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De la consommation à la création : l’interprétation

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Doit-on opposer consommation et création ? Cette communication vise à questionner les rapports entre ces deux termes, placés a priori aux deux extrêmes des attitudes possibles face aux œuvres (d’art), de la passivité béate (voire abêtie) à l’activité manifeste. Plutôt que de les considérer comme des situations excluantes l’une de l’autre, et pour éviter tout argument moral (souvent manichéen et contreproductif), il sera proposé de les étudier à travers leur dynamisme et leurs interrelations, en convoquant le concept d’interprétation, pris dans ses diverses acceptations.

Avant toute réflexion théorique, la communication débutera par l’exposé de plusieurs « expériences de l’œuvre » ; celles-ci évoqueront aussi bien des points de vue de spectateurs (quand elles sont décrites à travers l’observation et la pratique) que celui des auteurs. On notera que la distinction entre consommation et création est souvent malaisée, que ce soit face à des œuvres interactives ou face à d’autres œuvres auxquelles ce qualificatif n’est pas associé. On verra également que, si la position de l’auteur a son importance, celle du spectateur est également déterminante pour façonner son attitude (passive ou active) vis-à-vis de l’œuvre.

On s’interrogera ensuite sur l’opposition consommation/création. Que signifient ces mots et de quels sens les charge-t-on dans le contexte de l’appréciation des œuvres d’art ? Quelques repères historiques montreront comment cette distinction a été constituée en clivage moral, voire politique, et comment elle a alimenté des débats esthétiques. On constatera la pérennité de cette préoccupation, de l’art participatif des années 1960 à l’art « interactif » (en particulier dans les années 2000). Cela questionnera alors les influences réciproques entre discours sur l’art et expériences des œuvres.

Après cette introduction historique (qui présentera quelques repères, mais sans les approfondir), la communication portera plus précisément sur la distinction faite par Edmond Couchot entre auteur-amont et auteur-aval. Mais plutôt qu’à travers la question de l’auctorialité, celle-ci sera abordée en tant que pratique : qu’est-ce qui fait œuvre ? Ce glissement permettra d’écarter la question de l’attribution, inutilement clivante, pour s’intéresser aux processus de création. On se demandera si toute œuvre n’est pas à la fois une œuvre-aval (résultat d’une création) et une œuvre-amont (prétexte à une autre création). Consommation et création ne s’opposeraient pas, mais plutôt se succéderaient, en un balancement fructueux.

Pour conclure cette intervention, on pourra s’éloigner momentanément du domaine des arts numériques et même des arts plastiques en étudiant un mode d’écriture a priori réservée à la musique : la partition. N’est-ce pas à la fois la notation d’une œuvre (écrite) et le moyen de la jouer ? N’ouvre-t-elle pas à différentes interprétations ? Et si celles-ci ne sont pas des créations à part entière (quoique certaines reprises puissent être qualifiées d’œuvres), elles ne se prêtent pas non plus à une consommation irréfléchie et stérile. Le terme « interprétation » permettra de se concentrer sur la pratique, à travers la figure de l’interprète, que ce soit le musicien ou l’amateur d’art (voir l’importance que Danto accorde à l’interprétation).

Finalement, on se demandera s’il est possible de consommer sans créer (et vice-versa). N’est-ce pas d’ailleurs une question que posent toutes les œuvres interactives ?

Biliographie 

  • Bosseur Dominique et Jean-Yves (1999), Révolutions musicales, La musique contemporaine depuis 1945, Minerve, Paris.
  • Couchot Edmond (1988), Images, De l’optique au numérique, Hermes, Paris.
  • Danto Arthur (1981), La transfiguration du banal, Seuil, Paris.
  • Eco Umberto (1965), L’œuvre ouverte, Seuil, Paris.
  • Goodman Nelson (2005), Langages de l’art : Une approche de la théorie des symboles, Hachette, Paris.
  • Lévi-Strauss Claude (1962), La pensée sauvage, Plon, Paris.
  • Perrenoud Marc (2007), Les musicos, enquête sur des musiciens ordinaires, La découverte, Paris.
  • Rancière Jacques (2008), Le spectateur émancipé, La fabrique, Paris.

Positionnement scientifique

[callout]Cette communication s’inscrit dans la section (universitaire) 18 (esthétique de la création contemporaine).

Elle se développera à la fois sur l’analyse d’ouvres présentées dans plusieurs expositions (festivals Exit ou Villette numérique, expositions à la Gaîté Lyrique ou au 104, à Paris…) et en regard et réponse à des textes théoriques, sociologiques et philosophiques (Couchot, Perrennoud, Eco, Danto, Goodman…) ayant contribué à l’écriture d’une thèse d’esthétique : « L’art numérique », un nouveau mouvement dans le monde de l’art contemporain.

Elle tirera également partie de ma pratique artistique et de mon expérience du monde de l’art contemporain.[/callout]

Voir le programme complet du colloque scientifique Ludovia#11

Voir la bio de Célio Paillard sur Ludovia 2014

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