L’École numérique, la nouvelle frontière
Monsieur le Président du Conseil général de l’Ariège, Cher Augustin,
Madame la Vice Présidente de la région Midi-Pyrénées, qui représente d’ailleurs l’Association des Régions de France,
Monsieur le Maire d’Ax-les-Thermes,
Monsieur le Président de l’Association des Départements de France, Cher Claudy,
Madame la Présidente de l’ANDEV,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais d’abord m’excuser auprès de vous de ne pas pouvoir être physiquement parmi vous aujourd’hui, et en particulier ce soir, mais la préparation de la rentrée scolaire me contraint à rester à Paris.
J’aurais aimé passer un moment avec vous parce que j’ai besoin de votre réflexion, et parce que je sais qu’au-delà de la qualité des interventions dans ce genre de réunion, et en particulier celle que vous organisez pour la 9ème année consécutive, les contacts informels, les échanges en dehors même des tables rondes sont aussi importants pour la formation du jugement, pour l’information quant aux expérimentations qui existent, que les échanges formels.
Je voudrais vous dire l’importance que j’accorde au sujet qui est le vôtre. Le Président de la République, vous le savez, a décidé de faire de l’École la priorité de son quinquennat, et nous a confié une tâche difficile mais importante pour nos enfants, pour nos élèves, pour l’avenir du pays : celle de refonder l’École de la république.
On ne peut pas refonder l’École de la République et faire la République du 21ème siècle si nous ne prenons pas en compte pleinement, volontairement, efficacement la dimension nouvelle introduite par le numérique dans notre culture et dans notre civilisation.
De très nombreux secteurs de la société sont évidemment modifiés par le numérique et ils le seront encore plus demain, tout particulièrement par l’internet. Ils ne peuvent donc pas rester à la porte de l’École.
Il nous revient donc de repenser l’École d’aujourd’hui et de penser évidemment celle de demain. Préparer les jeunes, travailleurs de demain, citoyens de demain, hommes et femmes complets de demain, à la société dans laquelle ils vont vivre, qui est considérablement modifiée et qui peut être considérablement améliorée, du point de vue même des valeurs républicaines, par le numérique et par l’internet.
Il appartient donc à l’école de se saisir pleinement de cette révolution, dont je considère qu’elle est aussi importante que la révolution du livre ou la révolution industrielle.
Imaginons une École qui en resterait à la révolution précédente. Elle passerait à coté de son temps et elle marquerait le déclin de notre civilisation. Nous le savons déjà – et vous en êtes d’ailleurs les acteurs depuis de nombreuses années –, les enseignants, les élèves, les chefs d’établissement, les parents d’élèves ont la possibilité de communiquer via des environnements numériques de travail. On peut dématérialiser, on le fait d’ailleurs déjà pour une partie des relations et des apprentissages. Notre École n’est plus définie uniquement par l’enceinte matérielle qui est la sienne. L’acte III de la décentralisation, et je sais que vous l’avez évoqué dans vos tables rondes, permettra de mieux articuler l’action des collectivités locales, qui est éminente et tout à fait essentielle, et celle de l’Etat, qui parfois pêche.
Nous avons besoin que le numérique trouve toute sa place dans ce projet de refondation,.
C’est pourquoi, vous le savez, nous avons décidé de consacrer un pan très important de la concertation sur la refondation de l’École à la question d’une grande ambition pour le numérique. Nous ne voulons pas ajouter un plan de plus : il n’y en a eu trop, trop petits, avec des effets insuffisants. Nous voulons vraiment inscrire cette ambition au cœur de la refondation.
C’est pourquoi nous travaillons à l’élaboration d’une stratégie ministérielle en matière d’e-éducation et de numérique à l’École.
C’est pourquoi nous inclurons dans la formation des enseignants, à travers les Écoles supérieures du professorat et de l’éducation, une formation substantielle à l’usage pédagogique du numérique et de l’internet, qui fait souvent défaut aujourd’hui. La présence, très nombreuse parmi vous, des inspecteurs et des inspectrices de l’éducation nationale montre l’importance qu’ils accordent eux-mêmes à ces questions.
Cette formation devra s’appuyer sur la recherche. Elle est indispensable et elle devra être mieux soutenue.
Nous devons aussi, la France, prendre toute notre place au niveau international dans la création de contenus et d’e-services. Nous voyons bien qu’il y a des financements qui ont été prévus pour cela. Il y a beaucoup d’innovations, d’ingéniosité, de recherche en France.
20 millions d’euros seront alloués à un certain nombre de projets innovants dans le cadre des investissements d’avenir dans les semaines qui viennent. C’est bien, mais ce n’est pas assez, et il faudra faire davantage.
Nous portons le grand projet de faire naître, à côté des initiatives du secteur privé – elles sont déjà nombreuses – une nouvelle offre de services publics numériques éducatifs, qui soit une composante à part entière du service public d’enseignement et puisse bénéficier aux élèves. Je pense, notamment – on en parle assez – à un service public de soutien scolaire en ligne.
Je pense aussi que le Ministère de l’éducation nationale doit mettre à la disposition des enseignants des services, une plateforme qui leur permettront d’échanger et de mutualiser beaucoup plus aisément qu’aujourd’hui leurs productions, leurs innovations pédagogiques.
On doit aussi être capable d’organiser et de distribuer aux élèves et aux enseignants les productions pédagogiques qui émanent du service public, comme nous devons être capables de mettre en ligne les sujets et les corrigés des examens et des concours. Bien entendu, pour que tout cela se fasse – et ce sera notre programme de travail de l’année qui vient –, il faut poursuivre et sans doute intensifier, dans un souci, aussi, de justice territoriale et de cohésion, l’équipement des établissements scolaires et leur bonne connexion à l’internet, car c’est un facteur essentiel de diffusion du numérique à l’École.
Le message que je veux vous adresser, en vous félicitant pour votre initiative, en me réjouissant du succès qu’elle rencontre année après année et qui s’amplifie, c’est que le numérique à l’École est pour nous une nouvelle frontière. Il nous revient aujourd’hui, c’est en tout cas l’engagement que je prends et la responsabilité que je souhaite, d’inscrire la devise de la République, présente sur le fronton de toutes nos écoles, dans les territoires numériques éducatifs du 21ème siècle.
C’est un beau projet pour notre pays, c’est un beau projet pour nos enfants.
En vous remerciant de votre engagement, en souhaitant pouvoir poursuivre avec vous, je vous souhaite une université d’été enrichissante et une excellente année scolaire à tous.