Retour du Sommet de l’iPad à Montréal les 1er et 02 mai
La production finale n’est plus le seul objectif pour l’élève ni pour l’enseignant. Une métacognition sur l’apprentissage devient plus évidente à mettre en place pour l’enseignant et donc plus simple à utiliser par les élèves les plus jeunes comme par les plus expérimentés.
Des stratégies pédagogiques doivent être mises en place au préalable pour réaliser ce type d’activité. Grâce à l’outil, qui nous affranchit d’un certain nombre de contraintes matérielles, une nouvelle réflexion s’engage alors pour l’enseignant, qui peut proposer des activités qui ne sont limitées que par son imagination et sa pertinence pédagogique.
A travers l’atelier que j’ai proposé lors du Sommet de l’iPad, nous allons vivre concrètement 55 minutes de cours, pour s’immerger dans une pratique réelle d’enseignement. Un court extrait illustré a été réalisé par l’APEL. Il a été mis en ligne sur leur site, lors du N° 500 de Famille éducation.
Mise en perspective
Rien ne change fondamentalement dans les objectifs finaux à proposer aux élèves. Les notions et les compétences sont celles du bulletin officiel.
Le seul « grand » changement, c’est qu’il ne faut pas raisonner comme avant, dans le sens où, l’outil que j’utilise, ne me limite ni le mode d’expression, ni l’imagination.
Cette « non-limitation » est paradoxalement souvent problématique car nous, moi le premier, n’avons pas été formés avec celui-ci initialement. Les jeunes enseignants, comme les plus aguerris sont logés à la même enseigne. Il est faux de penser que les collègues nouvellement décorés du titre d’enseignant sont mieux armés face à ce problème.
N’oublions pas ce nouvel adage face à ces technologies « les vieux profs n’ont pas d’âge ».
L’expérience montre que la pratique de ces formes d’enseignement ne relève pas de l’âge de l’enseignant, mais de sa volonté à s’interroger et à remettre en questions ses certitudes et habitudes.
Conception d’un cours via tablette
Une fois les prérequis en tête, la conception du cours via tablette peut commencer (après avoir vérifié que cette technologie apporte une réelle plus-value à la tâche).
Souvent, on observe des transferts de cours réalisés précédemment, où la tablette ne fait qu’un artifice supplémentaire.
Soyons honnête, même si l’effet nouveau apporte un surcroît de motivation à la mise à l’action de la part de l’élève, ce temps est éphémère et disparait à la longue.
Si l’iPad est allumé sur la table, c’est qu’il va donc apporter une compétence complémentaire.
Dans la(les) situation(s) suivante(s), je vais aborder à mon sens deux compétences :
– Choisir le mode d’expression qui semble le plus pertinent face à une tâche proposée
– Mutualiser les productions pour que chacun puisse y trouver une façon différente de la sienne pour démontrer
Les documents utilisés en classe
un exemple de 6ème :
. La notion visée est la pollinisation de fleurs (BO 6eme – SVT). Nous allons donc chercher l’un des plus grands scientifiques sur le sujet : M. Bernard de Jussieu, dans son ouvrage disponible directement sur Google Books.
Ainsi, les élèves peuvent s’immerger dans l’époque avec le vocabulaire et les tournures de phrases ; il est possible de mettre l’accent sur le contexte dans lequel les évènements, qui nous intéressent, se déroulent.
. Le document de l’époque est donc un original, il sera accompagné des vidéos tournées par les élèves en début d’année, où l’on voit les fleurs épanouies (avec le vent qui les poussent et les abeilles qui les butinent). Si cette observation n’a pas été faite réellement, la bande annonce « Des abeilles et des Hommes » peut très bien faire l’affaire, mais il est dommage de ne pas utiliser nos propres observations…
. Les preuves scientifiques viennent aussi d’observations complémentaires, avec l’incapacité de pollinisation de la vanille en absence d’un insecte, non-présent dans cette région. Cependant, un jeune homme astucieux arrive à reproduire une pollinisation lui-même ces fleurs.
. Les applications utilisées sont les suivantes :
– Notability :
qui permettra la prise de note (écrite ou audio à la guise de l’élève : 75% des élèves utiliseront les notes audio, le reste préférant taper un texte) pour permettre d’expliciter le texte de M. De Jussieux (complexe à la première lecture).
– iMovie :
sera le support de présentation où les élèves peuvent exprimer à l’oral ou par le biais du sous-titrage, une trace écrite. L’application très simple permet non-seulement de faire le montage, mais aussi la mutualisation. En Effet, l’ensemble des documents, pris dans le domaine public, peut être diffusé via Youtube (sur le canal prévu pour l’enseignant au préalable)
– Ces applications mises bout à bout, permettent de créer une production original, qu’une seule application ne peut créer (Smash App)
Un exemple de 3ème
. La notion visée est la mémoire immunitaire (BO 3ème – SVT).
Le principe ici reste le même : Faire découvrir et expliquer ce principe grâce à un quorum de documents convergents (Ecrits de Mr Louis Pasteur, notice d’un vaccin actuel…)
. Des aides peuvent être disponibles, comme le récit authentique du petit garçon de l’époque touché par la rage, des extraits libre du Film « Pasteur »…Ces aides sont disponibles sur l’iTunes U de mon cours.
. Les applications utilisées sont les suivantes :
– Pour éviter d’influencer la nature de la production des élèves, ExplainEverythink, peut être utilisé (dessin, écriture frappée ou manuscrite, audio…) toutes les formes pour rendre compte sont présentes.
– Par cette application, la mise en commun peut se faire via Youtube, un ENT, un simple espace WebDav, l’iPad de l’enseignant (via Goodreader),… les solutions sont nombreuses !
– Pour ma part, j’utilise l’ensemble de ses systèmes, tout dépend du lieu d’enseignement (état et vitesse de connexion) ou de la nature des documents (pas de publication large quand je ne possède pas les droits ou quand on reconnaît physiquement les élèves)
Youtube : avec un canal privé (ou public)
ENT : www.ent-lamalassise.com/moodle
Mon iPad via goodreader qui peut être secondé, à un accès disque (une carte SD, une clef USB ou un disque dur connecté à un iUSBport, disponible assez facilement, ou à un Disque dur directement WIFI comme le Fuel de LaCie, allant jusque 2To disponible chez des revendeurs comme France Système)
Quel regard sur l’action ?
Les élèves se questionnent pour présenter au mieux leurs productions. Un réel choix est alors réalisé. La phase de mutualisation se faisant très rapidement, nos jeunes étudiants peuvent aller visionner d’autres façons de faire. C’est par ces actions de va-et-vient entre leurs productions et celles des autres qu’une démarche plus pertinente se construit.
De plus, il faut, selon moi, anonymer les productions mises en commun de façon à ce que les élèves se rencontrent virtuellement autour d’idées et non de personnes. Une mise en commun en deux temps, est aussi pertinente afin que l’enseignant puisse identifier les productions, puis se dernier peut publier les documents produits.
Ces deux exemples évoqués, au delà de leur contenu et des applications utilisées, sont dans la même philosophie et pointent les mêmes objectifs. Un constat cependant, mes jeunes élèves visionnent énormément les vidéos des autres élèves, les plus grands visionnent beaucoup moins (manque d’intérêt, manque de temps… ?).
Cependant, la collaboration et l’apprentissage par les autres sont plus pertinents chez ces derniers, car certaines procédures individuelles au départ, se retrouvent dans de nombreuses copies secondairement, preuve que le système fonctionne.
A l’inverse, la forte consultation des élèves de 6ème, n’entraine pas forcément un transfert de compétences entre élèves. C’est d’abord la curiosité qui anime ces fortes affluences. A nous enseignants, à éduquer nos élèves à la collaboration pour améliorer leurs compétences sur ce domaine et améliorer secondairement leurs performances.