Entre engagement volontaire et souscription imposée en FOAD : un partage des connaissances propre au dispositif de formation
Pour la trézième édition du Colloque scientifique Ludovia#14, 39 communications vous seront présentées sur le thème « Partage, échange, contribution, participation ». Ludomag se propose de vous donner un avant-goût de ces ateliers jusqu’au début de l’événement, lundi 21 août.
Stephen Lédé et Chrysta Pelissier présenteront « Entre engagement volontaire et souscription imposée en FOAD : un partage des connaissances propre au dispositif de formation ».
La formation à distance utilise le plus souvent des plateformes LMS dont les 5 fonctions principales sont : organiser l’apprentissage, informer, collaborer, accompagner et produire .
L’articulation plus ou moins élaborée de ces fonctions permet d’individualiser l’apprentissage et de faire face aux besoins d’autonomie et de flexibilité des apprenants (Brunel, Girard et Lamago, 2015). Pourtant, ceux-ci s’engagent différemment selon les scenarii pédagogiques proposés. La présente étude vise donc à interroger les raisons qui sous-tendent l’engagement des apprenants et questionne en quoi la formation est un facteur d’isolement et/ou de partage de connaissances entre pairs.
D’un point de vue méthodologique, nous comparons deux terrains d’investigation utilisant une plateforme LMS (Moodle), et traitant le même contenu disciplinaire à des niveaux d’enseignement différents.
Le premier dispositif concerne une formation universitaire de niveau Bac +4 (Master 1) alors que le second concerne une formation professionnalisante de niveau Bac +2 (DUT). La différence majeure entre ces dispositifs se situe au niveau du scénario pédagogique et de l’étayage mis en œuvre. Dans les deux cas, l’objectif est de faciliter les échanges entre les apprenants pour favoriser la construction des savoirs de chacun.
Dans la formation universitaire (Master 1), les étudiants ont l’habitude d’utiliser la plateforme Moodle et ont choisi de suivre une formation exclusivement en ligne. Ils intègrent le forum de discussion comme un lieu d’échanges où ils participent activement à une co-construction mutuelle des savoirs au cours de laquelle l’enseignant est fortement mobilisé. Ils répondent nombreux aux activités facultatives proposées telles que le questionnaire d’évaluation de la formation.
Dans la formation professionnalisante, les étudiants de DUT, déjà sensibilisés à Moodle depuis plus d’un an, ont l’habitude d’utiliser la plateforme dans des dispositifs présentiels enrichi ou amélioré en amont et en aval . Contrairement au premier dispositif aucune participation n’a été observée sur le forum qui reste un outil de communication verticale. L’enseignant est sollicité exclusivement de manière individuelle par envois de méls traitant de sujets organisationnels. Le questionnaire d’évaluation de la formation qui est facultatif n’est complété que par 3 % des étudiants.
Ces résultats montrent que la formation à distance est à la fois source de partage, d’échange, de contribution et de participation mais peut aussi renforcer l’isolement de l’apprenant. Ce constat en apparence contradictoire s’explique par la conjonction de trois facteurs :
1) La place occupée par le « à distance »:
Dans le premier cas (Master), le dispositif conçu comme exclusivement à distance est choisi par l’étudiant ce qui fait primer les avantages de la formation à distance. Dans le second cas (DUT), le dispositif est subi par les étudiants car il s’agit d’un dispositif présentiel qui a évolué en formation à distance à l’initiative de l’enseignant.
2) L’articulation des fonctions du LMS:
Le scénario pédagogique résulte de la combinaison des 5 fonctions d’un LMS (Brunel, Girard et Lamago ; 2015). L’enseignant choisit entre les outils proposés, les articule en fonction de ses propres objectifs liés au cadre dans lequel le dispositif s’inscrit, et de ses hypothèses sur les apprenants (représentation des apprenants-cible) qui vont suivre le cours. Dans le premier cas le dispositif postule que les apprenants sont autonomes et articule les fonctions à dessein. Dans le second cas, l’autonomie est une compétence à renforcer d’où la mise en place d’un dispositif plus guidé.
3) La place de l’étayage:
Dans les deux dispositifs, l’enseignant n’utilise pas le même étayage en fonction des objectifs et du scénario pédagogique proposé. Dans le premier cas, l’enseignant postule d’une autonomie de l’apprenant et est davantage mobilisé pour ses connaissances disciplinaires. Dans le second dispositif, où les apprenants sont moins autonomes, l’enseignant est mobilisé exclusivement sur des sujets organisationnels.
Cette étude sera complétée par une discussion portant sur des aménagements à envisager pour le second dispositif : favoriser la construction de cette autonomie.
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