Le programme des élèves de Première L, ES et S d’histoire-géographie traite depuis la rentrée scolaire 2011 du rôle des Régions en matière d’aménagement du Territoire. Considérant le rôle majeur joué par la Région en la matière, ceci me paraît être une très bonne chose.
Cependant, le cours proposé à ce sujet dans les manuels Hachette et Hatier 2011 est pour le moins surprenant. Vous comprendrez, je n’en doute pas, que je puisse en ma qualité de Président de Région, chargé particulièrement des lycées, être perplexe à la lecture de certains éléments de contenu.
En effet, le Manuel Hatier indique : «La Région bénéficie de recettes importantes notamment fiscales. Par ailleurs, l’Etat lui alloue des crédits notamment par le biais des Contrats de Projets Etat-Région. Elle gère donc un budget important et souvent croissant».
Depuis la réforme fiscale, les Régions ne conservent qu’un pouvoir fiscal symbolique et dépendant fortement des dotations de l’Etat. Ces dernières étant gelées pour la période 2011-2013, l’augmentation des recettes de notre institution, pourtant essentielle à la poursuite de notre action, est ainsi pour le moins compromise. Par ailleurs, concernant le CPER, l’Etat n’alloue pas de crédits particuliers aux Régions. Il s’agit d’un engagement mutuel pour programmer et financer certains projets régionaux relevant pour l’essentiel de compétences de l’Etat. Les enveloppes allouées respectivement par l’Etat et la Région aux soutiens de projets régionaux sont identiques.
Concernant le Manuel Hachette, ce que l’on peut y lire est tout aussi inattendu. Si le citoyen n’est pas toujours très au fait de certaines compétences des collectivités territoriales, chacun sait néanmoins que les permis de construire ne sont pas du ressort des Régions. S’agissant de la rénovation des collèges, l’action sociale, le logement, la santé, ces compétences ne relèvent pas davantage des compétences d’une Région. Enfin, si le soutien substantiel que celle-ci apporte aux intercommunalités pour le développement local se fait notamment via les contrats des pays et les politiques territoriales, la Région n’est en aucun cas «pilote pour organiser l’intercommunalité au travers des contrats de pays».
A l’heure du numérique et d’internet, les internautes sont souvent mis en garde sur le risque de fausses informations circulant sur la toile et il est conseillé de se rapprocher des ouvrages considérés comme plus fiables. Je constate malheureusement que des manuels d’enseignement a priori crédibles par la qualité de ceux qui les rédigent et l’Institution qui les diffuse ne sont pas dignes de confiance et qu’ils risquent fort d’induire des générations d’élèves en erreur.
Ceci est à prendre en compte avec gravité car c’est bien la connaissance de nos institutions républicaines et l’image du savoir dispensé par l’Etat, destinées à nos élèves, citoyens de demain, qui sont mises en danger par de tels contenus. Au final, la crédibilité et la lisibilité des outils de notre démocratie s’en trouvent altérées.
Extrait du courrier de Martin Malvy adressé au Ministre de l’Education Luc Chatel, source Service de presse Région Midi-Pyrénées