POINT DE VUE

Les​ ​collectifs​ ​d’enseignants​ ​connectés​ ​:​ ​entre​ ​soi​ ​ou​ ​nouveaux acteurs​ ​de​ ​la​ ​formation​ ​?

« Les​ ​collectifs​ ​d’enseignants​ ​connectés​ ​:​ ​entre​ ​soi​ ​ou​ ​nouveaux acteurs​ ​de​ ​la​ ​formation​ ​? » : sujet de la table ronde organisée à l’initiative de Fabien Hobart et Régis Forgione de l’association Twictée.

Avec comme intervenants :
Margarida Roméro :  directrice du laboratoire LINE à l’ESPE de Nice enseignant chercheur
Roberto Gauvin : directeur d’école Nouveau-Brunswick Canada,
Pascale Montrol-Amouroux : Cheffe du Département des usages et de la valorisation des pratiques (DNE, MENESR).
Animateurs : Régis Forgione et Fabien Hobart

Les collectifs d’enseignants connectés : entre soi ou nouveaux acteurs de la formation ?»
Le développement des solutions numériques domestiques et la volonté politique d’assurer la mutation numérique de l’École ont vu les modes de collaboration entre enseignants se transformer.
La “socialisation” de ces derniers n’est plus le simple fait de rencontres professionnelles parfois subies au sein des lieux d’enseignement, mais tient également de regroupements volontaires autour de projets et de valeurs partagées dans des collectifs enseignants connectés.

Que cela se fasse autour de dispositifs pédagogiques spécifiques, de domaines disciplinaires ou de modèles d’action enseignante, qu’apportent réellement les collectifs enseignants à l’École et plus particulièrement à la formation des enseignants ? Quel devenir pour ces collectifs, quel accueil réservé par les autres acteurs de la formation ? Leurs moyens mais également les limites de leur action ? Ces mouvements reposent-ils sur l’engagement voire la connivence d’un petit nombre ou est-il possible d’imaginer un passage à l’échelle pouvant répondre aux besoins de formation du plus grand nombre de praticiens dans un mouvement d’encerclement positif ?

Les animateurs remercient Heloïse Dufour pour l’aide à la préparation de cette table ronde.

Les intervenants sont invités à donner chacun leur propre définition de la communauté d’enseignants. Pour Margarida Roméro, la communauté rassemble une multiplicité de profils qui animent ces structures. Ce sont en plus de la fonction professionnelle de vrais réseaux de soutien socio-émotionnel et technique.

Pascale Montrol-Amouroux définit ces groupes d’enseignants comme redéfinissant le métier d’enseignant. Ces communautés existent depuis longtemps (Sesamath, Clionautes…) mais le numérique a permis de développer pléthore de nouveaux collectifs. Elle préfère d’ailleurs le terme collectif à communauté. Redessiner son métier aux cotés de l’institution.
Roberto Gauvin propose la métaphore de l’amateur de papillon qui vit seul sa passion au quotidien. Les réseaux nous permettent de nous rencontrer :

“nous marchons sur notre fil twitter à Ludovia”.

L’Appui est fort grâce aux réseaux sociaux .

Pascale Montrol Amouroux note l’hybridation de ces collectifs proposant ressources labellisées et ressources proposées par les enseignants . Il s’agit de ne pas opposer les deux qui sont chacun enrichissant.

Pour Margarida Roméro, la Recherche a toute sa place sur les réseaux et dans les communautés enseignantes: être présent sur un réseau, c’est un acte volontaire pour se connecter avec d’autres enseignants. Notre fonction dans la journée n’est pas forcément notre principale casquette sur le réseau qui propose un mélange des enseignants et des niveaux sans le cloisonnement classique supposé par l’Education Nationale.

Le réseau social pour Roberto Gauvin, c’est le “buffet du restaurant chinois” : nous y trouvons pléthore de ressources et de contacts où chaque enseignant fait son marché . On doit responsabiliser l’enseignant pour le guider dans ses choix.

A la question “quelle est la genèse et les causes de la constitution de ces collectifs ?”…

Les intervenants notent une quête de réponses aux questionnements de l’enseignant. Le collectif enseignant est un des lieux où il peut trouver facilement ces réponses ; L’enseignant ose sur les réseaux sociaux ces questions.

C’est aussi la possibilité forte d’y trouver du soutien, du partage, de la reconnaissance quand l’Institution peine à le faire.

Il s’agit d’un encerclement positif quand on entre sur un réseau surtout pour les enseignants isolés dans leur école.

A la question “quel avenir pour ces collectifs ? “

Les intervenants notent que rapidement les plus actifs de ces communautés supportent une surcharge de travail qui pourrait amener à l’essoufflement. P. Montrol Amouroux précise que l’institution doit montrer qu’elle s’inspire des collectifs d’enseignants et qu’elle peut s’appuyer sur eux. La DNE y travaille mais en gardant la conviction qu’un collectif n’est pas une institution et qu’il ne faut surtout pas l’institutionnaliser.

La valorisation de ceux qui “laissent des traces” est pour Roberto Gauvin essentielle. Les réseaux sociaux nous permettent une démocratisation de l’accès à l’information mais il s’agit de ne pas oublier qui permet cette démocratisation. Margarida Roméro appuie cet argument estimant qu’ institutionnaliser représenterait un risque pour la liberté pédagogique de l’enseignant.

La frontière entre l’Institution et les collectifs d’enseignants n’en est pas réellement une selon P. Montrol Amouroux: beaucoup de journées de formation propose un mélange comme les Rencontres de l’Orme, Ecritech, les Boussoles du numérique….

R.Gauvin expose le dispositif “communauté d’apprentissage professionnel” au Canada qui permettent à des enseignants de rencontrer régulièrement des professionnels sur un temps reconnu et valorisé par l’institution .

A la question “ comment gérer son identité quand on fait partie de plusieurs collectifs ?”

Tous les intervenants s’accordent à répondre que ce n’est pas une difficulté mais au contraire une opportunité. Cette question amène à une réflexion plus profonde que doit se poser l’enseignant présent sur les réseaux sociaux : celle de son identité numérique surtout quand on se présente sous une identité d’association . R. Gauvin estime qu’il faut cloisonner nos usages et les traces selon les réseaux.

A la question “Quel est l’avenir des ces communautés, P. Montol Amouroux suppose qu’on assistera à une mutation plutôt qu’imaginer une fin. Les communautés sont poreuses et ne doivent pas se figer dans un modèle qui serait in fine réducteur et leur permettait pas d’évoluer.
La question des ressources des éditeurs se pose : il s’agirait que les ressources pléthoriques proposées par les collectifs ne soient pas récupérées par des éditeurs qui profiteraient de ces productions.

Auteur du compte-rendu : Laurence Juin.

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