Gérard Puimatto, Directeur adjoint du CRDP d’Aix-Marseille a planté le décor en éclairant l’assemblée sur la notion de ressources et en donnant quelques points de repère.
Il a redéfini le terme « ressources », employé d’après lui un peu «à tort et à travers».
La notion de ressources est, par définition, le moyen de faire face à une situation ; une ressource se place par rapport à quelque chose, à un objectif d’usage.
Par extension, une ressource éducative est un moyen mobilisable pour résoudre une question éducative.
Ce qui est important aujourd’hui dans les ressources, c’est de les utiliser pour l’acquisition de compétences : il a évoqué la notion de « parcours ».
Gérard Puimatto a évoqué le large secteur éditorial. En voici une illustration avec quelques éditeurs et représentants.
Du côté des éditeurs
Sébastien Leplaideur, Directeur du Développement Numérique aux éditions Belin constate que, ces dernières années, il a été essentiellement question de matériel ; d’après lui, les ressources sont le « parent pauvre » du processus numérique.
« Les éditeurs scolaires bougent, ils innovent, nous ne sommes pas une espèce en voie de disparition », a t-il déclaré.
Son sentiment profond est que nous tendons à aller vers un « mix éducatif » qu’il compare au mix énergétique, opposé au « tout nucléaire ».
Il développe sa pensée autour du « mix » : « nous allons vers un « mix papier et numérique », un « mix » de contenus sous droits et du libre et/ou collaboratif et enfin un mix complexe et mix granulaire».
Être toujours innovant sur les contenus ? Sébastien Leplaideur a le sentiment de l’être mais il insiste sur une problématique, celle de « fluidifier la chaîne ». Pour lui, c’est cela qui permettra que le contenu puisse arriver facilement jusqu’à l’enseignant dans sa classe, parce qu’il aura les bons réseaux, pas de pare-feux de l’établissement pour le contrarier, etc.
Vous avez dit « collaboratif »
Sébastien Hache de Sésamaths intervient à son tour. Au départ, il rappelle que Sésamaths n’avait pas du tout l’ambition de faire des manuels papier.
« Nous sommes partis d’une logique numérique pour aller vers le papier », avoue t-il. L’association s’est lancée dans le papier pour deux raisons : « d’une part, c’est la meilleure façon de présenter le numérique car chaque fois qu’un manuel papier arrive dans un établissement cela montre aux enseignants qu’ils peuvent utiliser les outils numériques qui vont avec (…) Et d’autre part, c’était une étape importante pour le modèle collaboratif (…) ».
Aujourd’hui, plus de 2 millions de manuels papier ont été vendus à partir des ressources Sésamaths. Pour lui, c’est une démonstration de l’articulation licence libre et modèle économique.
« Il y a 12 ans, on est parti de quasiment rien et le travail collaboratif a donné beaucoup de résultats », décrit-il. Et il ajoute : « même si nous n’avons pas attendu le numérique pour faire du collaboratif, le numérique aide beaucoup » !
Il revient sur la notion de parcours, dont parlait Gérard Puimatto ; pour lui c’est vraiment très important et Sésamath mise là-dessus.
« Le numérique permet d’avoir des pédagogies différenciées ; face à la diversité des élèves, c’est aujourd’hui obligatoire ».
Carol Ann O’Hare vient présenter Wikimedia, une association visant à former les enseignants et les élèves à l’utilisation de Wikipédia, un projet encyclopédique collaboratif.
Elle constate que les élèves utilisent souvent Wikipedia sans vraiment savoir d’où viennent les informations ; Wikimedia, c’est leur expliquer comment cela s’est construit.
« Quand on pose la question aux élèves : est-ce que vous comprenez toujours ce que vous lisez sur Wikipedia ; ils répondent oui ! Cependant, nous avons constaté qu’ils s’arrêtaient souvent au texte introductif et qu’ils n’allaient pas plus loin », déclare t-elle.
pour poursuivre : « c’est ce travail là que nous mettons en place, faire comprendre qu’il y a énormément de ressources sur les projets Wikimedia, comment y accéder et comment on peut utiliser ces outils dans le pédagogique, par ex faire participer les élèves à la rédaction d’articles ».
Raphaël Taïeb présente Lelivrescolaire.fr. La motivation de cette petite société est venue d’apporter de l’innovation dans le monde de l’édition scolaire.
Leur démarche est à la fois classique et originale ; classique car les manuels scolaires sont en version papier. L’originalité vient de plusieurs aspects : la ligne éditoriale est sous licence libre, les manuels sont conçus de façon collaborative ; ils tiennent à encourager le partage et l’échange.
Sur 2013, Lelivrescolaire.fr va développer un projet autour de la mobilité : ils souhaitent proposer le site sous un format différent, proposer de l’ergonomie, de l’interaction, et la possibilité de construire des ressources.
3 mots qui résument les ambitions de Lelivrescolaire.fr : Choix, accessibilité et collaboration.
– Le choix, c’est avant tout d’avoir accès aux ressources.
– L’accessibilité se fait ici par la gratuité des ressources, du moins pour la partie web. Raphaël Taïeb pense en effet que le prix est un frein réel pour l’accès aux ressources.
L’accessibilité facile car en un clic, on a accès aux ressources.
– Une logique de partage et de collaboration pour toujours pouvoir construire de nouvelles ressources.
Des usages numériques sans ressources, c’est possible ?
François Bocquet présente Sankoré. Il donne un point de vue sur la question des ressources à savoir « qu’on a tjrs l’impression qu’il faut avoir des ressources pour pouvoir utiliser le numérique. Ce n’est pas non plus indispensable d’avoir du réseau internet. Pour autant, on peut utiliser le numérique efficacement ».
D’après lui, ne sont ressources que des objets pour des utilisateurs qui en ont besoin.
Une ressource ne devient ressource que quand elle est prescrite et trouvée ;
Aussi, quand elle est utilisée, partageable voire librement partageable, et au-delà, modifiable.
Gilles Braun, en tant que Conseiller TICE auprès du Ministre de l’éducation, Vincent Peillon, conclut cette plénière en rappelant les grandes orientations du projet de loi de Refondation de l’Ecole. Sur le sujet qui nous intéresse, le plus symbolique dans le projet est la création d’un service public du numérique et de l’enseignement à distance, qui inclut notamment le soutien scolaire mais aussi la mise à disposition de ressources numériques pour les enseignants.