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Les Promeneurs du Net de la Manche, des professionnels assurant une présence éducative sur internet pour aider à grandir dans une société numérique entre subjectivation, individuation et émancipation.

L’université d’été Ludovia aura lieu du 23 au 26 août 2016 dans l’Ariège. Au sein de cet événement le colloque scientifique vous propose une trentaine de communications que vous pouvez découvrir sur Ludomag. Pascal Laine vous présente « Les Promeneurs du Net de la Manche, des professionnels assurant une présence éducative sur internet pour aider à grandir dans une société numérique entre subjectivation, individuation et émancipation.« 

Après une rapide présentation de la présence éducative sur internet dans le département de la Manche, nous insisterons tout d’abord sur l’idée selon laquelle l’estime de soi des ados, n’en déplaise encore à certains professionnels, se construit aussi sur la base de leurs relations sociales numériques. Pour la démonstration, nous pourrons revenir rapidement sur les travaux de Yann Leroux, Serge Tisseron, Jocelyn Lachance, Claire Bailays, Antonio Casilli entre autres et les confronter aux pratiques des jeunes et des professionnels que nous connaissons.

Le je du jeu, ou l’inverse, commençant aussi et surtout avec l’autre, dans d’innombrables formes de réciprocité alliant une multitude de don et de contre don, entre intérêt et désintéressement, nous irons vers notre thématique qui est celle du grandir en société. Nous donnerons quelques exemples de liens qui se tissent, et parfois se cassent, entre des professionnels de la « rue numérique » et des ados, sur des territoires qui associent les espaces physiques aux espaces en ligne dans une intervention sociale et éducative en chantier ; un chantier comme un bricolage mutuel qui constitue une sorte de fondement, tant pour l’adolescence en construction que pour les reconfigurations professionnelles et institutionnelles qui en découlent. Ce « bricolage anomique numérique » s’inscrit dans une filiation historique et théorique qui part de Jean Duvignaud, passe par David Le Breton et s’actualise avec Jocelyn Lachance dans une articulation entre une socio-anthropologie des jeunesses et une socio-anthropologie esthétique de la relation sociale, sans les excès dangereux d’une esthétisation du monde mais en prenant au sérieux l’idée de se mettre en scène, de se représenter individuellement et collectivement. Sans doute sommes-nous ici dans une certaine relation à une économie et une écologie de l’attention.

Sans tomber dans les excès de la notion de bricolage, nous garderons à l’esprit cette idée pour terminer notre propos en montrant les enjeux professionnels et institutionnels de cette présence éducative sur internet en rapport avec les différentes formes de radicalité à l’œuvre dans nos sociétés en transition. Entre transition écologique, économique, politique et numérique, nous pourrons appréhender au travers de plusieurs exemples récents la distinction centrale entre présence, veille et contrôle que l’outils peut offrir et, finalement, comprendre que nous sommes tous dans un moment de bricolage institutionnel où la présence éducative sur internet (PEI) peut être vue comme une innovation sociale radicale permettant de développer des compétences psychosociales réciproques autour de l’esprit critique et la créativité. Sans évacuer le fondement de la relation physique (cela va de soi), la PEI devient finalement une entrée à privilégier pour toutes structures accueillant des Adolescents si elles veulent bien laisser un peu de place institutionnelle à l’intermédiation sociale permettant de lutter mutuellement face à ces dérives qui nous assaillent et pour lesquelles nous sommes quelque peu démunis. Enfin, nous réussirons à envisager la relation entre subjectivation, individuation et émancipation en se dessaisissant de sa dimension structurale pour la laisser grandir dans une démarche d’aller et retour entre ces trois temps de la constitution du sujet avec ses progrès et ses régressions successives, dans un mouvement spiralaire. L’adolescence est une transition, alors transitons avec elle en lui accordant toute notre confiance, sans laxisme béat et surtout, sans adophobie. Les dangers d’internet, même s’ils sont de mieux en mieux perçus et identifiés, ne sont pas toujours là où on les croit. Laissons les adolescents nous transmettre les ressources de leurs activités numériques en analysant ensemble leurs usages et investissons plutôt dès maintenant le sujet de l’empathie, de la maternelle jusqu’aux différents cycles du grandir (jeu de trois figures – Tisseron) pour retrouver l’attention sympathique qui nous manque.

Plus d’infos sur le programme du colloque scientifique sur 
http://ludovia.org/2016/le-colloque-scientifique-de-ludovia/

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