Les cartes géographiques fournissent une représentation graphique du monde réel permettant de mettre en valeur l’étendue de l’espace étudié, sa localisation ou des phénomènes géographiques. Très utilisées au secondaire et plus particulièrement en histoire-géographie, les cartes géographiques suivent également l’évolution du numérique.
De nos jours, les enseignants peuvent utiliser la carte papier, les SIG (Système d’Information Géographique) ou encore des cartes dynamiques pouvant être animées ou interactives.
Les enseignants ont su détourner cet objet servant à la base de visuel pour représenter un territoire, illustrer un fait historique, indiquer des reliefs ou représenter des données démographiques, en activités pédagogiques. Enseignants et élèves travaillent ainsi sur les cartes interactives en collectif via vidéo-projecteur et Tableau Numérique Interactif mais aussi en petits groupes et en individuel sur ordinateur ou sur tablette interactive.
En travail individuel, les élèves ont comme activités de réaliser eux même une carte interactive pour travailler et comprendre plus facilement un fait historique, de produire une carte en construisant les couches d’informations à l’aide d’observations sur le terrain ou tout simplement, de manipuler directement leur carte interactive sur leur tablette tout en écoutant le cours de l’enseignant.
Les élèves apprécient de créer et de manipuler les ressources interactives. Ils s’approprient rapidement les cartes interactives qui les amènent à utiliser des outils numériques (logiciel de traitement d’images, SIG, diaporama, internet…) pour réaliser leurs productions et les amènent également à être acteur de leur apprentissage et plus motivé à apprendre.
Le questionnement qui structure cette communication part des constats sur l’usage des TIC dans l’enseignement.
De nombreuses études soulignent l’impact positif des TIC sur la motivation et l’engagement des apprenants facilitant ainsi l’apprentissage (Schnotz & Lowe, 2008). Utiliser du contenu numérique augmente la motivation de l’élève à apprendre et rend le cours plus intéressant et évocateur (Goldstone & Son, 2005).
Aussi, le fait que les élèves manipulent directement la ressource favorise l’apprentissage.
Cependant, l’interactivité de la carte favorise-t-elle la mémorisation et la compréhension des élèves ? Si chaque élève manipule individuellement la carte interactive lorsque l’enseignant donne son cours, la mémorisation et la compréhension peuvent-elles être améliorées ? La carte interactive peut-elle perturber les élèves si elle est diffusée sur un matériel de diffusion interactif (TNI, tablette…) ?
L’objectif de cette communication est dans un premier temps de présenter la carte géographique numérique, de comprendre les usages en cours d’histoire-géographie mais aussi les détournements au niveau des activités pédagogiques et de la maîtrise d’outils numériques.
Pour cela, une enquête qualitative va recenser les usages des enseignants de collège sur les cartes géographiques. Dans un second temps, seront présentés les résultats d’une expérimentation menée auprès de 203 élèves de 3ème montrant l’impact d’une carte (avec ou sans interactivité) sur la mémorisation et la compréhension des élèves en fonction du matériel de diffusion (vidéo-projecteur, TNI et tablette interactive).
Section scientifique de rattachement :
71ème section. Sciences de l’Information et de la Communication
Méthode appliquée :
Pour découvrir les usages, détournements et impacts des cartes géographiques sur la mémorisation et la compréhension des élèves, deux méthodes sont appliquées :
- Une enquête qualitative pour recenser les usages des enseignants de collège sur les cartes géographiques.
- Une expérimentation dans plusieurs collèges pour évaluer la mémorisation et la compréhension des élèves en fonction de la carte utilisée et du matériel technique utilisé pour la diffusion. Les enseignants donnent le cours sur la Seconde Guerre Mondiale à leurs élèves de 3ème tout en utilisant la carte géographique fournie, avec ou sans interactivité. Ils diffusent la carte sur vidéoprojecteur, sur TNI ou sur tablette interactive. Les élèves sont alors spectateurs (TNI et vidéoprojecteur) ou acteurs (tablette interactive) de leur apprentissage. A la suite du cours, les collégiens répondent à un questionnaire de mémorisation et de compréhension.
Terrain d’expérimentation
Le terrain d’expérimentation est les six collèges français ayant participé à l’expérimentation. Ils se situent dans le sud-ouest de la France (Bayonne, Bordeaux, Couzeix, Périgueux, Treignac et Ussel). Pour chaque établissement, les enseignants d’histoire-géographie ont positionné deux classes de 3ème pour effectuer l’étude. Au total, ce sont 215 élèves de 3ème qui ont participé à l’expérimentation.
Bibliographie
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Plus d’infos sur la programme du colloque scientifique sur www.ludovia.org/2015/colloque-scientifique
A propos de l’auteur Claire Nikitopoulos