Catégorie : POINT DE VUE

  • Libérons l’instinct «techno» de nos enfants dans les écoles

    Libérons l’instinct «techno» de nos enfants dans les écoles

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    Au-delà des programmes divers d’équipement dans les classes, pour lui, l’école n’adopte pas la bonne stratégie face à l’arrivée des nouvelles technologies. « Dans leur quête pour savoir comment les élèves doivent utiliser au mieux ces nouvelles technologies, ils en oublient un aspect fondamental qui est amené par la technologie elle-même : la responsabilisation de l’élève », souligne Robert Schwartz. Pour lui, il faut donner la technologie aux enfants et les laisser faire. « En fait,  tout le monde a peur car ils se rendent bien compte qu’en donnant une technologie aux enfants, ils en savent déjà plus que tout ce que peut leur apprendre l’enseignant », ajoute-t-il.

    Il croit aux « digital natives » et donne l’exemple de sa fille de six ans et de ce qu’elle est capable de faire avec une tablette, ou encore l’histoire de ces enfants en Ethiopie à qui on a fourni des tablettes et qui, sans aucune connaissance informatique, ont appris l’anglais seuls en même pas 5 mois !

    Il prône le changement : changer la manière dont les enseignants font leur cours. Et ce changement doit se faire dès le départ. Il rappelle que nous parlons ici de modifier 200 ans d’institution et d’habitudes, ce n’est donc pas si simple !
    La plupart des décideurs du monde éducatif se focalisent sur « comment les élèves vont utiliser les technologies en classe ». D’après Robert Schwartz, moins les adultes bloqueront avec ça et plus les élèves réussiront à apprendre au moyen des TIC.

    Plus d’infos :
    Retrouvez l’article en intégralité et en version originale ici

  • La place de l’ordinateur à l’école

    La place de l’ordinateur à l’école

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    Une particularité dans les programmes, il n’y a pas de temps alloué à l’informatique… tout simplement parce que l’informatique n’est pas une matière à l’école mais un outil au service de toutes les matières. En d’autres termes, chaque enseignant devrait prévoir l’utilisation de l’outil informatique en l’incluant dans les différentes matières. Qu’en est-il dans la réalité ?

    Bien avant le B2i, nous avons eu le plan « informatique pour tous » avec des salles informatiques de MO5 et/ou TO7 avec leur nanoréseau qui empêchait toute possibilité d’avoir les ordinateurs dans les classes. Les ordinateurs ont évolué, ils sont devenus portables voire ultraportables, et les réseaux aussi avec l’apparition du wifi.

    Cependant, pour beaucoup d’écoles malheureusement, l’ordinateur est resté dans sa salle informatique que l’on saucissonne en créneaux horaires entre les différents collègues, créneaux parfois encore réduits  un peu plus du fait de l’utilisation de la salle par l’intervenant en musique/arts visuels ou l’utilisation de la BCD …

    Peut-on utiliser les ordinateurs dans l’esprit du B2i, c’est à dire comme un outil à disposition de tous, à tout moment et dans toutes les matières, quand on a tous les ordinateurs rassemblés dans une même salle ?

    Viendrait-il à l’idée à quelqu’un de placer tous les dictionnaires dans une salle spéciale où l’on irait une fois par semaine pour apprendre à les utiliser, sans jamais pouvoir s’en servir au moment précis de la journée où l’on en a besoin parce que ce n’est pas notre créneau horaire ?

    Dans l’état actuel des choses, et ce depuis novembre 2000, les salles informatique n’ont pas leur place à l’école primaire, car elles ne répondent en rien aux besoins du B2i.

    Alors où est la place de l’ordinateur à l’école ?

    Au même titre que le TBI qui est un outil pour le maître et ses élèves, l’ordinateur est un outil pour les élèves et ils doivent apprendre à s’en servir comme tel ; il doit donc se trouver dans la classe.

    Comment faire ?

    Plusieurs solutions : si vous avez une salle informatique avec des PC fixes, le mieux est de les répartir dans les classes et de prévoir le câblage réseau ou wifi et électrique.
    Si vous devez investir dans du nouveau matériel, il vaut mieux priviligier des ordinateurs portables afin de garder une certaine liberté dans les configurations possibles. Exemple : si vous disposez de 30 portables dans votre école à 6 classes, ils peuvent soit :

    – être tous à disposition chaque semaine dans une classe différente, à charge de l’enseignant de profiter au maximum de l’outil la semaine où il dispose de ces portables
    – partagés en 2 lots de 15 portables dans 2 classes par trimestre.
    – partagés en 3 lots de 10 portables dans 3 classes par périodes (de vacances à vacances)
    – partagés en 6 lots de 5 portables à l’année, avec toujours la possibilité de les rassembler tous ponctuellement dans une classe pour un besoin ou un projet spécifique.
    etc …
    Si le réseau est bien configuré/équipé, ils sont connectés en wifi à l’imprimante réseau ou au photocopieur, au serveur de fichiers, à internet et donc à l’ENT etc… Ainsi tous les enseignants de l’école peuvent travailler les compétences du B2i tout au long de l’année avec l’outil informatique parfaitement intégré à la pratique de la classe.

    Retrouvez Cyril GIBELIN, un animateur TICE convaincu, sur le blog Les TICE dans l’Aude

  • « Tout ça pour ça »

    Au-delà de mesures prévisibles et assez consensuelles (efforts sur le primaire, révision du système d’orientation), il n’y a pas de propositions concrètes et pas d’objectifs précis à ce quinquennat de l’éducation !
    Le Sénateur de la Haute-Savoie déplore surtout que ce gouvernement ne prenne aucun engagement concernant la réussite des élèves et repousse à plus tard les décisions relatives à la valorisation du métier d’enseignant.
    Le Vice-président du Sénat insiste sur le fait que la réussite des élèves dépend grandement de l’effet-enseignant.

    Il regrette en conséquence que rien ne soit proposé concernant l’accompagnement des professeurs durant leurs parcours professionnel.
    Rien n’est proposé, également, concernant l’évaluation des enseignants. A quoi servent les inspections stériles qui ont lieu tous les 5 à 7 ans pendant 30 minutes pour évaluer les enseignants.

     

    Aucune revalorisation salariale n’est envisagée.

    Une grande réforme de l’éducation doit replacer les professeurs au cœur de l’évolution des politiques publiques éducatives dans un but unique : la réussite des élèves.

    La refondation, c’est passer du centralisme de la rue de Grenelle, de la culture de la circulaire à celle du contrat avec les acteurs de la communauté éducative.
    Concernant les rythmes scolaires, le Sénateur de Haute-Savoie rappelle que le rythme idéal relève du vœu pieux. Le meilleur rythme est celui qui prend en compte les rythmes biologiques des enfants et des enseignants, les rythmes économiques et les rythmes climatiques. Là encore nous restons dans l’expectative !

    La performance des systèmes éducatifs va bien au-delà des questions de moyens, qui une fois encore apparaissent comme l’alpha et l’oméga.

    Finalement, Tout ça pour ça. La montagne accouche d’une souris ! Fallait-il une telle mobilisation ?

  • Pourquoi s’intéresser à d’autres systèmes de numération que le nôtre ?

    Par la suite, certains manuels ont présenté les systèmes hiéroglyphique, babylonien, maya.
    La présentation de ces systèmes permet de découvrir d’autres signes que nos chiffres, d’autres bases que la base dix et d’autres règles de codage que celles de notre système.
    La comparaison de ces différents systèmes est un moyen pertinent de montrer ce qu’est un système de numération, de dégager les notions de chiffre, de base, l’intérêt du zéro et du principe de position.
    Outre son intérêt historique et culturel, elle permet d’expliciter et de comprendre les caractéristiques de notre système.

    Pourquoi utiliser un logiciel ?

    Lorsque ces numérations sont présentées dans des manuels ou d’autres documents écrits, l’élève doit observer les exemples présentés et lire les explications qui lui sont données.
    Cela lui demande une réelle activité, mais lui laisse peu de liberté car il est prisonnier des choix des auteurs.

    Voici une autre démarche facile à mettre en œuvre par tout enseignant maîtrisant un peu le calcul mental : les élèves proposent des nombres, l’enseignant traduit ces nombres dans le système étudié.
    En procédant ainsi, les élèves peuvent progressivement découvrir les signes utilisés, faire des hypothèses sur les règles de fonctionnement du système et vérifier ces hypothèses en demandant de nouvelles traductions.

    L’utilisation d’un logiciel qui assurerait les tâches de traduction présenterait plusieurs avantages.

    Elle permettrait à chaque élève de suivre son propre cheminement.
    Elle libèrerait l’enseignant des tâches de traduction, ce qui lui permettrait de se consacrer pleinement à l’observation de sa classe et à la préparation des phases de mise en commun et de synthèse des observations et des découvertes.

    Potentialités et limites du logiciel proposé

    Le logiciel présenté reprend l’idée que la présentation et la comparaison de différents systèmes est un moyen pertinent de montrer ce qu’est un système de numération, de dégager les notions de chiffre, de base, l’intérêt du zéro et du principe de position.
    Il aborde la numération romaine et trois autres numérations qui présentent les mêmes caractéristiques que les numérations hiéroglyphique, babylonienne et maya.

    Les différences avec ces systèmes se situent au niveau des signes utilisés et de la disposition de ces signes dans les écritures. Les signes utilisés sont des caractères du clavier présentant une ressemblance avec les vrais signes que l’enseignant peut montrer en utilisant un manuel ou internet.

    Dans les numérations hiéroglyphique et babylonienne, les signes répétés plus de trois fois sont disposés de façon à faciliter la lecture.
    Le logiciel ne respecte pas cette règle et de plus, il y a certainement des différences d’affichage selon l’ordinateur utilisé et le système sous lequel il fonctionne.
    Ce non-respect de la disposition n’est pas incompatible avec les objectifs poursuivis, car d’une part, le logiciel ne prétend pas présenter les numérations hiéroglyphique et babylonienne, et d’autre part, l’objectif au niveau où nous envisageons son emploi n’est pas la reconnaissance globale et immédiate des quantitésLe logiciel limite le champ des recherches à 4000 pour la numération romaine, et respectivement à 10 000, 216 000 et 7200 pour les trois autres numérations.

    Ces bornes ont été choisies pour des raison d’affichage à l’écran. Elles sont suffisantes pour atteindre les objectifs visés.
    Elles permettent de plus de poser le problème suivant :
    En respectant les principes du système présenté, serait-il possible d’écrire tous les nombres naturels ?
    La réponse à cette question est une façon de montrer la différence entre les numérations d’addition et les numérations de position ainsi que la supériorité de ces dernières.

    Le logiciel permet aux élèves de s’assurer qu’ils savent déchiffrer des inscriptions en chiffres romains, mais il ne propose pas d’autre exercice.
    Cette absence d’exercice, laisse à l’enseignant un rôle primordial, sans priver l’élève de la possibilité d’avoir une réelle activité mathématique. Le logiciel ne laissant pas de trace des précédentes « traductions », l’élève doit être invité à consigner par écrit ses observations et ses remarques.

    Si les consignes sont clairement données et si l’élève prend des notes, le logiciel lui permet de mettre en œuvre une véritable démarche scientifique. En effet, il peut faire des hypothèses sur la signification des chiffres et des règles utilisés, il peut vérifier ces hypothèses en proposant d’autres nombres. En lui demandant de formuler par écrit ses observations et ses découvertes, on l’amène à préciser sa pensée et à utiliser correctement les termes chiffre, nombre, système de numération.

    Ce premier temps de recherches permet de mettre en évidence l’intérêt du calcul mental. En effet, un élève en difficulté dans ce domaine aura du mal à découvrir le fonctionnement des systèmes de type babylonien et maya.

    Dans un deuxième temps, si l’enseignant demande de comparer le système étudié avec notre système, s’il demande si ce système permet d’écrire tous les nombres entiers, il pose des problèmes qui permettront à l’élève de s’approprier avec son aide, ce qu’est un système de numération et quelles sont les caractéristiques de notre numération de position.

    Plus d’infos :
    retrouvez l’article et les commentaires sur revue.sesamath.net
    Le logiciel « numérations » de Michel Ramus est téléchargeable ici

    Voir aussi, du même auteur « utiliser les possibilités de votre suite bureautique » ici 

  • A quand un enseignement vraiment «numérique» ?

    A quand un enseignement vraiment «numérique» ?

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    La génération Y est une utilisatrice compulsive des smartphones, applications mobiles, jeux vidéos, programmes de e-learning ou des médias sociaux, quels qu’ils soient. Pour ces utilisateurs avisés, éclairés et experts naturels du monde numérique, le maniement de toutes ses nouvelles interfaces numériques est un reflexe naturel.
    Si l’arrivée récente de tablettes tactiles sur le marché, telles que l’iPad, a d’ailleurs séduit beaucoup d’enseignants et d’étudiants dans les faits, aujourd’hui, encore très peu d’écoles ou d’universités ont réellement adopté les tablettes tactiles dans leur programme pédagogique.

    Le contact avec les étudiants comme avec les enseignants est actuellement plus de l’ordre de la découverte et de l’exploration. Selon les dernières estimations, seuls 3% des étudiants en université utilisent aujourd’hui une tablette tactile.
    C’est un fait, les étudiants passent aujourd’hui un temps considérable, à titre personnel, devant des écrans, depuis leur smartphone jusqu’à leur ordinateur portable. Néanmoins, selon un récent sondage, 75% des étudiants universitaires préfèreraient encore et de loin les livres traditionnels imprimés à leurs pendants numériques. Par ailleurs, d’après le projet américain de recherche en cours « Student Attitudes Toward Content in Higher Education” réalisée par le BISG (Book Industry Study Group), moins de 20% des enseignants utiliseraient les derniers supports et contenus d’enseignement à leur disposition pour dispenser leur cours. Ainsi, alors que le potentiel de supports numériques à leur disposition est de plus en plus vaste et facile d’accès, les enseignants préfèrent encore opter pour une combinaison de supports différents, souvent un peu datés, et avec toujours une préférence pour les supports traditionnels imprimés.

    Les éditeurs investissent dans les technologies numériques

    De leur côté, les grands éditeurs ont investis assez tôt et avec intelligence dans les nouvelles technologies en multipliant les partenariats avec des prestataires de services d’édition numérique tels que le Groupe Jouve afin d’optimiser l’édition combinée de livres d’enseignement en version traditionnelle comme en version numérique.

    Les premières technologies XML couplées à des formats éditoriaux numériques innovants, ont permis aux éditeurs de créer des collections entières de supports d’enseignement pour tous les âges, dorénavant à disposition à la fois en version traditionnelle imprimée comme en version digitale.
    Ils ont développé de nouvelles méthodes permettant d’adapter et de personnaliser le contenu aux besoins spécifiques des étudiants, pour les cours individuels, les institutions et les enseignants. Les éditeurs ont, par ailleurs, développé de nouveaux algorithmes évolutifs et intelligents, permettant d’adapter les cours au rythme des besoins et des progrès des étudiants. Utilisé intelligemment et à bon escient, le recours à ces nouveaux supports numériques permet d’optimiser les résultats, pour les enseignants comme pour les étudiants que ce soit en ligne et à distance ou dans le cadre de l’école ou de l’université.

    Du point de vue des étudiants

    Toutes les études indiquent aujourd’hui que les supports traditionnels imprimés ne répondent que partiellement aux besoins réels des étudiants. Le rapport qualité/ prix est notamment trop élevé pour justifier un recours unique à ces supports face à des étudiants constamment à la recherche de supports d’enseignement complémentaires ou alternatifs en version numérique.
    Les étudiants sont des consommateurs avisés, toujours à la recherche du meilleur rapport qualité/ prix considérant leur budget souvent limité. La majorité des étudiants achètent eux-mêmes leurs livres de cours et parce que les éditions imprimées traditionnelles, neuves comme d’occasion, sont souvent trop chers pour leur budget, seuls 55% d’entre eux achètent la dernière version à jour des ouvrages au programme de leur classe. Les autres achètent soit des éditions plus anciennes, soit des éditions d’autres pays, ou encore des versions en livre numérique (e-books) moins onéreuses, voir souvent des copies frauduleuses disponibles sur internet ou plus simplement les empruntent à la bibliothèque. Leur comportement indique clairement qu’ils ne perçoivent pas de réelle valeur ajoutée à acheter la dernière mise à jour du contenu d’un cours, telle que proposée par les éditeurs officiels. Le contenu des livres de cours s’est banalisé et il est bien souvent accessible en un clic soit gratuitement soit à prix plancher sur internet.

    A l’inverse, les étudiants qui ont recours à des supports numériques de dernière génération comme “Wiley Plus”, « Pearson’s Mastering series » ou « McGraw Hill’s Connect », trouvent une valeur ajoutée complémentaire immédiate et mesurable qui correspond mieux à leurs attentes. Dans la dernière étude menée par le BISG sur le sujet, ces nouvelles interfaces pédagogiques entièrement numériques obtiennent systématiquement de meilleures notes d’évaluation que les ouvrages classiques imprimés et ce, sur l’ensemble des critères d’évaluation : simplicité, efficacité, ergonomie, mémorisation, etc. Par contre, si les étudiants d’aujourd’hui ont en effet une large préférence pour les éditions multimédias, il doit être souligné qu’il s’agit bien des outils interactifs de dernière génération. Les livres numériques dits « homothétiques », simples répliques au format PDF de leur livres classiques n’ont, par contre, pas connu ce succès. Lors de la précédente année scolaire, seuls 3% des étudiants ont acheté ce type de livre numérique « simple ».

    Du point de vue des enseignants

    Nombre d’écoles et d’universités expérimentent actuellement activement de nouvelles méthodes et de nouvelles technologies dans le but d’améliorer l’efficacité de leurs programmes pédagogiques. Néanmoins, la plupart doivent faire face à des problèmes budgétaires récurrents. Il s’agit aujourd’hui d’un frein important, si ce n’est le plus important à l’acquisition de supports numériques comme à la formation des enseignants qui souhaitent passer le cap digital.

    Si les enseignants mesurent bien la valeur ajoutée que peuvent leur apporter les nouvelles techniques d’enseignement numériques, lorsqu’elles sont adaptatives et évolutives, ils ne partagent pas pour autant toujours les mêmes objectifs que leurs institutions de tutelles en termes de moyen pour y parvenir. Cette divergence conjuguée à des charges de travail et des programmes d’enseignements toujours plus pesants ne laissent que peu de temps et de moyens aux enseignants pour se former et convertir leurs supports et leurs méthodes au numérique.

    Le défi actuel

    La nécessaire évolution des esprits et de la volonté de faire évoluer les comportements tant du côté des enseignants que des institutions est le principal défi à cette transition au « tout numérique ».
    A mesure que les nouvelles plateformes pédagogiques numériques se développent et se perfectionnent, elles peuvent être perçues comme un danger ou une menace, visant à terme à remplacer ou estomper le rôle et la stature traditionnelle des enseignants dans les écoles et les universités. Mais le temps que ces nouvelles technologies pourraient permettre d’économiser aux enseignants, notamment en ce qui concerne l’enseignement des savoirs fondamentaux, pourrait et devrait être réinvestit et redéployé pour explorer ou approfondir de nouveaux champs de connaissance avec leurs étudiants. Le temps passé en classe pourrait ainsi être mieux utilisé plutôt que remplacé, comme le craignent certains, par des simulateurs de jeux ou des programme de e-learning dispensés à distance via internet.

    La nouvelle génération d’étudiants, familière des nouvelles technologies, est en constante recherche, à titre personnel et en parallèle, de supports d’information numériques. Ils comblent donc déjà naturellement et par eux-mêmes les lacunes du système éducatif. Aussi, cette transition numérique sera, en tout état cause, menée par les étudiants. La demande comme l’attente est grande et l’offre tarde à se construire. Il paraît donc aujourd’hui essentiel et urgent pour les institutions et les éditeurs de travailler main dans la main pour passer le cap du numérique et offrir de nouveaux outils plus performants aux étudiants qui les attendent.

    Que devrons-nous changer ?

    Dans le monde digital, les changements de paradigme interviennent généralement suite à l’arrivée sur le marché et à l’adoption généralisée par les usagers de nouvelles interfaces qui bousculent le jeu, les « game changers », comme ont pu le faire récemment les smartphones ou les tablettes tactiles. Ces dernières, pleines de promesses, semblent néanmoins encore trop récentes.

    Les tablettes ne sont pas encore aujourd’hui ni suffisamment puissantes et développées ni suffisamment abordables en terme de coût à l’achat pour constituer l’interface unique dont pourraient rêver les enseignants et les étudiants. A ce stade, il va falloir attendre encore quelques années, que les tablettes accroissent leur puissance comme leurs champs d’applications, pour qu’elles séduisent définitivement le monde enseignant. Le jour où la majorité des étudiants auront à disposition une offre intelligente, complète et abordable en termes d’interfaces comme de contenus pédagogiques en version numérique, alors les enseignants et les institutions pourront faire évoluer leur approche pédagogique de manière efficace. Le mouvement semble irrémédiable.

    La prochaine génération de solutions pédagogiques, encore à venir, sera en tout état de cause entièrement « born digital », c’est-à-dire conçue, pensée et créée à 100% par des auteurs et des développeurs, issus de la nouvelle génération née avec internet. Dans ce cadre, il parait clair que les programmes et les méthodes pédagogiques devront être repensées intégralement, avec une nouvelle approche, qui ne pourra pas être un simple transfert, sorte de copier/coller du papier vers le numérique des méthodes et supports préexistants. Leur design sera modulable, adaptable et personnalisable comme le propose par exemple déjà la plateforme «Cengage’s new Mindtap.» Ces nouveaux programmes d’enseignement auront toutes les caractéristiques du nouveau paradigme numérique : mobile, social, personnalisable, interactif, évolutif, etc.

    Dans ce contexte, les éditeurs doivent également repenser intégralement leur organisation et adapter leurs processus de fabrication. Le groupe Jouve propose ainsi d’intégrer le numérique de plus en plus tôt dans le processus éditorial, avec la création en amont, de formats pivots qu’il est ensuite possible de décliner de manière simple dans n’importe quel format final pour n’importe quel support de lecture, numérique ou papier. L’édition papier tendant, à terme, à devenir un support comme un autre aux côtés des différents formats numériques. Ce processus permet également de réduire les délais et les coûts de production, d’améliorer les phases de relecture et d’intégrer des contributeurs extérieurs.

    Les modèles d’affaires comme les canaux de distribution vont également devoir changer de manière radicale. A mesure que les éditeurs développeront et commercialiseront des plateformes pédagogiques d’enseignement numériques plus sophistiquées et plus performantes, ils devront abandonner de l’autre côté la commercialisation de leurs supports traditionnels. Dans ce cadre, la conversion des données et des connaissances traditionnelles en version numérique aura un coût important que les éditeurs devront, à un moment ou un autre et d’une manière ou d’une autre, répercuter et refacturer aux écoles, aux universités et aux étudiants. Les éditeurs et les universités expérimentent d’ailleurs actuellement aux USA, un nouveau système de licence permettant de repartir équitablement les coûts entre les parties avec une contribution par élève. L’Université de l’état de l’Indiana aux Etats-Unis fait partie des structures pilotes actuellement en test sur ces nouveaux systèmes. L’un des autres avantages majeur de cette nouvelle relation dématérialisée consistera également à supprimer tous les intermédiaires et permettra aux éditeurs et aux étudiants de développer et d’entretenir un dialogue direct, personnel et en temps réel pour une personnalisation intégrale des supports et des services. Ce sera la fin des standards.

    En conclusion

    La révolution numérique poursuit son cours et s’accélère. Basée sur les dernières innovations technologiques telles que le XML, le HTML5 et le nouveau format EPub3, les interfaces mobiles deviennent tous les jours plus performantes prenant également un nouvel élan à partir des dernières ressources offertes par le Cloud Computing. Les nouveaux programmes pédagogiques numériques (e-learning) deviennent plus intelligents et autonomes. Ils sont adaptables, personnalisables et évolutifs. Basés sur de puissants algorithmes, les nouvelles interfaces pédagogiques deviennent multimédias et entièrement interactives. Créant un dialogue permanent avec leur utilisateur, ces programmes permettent de questionner et d’évaluer en permanence les lacunes comme les acquis des étudiants pour leur proposer des exercices et des programmes individualisés. Les enseignants pourront donc adapter, mettre à jour et faire évoluer leur enseignement de manière efficace et en temps réel en allant puiser dans des ressources ouvertes de manière quasi-illimitée.

    Aujourd’hui, la plupart des technologies nécessaires et utiles à cette transition numérique de nos systèmes d’enseignement, existe ou sera rapidement à disposition et les élèves eux-même sont déjà prêts et même impatients. La prochaine étape est donc celle de l’évolution nécessaire des mentalités et pratiques traditionnelles.

  • Le tableau interactif fixe est mort. Vive l’écran interactif !

    Il est clair pour tous que ce serait très probablement l’écran plat, qui présente de multiples avantages. Quand on compare les matériels, il n’y a pas photo, si j’ose dire:

    – meilleure qualité d’image sur l’écran LCD (contraste supérieur, meilleur piqué, définition bien meilleure)
    – image mieux réglée et plus simple à obtenir sur l’écran LCD (aucun réglage de l’image nécessaire)
    – plus grande durée de vie pour le LCD (20 000 heures contre 2 000 ou 3000 heures pour une lampe de vidéoprojecteur)
    – aucune d’ombre portée sur l’écran plat => confort d’écriture maximal, alors qu’un tableau interactif fixe, même muni d’un vidéoprojecteur à courte focale, à toujours une ombre portée.
    – une meilleure qualité d’interactivité (doigt + stylet) qui fait que l’écran plat interactif ressemble à un IPAD géant (en mieux, car il est beaucoup plus naturel d’écrire sur l’écran interactif géant que sur l’IPAD…)

    Depuis 2007, date de mon premier article sur le sujet, le coût des écrans LCD diminue régulièrement et en septembre, une étape importante a été franchie:

    Pour la première fois, le coût d’un écran interactif devient, sur une durée de vie de 6 ans, inférieur à celui d’un tableau interactif (ou d’un vidéoprojecteur interactif).

    Le coût sur 6 ans d’un tableau interactif fixe installé, utilisé 2000 heures / an, avec la maintenance et les lampes, est d’environ 6 500 € HT.

    Depuis cet été, les prix des écrans LCD installés sont passés sous la barre des 6 000 € (pour une taille de 65″ environ) et les écrans de taille 80″ devraient passer, d’ici un an au plus, sous la barre des 8 000 € HT. Pour ce prix, on aura une installation de meilleure qualité et plus fiable, avec une garantie de 20 000 heures au moins pour l’écran lui-même…

    J’ai écrit déjà l’année dernière comment les tableaux interactifs fixes sont en train de disparaître au profit des vidéoprojecteurs interactifs. En fait, toutes les technologies fixes à base de projecteurs seront progressivement remplacées par des écrans LCD – le prix de ceux-ci baissera, à cause des volumes de production supérieurs, bien plus vite que le prix des projecteurs.

    Il restera alors deux marchés principaux pour l’interactivité en milieu scolaire :

    -> les technologies mobiles, qui ont leur avantages propres (partage, mobilité, coût)
    -> les technologies interactives fixes, (écrans LCD et leurs évolutions à venir, OLED, etc…).

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  • Que font les constructeurs de tableaux interactifs ?

    C’est une nouvelle manifestation d’une tendance lourde dont je vous parle depuis (au moins 5 ans), à savoir l’avènement inéluctable des solutions nomades.

    Il y a 10 ans, les PC portables ont d’abord dépassé les PC de bureau, puis, en 2007, les téléphones intelligents sont passés devant les PC portables.

    On ne peut pas dire que ce phénomène n’ait pas été annoncé, ni expliqué. Des raisons profondes, à la fois conjoncturelles (la crise) et structurelles (la loi de Klein) permettent de prédire que toutes les technologies utilisées dans la salle de classe, ou presque, seront à terme nomades.

    Pourtant les logiciels permettant à un tableau interactif de fonctionner avec un IPAD, un Iphone ou même avec une tablette Androïd restent quasi inexistants. Il est impossible pour un enseignant d’arriver en cours  avec son IPAD, de le connecter (sans fil) à son tableau interactif et à son  vidéoprojecteur et de faire cours (1) comme il peut le faire avec son PC. Une telle application paraît pourtant “évidente”.

    Toute une industrie, qui se targue pourtant d’être novatrice et visionnaire, fait comme si les professeurs n’utilisaient pas de tablettes…

    Elle risque de s’en mordre les doigts car il me semble pas du tout impossible que, d’ici 5 ans, le terme “tableau interactif” soit remplacé par celui “d’IPAD géant”. (2)

    (1) Certains concepteurs de TBI (Luidia, Smart) permettent aux élèves de suivre sur IPAD le cours fait au tableau. C’est intéressant pour l’enseignement à distance mais d’utilité plus marginale dans la salle de classe, hors certains types de sessions collaboratives. Surtout, c’est une application “élève” par opposition au TBI, qui est une application “professeur”.
    (2) Des applications collaboratives sont aussi apparues, telles que des boîtiers de vote virtuels, mais elles sont en fait indépendantes des TBI.

  • « L’état » des ressources numériques

    Son intervention s’articulera autour de plusieurs points :

    Une photographie succinte de l’état des ressources
    Un constat sur les éditeurs privés et leur modèles actuels, « souvent dees pdf «augmentés» quelques initialives intéressantes comme celle de Belin avec la libthèque. Encore en devenir ou plutôt en interrogation sur le modèle économique ».
    sur la Compatibilité ; en ligne ou en «dur», certains manuels ne sont lisibles que sous certains systèmes d’exploitation. Il est difficile aujourd’hui pour un enseignant de savoir s’ils vont être utilisables sur leur terminal.
    et la question du coût
    Concernant les manuels numériques des éditeurs, le modèle économique a aujourd’hui évolué. On peut trouver des manuels correspondant aux manuels papiers de l’établissement pour 1 à deux euros par an; Si l’établissement ne dispose pas de manuels papier chaque manuel numérique élève peut coûter jusqu’à 30 euros pour des mises à disposition de 1 à 4 ans

    Les ressources «gratuites»
    Autour des «manuels» comme Sesamaths, le livre scolaire.fr,  l’Académie en ligne etc.
    et les autres outils et ressources : des outils ponctuels pour des points de programmes, des exerciciels (Edupad, apps education…), des mises en commun de cours de professeurs….

    Questions de vocabulaire
    Il s’agit ici non pas d’y répondre mais de se les poser et de les poser aux chercheurs.
    Typologie des ressources, question de granules, qu’est-ce qu’une ressource pédagogique ?
    Ressources pour construire des cours, ressources à destination des élèves, programme de l’année, séquence ou bien séance ?

    Les «objets» pédagogiques
    Depuis la photo ou la carte géographique jusqu’au manuel dernière génération, les «objets» doivent s’inscrire dans une typologie en vue de leur indexation et leur diffusion.
    Typologie des usages ? Usages, pratiques et procédures ou la réalité du terrain.

    « On se heurte souvent au quotidien à des pratiques personnelles des tices qui ne sont pas forcément réinvesties dans des usages pédagogiques. Il est nécessaire de faire la distinction entre une description d’usage et la mise ne œuvre pratique des outils dans ces mêmes usages« .

    Les usages : la mise en situation pédagogique lors d’une séance ou une séance
    Les pratiques : la relation entre la mise en œuvre matérielle et les intentions pédagogiques
    Les procédures  : le pas à pas d’une utilisation de l’outil

    L’accès aux ressources dans les années futures
    La médiathèque numérique de demain, En complément des autres ressources (pas d’opposition mais donner les moyens aux 2)

    Qu’est-ce ?
    Une médiathèque qui regroupe tous les documents, ressources, livres, utiles dans l’enseignement et disponibles pour les enseignants et les élèves dans le cadre de leurs apprentissages (Telle qu’elle existe en papier dans un CDDP par exemple).
    Les ressources de la médiathèque peuvent provenir du domaine public, des éditeurs publics, des éditeurs privés ou des enseignants eux même.

    Le principe de la médiathèque est le même que la médiathèque classique, elle fonctionne par abonnement des enseignants et des élèves.

    La gestion des contenus de la médiathèque pourrait être confiée au réseau Scéren qui reverse des dividendes aux différents fournisseurs de contenus en fonction de l’utilisation en téléchargement ou en consultation qui sont faits de leurs ressources.

    Le fonctionnement de cette médiathèque s’apparente aux nouveaux modes de diffusion de la musique  (voire des exemple comme DEEZER par exemple) Il est à noter que ce type de médiathèque existe déjà en numérique sur des bibliothèques spécialisées dans l’enseignement supérieur ou au niveau des collectivités (voir Cyberlibris par exemple http://crdp.scholarvox.com) il y manque cependant l’offre complète et une indexation fine des contenus.
    Comme pour les listes de lecture en musique, l’enseignant a la possibilité de créer une bibliothèque pour chacune de ses classes ou de ses niveaux d’enseignement pour un accès plus aisé de ses élèves.

    • Les avantages ?

    Une disponibilité complète des ressources utilisables par les professeurs et les élèves qui peuvent consulter de nombreuses ressources de provenance différentes. Le cœur de métier du réseau Scéren c’est la médiathèque, la force de son réseau de documentalistes permet d’indexer, de valoriser les ressources produites.

    Les nouveaux outils d’indexation comme le ScoLom.fr permettent aux utilisateurs de disposer d’outils de recherche puissants adaptés à leurs recherches et leurs attentes. Ils sont adaptés à des usages non documentaires et peuvent être utilisés par des élèves ou des familles à la recherche de ressources.

    Le maintien d’une édition privée aux cotés de l’édition publique ou de l’édition en créative commons est le garant d’une qualité et d’une pluralité de ressources.

    Les manuels sont aujourd’hui achetés pour des périodes longues et sont parfois non conformes lors des changements de programmes, de plus, ils ne sont que très rarement utilisés de façon unique dans un cours et les enseignants proposent la plupart du temps des ressources photocopiées ou créées de toutes pièce. On constate souvent que le ratio entre le prix du manuel papier et son utilisation réelle rend son coût prohibitif. L’utilisation d’une médiathèque permet l’utilisation réelle de plusieurs manuels complétés par de nombreuses autres ressources.

    La visibilité du coût de la mise à disposition que ce soit pour l’éducation nationale ou la collectivité permet une vision claire du fonctionnement à l’année.
    On peut imaginer une médiathèque premier degré, collège et lycée.
    La médiathèque Collège semble la plus aisée à mettre en place dans un premier temps car le financement des manuels est assumé par l’état et celui-ci peut réaffecter certains de ses financements.

    • Les difficultés :

    La nécessité pour les élèves et professeurs de disposer d’un terminal numérique et d’une connexion (tablette ou autres) pour disposer des ressources.

    La réaction des éditeurs publics qui vont voir leur marge sur la publication classique amputée de façon drastique avec ce modèle où l’abonnement est partagé en fonction des utilisations des usagers. Les premiers entretiens avec certains éditeurs font apparaître qu’il ne sont pas forcément hostiles à étudier ce type de distribution.

    La nécessité de revoir le modèle économique comme l’a fait le milieu de la musique qui reverse régulièrement aux maisons de production la quote-part de ce qui a été écouté sur une période donnée. Le modèle a pris une dizaine d’année à voir le jour dans la musique, cela peut néanmoins aller beaucoup plus vite avec une décision politique.

    La nécessité de produire avec des formats ouverts les ressources proposées par les créateurs (html5 par exemple).

    Un modèle de redistribution des abonnements doit être trouvé en fonction de l’hétérogénéité des ressources qui peuvent être proposées (du manuel complet à la simple carte géographique ou une poésie audio)

    Ce modèle de distribution de ressources est parfaitement en phase avec les usages et les pratiques pédagogiques qui sont en cours aujourd’hui. Une décision politique forte doit permettre à l’éducation (aidée ou non par des prestataires privés) de mettre en place ce type d’outil, parfaitement réalisable en quelques mois. Les éditeurs classiques devront à terme adapter leurs productions ce qu’ils ont déjà commencé à faire.

  • Usages pédagogiques dans un ENT : illusion ou réalité ?

    Usages pédagogiques dans un ENT : illusion ou réalité ?

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    En Lorraine, nous travaillons depuis le lancement de l’appel à projet de 2003 sur les ENT. Au début, ce n’était qu’un concept. Aujourd’hui de PRISME Lorraine à PLACE nous en avons fait une réalité. L’ensemble des lycées, LP et CFA lorrains et 75% des collèges ont à disposition de l’ensemble des membres de leur communauté éducative des comptes dans l’ENT PLACE. La généralisation sera terminée en septembre 2013 avec le même ENT de la 6ème au lycée sur l’ensemble du territoire de l’académie.

    La question de la place des usages pédagogiques a été posée très tôt, lors d’une visite d’inspecteurs généraux dans une de nos cités scolaires vosgiennes en 2005. Il est maintenant très clair que l’ENT, en fournissant des services de communication et d’échanges entre les élèves et leurs professeurs, permet des relations pédagogiques continues. L’ENT fait sauter deux verrous : l’espace de la salle de cours et le temps de l’heure de cours. Il y a donc bien un avant et un après dans l’apparition de l’ENT et donc de l’internet.

    Cela ne signifie pas que les enseignants vont devoir travailler 24h/24 mais qu’en revanche, ils vont devoir intégrer cette dimension dans leur temps de travail. Si une certaine appréhension est naturelle au début, on constate que la maîtrise de ces outils arrive assez vite. Chaque enseignant va peu à peu prendre en compte un temps pour répondre aux messages des élèves, un temps pour remplir ses cahiers de textes et un autre pour utiliser les groupes de travail.

    L’augmentation du temps de prise en main des services numériques, souvent incontournable, peut être limitée si les outils utilisés sont suffisamment conviviaux. En effet, cette charge de travail est rapidement compensée par un gain de temps sur des activités répétitives, par des possibilités de mise en mémoire, par plus de souplesse de fonctionnement, par une facilité de communication inégalée et par une qualité professionnelle accessible des documents utilisables.

    L’intégration des usages d’un ENT aboutit inéluctablement à des évolutions de pratiques pédagogiques des enseignants à court ou moyen terme.

    L’illusion des usages est portée le plus souvent par les services de vie scolaire qui, avec les notes et les absences, sont une source visible d’usages en nombre, pour les enseignants, les élèves et les parents. Bien évidemment ce ne sont pas ces usages qui vont changer les pratiques pédagogiques. Une première réalité qui nous entraîne vers le domaine pédagogique est le développement des usages des cahiers de textes des classes et des groupes. Si au départ le cahier de textes reste un document administratif qui retrace les activités pédagogiques de la classe, sa traduction numérique lui donne une autre dimension, celle d’échanges multiples entre enseignants et élèves et c’est donc en cela qu’il touche à la pédagogie.

    La réalité des usages peut être concrétisée par les propos que nous a tenu une élèves de sixième il y a quelques mois : «Pouvez-vous demander à mes professeurs de se mettre d’accord : en mathématiques, ils nous envoient des documents dans le cahier de textes, alors qu’en SVT ils nous les envoient dans le groupe de travail de la classe et qu’en lettres, ils le font par la messagerie»? Cela illustre d’une part, que chaque enseignant doit trouver les outils qui lui conviennent le mieux et que d’autre part, la diversité des usages sera la règle dans tout ENT.

    L’évolution des pratiques viendra de la multiplication des micro-usages au fil du temps. On voit déjà aujourd’hui différents exemples d’usages permettant à des enseignants de préparer un cours soit en envoyant un document ou un lien à lire, soit en lançant un forum sur le sujet qui va provoquer des réactions qui seront utilisées pendant le cours. Ce sont aussi des usages pendant le cours : aller chercher un document en début de séance et en rendre un à la fin, ou encore, accéder aux ressources et manuels numériques de l’établissement. C’est aussi tout un ensemble d’exemples autour du travail à la maison ou de la remédiation qui sera réalisée en dehors de l’heure de cours. La réalité des usages, c’est aussi l’élève qui ose envoyer un message à son enseignant pour demander une précision sur le cours suivi.

    Enfin, il ne faut pas négliger les usages entre enseignants qui, devenant plus faciles, vont permettre une mise en commun plus forte de leurs documents ou préparations de cours. Cela aussi va influencer les pratiques pédagogiques.