L’intégration scolaire, autrement dit la scolarisation des élèves en situation de handicap est la plus importante réforme prioritaire pour tout le système éducatif européen. L’intégration scolaire et l’éducation intégrée sont les termes et les actions qui interpellent le cadre, les situations et les contextes de toute transformation éducative actuelle.
Leur interprétation théorique renvoie souvent à la concertation de la pédagogie conventionnelle et la pédagogie spécialisée. Leur fonctionnement implique une réorganisation des environnements scolaires ; la constitution d’équipes multi professionnelles et la programmation d’une personnalisation de l’éducation.
Régulée par les lois récentes, cette transformation pourrait se qualifier en termes d’une révolution dans les sciences de l’éducation.
Notre article vise le processus de l’intégration scolaire comme la prise en compte d’une réorganisation et une reconstruction de tout le système éducatif.
L’école inclusive reconnaissant les différences afin que la personne se développe et que le groupe s’enrichisse, crée les conditions de la personnalisation, de la différentiation et de l’individualisation. Tenant compte au statut éducatif de la personne, elle respecte et elle met en action l’inclusion et la participation de chaque élève.
De son côté, l’éducation intégrée pourrait être considérée comme le processus qui relie l’enseignement personnalisé et l’apprentissage individualisé. Au moment de leur croisement s’effectue la satisfaction des besoins éducatifs particuliers et les connaissances acquises prennent un sens personnel. Voici la clé de la réussite. Le mouvement de l’intégration a modifié les paradigmes de la pédagogie et de tout l’enseignement et «il semble se transformer en paradigme axé sur l’apprentissage ou la différentiation pédagogique».
L’intégration engendre de nouvelles méthodologies des pratiques éducatives : la personnalisation de l’enseignement, la différentiation des parcours éducatifs, la réorganisation de l’environnement et la création des outils qui vont favoriser tous ces processus, y envisageant les outils numériques. L’accompagnement des élèves en difficulté d’une façon générale est également concerné.
Vers la réussite de chacun
«La personnalisation tient compte des différences»
Personnaliser les parcours scolaires, renforcer les dispositifs d’aide et d’accompagnement sont devenus les chantiers majeurs de l’éducation. C’est pour garantir la réussite scolaire de chaque élève que doivent progressivement être mis en place des dispositifs d’aide et d’accompagnement personnalisés tout au long de la scolarité. Cela concerne les élèves aux besoins éducatifs spécifiques.
Comme le précisait déjà la circulaire de rentrée du ministère, «La scolarisation des enfants et des jeunes handicapés, l’enseignement aux enfants de familles non sédentaires, l’enseignement linguistique particulier offert aux enfants qui arrivent en France sans maîtriser notre langue, les aménagements apportés à la scolarité des enfants intellectuellement précoces sont autant de réponses adaptées à des besoins éducatifs particuliers». [1]
Inspirées des modèles récentes des chercheurs en didactique des apprentissages nous proposons une carte conceptuelle de la personnalisation de l’enseignement, adaptée à l’éducation des élèves à besoins spécifiques.
Comme le souligne Boudreault (2011) l’enseignement personnalisé est celui «qui tient compte des différences», c’est un enseignement qui respecte et qui s’appuie aux besoins, aux intérêts, aux motivations et aux attentes particuliers de l’apprenant et dont le plus important défi consiste de respecter en même temps les exigences du programme.
Les deux acteurs : l’enseignant et l’apprenant s’accompagnent mutuellement à travers toute l’activité éducative.
Centrées vers la signification de leur réussite, nous pourrions envisager que le processus de l’apprentissage individualisé est aussi une dimension de changement binaire. La réussite de la personnalisation de l’enseignement et de l’apprentissage s’exprime en changements significatifs «des capacités, de la compréhension, des attitudes ou des valeurs» des élèves, des classes et de toute l’organisation de l’école. (Coffield, 2005 : cité par Boudreault )
L’intérêt de iPasserelle est d’entrer dans ces deux processus en intégrant les TICE qui facilitent l’individualisation dans tous les domaines de l’apprentissage.
Les buts d’iPasserelle sont de créer et de proposer le développement d’une plate-forme de formation axée sur la personnalisation de l’enseignement et les apprentissages pour la réussite de tous les élèves dans les classes ordinaires. Le numérique y tient une place importante pour apprendre.
La prise en compte la typologie des élèves en difficulté de l’OCDE
Les gouvernements des pays Membres de l’OCDE oeuvrent de concert pour parvenir à une meilleure compréhension de l’enseignement personnalisé et de la façon dont ceux-ci peuvent évoluer pour répondre aux besoins des élèves.
L’OCDE préconise une typologie des élèves a besoins éducatifs particuliers reposant sur les déficiences, les difficultés et les désavantages sociaux et déterminent quatre type possibles de public.
D’après l’OCDE, La catégorie A correspond aux déficiences ; B – aux difficultés et C – aux désavantages sociaux
• La catégorie A regroupe des enfants qui représente une déficience d’origine organique : il s’agit du retard mental ou de la déficience intellectuelle ; des déficiences sensorielles : de la vision, de l’audition, des activités moteurs ; les troubles du développement, les troubles de la parole et du langage … ;
• La catégorie B représente le groupe des difficultés, exprimées en retards du développement et marqués par des difficultés de l’apprentissage. Ces états sont souvent d’origine neuropsychologique, démontrant des retards de l’acquisition de la lecture, de l’écriture, des compétences mathématiques, des coordinations de la motricité fine. En tout cas, ces spécifiés du développement sont temporaires et ils exigent une réduction des activités mentales à l’école primaire, possible et après aussi ;
• La catégorie C est le groupe des désavantages sociaux qui réunit aussi les difficultés d’apprentissage, troubles émotionnels et comportementaux. En termes de l’éducation ils sont reconnus aussi comme les difficultés de lecture, d’écriture, les mal adaptations scolaires … ;
• La catégorie D n’est pas différenciée, ni reconnue pour chaque pays membre de l’OCDE. Il s’agit du groupe des enfants surdoués et talentueux.
Des variations de fonctionnement scolaire :
Actuellement, la recherche nous fournit des clés pour mieux comprendre comment se déroule le fonctionnement scolaire de chaque apprenant. En s’appuyant sur la typologie de l’OCDE et sur nos dernières recherches, nous essayerons de dégager les variations de fonctionnement quotidien des enfants à besoins spécifiques dans le monde scolaire et ainsi que dans le contexte de la classe ordinaire.
Notre point de départ est le cadre de fonctionnement cognitif, communicatif, social, physique, émotionnel et comportemental. Cette typologie simplifiée s’appuiera sur ces pôles : l’individu et son environnement social, y compris l’environnement scolaire.
En identifiant plusieurs statuts et niveaux du développement individuel, voici une palette des variations des fonctionnements scolaires :
• Cognitives – de la déficience intellectuelle à l’illettrisme et les difficultés de l’apprentissage, y attachée la dimension culturelle associée aux difficultés linguistiques. Elles demandent une organisation de l’environnement éducatif adapté, des ressources éducatives complémentaires, souvent spécialisées ;
• Communicatives – de l’autisme au bilinguisme et les difficultés linguistiques, demandant aussi des environnements éducatifs adaptés et des ressources multi professionnelles ;
• Sociaux – cognitives, parmi lesquelles peuvent être rencontrées des difficultés de l’apprentissage, bilinguisme, mal adaptation, et en tout cas demandant de l’accompagnement et de suivi pédagogique … ;
• Les troubles émotionnels – représentées par l’hyperactivité, les inhibitions, les émotions psychotiques, qui relevent le besoin d’accompagnement pédagogique et psychologique ;
• Les troubles comportementaux – exprimés en tant de l’agressivité, les addictions, les déviations sexuelles, le suicide, les comportements asociaux, l’ignorance, la violence, invitant les intervenants de rééducation ;
• Les déficiences physiques – sensoriels, moteurs, maladies chroniques … .
Nous avons choisi ces deux catégorisations pour plusieurs raisons : la nomination d’un groupe qui doit être respecté aussi, la prise en compte des enfants surdoués et talentueux qui expriment aussi des «difficultés» en termes de besoins spécifiques.
Ces données descriptives interpellent notre questionnement auprès des chercheurs et des professionnels du terrain (enseignants ordinaires et enseignants référents, éducateurs et assistants). Quelles sont les préoccupations et les besoins des professionnels pour effectuer un enseignement adapté à la fois à la classe et à chaque élève ?
iPasserelle se propose d’apporter des aides, d’apporter des réponses aux problèmes soulevés, d’expérimenter sur le terrain les modes et les actions de personnalisation pour les élèves à besoins éducatifs particuliers, ou ayant des difficultés pour apprendre. Les TICE y jouent une place importante et sont intégrés dans les parcours.
Cette palette des statuts et des tendances de fonctionnement cognitif ou social exigent la réorganisation de l’environnement scolaire et la connaissance des capacités et des besoins cognitifs et socio-émotionnels de chacun. La méthodologie de base se présente dans le cadre de programme des parcours individualisés et l’organisation de l’aide personnalisée.
L’aide personnalisée a toute sa place à l’école. L’association iPasserelle propose des outils pour l’aide personnalisée se situant dans une logique de construction et de réussite pour l’enfant, de médiation et d’étayage pour le maître.
D’une façon générale, il convient d’amener les élèves à maîtriser les compétences du socle et conformément à la circulaire de 2006 [ 3 ] le PPRE est proposé à tous les élèves qui risquent de ne pas maîtriser le socle commun. Il peut intervenir à n’importe quel moment de la scolarité obligatoire en fonction des besoins de chaque élève. Il est temporaire : sa durée varie en fonction des difficultés scolaires rencontrées par l’élève et de ses progrès. Il prévient l’aggravation des difficultés ou permet à l’élève de surmonter les obstacles à la poursuite de ses apprentissages.
L’intention de iPasserelle est de développer une plate-forme de formations en direction des enseignants au sein de l’école et la classe ordinaire, mais aussi pour les acteurs qui suivent les élèves hors temps scolaire pendant l’accompagnement scolaire.
iPasserelle prévoit aussi la mise en place de concept de nouvelles écoles virtuelles facilitant des aides en direction des élèves, des accompagnements. Elle proposera des projets en ligne.
Références :
1. Garbacheva, A., Le paradigme de l’éducation intégrée des enfants à besoins spécifiques, in Destination : Intégration scolaire, UMH, 2008. : p. 36
2 Rapport OCDE http://www.oecd.org/document/1/0,3746,fr_2649_39263294_34003509_1_1_1_1,00.html
3. Circulaire n°2006-138 du 25-8-2006 [et rectificatif ] (JO du 24-5-2006 ; BO n°31 du 31-8-2006 et BO n°32 du 7-9-2006)
Site en cours de développement : http://ipasserelle.edublogs.org/
Auteurs :
Michèle Drechsler, Docteure en sciences de l’information et de la communication, IEN
Anéliya Garbacheva, Docteure en psychologie du développement et de l’éducation, MCU de pédagogie spécialisée