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Illusions du numérique

imaginaire
Cette communication a pour objet de parler de l’imaginaire du numérique à partir d’œuvres qui n’utilisent pas les nouvelles technologies, plus particulièrement celles présentées lors du festival EXIT 2012 à la maison des arts à Créteil.

L’exposition, intitulée Low Tech, réunissait des artistes qui partageaient cette approche minimale et qui, pour certains d’entre eux, construisaient l’efficacité de leurs œuvres sur ce que l’on pourrait qualifier d’ « apparence numérique ». En analysant comment fonctionnent leurs œuvres, il sera non seulement possible de décrire certaines des grandes lignes de ce qui constitue aujourd’hui l’imaginaire des arts numériques, mais encore de décoder ce sur quoi il s’appuie, et encore en quoi cet imaginaire a pu produire un « conditionnement du spectateur » qui contribue à asseoir des mythes du numérique. On verra alors comment la complexification des techniques et des technologies s’accompagne de leur incorporation comme « raccourcis conceptuels ».

Il faudra tout d’abord s’intéresser aux œuvres qui, bien qu’élaborées avec des procédés analogiques, déploient une esthétique numérique si convaincante qu’elle trompe parfois jusqu’au spectateur averti.

On vérifiera alors à quel point l’interprétation de l’œuvre est conditionnée par les connaissances esthétiques de celui qui l’apprécie (ce qui est une extension de la célèbre phrase de Duchamp : « c’est le regardeur qui fait le tableau »), mais aussi que sa culture l’incline à informer d’autres situations dans lesquelles il se trouve avec le filtre de l’esthétique, comme lorsqu’on admire la nature en l’élevant au rang de paysage (Moineau : 2013).

On notera ensuite que les œuvres présentées dans l’exposition Low Tech ne peuvent tirer partie d’un « imaginaire du numérique » que dans la mesure où celui-ci, institué et popularisé par l’art numérique, est désormais largement partagé – au point d’être souvent décodé de manière automatique. Pour autant, loin de dissimuler leur dimension bricolée, on verra que ces œuvres exposent au contraire leur mode de fonctionnement, ce que conduit à montrer comment les technologies sont pensées, et promues.

Grâce à ces œuvres « minimales », on peut effectivement observer les artifices des technologies et constater à quel point leur effet relève d’une esbroufe – « fascination de la technique », disait Bernard Teyssèdre. Et même si cet illusionisme de la toute puissance de l’invention humaine est ancien (penser, par exemple, au faux automate appelé le « turc mécanique »), il n’en conserve pas moins sa force de persuasion, sur lequel jouent les œuvres « low tech ».

Leur pouvoir heuristique tient justement à leur simplicité et à leur usage volontairement ostentatoire du deus ex machina. Elles en déploient toute l’ingéniosité, distinguant ainsi chacune des techniques mises en œuvre, étapes généralement indiscernables parce que condensées dans des raccourcis technologiques ». Prises à part, elles ne semblent en rien « nouvelles », mais c’est leur réunion en un seul « traité des arts » (Pelé : 2008) qui explique que certains (optimistes) aient pu y voir une « rupture » (Couchot & Hillaire : 2003).

Finalement, on pourra dire que si ces œuvres « simulent » de l’art numérique, ce n’est pas tant dans le sens usuel de ce mot (qui le fait confondre avec « simulacre ») que dans son sens savant : construction de dispositifs qui ont recours aux mécanismes qu’ils simulent et qui, par leur transposition dans un univers sensible familier, permettent d’en faire comprendre le fonctionnement – comme le fait un simulateur de vol pour le pilotage d’un avion.

Pour conclure, il s’agira de montrer à quel point ces œuvres ne pouvaient être conçues sans un « imaginaire du numérique », non seulement parce qu’il les nourrit, mais aussi parce qu’il leur fournit des méthodes – ne serait-ce que dans l’économie de moyens propre au DIY (Do It Yourself) et aux réseaux collaboratifs…

Positionnement scientifique

Cette communication s’inscrit dans la section (universitaire) 18 (esthétique de la création contemporaine).

Elle se concentrera son propos sur l’analyse d’ouvres présentées dans l’exposition Low Tech, lors du festival Exit 2012, à la maison des arts à Créteil.

Elle s’appuiera également sur des textes théoriques (Couchot & Hillaire, Boissier, de Méredieu,  Teyssèdre, Pelé…) ayant contribué à l’écriture d’une thèse d’esthétique : « L’art numérique », un nouveau mouvement dans le monde de l’art contemporain.

Elle tirera également partie de ma pratique artistique et de mon expérience du monde de l’art contemporain.

Biliographie relative au résumé de la communication

Jean Baudrillard, Simulacres et simulation, Paris, Galilée, 1981.

Edmond Couchot et Norbert Hillaire, L’art numérique : comment la technologie vient au monde de l’art, Paris, Flammarion, 2003.

Jean-Claude Moineau, Pour une critique de la raison paysagère, dans l’ouvrage L’observatoire du paysage d’Edouard Sautai, Les Lilas, Khiasma, 2013.

Gérard Pelé, Inesthétiques Musicales au XXe siècle, Paris, Éditions L’Harmattan, 2008.

Bernard Teyssèdre, Ars ex machina. L’art logiciel / visuel à combinatoire automatisée. Ses exploits, ses mythes, dans l’ouvrage collectif, L’ordinateur et les arts visuels, dossiers Arts plastiques n°1, PARIS, Éditions CERAP & Centre Pompidou, 1977.

Plus d’infos sur le programme du colloque scientifique LUDOVIA 2013 ici

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