entreprises du numérique. Il serait là pour pallier au manque de vision commune du numérique pour l’école de demain.
Enfin, une troisième recommandation est développée où il est question des ressources, en réponse au manque de visibilité du foisonnement de ressources existantes : créer une plate-forme de référencement des ressources numériques pédagogiques, doté d’un moteur de recherche et d’un système d’indexation collaboratif.
En conclusion du rapport, les auteurs mettent en avant qu’apprendre à l’heure du numérique, c’est acquérir à la fois la culture numérique et la maîtrise des outils numériques. Ce sont les deux facettes indissociables d’une évolution qui affecte l’ensemble de la société, mais peine paradoxalement à toucher l’Ecole. Le défi pour l’Institution est de mettre à profit les logiques nouvelles dont le numérique est porteur.
Dans cet esprit, les trois recommandations faites dans ce rapport sont essentiellement structurelles et touchent notamment à la gouvernance, nationale et locale, et au problème de la visibilité de ressources pédagogiques numériques. Elles visent à poser un cadre à même de véritablement donner le choix du numérique aux établissements et aux enseignants. Une meilleure visibilité de la stratégie nationale et, au niveau local, du marché des ressources, doit par ailleurs permettre aux entreprises et associations de l’e-éducation de croître, d’investir et de libérer un potentiel créatif en matière de pédagogie par le numérique encore à peine exploité.
Le diagnostic et les recommandations de ce rapport font échos à d’autres rapports, issus de l’Institution elle-même – de l’inspection générale de l’Education nationale notamment – et d’observateurs extérieurs.
Il semble donc que si le diagnostic et les solutions sont connus depuis des années, c’est la capacité à passer l’action qui fait défaut.
Retrouvez le rapport complet sur www.cnnumerique.fr