Problématique pédagogique :
- ils n’ont pas osé poser leurs questions ou m’arrêter lorsqu’ils ne comprenaient pas devant le groupe classe,
- ils n’ont pas réussi à rester concentrés pendant ces 20 minutes,
- j’ai vu qu’ils ne comprenaient pas et en voulant les aider, j’ai ré-expliqué de plusieurs manières différentes, ce qui au bout du compte les a noyés dans un flot d’informations impossibles à traiter pour eux à ce moment-là.
J’ai décidé de tenter l’expérience de la classe inversée, en proposant les capsules à la maison et en classe, car ce système me semblait pouvoir régler bon nombre de mes problématiques et me permettre de gérer plus efficacement l’hétérogénéité de ma classe aussi bien pour les élèves les plus à l’aise que pour les plus fragiles.
Ma classe inversée
1- Je prépare mon cours en vidéo avec une capture screencast de mon logiciel de TNI .
2- Je l’insère dans un formulaire Google en ligne dans l’espace privé du site de l’école (espace auquel seuls mes élèves ont accès grâce à un identifiant et à un mot de passe).
3- Les élèves regardent la capsule chez eux en prenant des notes : consommation active de ma capsule !
Puis ils répondent aux questions (4 ou 5 maximum) de difficulté croissante qui me permettent de les répartir dans les différents ateliers prévus le lendemain, en fonction de ce qu’ils ont compris ou non. (Leurs parents se sont engagés à ne pas intervenir dans cette phase pour ne pas « fausser » les résultats et mettre leur enfant en difficulté si jamais il était affecté à un atelier qui ne lui convenait pas).
4- Je reçois les réponses des élèves dans mon compte GoogleDrive, ce qui me permet de les répartir dans différents groupes pour le lendemain :
Groupe 1 : ceux qui n’ont pas vu la capsule (je ne demande aucune explication sur les motifs). Ceux-là la regardent en classe, sur les 12 netbooks dont nous disposons avec un casque.
Groupe 2 : ceux qui ont tout compris, ont trouvé la bonne réponse à chaque question (même à la dernière qui était plus difficile). Ceux-là n’ont pas besoin de moi pour l’instant et peuvent directement passer à l’entraînement ou à des exercices plus subtils en binômes. Ils termineront la séquence par une production (capsule vidéo, affiche, tweet, etc…)
Groupe 3 : ceux qui ont des questions à me poser, qui ont besoin d’explications supplémentaires. Ceux-là viennent au TNI mettre en commun leurs notes, ce qu’ils ont appris, compris et posent leurs questions : c’est la phase d’interactions. Ils terminent cet atelier par une carte mentale qui servira de mémo à l’ensemble de la classe : c’est la structuration.
5- Lors des deux ou trois séances prévues pour chaque notion, les groupes tournent et font tous les activités suivantes :
A1 |
entraînement sur netbooks (l’élève sait immédiatement s’il a réussi ou non)
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A2 |
entraînement sur manuel (seul ou en binôme, les exercices ne sont pas les mêmes pour les différents groupes)
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A3 |
structuration et interactions avec moi au TBI (là, je différencie aussi et je peux amener les élèves les plus rapides vers des concepts plus abstraits ou plus compliqués)
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A4 |
révision en tutorat (à partir de l’évaluation formative de la dernière séance : ceux qui n’ont vraiment pas réussi viennent avec moi en aide individualisée pendant que ceux qui n’ont pas encore tout compris travaillent en tutorat à deux avec un élève qui a tout réussi)
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A5 | production : – tweet (par exemple des formules d’aire ou de périmètre, des propriétés de figures) – capsule vidéo (méthode de tracé, défilement d’affiches façon kamishibaï…) – carte mentale |
Numérique & éducation, entre consommation et création
Synthèse et apport du retour d’usage en classe
Ils doivent transformer l’information reçue de la capsule (consommation) en compétence (création).
– Les élèves les moins rapides sont rassurés : ils savent ce qu’ils vont faire en classe et comment il faut s’y prendre. Ils gèrent eux-mêmes le nombre de visionnages nécessaires à leur compréhension, prennent des notent par écrit. Ils sont responsables de leur apprentissage. Ils se trouvent dans un groupe de travail où tous les élèves avancent au même rythme.
– Les groupes ne sont pas figés : un élève qui ne se sent « pas très fort en mathématiques » peut très bien se retrouver tuteur dans une séquence qu’il aura bien comprise.
– Les élèves ne sont pas « séparés » en groupes de besoin ou de niveau puisqu’ils échangent lors des ateliers de tutorat et que les groupes sont flexibles.
– En ce qui me concerne, le fait de condenser mon cours en 4 à 6 minutes m’oblige à être plus précise, plus claire, plus concise dans mes explications et à supprimer toute prose inutile. Je gagne en efficacité. En classe, les élèves sont de plus en plus autonomes et si le temps de préparation d’une séquence est décuplé par rapport à un cours « classique« , il me permet de dégager beaucoup de temps en classe pour aider ceux qui en ont le plus besoin mais aussi pour les élèves les plus rapides.
Ma classe inversée en images www.youtube.com
Le blog : eclassecm.wordpress.com
Voir la bio de Soledad Messaien sur Ludovia#11