Collectivités territoriales et numérique à l’Ecole: réflexion sur le séminaire Ludovia autour de cas concrets
Les Collectivités Territoriales se sont réunies mercredi 24 août pour une 8ème édition du séminaire sur l’Université d’été Ludovia#13, axé sur les Établissements numériques du XXIème.
La thématique de cette année, initiée par les besoins issus des dernières actions de décentralisation, avait une double question à résoudre. D’une part et en première partie, la place du numérique dans les territoire ruraux et en montagne, Ariège oblige. D’autre part, la continuité des politiques et des usages dans l’espace et dans le temps.
Réunissant des collectivités et établissements ayant déjà expérimenté le numérique dans leurs établissements du premier degré aux lycées, les deux sessions auront été mises en valeur par deux études de cas sur les deux axes décrits par la thématique.
L’élu et les territoires ruraux ou de montagne face au numérique
Lors du premier acte du séminaire, les représentants présents des régions, départements, communautés de communes et communes ont mis en lumière les retours sur les politiques actuelles et sur les besoins encore présents.
S’il reste encore quelques zones blanches, principalement en montagne, et des établissements peu fournis en matériel numérique pédagogique, les représentants des autorités régionales et départementales se félicitent des investissements consentis et/ou encore en cours.
Au niveau de l’Ariège et des compétences du département, par exemple, un effort considérable est fait sur la connectique très haut débit dans les zones les moins couvertes actuellement.
Concernant le numérique éducatif, la refonte des régions et les derniers actes de la décentralisation ont amené de nouvelles compétences, de nouveaux territoires et de nouveaux intervenants. Ces nouveaux cadres de travail semblent être maintenant bien intégrés par les collectivités territoriales à tous leurs niveaux.
Fort de cet investissement dans les moyen techniques, la région souhaite maintenant que l’action pédagogique au sein des écoles soit amplifiée. Pour ce faire, elle interroge les académies et l’éducation nationale dans son ensemble sur la vision des acteurs pédagogiques concernant les usages et l’accompagnement de ces derniers. Une volonté de s’engager dans la discussion, nécessairement pédagogique, est même formulée.
Est-ce par soucis de retour sur investissement ou volonté d’assurer une cohérence avec la formation professionnelle et la mise à l’emploi ? Il n’en demeure pas moins que l’appel est lancé pour une coordination des actions.
Concernant cette volonté de coordination des actions techniques et pédagogiques, si cette coordination semble facilement organisable au niveau de la région, elle semble plus difficile à mettre en place dans les départements. En effet, au niveau de ceux-ci, un manque de moyen et de compétences dans les équipes est identifié.
La fragmentation des budgets départementaux rend une cohérence de l’action plus difficile. En effet, si les moyens concernant le développement du très haut débit sont présents, ceux-ci sont peu mobilisables sur l’axe « enseignement ». La volonté du département d’avoir une liaison aux bassins de vie, une coordination avec son action sociale et une continuité pédagogique paraît donc difficile à mettre en place.
On notera finalement sur la thématique, qu’une réelle coordination et une volonté de partenariat existe maintenant.
Continuité des politiques dans l’espace et dans le temps
C’est en effet cette coordination et une mutualisation des moyens qui peut, à termes, assurer une certaine continuité pédagogique aux élèves du primaire jusqu’au lycée.
Pour cela plusieurs solutions existent, cela peut être soit une réelle coordination des actions des différents acteurs soit, à l’exemple du SMICA repris ci-dessous, par la mise en place d’acteurs capables de travailler sur plusieurs niveaux ou dans un espace relevant de plusieurs pouvoirs.
Selon Thierry Cagnon du Conseil Régional Nouvelle Aquitaine, si au niveau politique, le temps – qui peut effacer, après élection, une décision ou un mouvement – n’est plus réellement un problème, car un consensus semble se dégager sur les politiques à mener.
Par contre, l’espace est lui plus difficile à gérer. En effet si une action globale, nécessairement utile en termes d’équité, peut être pilotée sur un territoire complet, l’action locale, avec ses caractéristiques propres, est la plus efficiente.
Afin d’être le plus efficient possible dans cet espace, deux pistes d’actions régionales doivent donc être explorées. Recouvrant la maintenance et l’assistance, compétences maintenant régionalisées, la première présente l’intérêt d’avoir une accroche locale.
La seconde concerne les ressources numériques disponibles. S’il existe au niveau national des possibilités publiques ou commerciales, il existe également au niveau local des ressources granulaires issues des enseignants. Ces dernières ressources sont culturellement localisées et/ou dédiées à un territoire.
Au niveau des élèves enfin, la continuité des services reste à créer. Quant à celle des usages, si les élèves arrivent au lycée avec de nombreuses compétences notamment numériques, c’est au lycée d’amener aux désormais lycéens les savoirs les amenant à l’emploi ou à l’enseignement supérieur.
Retour d’expériences et exemple de mutualisation
Lors de chaque session, une étude de cas a été proposée à l’assemblée.
La première concernait la mutualisation des moyens techniques au travers d’un syndicat mixte regroupant des collectivités publiques, principalement des communes.
Le SMICA fédère aujourd’hui un très grand nombre de collectivités et d’établissements publics. Il peut ainsi négocier des tarifs de mise à disposition de matériels et de logiciels avantageux pour ses membres.
Au départ, proposant des solutions techniques pour les différents services publics, le syndicat s’engage maintenant dans l’accompagnement de projet d’équipes en outils numériques dans les établissements. Le syndicat se présente ainsi comme une solution cohérente pour ses membres à propos des équipements locaux des établissements de l’enseignement primaire.
Le second cas présenté est celui du collège du Mas d’Azil. La présentation de l’expérience menée aura servi de socle à un débat sur l’expérimentation à Ludovia. La présentation de la première expérimentation, bien que balbutiante, car initiée en cours d’année, a permis de rappeler qu’une formation préalable et en cours d’action est importante.
Dans cette expérimentation globalement bien accueillie par le corps professoral, chaque élève de 5e de l’établissement a reçu une tablette, utilisable en classe et à la maison.
Outre la formation, un accompagnement technique proposé par les services du département a été sollicité.
Concernant l’axe pédagogique, il n’est pas inopportun de rappeler que le suivi pédagogique de ce type d’expérimentation est un point très important qui semble avoir été ignoré dans le projet et cela tant en préambule au projet que dans la phase d’expérimentation. Ce sont donc des usages pédagogiques basiques très ponctuels, liés à la recherche sur internet et sur la production de contenus par les élèves (en 1 pour 1) qui ont étés mis en œuvre.
En conclusion de la présentation et de ce séminaire, quelques conseils ont étés posés. De manière pratique, la définition des besoins de formation comme préalable à l’action. Un accompagnement pédagogique intense et relevant est nécessaire. Enfin et avant toute généralisation d’expérience, mettre en place un processus de projet qui démarre des équipes pédagogiques.
Synthèse assurée par Sébastien Reinders de Belgique Wallonie et Lyonel Kauffmann de Suisse Romande.