Auteur/autrice : Stéphanie De Vanssay

  • L’élève connecté

    L’élève connecté

    Nous ne sommes pas dans le futur, juste dans un présent qui aurait intégré le numérique à l’école permettant à l’élève d’être aussi connecté concernant sa scolarité qu’il l’est pour sa vie personnelle…

    Ce scénario suppose aussi que ces usages scolaires soient sereinement accompagnés par tous les adultes de la communauté éducative et que les élèves, à qui l’on fait confiance par défaut, soient responsabilisés.

    Une charte est bien sûr élaborée avec les élèves mais pas dans l’objectif de réprimer ou interdire les usages, seulement de les réguler. Dimanche soir, 21h30, Zoé jette un dernier coup d’œil avant de se coucher via son smartphone à l’appli du collège… Le cours de 8h est annulé car son prof de maths est malade, elle le sait depuis plusieurs heures déjà, par contre la prof de techno assurera son cours à 9h, bon une heure de plus de sommeil, c’est toujours ça de gagné ! Elle règle son réveil et se couche en visionnant avant de s’endormir le dernier épisode de sa série préférée.

    7h30 le radio réveil de Zoé se met en marche,

    suivi de peu par le bourdonnement de son smartphone lui indiquant un rappel en lien avec le collège (pour les trucs perso ce sont des gazouillis). Elle doit penser à réviser une dernière fois en vue de l’exposé d’histoire prévue en fin de matinée. Avec Jonathan et Alice, ils ont préparé leur intervention par visio-conférence les jours précédents et ont enregistré leurs diverses prises de paroles, Zoé se repasse la séquence en avalant son bol de céréales puis elle visionne le diaporama et relit ses notes sur sa tablette dans le bus. Elle a une idée pour améliorer la conclusion dont Alice est chargée, elle ajoute une suggestion sur le document collaboratif qu’ils ont préparé, une alerte va avertir ses camarades sur leurs téléphones qui pourront valider ou non cette modification, au besoin ils en discuteront vite fait pendant la récré.

    Arrivée au collège, l’appli de l’établissement lui indique le numéro de la salle prévue pour son premier cours,

    elle retrouve ses camarades devant la porte. En techno ils doivent assembler un détecteur de fumée en suivant des instructions précises qui sont disponibles au choix sur papier ou consultables sur les ordinateurs et tablettes présents dans la salle. Il est aussi possible d’y accéder sur sa tablette personnelle ou son téléphone via l’ENT. Chacun s’affaire, quelques-uns s’entraident, certains sont déjà en train de découvrir le projet suivant qu’il faudra mener en groupe à partir de la semaine prochaine. La prof de techno circule, donne un conseil par-ci, des félicitations par là, attire l’attention sur un montage hasardeux… L’ambiance est un peu bruyante mais studieuse ! C’est déjà la récré, pas besoin de consulter Alice et Jonathan pour l’exposé, ils ont tous deux validé son idée, elle a vu les notifications pendant le cours de techno.
    Elle jette un œil sur son fil Twitter et apprend que Malika a un truc à lui raconter « en privé » et lui donne rendez-vous près du banc… elle y court !

    Cours d’histoire, Zoé a l’estomac un peu noué en attendant le moment de l’exposé,

    prendre la parole devant toute la classe ça fiche quand même la trouille… un peu ! En attendant elle écoute d’une oreille distraite le début du cours, heureusement que l’enregistrement complet sera disponible en ligne, elle pourra le réécouter plus tard. Il est midi, l’exposé s’est plutôt bien passé, le prof d’histoire-géo les a félicité tout en pointant quelques points à améliorer.
    Il a déjà renseigné sur l’espace personnel de Zoé ce qu’il trouve acquis et des conseils d’amélioration pour la prochaine fois. Il a noté que Zoé parle trop vite, elle va y faire attention pour l’intervention qu’elle doit préparer prochainement pour le cours de mathématiques.

    Elle a faim, l’appli du collège lui indique que la file d’attente de la cantine est très modérée pour le moment mais que d’ici une dizaine de minutes elle devrait être plus dense, elle se dépêche donc pour éviter la cohue tout en regardant les plats proposés au menu …

    Dans la queue elle discute avec ses meilleures copines Malika qui est près d’elle

    et Julia qui est dans une salle d’attente à l’hôpital pour des examens mais qui chatte avec elles via Facebook. Elles continuent d’échanger ainsi pendant une partie du repas jusqu’à ce que Julia entre dans le cabinet du médecin. Pour les cours à rattraper aucun stress, Julia sait qu’elle trouvera tout ce qu’il lui faut sur l’ENT et ses copines vont lui passer leurs notes, Malika a pris des photos de son cahier et Zoé, qui préfère les prendre sur sa tablette, lui a déjà transféré les fichiers sur son espace scolaire personnel.

    Cours de Français maintenant avec prise de notes collective sur un document numérique collaboratif !

    Zoé aime bien cet exercice où par groupe de 5 ils doivent noter ce qui est dit sur le texte étudié par le prof et par les élèves qui interviennent. Il faut à la fois écouter, noter, organiser, corriger les erreurs d’orthographe et améliorer les phrases. Elle adore ce sentiment de pouvoir gérer plusieurs choses à la fois et d’améliorer ensemble, au fur et à mesure du cours la qualité des notes et leur présentation.

    En plus, le prof vérifie pendant le cours (et après si besoin) que les textes produits tiennent la route et corrige s’il y a des erreurs ou des contresens. Finies les notes prises à la main difficiles à relire à la maison ! Zoé sort sa tablette, certains leurs téléphones et d’autres se mettent sur les ordinateurs à disposition dans la salle.

    Pendant une heure trente le cours se déroule puis la dernière demi-heure sert à peaufiner la mise en forme des notes de chaque groupe. Toutes les versions sont ensuite rendues disponibles sur l’ENT et deux élèves sont chargés d’en tirer un article pour le blog de la classe où chaque texte étudié fait l’objet d’un résumé critique.

    La journée de collège se termine par un temps obligatoire de travail personnel

    mais où chaque élève a le choix de ce qu’il fait selon ses préférences et ses besoins. On peut aller au CDI, en salle informatique, en permanence ou dans une salle de travail en groupe, solliciter ou non l’aide d’un professeur ou d’un assistant d’éducation, revoir les cours de la journée, préparer un contrôle ou un projet, s’entraîner sur des logiciels dédiés pour l’orthographe, le calcul mental et tout ce qui relève de la mémorisation si un professeur a pointé des lacunes ou seulement si l’élève ressent le besoin de s’auto-évaluer.
    Cela sera enregistré dans son espace personnel scolaire à côté des compétences validées et à travailler renseignées par les différents professeurs. Zoé profite de ce moment pour ré-écouter le début du cours d’histoire de ce matin et faire les exercices que le prof de maths, absent ce matin, a envoyé sur l’ENT pour compenser l’heure perdue.

    Quand elle rentre chez elle, Zoé a fait l’essentiel de son travail scolaire et n’a quasiment pas besoin d’y revenir.

    Elle aime bien cependant regarder les capsules vidéo de sa prof d’anglais le soir avant de se coucher, elle a l’impression que ça l’aide à bien mémoriser et pour progresser elle a décidé de commencer à essayer de regarder ses séries en VO sous-titrées… elle va commencer ce soir d’ailleurs !

     

    Source : cet article a été écrit pour le Cahier Éducation & Devenir n° 2015-25 « Qu’est-ce qu’un élève ? » il a été republié ici avec l’aimable autorisation de l’association Éducation & Devenir.

  • Téléphones en classe au collège : témoignage

    Téléphones en classe au collège : témoignage

    Christian Westphal enseigne la physique-chimie au collège de Truchtersheim (67), dans un environnement socio-économique réputé plutôt favorisé. Il exerce également les fonctions de personne ressource pour le numérique (PRN) dans son établissement depuis plus de 15 ans et de formateur académique, en particulier autour des usages de la plateforme Moodle*.
    Il utilise les smartphones de ses élèves en classe.

    École de demain : Quels sont vos usages des smartphones avec les élèves ?

    Christian Westphal – Le premier usage du téléphone portable en classe a été pour l’appareil photo. Depuis quelques années je demandais aux élèves de rédiger les rapports de TP à la maison mais de façon collaborative sur un wiki** de Moodle. Je leur ai proposé de remplacer les schémas d’expériences par des photos. Évidemment le côté transgressif a beaucoup joué dans la motivation, mais l’effet nouveauté a perduré et au fil des TP les élèves se sont appliqués à faire de la photo un véritable média. J’ai fait de l’EMI sans même m’en rendre compte !

    Il y avait eu un appel à projet de la mission TICE pour des boitiers de vote, mais nous nous avons loupé le coche et compris trop tard leur intérêt pédagogique. J’ai réfléchi à une solution de substitution car le collège n’avait pas les moyens d’investir dans des boitiers. Cela a abouti à la naissance du projet MoodleBox***.

    J’utilise Moodle en classe, pour des activités courtes ou très courtes, pour lesquelles je ne peux pas me permettre de déplacer les élèves – et le matériel de physique-chimie – en salle informatique. Les téléphones sont disponibles (et rangés) très vite, les élèves peuvent progresser à leur rythme et je vais développer cette année des parcours plus individualisés. Avec Moodle, le « feedback » sur les erreurs classiques est immédiat, personnalisé et du coup je suis plus disponible pour ceux qui ont vraiment besoin de moi.

    E. d. D. – Comment les élèves ont-ils vécu ce changement de pratiques ?

    C.W. – Il a eu un effet collatéral qui n’avait absolument pas été prémédité : la coopération des élèves. Cela commence simplement par de l’entraide « pratique » (« Comment tu règles le wifi ? » « Où est-ce que tu as cliqué pour arriver là ? ») pour passer naturellement à de la coopération sur les contenus du cours. Cela n’arrivait jamais lorsque que je leur demandais de faire des exercices « sur papier » : ils se contentaient de recopier.
    Par ailleurs, l’ambiance de classe est apaisée, même avec les classes agitées.

    E. d. D. – Jamais de dérapage ?

    C.W. – Il n’y a eu quasiment aucun « dérapage » avec les téléphones. Ils sont sur la table et plus en dessous, du coup, c’est plus facile de repérer ceux qui font autre chose.
    Si le SMS parental « N’oublie pas que c’est Papy qui vient te chercher à 17h » arrive en plein cours, la règle est simple : on lit le message rapidement, on n’y répond pas et on reprend le boulot.

    E. d. D. – Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que le ministre envisageait d’interdire totalement les téléphones dans les écoles et les collèges, comme l’avait promis Emmanuel Macron ?

    C.W. – Lorsqu’Emmanuel Macron l’avait annoncé, nous avions été nombreux à trouver que c’était un peu ridicule tant ça paraissait inapplicable, tant en pratique que par rapport à l’évolution naturelle des pratiques pédagogiques. Philippe Watrelot l’a bien résumé en citant Machiavel : « Il ne faut interdire que ce que l’on peut empêcher » .
    On ne passera pas à côté d’une vraie réflexion sur les apprentissages et l’accès des élèves à l’école, aux savoirs et à la culture au sens large. En deux ans, je bute déjà sur les limites de mon dispositif : je n’arrive pas à accéder facilement à Internet (et je ne souhaite pas imposer l’utilisation du forfait des élèves).
    Du coup, on construit cette année un projet au collège pour demander une couverture complète en wifi « dans les règles de l’art » afin de permettre une généralisation du BYOD****. D’ailleurs le collège Olympe de Gouges à Ingwiller (67) l’expérimente officiellement déjà depuis l’an dernier (voir le reportage de Ludomag à ce sujet).

    E. d. D. – Mais la loi stipule déjà que les téléphones portables sont interdits dans les établissements scolaires, non ?

    C.W. – Je ne me sens pas du tout une âme de délinquant, mais j’essaye de faire preuve de bon sens. Or là, l’article L511-5 est justement une loi qui ne rime à rien.
    « L’utilisation durant toute activité d’enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur, par un élève, d’un téléphone mobile est interdite. »
    De quelle utilisation parle-t-on ? D’une utilisation en lien avec le cours ou d’une utilisation « hors sujet » ? Et puis un « téléphone » ça n’existe plus, ce que les élèves ont en poche, c’est un appareil photo, un navigateur, un lecteur d’e-book, un bloc note, un lecteur de QRcode, un GPS, un accéléromètre, etc.

    Si un jour un élève arrivait avec les patins à roulettes (et que je ne trouve pas une bonne idée pour l’intégrer à mon cours de physique) je lui demanderais de ne pas les utiliser en cours et de les garder dans son sac. A-t-on besoin d’une loi qui précise que « l’utilisation durant toute activité d’enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur, par un élève, de patins à roulettes est interdite » ?

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    E. d. D. – Comment est-il possible de s’en servir quand même en classe ? Quelles sont les démarches / les précautions à prendre ?

    C.W. – Avant d’utiliser massivement les portables (mais après avoir expérimenté mon dispositif) j’ai demandé leur avis à l’un de mes IA-IPR et à mon chef d’établissement. Jamais je n’ai rencontré le moindre frein. Je côtoie régulièrement la DANE***** qui s’est montrée enthousiaste.

    Du côté des élèves ils ont très vite accroché et je n’ai eu aucun retour négatif de la part des familles. On m’a demandé en conseil d’administration (CA) comment je travaillais avec les élèves qui, par choix éducatif des familles, ne disposaient pas de smartphones personnels. Pour ceux-là (mais aussi en cas de batterie à plat, d’oublis ou de confiscation) je mets à disposition une série de quatre tablettes qui sont suffisantes pour utiliser Moodle.

    Je sais que certains collègues ont élaboré des « chartes BYOD » avec les élèves. Personnellement je n’aime pas trop codifier les utilisations et anticiper les éventuelles sanctions qui placent les élèves comme des délinquants potentiels. Je leur ai simplement présenté les choses comme un principe de confiance. Je pense que c’est surtout cela qu’ils apprécient.

    E. d. D. – Une des motivations de cette interdiction est, d’après le ministre, la nécessité de rétablir l’autorité des enseignants. Quel est votre avis à ce sujet ?

    C.W. – Qu’il est urgent d’interdire les patins à roulettes pour rétablir l’autorité des enseignants !

    Blague à part, il n’y a, à mon avis, aucun rapport entre autorité et smartphones.
    Leur utilisation en classe pose par contre deux autres questions importantes.
    Tout d’abord celle du sens que l’on met derrière le mot autorité : s’agit-il d’instaurer une autorité fondée sur les savoirs ou d’une autorité instaurée par la coercition ?
    Ma vision est peut-être biaisée par le public scolaire qui est le mien, mais il me semble que plus on interdit, plus on donne des idées et des envies aux élèves. Bien sûr que certains ont essayé ou ont réussi à faire des photos, à filmer en cours, à envoyer des SMS, etc. mais avec le téléphone sur la table, ils savent qu’ils seront moins discrets. Et puis finalement, ils sont comme tout le monde : ils n’arrivent pas à faire deux choses à la fois ; s’ils travaillent ils n’ont pas le temps de faire les andouilles.

     


    * Moodle est une plateforme communautaire d’apprentissage en ligne : https://moodle.org/
    ** Un wiki est une application web qui permet la création, la modification ey l’itilisation collaborative de pages à l’intérieur d’un site web.
    *** Le projet Moodlebox
    **** BYOD : Bring Your Own Device (en français « Apportez votre appareil personnel« ) est une pratique qui consiste à utiliser ses équipements personnels (smartphone, ordinateur portable, tablette) dans un contexte professionnel. On utilise aussi parfois l’acronyme  « AVEC«  pour « Apportez Votre Équipement personnel de Communication« .
    ***** DANE : Acronyme de Direction Académique au Numérique Éducatif

     

    Source : Un article sur le blog ecolededemain

  • Quelle stratégie adopter pour éviter que votre projet pédagogique soit refusé ?

    Quelle stratégie adopter pour éviter que votre projet pédagogique soit refusé ?

    Comme chaque année en septembre de nombreux collègues qui voulaient se lancer dans un nouveau projet se heurtent à un refus de leur IEN ou de leur chef d’établissement. Ils ont pourtant peaufiné leur projet, l’ont expliqué, rédigé soigneusement et voilà qu’on leur oppose un “Non, ça ne va pas être possible / c’est interdit / je ne veux pas…”.

    Alors ils se tournent vers la communauté des enseignants qui mènent déjà ce type de projet, demandent des conseils pour tenter de remédier à ce problème de refus mais… hélas, dans l’immense majorité des cas, il est trop tard !

    Même si les raisons du refus ne tiennent pas la route, même si d’autres collègues mènent déjà des projets similaires avec une reconnaissance institutionnelle, même si aucun élément tangible ne vient à l’appui de la raison invoquée pour dire non, il est extrêmement difficile de faire revenir quelqu’un, qui plus est un supérieur hiérarchique, sur une interdiction qu’il a posée. En effet, même si on est de bonne foi, qu’on peut prouver avec des textes clairs qu’on a raison, qu’on a des appuis plus haut placés, on a toutes les chances de se heurter à un mur et si on obtient gain de cause de le payer, hélas, un jour ou l’autre.

    Faire perdre la face à un supérieur hiérarchique n’est jamais une vraie bonne solution ! Alors comment faire ? Et bien, il faut se montrer malin, anticiper et mettre en oeuvre une stratégie du détour ! Le secret réside dans la mise en place d’un contexte rendant le “non” impossible.  

    Quand vous savez que vous allez bientôt vous lancer dans un nouveau projet, il faut tout de suite échanger avec des collègues qui l’ont fait avant vous. Non seulement cela va vous permettre de peaufiner votre variante du projet en évitant certaines erreurs qu’ils auront repérées mais vous pourrez déterminer les points d’attention, les choses qui pourraient faire peur ou coincer. Pensez à prendre alors les devants en prévoyant un cadre, une charte, la communication aux parents… et tout ce qui permettra de montrer que vous ne partez pas à l’aveugle sans avoir réfléchi à ce qui peut poser problème.

    Toujours avec l’aide de ces collègues précurseurs, documentez-vous sur les mises en oeuvre de projets similaires qui ont donné lieu à des publications sur des sites institutionnels (nationaux ou académiques) ou dans des revues / sites / livres d’associations pédagogiques et de chercheurs. Vérifiez aussi dans l’Expérithèque qui recense les expérimentations présentées lors des journées de l’innovation organisées par le Ministère de l’EN. Faites bien figurer dans votre projet des références à toutes ces publications. Le cas échéant, si des textes autorisent de façon explicite ce que vous proposez dans votre projet citez-les aussi et bien sûr appuyez-vous sur les programmes, les parcours, le Socle Commun, les directives ministérielles, les rapports qui pourraient être en lien, la recherche…

    Faites “valider” votre projet en amont en le soumettant pour avis et conseils. Là l’objectif est double : améliorer votre projet et surtout pouvoir le présenter avec la mention “projet élaboré avec l’aide de…”. De qui ? Là est la bonne question ! Cela dépend de votre projet mais aussi et surtout des personnes dans les différents services / organisations qui pourront être intéressées par votre projet. N’hésitez pas à vous faire aiguiller par les collègues de votre secteur, votre section locale syndicale peut aussi être à même de vous conseiller utilement sur l’interlocuteur qui sera le plus adapté.

    Cela peut être : le CARDIE (Conseiller Académique Recherche – Développement, Innovation, Expérimentation, ils sont listés ici), le DAN (Délégué Académique au Numérique, ils sont listés ), votre antenne CANOPÉ, le Clemi, votre conseiller pédagogique… Indiquez bien de façon explicite dans votre projet rédigé qu’il a été conçu avec cette aide.

    Évitez de demander l’autorisation ! En effet l’idéal est d’informer votre chef d’établissement ou votre IEN sans solliciter frontalement une autorisation qu’il risquerait de vous refuser. Il faut rester sur la ligne de crête entre “faire dans son dos” et demander humblement son aval. Vous lui présentez un projet, bien ficelé, documenté, relu / complété / validé / fait avec le CARDIE / le DAN / CANOPÉ / le Clemi / le CPC qu’il ne pourra pas vous interdire de mettre en oeuvre, tout au plus pourra-t-il, s’il veut vraiment pinailler, vous ajouter des contraintes à respecter.

    Voilà, normalement, en procédant ainsi vous ne devriez pas essuyer de refus !  

    Source image : pixabay.com

  • Innovation et marchandisation, halte à l’amalgame !

    Innovation et marchandisation, halte à l’amalgame !

    Ces derniers mois, de façon très pernicieuse, certains accusent les profs qui innovent de jouer le jeu d’une marchandisation de l’école…

    Le schéma est à peu près toujours le même : un innovateur ou une innovation sont soi-disant analysés (souvent par quelqu’un qui n’est pas allé voir par lui-même ce qui était concrètement fait) puis cela débouche sur une série de remises en cause, à base souvent de fausses évidences, et… cerise sur le gâteau cela se termine par « cela est un marché juteux pour X, Y ou Z », ce qui sous-entend que « ce n’est pas très clair ni très éthique tout ça ! »

    Il est particulièrement injuste et malhonnête de s’attaquer ainsi à de très nombreux collègues qui ne comptent ni leur énergie, ni leur temps, pour que leurs élèves réussissent mieux et dans de meilleures conditions.

    Mais de quoi parle-t-on exactement ? Qui sont ces profs qui innovent ? Pourquoi les soupçonne-t-on de nuire au système ? Décryptage…

    Qu’est-ce-qu’un innovateur ?

    L’innovateur est à distinguer de l’inventeur… En effet l’inventeur est celui qui crée du nouveau, alors que l’innovateur est celui qui le met en oeuvre dans un milieu social. C’est ce que précise Norbert Alter, sociologue auteur d’un ouvrage sur le sujet* : « L’innovation est associée à l’idée de progrès, de vie, de créativité et d’entrain. S’opposant à la routine et à l’ordre établi de trop longue date, elle bénéficie souvent d’un jugement de valeur positif. » Par extension, le prof qui innove, ou plutôt, les profs qui innovent (cela se passe souvent en équipe) ne font pas forcément des choses très originales, totalement nouvelles ou extraordinaires. Non, ils font juste autrement que ce qui est traditionnellement fait depuis longtemps dans la majorité des classes.

    Pourquoi les profs innovent-ils ?

    Pour être à la mode ? Non pas vraiment… Dans la plupart des cas, un prof innove simplement dans le but d’améliorer l’efficacité de son enseignement. L’immense majorité des professeurs est à un moment ou à un autre engagé dans une démarche innovante.

    En effet, sauf à considérer que ce qu’il fait est complètement pertinent et efficace pour tous ses élèves, innover fait intrinsèquement partie du travail du professeur. Innover c’est s’adapter à ses élèves, repenser ses façons d’enseigner au regard de la recherche, répondre aux nouvelles demandes de l’institution, procéder par essais-erreurs pour trouver des façons plus efficaces d’accompagner les élèves dans leur diversité. Précisons qu’innover ne rime pas obligatoirement avec numérique. Il peut y avoir un lien, mais ce n’est pas automatique ! Le numérique peut aussi tout à fait être utilisé de façon extrêmement classique et traditionnelle, de façon descendante et fermée : le diaporama et le quiz en sont deux très bons exemples.

    Bizarrement les plus ardents défenseurs des “bonnes vieilles méthodes qui marchent” sont bien souvent les mêmes qui déplorent le niveau des élèves qui ne cesserait de baisser. On ne va pas leur faire l’insulte de considérer qu’ils estiment qu’il n’y a pas de lien entre ce que met en oeuvre le professeur et ce que les élèves savent. Bref, si les “bonnes vieilles méthodes marchent”, alors les élèves devraient déjà tous réussir, non ?

    Et si on arrêtait de taper sur les innovateurs ?

    Il semble que les innovateurs soient les nouvelles figures à abattre, ils sont attaqués de tous les côtés.

    Pourtant il est facile de constater que les “anti-innovations” manquent de curiosité et de rigueur…

    On a par exemple ceux qui à longueur de tribunes fustigent la classe inversée en pointant ses écueils, mais qui n’ont pas eu l’honnêteté intellectuelle de se renseigner un minimum. Sinon, ils se seraient rendu compte par eux-même que les “dangers” qu’ils pointent font tout à fait partie de la réflexion pédagogique de fond des “inverseurs” et qu’ils ont trouvé des moyens de les éviter ou de les contourner.

    On a ceux qui profitent de l’agaçant succès médiatique -et effectivement discutable- de Céline Alvarez pour prouver, par son exemple érigé en généralité, que tout enseignant qui innove veut attirer les feux de la rampe et monétiser sa méthode.

    On a enfin, ces collègues à l’affût sur les réseaux sociaux, prêts à se moquer avec cynisme de tout partage de séance pédagogique sortant un peu de l’ordinaire : projet interdisciplinaire, tâche complexe, travail collaboratif…, rien ne trouve grâce à leurs yeux. C’est forcément “stupide”, “ridicule”, “infaisable”, “usine à gaz”… Ces mêmes collègues se gardent bien par ailleurs de partager leurs propres séances pédagogiques !

    Enfin, nous n’oublions pas ce que Clisthène -collège expérimental bordelais- a subi et subit encore… De la levée de boucliers de certains syndicats à sa création (c’est logique cela a bousculé les règles du mouvement des profs) à la régulière remise en question par l’institution des bonnes conditions de son fonctionnement (qui ne demande pourtant aucun moyen supplémentaire) jusqu’à la non-extension de l’expérimentation malgré son succès attesté par la recherche !

    En effet, même si ces dernières années l’Éducation Nationale a eu un discours porteur encourageant les innovations, de nombreux collègues qui essaient de nouvelles façons d’enseigner doivent se confronter concrètement sur le terrain qui à la résistance de son chef d’établissement, qui à celle de son IEN, quand ce ne sont pas carrément des bâtons qui leur sont mis dans les roues.

    Pourquoi les innovateurs dérangent-ils ?

    Ce phénomène n’est pas nouveau, les innovateurs ont toujours été présents dans la société en général et dans l’enseignement en particulier. Françoise Cros**, chercheure en sciences de l’éducation et membre du Cniré*** précise que jusque récemment l’innovation a été synonyme de danger, en ce sens qu’elle engendre du déséquilibre et du désordre, qu’elle est potentiellement génératrice de désintégration de la société civile et de schismes religieux.

    Actuellement la tendance est qu’il faut innover dans tous les domaines, les connotations positives (voire injonctives) de l’innovation n’empêchent pas les paradoxes… L’innovation provoque depuis toujours un conflit entre anciens et modernes, entre la logique de la règle et celle de l’innovation puisque les innovateurs œuvrent pour transformer les règles d’organisation. Les transformations et conséquences diverses qui en résultent ne sont pas contrôlées mais découvertes progressivement au cours de l’expérimentation. De plus, l’innovation représente l’émergence d’un autre état du monde, dont on ne connaît jamais bien les contours et, évaluer l’impact de quelque chose de nouveau avec des critères prévus pour codifier de l’ancien, s’avère très difficile. En effet, on risque ainsi de négliger des effets non attendus mais qui pourraient être essentiels.

    L’innovation rentre donc en conflit avec l’ordre, même quand ses buts sont ceux fixés par l’institution. Elle n’est ni prévisible ni prescriptible, elle est à la fois demandée et redoutée par la société. Elle bouscule, déstabilise, rompt un équilibre fragile. Elle est source d’incertitude et inquiète la société dans son ensemble.

    Ne pas se tromper d’adversaire !

    Ce sont les marchands qui se servent de l’image positive de l’innovation pour vendre et non les professeurs innovants qui souhaitent tirer profit de leurs innovations. Que l’éducation devienne de plus en plus un marché est un fait, mais vouloir faire porter la responsabilité de la marchandisation de l’école aux innovateurs relève de la manipulation. C’est comme si on reprochait aux professeurs des écoles d’apprendre aux élèves à lire car des marchands de méthodes de lecture utilise l’argument “ça va apprendre à lire à votre enfant” pour vendre leurs produits !

    Et puis, attention, si l’école publique se détourne de l’innovation, en la rejetant hors de ses murs, les écoles privées -et notamment celles hors contrat- sauront monétiser grassement ce que l’école publique sera alors incapable de proposer…

    Une des façons efficaces de lutter contre la marchandisation de l’école n’est-elle pas plutôt de rendre inutiles les outils marchands de compensation des manques de l’institution, en faisant le maximum pour que tous réussissent à l’école ? En effet, plus l’école est équitable -et les innovateurs y contribuent largement- plus il devient inutile de recourir aux cours particuliers, d’investir dans des logiciels d’entraînement ou d’acheter ses devoirs maison sur un site de triche !

    La marchandisation de l’école est un problème sérieux, raison de plus pour ne pas se tromper d’adversaire !

    *Alter, N. (2010). L’innovation ordinaire. Presses Universitaires de France – PUF.
    **Cros, F. (1997). L’innovation en éducation et en formation. Revue française de pédagogie, 118(1), 127–156.
    ***Cniré : Conseil national de l’innovation pour la réussite éducative

     

    Photo : Pixabay CCO Public Domain

     

  • Youtube en classe ?

    Youtube en classe ?

    Stéphanie De Vanssay est venue présenter sur le colloque écriTech’8, le concept de « Youtube en classe ».

    Stéphanie de Vanssay part du principe que, comme les jeunes sont massivement connectés à Youtube, il est pertinent de s’y intéresser.

    « Ils peuvent s’abonner à des chaînes, soigneusement choisies par leur professeur pour leur intérêt pédagogique et être touchés par ce biais là« .

    « On a aujourd’hui toute une génération de Youtubeurs qui ont envie de partager leur passion et leurs savoirs, appelés les vulgarisateurs ».

    En classe, Youtube peut être utilisé de manière différente… Propositions et explications dans la vidéo ci-contre.

    Retrouvez toutes les interviews et articles d’écriTech’8 ici.

  • Utiliser YouTube en classe, pourquoi pas ?

    Utiliser YouTube en classe, pourquoi pas ?

    Certains d’entre eux étaient d’ailleurs invités à une table ronde au salon de l’Éducation en novembre dernier intitulé : « Les YouTubeurs bouleversent-ils l’enseignement ?« .

    Sciences, histoire, art, droit, philo, littérature, SVT, linguistique, mathématiques… on y trouve des contenus dans toutes les disciplines ! Les vidéastes qui alimentent ces chaines sont des passionnés, parfois ils ont même été profs… Ils abordent avec légèreté, mais sérieux, des thématiques très variées et n’entendent évidemment pas faire concurrence à l’école.

    Ces vidéastes, modestes et talentueux, acceptent tout juste le qualificatif de “vulgarisateurs”. Ils le sont néanmoins de fait et ce serait dommage de ne pas profiter de leur travail pour enrichir nos cours !

    Concrètement ces vidéos peuvent être utiles à l’enseignement de plusieurs façons.

    Tout d’abord elles peuvent servir aux professeurs pour creuser une thématique, se former à une démarche, se tenir à jour dans une discipline. On trouve vite à partir d’une chaine qui nous intéresse, d’autres vidéastes travaillant sur des thématiques voisines et le choix est souvent assez large. Par exemple les chaines “Hygiène mentale” et “La tronche en biais” sont idéales pour s’initier à la zététique (ou scepticisme scientifique), bien utile en cette période où il est demandé aux enseignants de savoir faire face aux théories du complot.

    Des vidéos peuvent aussi être utilisées avec les élèves, non pour remplacer un cours, mais pour l’introduire ou l’enrichir : comme point de départ, pour une analyse critique en cours de chapitre, en guise de complément ou comme élément de révision tout est possible. Le plus souvent les sources indiquées en description sous la vidéo ou les commentaires permettent de creuser le sujet, de relativiser un point de vue exprimé ou de corriger une erreur éventuelle.

    De plus les élèves peuvent solliciter directement le vidéaste via les commentaires ou les réseaux sociaux pour poser des questions et avoir des précisions.

    Les coups de coeur « Youtubeurs » de Stéphanie à découvrir ici.

  • EPI vie scolaire – arts plastiques : mission accomplie !

    EPI vie scolaire – arts plastiques : mission accomplie !

    · dans Enseigner au quotidien

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    Emmanuelle, CPE expérimentée et Joëlle, enseignante et plasticienne, ont construit un EPI commun dans le cadre de la réforme du collège. Une initiative originale qui entraîne une dynamique positive dans l’établissement et qui s’inscrit pleinement dans la logique du socle commun.

    Pourquoi ce choix ?

    D’une part, la Professeure d’Arts Plastiques et la CPE travaillent avec les élèves des 4 niveaux du collège. « Nous avons donc la possibilité de mettre en place un EPI sur toutes nos classes« .
    D’autre part, Joëlle Gonthier-Cohen, plasticienne et enseignante, est la créatrice de la Grande Lessive©. Il s’agit d’une installation artistique éphémère : on tend des fils dans des lieux accueillant du public : établissements scolaires et universitaires, écoles d’art, centres de formation pour adultes, centres aérés, crèches, etc. On s’inscrit en ligne pour y participer (c’est gratuit) : chacun vient accrocher sa réalisation à l’aide de pinces à linge selon un thème commun proposé à chaque édition.

    Les objectifs du projet

    Il s’agit de promouvoir la pratique artistique et de renforcer le lien social. C’est aussi l’opportunité de faire un cours en vraie grandeur, c’est-à-dire de ne pas en rester à des contenus limités à la classe et au cours, mais de mettre en place un projet artistique de l’idée à sa réalisation effective, y compris, -pourquoi pas- hors des murs de l’établissement. C’est aussi la possibilité pour les élèves de créer un projet en commun : s’organiser, débattre, élaborer une action de façon autonome.

    Cette année, la Grande Lessive© a 10 ans ! Elle a pris une ampleur considérable -notamment par le biais d’internet- et a lieu dans 97 pays sur 5 continents, elle rassemble à chaque édition plus de 500 000 personnes ! La majorité des participants ont moins de 20 ans et sont scolarisés dans des établissements français implantés dans le monde entier.

    L’organisation concrète

    Deux temps forts ponctuent l’année : 13 octobre 2016 et 23 mars 2017. Nous avons décidé que notre EPI concernerait les classes de 5e et de 4e et se déroulerait d’octobre à mars, les délégués de classes en seront le fer de lance. Ainsi, une action collective associant différents champs disciplinaires et de multiples compétences regroupera les élèves autour d’activités menées en classe ou avec la CPE, sur des temps choisis.

    Les élèves du collège pourront à la fois :

    • Étudier un champ artistique contemporain impliquant l’installation artistique éphémère et une forme d’art participatif.
    • Développer des compétences en matière d’information et de communication : apprendre à argumenter, rédiger une lettre officielle, un communiqué de presse, une affiche, prendre la parole, enregistrer un message audio ou vidéo, réaliser un reportage…
    • Intervenir en tant que citoyen dans la vie du collège et du quartier où est implanté celui-ci.
    • Organiser et animer des réunions ou un groupe de travail.
    • Intervenir dans le cadre d’une rencontre avec des élus, un conseil d’administration, une association locale…
    • Apprendre à monter et à suivre un projet, etc.
    • Connaître les interlocuteurs au sein de l’Éducation nationale, en mairie, etc.

    La première édition s’est déroulée en deux temps :

    • les réalisations plastiques en classe à l’aide des consignes de la Professeure d’arts Plastiques
    • l’organisation matérielle par les délégués (réception pour l’accrochage et récupération après le décrochage des productions de chacun) +Aide pour l’installation (participation de tous les élèves).

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    Une approche de l’évaluation transversale et disciplinaire

    L’évaluation de l’EPI associera une dimension formative, une évaluation entre pairs et une évaluation formative.

    Les évaluations formatives seront déployées sur trois axes :

    • autoévaluation (explications, projection d’organisation, révision correction),
    •  évaluation entre pairs (explicitation, appréciation, conseils),
    • évaluation par le professeur (capacités et savoirs disciplinaires : savoirs intégrés, procédures), + capacités transversales : maîtrise des langages, démarches envisagées, domaine du numérique : La Grande Lessive© utilise le numérique et l’internet pour se diffuser et témoigner de ce qu’elle est.

    Les évaluations formatives pourront se faire :

    • dans le cadre de devoirs communs : selon le format traditionnel mais faisant converger les disciplines concernées ; dans des devoirs permettant de transférer les compétences travaillées en EPI.
    • dans le cadre de la restitution, visant la capacité à expliciter les démarches : sous la forme d’oral ou d’écrit d’explicitation.
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    Et ensuite ?

    Le but, pour la prochaine édition -celle des 10 ans- est de concevoir une installation hors les murs, débordant sur le quartier, associant plusieurs partenaires (écoles élémentaires du secteur, lycée le plus proche, collège voisin, mairie, centre de loisirs, etc.) et tous les usagers du collège Raymond Queneau.

     

  • Les élèves ne sont pas des tomates ! 2e article, droit de réponse

    Les élèves ne sont pas des tomates ! 2e article, droit de réponse

    L’interview de Philippe Bihouix parue dans Libération le 2 septembre dernier «Avec l’école numérique, nous allons élever nos enfants « hors-sol », comme des tomates» est, comme le livre du même auteur, un ramassis de poncifs anti-numériques agglomérés pour arriver à la conclusion que nos établissements scolaires devraient rejeter les écrans pour se concentrer sur les FONDAMENTAUX !

    Tout d’abord, les élèves ne sont pas des tomates !

    Ils ne sont pas passifs à l’école en attendant gentiment que les professeurs les exposent aux savoirs et les nourrissent de contenus scolaires… Ce sont les enfants qui apprennent et cela suppose une mise en action, une appropriation volontaire et donc oui, des situations engageantes, motivantes et le numérique peut-être un des ingrédients -pas le seul !- utile pour ça.

    Et cela notamment parce que le numérique permet de publier son travail, de le rendre utilisable par d’autres et de le mettre en forme de façon attractive et valorisante.

    Une école sans numérique serait une école hors-sol

    Aucun syndicat de personnel enseignant, même le plus réactionnaire, ne rejette la nécessité de travailler avec et sur le numérique dans les établissements scolaires. Notre société est numérique, le numérique est loin d’être seulement un outil au service des apprentissages des élèves, il est aussi et surtout un contexte et une culture.

    L’évacuer de l’école est juste un non-sens. La question n’est pas : “les élèves apprennent-ils mieux avec le numérique ?” mais “est-ce bien raisonnable de vouloir préparer nos enfants à vivre, à être citoyen et à travailler dans un monde numérique sans les y préparer avec les outils d’aujourd’hui ?

    Les études montrent qu’ils n’apprennent pas moins bien avec le numérique (au regard des critères d’évaluation classique) ce qui est déjà une bonne nouvelle ! Et la note de la DEPP de janvier 2016 sur les collèges connectés montre clairement que “faire utiliser le numérique en classe par les élèves va de pair avec des pratiques pédagogiques « actives »« .

    Après, personne de sérieux ne prétend que le numérique, à lui seul et de façon “magique” améliore les apprentissages des élèves. Philippe Bihouix utilise ici la stratégie de l’épouvantail qui consiste à présenter de façon caricaturale et fausse un soi-disant argument de ses adversaires. Je profite de l’occasion pour recommander ici l’excellent ouvrage “Halte aux arguments fallacieux !” qui est très utile et éclairant.

    L’argument suprême et imparable

    Je passe sur la fracture numérique qui est on le sait bien dans les usages et non dans les équipements (ce qui pénalise d’autant plus les enfants de milieux défavorisés si l’école n’intègre pas le numérique), sur le raccourci “numérique = temps d’écran” et aussi sur le danger des ondes (présent dans le livre mais pas dans l’article) pour passer à l’argument suprême de monsieur Bihouix : “Je sais utiliser un ordinateur et Internet alors que je n’en avais pas au collège”. Là, tout est dit : JE sais parfaitement bien faire sans, donc c’est inutile d’apporter autre chose aux élèves que ce que J’ai eu, JE suis l’exemple vivant que c’est possible et que cela doit être la norme de toute éternité ! CONSTERNANT…

  • L’usage de l’agrafeuse pourrait éradiquer l’échec scolaire !

    L’usage de l’agrafeuse pourrait éradiquer l’échec scolaire !

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    L’agrafeuse, a pour usage premier de relier ensemble des feuilles de papier, auparavant éparses. Cela a un sens très fort si on l’applique aux Savoirs, notamment à la nécessité de relier entre elles différentes disciplines pour avoir une vision globale et sensée des concepts étudiés à l’école.

    Une étude menée par Jacques Graphe montre très clairement que faire agrafer aux élèves des feuilles de notes issus de différents cours mais traitant de sujets semblables ou complémentaires facilite grandement la mise en lien cognitive de ceux-ci dans le cerveau des enfants.

    Attention, cela doit être fait par l’élève lui-même après avoir déterminé, en groupe ou avec l’aide d’un professeur, ce qui doit être agrafé ensemble et dans quel ordre ! Il semblerait également que cet usage pourrait aider les professeurs de collège à élaborer des EPIs (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires) pertinents et cohérents dans le cadre de la réforme des collèges.

    Autre avantage non négligeable de l’usage de l’agrafeuse, son aspect dangereux… En effet, on peut se pincer très fort, ou pire, s’enfoncer une agrafe dans un doigt si on n’y prend pas garde ! L’agrafeuse est donc un excellent outil d’éducation à la prudence et à la gestion du danger. Les élèves qui en ont un usage régulier développent une vigilance particulière pour un usage raisonné et responsable nous a confirmé le psychologue Tim Héraire.

    Enfin, l’agrafeuse est un objet technique complexe sous son apparente simplicité, en effet, l’ouvrir pour la recharger (avec les agrafes de la bonne taille, mises dans le bon sens, ni trop nombreuses ni trop peu) est une opération délicate. Éviter qu’elle ne se coince, et y remédier le cas échéant, suppose patience et ténacité. Le goût de l’effort et l’ingéniosité des élèves sont donc mis à rude épreuve et c’est une excellente chose !

    Pourquoi ne pas équiper rapidement chaque élève d’une agrafeuse à l’aide d’un plan ambitieux ? L’Éducation Nationale y songerait très sérieusement, affaire à suivre…

    Ce billet est un hommage rendu à Stéphanie Fontdecaba qui a eu l’intelligence de dire le 7 mars dernier à la journaliste Christelle Brigaudeau du Parisien qu’ « une tablette ne lutte pas mieux qu’une agrafeuse contre l’échec, ce qui compte c’est ce qu’on fait, pas l’outil ». Elle a dit cela très à propos lors d’un reportage fait dans sa classe, où elle utilise des tablettes, suite à la sortie du rapport de l’Institut Montaigne qui prétend, très sérieusement, que le numérique pourrait diviser par deux l’échec scolaire !

    Le numérique est là dans notre société, il est bien plus qu’un simple outil puisqu’il provoque des changements profonds et crée une culture, l’école doit le prendre en compte c’est évident. Néanmoins, le numérique est ce que nous en faisons dans nos classes, il peut être un levier formidable d’émancipation intellectuelle mais il peut aussi automatiser sans sens des apprentissages scolaire et être un outil de pilotage rationnalisant et déshumanisant. Parer bêtement le numérique et ses outils de « pouvoirs magiques » n’aide personne, il vaut bien mieux apprendre à le connaître, à l’apprivoiser, pour l’intégrer à des pratiques pédagogiques émancipatrices pour les élèves et leurs professeurs ! 

    Source image : Pixabay CC0 Public Domain