Conception d’un EIAH visant à instrumenter les projets Savanturiers : la question de l’évaluation des élèves
Pour la trézième édition du Colloque scientifique Ludovia#14, 39 communications vous seront présentées sur le thème « Partage, échange, contribution, participation ». Ludomag se propose de vous donner un avant-goût de ces ateliers jusqu’au début de l’événement, lundi 21 août.
Marie-Camille Coudert présentera « Conception d’un EIAH visant à instrumenter les projets Savanturiers : la question de l’évaluation des élèves » sur la session II : Ressources, jeux & contenus
Dans le cadre d’un projet eFRAN, les Savanturiers pilotent un consortium rassemblant deux laboratoires de recherche, deux académies et un industriel, Tralalère (Cisel et al., 2017).
Un des objectifs de ce consortium est de développer une application visant à instrumenter les projets Savanturiers. La première année du projet avait pour fonction de réaliser un travail empirique et théorique nécessaire à l’étayage des grandes orientations technologiques qui seront adoptées à partir de l’année 2017-2018.
Nous nous proposons dans cet article de présenter les réflexions relatives à une dimension particulière de l’application : l’évaluation des élèves.
La réflexion développée ici se fonde sur les travaux relatifs à l’instrumentation de l’évaluation développés dans le champ des Environnements Informatiques pour l’Apprentissage Humain (EIAH), et se base sur des observations de terrain qui viennent offrir un ancrage empirique aux solutions envisagées. Cette étape est nécessaire lors de la conception , comme de (De Cortis, 2015), les EIAH ne faisant pas exception (Bruillard et Vivet, 1994).
Les projets Savanturiers, généralement composés de plus d’une douzaine de séances, visent à mettre les élèves dans la position du chercheur, les amenant à réaliser, à leur niveau, les tâches que réalisent les chercheurs : formuler questions de recherche et hypothèses, proposer des protocoles, collecter des données, etc. L’une des particularités de ces projets vis-à-vis des différentes formes de démarche d’investigation pratiquées en milieu scolaire (Grangeat, 2011) réside dans l’assignation, pour chaque classe, d’un mentor généralement issu du milieu académique, qui intervient à différents stades du projet.
L’artefact en cours de développement, provisoirement nommé Carnet Numérique de l’Elève-Chercheur, remplit plusieurs fonctions. L’une d’entre elles est de jouer le rôle de carnet de laboratoire électronique, équivalent numérique des carnets de laboratoire dans lesquels les chercheurs consignent l’avancement de leur travail.
Plus qu’un simple outil d’archivage, la fonction de l’outil serait d’assister les élèves dans les différentes tâches qu’ils sont amenés à mener durant le projet, notamment via un système d’étayages. Il accorderait une part importante à la formulation et à l’amélioration d’idées, notamment de manière collaborative, et à l’utilisation des traces écrites aux différentes étapes du projet.
A cet égard, il s’inscrit dans la famille des technologies éducatives visant à instrumenter la démarche d’investigation (Linn, 2013; Bonnat, 2016). Parmi les diverses fonctions qu’elle comportera à terme, l’évaluation des élèves, tant par les enseignants que par leurs pairs, jouera un rôle central.
La plupart des outils traditionnellement utilisés par les enseignants pour réaliser des évaluations par compétences, comme Pronote, reposent sur un modèle d’expertise partielle traditionnel (Burton, 1982) : la mesure de la compétence, indépendamment de la manière dont l’on définit celle-ci, s’effectue via une échelle d’évaluation (Jean-Daubias, 2011) simple, qui s’étend généralement de non-acquis à acquis.
L’objectif de la recherche est d’identifier des modalités d’évaluation qui permettent d’une part de donner davantage d’importance à la qualification des erreurs réalisées, et d’autre part à favoriser leur interprétation, notamment par les élèves.
Pour nous assurer de la pertinence des solutions envisagées et préciser les tâches sur lesquelles cette évaluation devra porter, nous avons réalisé un travail d’analyse des projets Savanturiers au sein de classes du premier et du second degré. Ce travail présente une double visée descriptive et herméneutique.
Le travail descriptif fondé sur des observations en classe a pour objectif de caractériser les différentes tâches réalisées par les élèves au sein d’un projet Savanturiers, ainsi que les modalités d’interaction entre les différents utilisateurs potentiels de l’application : élèves, enseignants et mentors. Nous constatons que les projets se distinguent par l’agentivité et du degré d’autodirection (Carré, 2003) dont disposent les élèves, ainsi que par la nature des tâches qui leur sont proposées.
En sus des observations de classe, nous analysons les instruments d’évaluation adoptés par les enseignants, et réalisons dans une visée herméneutique (Astolfi, 1993) des entretiens individuels et collectifs visant à expliciter, une fois le projet terminés, les déterminants des choix effectués en termes de scénarisation pédagogique.
Nous tirons de ce travail un certain nombre de recommandations susceptibles de peser sur les orientations technologiques suivies en matière d’instrumentation de l’évaluation.
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