Chaque année, fin septembre, cet événement s’adresse aux éditeurs de contenus numériques jeunesse, aux fabricants de tablettes et supports éducatifs, aux enseignants, aux structures publiques, aux collectivités et aux investisseurs. On y rencontre dans un joyeux mélange des gens du ministère, des startupers, des enseignants utilisateurs de tablettes… c’est avec Ludovia, une des rares occasions d’échanger avec ceux que l’on rencontre rarement, hors contexte de vente, les éditeurs de contenus !
Serge Tisseron a introduit l’après-midi en rappelant utilement qu’une tablette peut être mise au service de la relation à l’autre, aider à appréhender d’autres points de vue et ainsi développer l’empathie.
La tablette n’est pas forcément un écran qui sépare, enferme et isole !
La table ronde qui a suivi a commencé avec Nathalie Guey enseignante en petite section qui nous a parlé d’abord de sa pédagogie puis de de la façon dont elle intègre les outils numériques (tables tactiles, tablettes et TNI) dans les projets qu’elle propose à ses élèves.
Elle témoigne que le numérique lui permet de prendre du recul et de davantage observer ses élèves. La grande autonomie vite acquise par les enfants sur ces outils lui libère du temps pour aider ceux qui en ont besoin. Les activités numériques ne remplacent pas les activités traditionnelles de manipulations et papier/crayon mais elles enrichissent le travail d’une nouvelle dimension, permettent des étapes supplémentaires pour s’entraîner, écouter des histoires, créer…
Les activités numériques étant élaborées sur mesure par l’enseignante, elles peuvent permettre des gains de temps en classe et d’efficacité.
Par contre, Nathalie avoue que le souci avec le numérique c’est le manque de sommeil car elle a beaucoup trop d’idées pour toutes les mettre en oeuvre !
Même constat avec Martial Pinkowski de Canopé Essonne et créateur de PDAgogie (applications pour l’EPS) qui prend ensuite la parole sur l’usage de tablettes en collège.
Une des vraies plus-value est de libérer le prof de tâches maintenant gérées par les élèves avec l’aide de la tablette au bénéfice de ce que lui seul peut assurer : l’accompagnement des élèves, les conseils pour progresser, plus de temps pour rassurer et motiver ceux qui en ont besoin. Bien entendu, les tablettes sont utilisées en séance quand c’est pertinent, quand ça apporte un plus !
Par exemple, chronométrer avec la tablette permet, en plus du temps réalisé, d’avoir tout de suite la vitesse, le record de la fois précédente… Il est essentiel aussi que la tablette ne soit pas l’outil de l’enseignant mais vraiment dans les mains des élèves. Autre avantage, l’usage de la tablette permet de faire facilement des liens avec les mathématiques, la physique, le français… elle est un outil d’interdisciplinarité !
Martial veille à utiliser (ou crée lui-même) des applications qui prennent en compte des critères autres que « a gagné » ou la performance accomplie mais aussi les progrès de l’élève par rapport à la fois précédente, par exemple. Les élèves arrivent en cours avec des intentions, le résultat de leur activité physique est donné immédiatement par la tablette et cela permet ensuite un retour sur l’action, le tout facilement conservé et communicable aux parents.
Ghislain Dominé, de Canopé Lille et auteur de l’ouvrage “Les TICE en classe, mode d’emploi” a ensuite intelligemment interrogé la “figure de l’enseignant innovant” qui est inspirante mais peut aussi intimider et paralyser. Il ne s’agit pas du tout bien entendu de négliger tout l’intérêt des deux témoignages précédents et de tous les autres, mais bien de chercher aussi d’autres voies, plus modestes et accessibles, pour inciter les collègues à se sentir en capacité de se lancer.
Il a énormément insisté sur la culture numérique des enseignants à construire et à partager de façon simple et naturelle. Il n’est plus temps de s’interroger sur l’utilité ou non du numérique, il est là et ne partira pas, la question est : que faire avec et comment ?
Ghislain propose de parler, échanger et faire ensemble !
Là où les modèles peuvent intimider car sembler “exceptionnels” il faut faire simple et modeste en ayant conscience qu’expérimenter une petite chose, dans un contexte restreint pour commencer, peut être très porteur. Il n’est pas nécessaire de vouloir à tout prix tout révolutionner, commencer par intégrer/changer quelque chose est aussi facteur d’évolution.
Cette démarche ne “tuant” pas les icônes qui conservent tout leur intérêt pour inspirer et ouvrir la voie.
“Mais les enseignants veulent des contenus avant tout !” a-t-on entendu dans la salle… certes mais ce n’est pas forcément ce qui doit être premier, des contenus sans conscience des enjeux risquent de ne pas servir à grand chose. Intégrer la culture numérique : partage, transversalité, horizontalité, mutualisation… doit être au coeur de nos préoccupations, cela concerne les profs, les élèves… et les parents aussi !
Laurence Bee, parent, journaliste et créatrice des sites parents 3.0 et ados 3.0 nous a ensuite fait part des réticences exprimées par les parents face au numérique : peur de trop de temps d’écran pour leurs enfants, difficulté à gérer ce temps avec eux, crainte de ne pas comprendre ce qu’ils font en ligne…
Les parents ont néanmoins une attente positive vis à vis du numérique pour aider leurs enfants dans leur scolarité. Si on pensait le numérique comme favorisant le lien entre école et famille ce serait une façon de faire changer le regard des parents sur le numérique.
“Pour nos enfants la connexion est naturelle, on ne reviendra pas en arrière… soyons complices avec eux !” propose Laurence, découvrons avec eux, apprenons d’eux sans renoncer à les guider et les conseiller.
Enfin est venu le moment de la pause-café aux accents Proustiens, avec madeleines donc, pendant laquelle les échanges ont pu continuer… sur les icônes, les contenus, la culture numérique, les liens école-familles…
Plus d’infos : Lien vers le Storify de l’événement
Photo : Ludoschool